Les mille et une poubelles nucléaires de la France


Catalogue 1996 des déchets radioactifs, Le Figaro, 4 juillet 1996 (voir Le Parisien, 5 juillet 1996). C'est la quatrième édition de l'inventaire national. De nouveaux sites sont identifiés, la liste compte 1083 adresses mais n'est pas encore exhaustive.

 

 

Les vaches mangeaient du radium

Comme si transformer les vaches en carnivores ne suffisait pas, voilà qu'on apprend au détour de l'inventaire des déchets radioactifs que les ruminants ont brouté du radium jusque dans les années 60. Après la vache toile, la vache irradiante ?

Il faut en fait se replacer dans le contexte de l'après guerre où l'on prêtait à l'élément radioactif découvert par Pierre et Marie Curie force vertus, telle la jouvence.
Le radium fut mis à toutes les sauces. Dans les aliments pour bétail, dans des crèmes cosmétiques, dans des eaux minérales, et jusque dans des suppositoires [lire: Le scandale des potions au radium]. On trouve encore des émanateurs de radium chez des ferrailleurs ou des antiquaires. L'association écologiste Robin des Bois a mis la puce à l'oreille de l'Andra sur ces déchets exotiques et l'agence entend bien affiner son inventaire de ce côté.

L'année dernière, Robin des Bois avait attiré l'attention de l'Andra sur les usines désaffectées d'engrais phosphatés. Le phosphate naturel contient de l'uranium à très faible dose mais celui ci s'accumule dans les canalisations des usines. Quand les tuyauteries sont démantelées, elles peuvent ainsi entrer dans la catégorie des déchets radioactifs. Au rayon des curiosités ionisantes, on trouve aussi
des paratonnerres au radium et à l'américium. Environ 50 000 ont été commercialisés en France jusqu'en 1985. L'Andra organise le ramassage progressif de ces déchets pas comme les autres.

Fabrice Nodé-Langlois,
4 juillet 1996.