Le Vif - L'Express (Belgique), 9/10/2009:
Les trois centrales nucléaires les plus âgées du pays tourneront dix ans de plus. C'est en tout cas le voeu du ministre de l'Energie, Paul Magnette, qui s'appuie sur les conclusions d'experts. Le point en dix questions.
1. Que prévoyait la loi de sortie du nucléaire, votée en 2003 par le gouvernement arc-en-ciel (PS-MR-Ecolo)?
Elle limitait à 40 ans la durée de vie des sept centrales nucléaires, à savoir les quatre de Doel et les trois de Tihange. Les trois réacteurs les plus anciens (Doel 1 et 2 et Tihange 1, qui produisent ensemble environ 1800 MW, soit 30% de la production nucléaire du pays) devaient fermer leurs portes en 2015 et les autres, entre 2022 et 2025. Cette loi ne prévoyait toutefois pas de plan de développement des énergies renouvelables ni de système de contrôle des prix. Son article 9 permettait en outre de retarder la fermeture des centrales au cas où l'approvisionnement en énergie n'aurait pas été garanti. Actuellement, la production d'origine nucléaire représente entre 55 et 60% de l'électricité produite en Belgique.
2. Qu'a décidé le gouvernement?
Il n'a pas tranché, à ce jour. Un débat doit
encore avoir lieu au Parlement. Mais le ministre socialiste de
l'Energie, Paul Magnette, a déjà fait siennes les
conclusions du rapport du Gemix, un groupe de huit experts chargés
d'élaborer le meilleur scénario possible, en termes
environnementaux et économiques, pour garantir l'avenir
énergétique du pays. Au besoin en jouant sur divers
modes de production d'énergie: le nucléaire, l'éolien,
le gaz...
Le Gemix s'est prononcé contre la construction de toute nouvelle centrale, mais suggère de maintenir en activité dix ans de plus les trois plus vieux réacteurs et de prolonger de vingt ans l'existence des autres sites. Sur ce dernier point, le ministre Magnette ne s'est pas prononcé. "On place un débat de société fondamental dans un cadre politique et budgétaire étriqué", déplore-t-on chez Greenpeace.
3. Est-il exact que la Belgique ne disposerait pas, en 2015, d'une production d'énergie non nucléaire suffisante pour pallier la fermeture des anciens réacteurs?
Les réponses divergent selon les interlocuteurs. Pour le Gemix, même en réalisant d'importantes économies d'énergie, ce qui reste l'objectif premier, les projets de substitution sont insuffisants pour garantir l'approvisionnement du pays en énergie en 2015. En outre, il sera, à ce moment-là, moins facile d'importer de l'électricité, la France ayant décidé de réduire ses exportations à cette date.
Ecolo, Inter-Environnement, Greenpeace et la FGTB affirment de leur côté que cet approvisionnement peut être garanti en 2015 sans le nucléaire. "On pourrait au moins encore tenter le coup pendant deux ou trois ans", avance-t-on chez Greenpeace. "Ce qui manque, c'est la volonté politique de créer les conditions pour que des projets alternatifs puissent se réaliser."
L'un des experts du Gemix, l'Allemand Wolfgang Eichhammer, partage cette approche. "Même si beaucoup de temps a été perdu, je suis convaincu qu'il est possible, en cinq à sept ans, de mettre en place une politique de réduction de la consommation en électricité suffisamment ambitieuse pour ouvrir d'autres perspectives d'approvisionnement, comme le gaz", écrit-il en marge du rapport du Gemix. Cette énergie est toutefois plus onéreuse à produire que l'énergie nucléaire. (???)
4. Quelle est la part d'énergie provenant actuellement de sources d'énergies renouvelables, en Belgique?
Alors que 13% de la consommation énergétique belge devraient provenir, d'ici à 2020, d'énergies renouvelables, ce taux ne dépasse pas 4% actuellement.
5. Quelles sont les mesures qui ont été prises depuis le vote de la loi, en 2003, pour organiser et favoriser la production d'énergie non nucléaire?
"Peu de mesures ont été prises", répond le Gemix. Sans compter que, dans ce climat politico-énergétique incertain, les investisseurs ont préféré attendre avant de se lancer dans de coûteux projets.
6. Quel serait l'impact environnemental d'une sortie du nucléaire?
Selon le Bureau du Plan, le retrait du nucléaire coûterait 25 millions de tonnes de CO2. En revanche, la prolongation de la vie des trois plus anciens réacteurs augmentera les déchets nucléaires de 10%. Et le maintien du nucléaire bloque ou freine la nécessaire révolution énergétique.
7. Que rapportera, au groupe GDF-Suez, actionnaire d'Electrabel, la prolongation de la vie de ces trois réacteurs?
D'après Gérard Mestrallet, patron du groupe français, cette prolongation nécessitera des travaux d'entretien et de rafraîchissement qui lui coûteront, à la grosse louche, 800 millions d'euros par an. D'un autre côté, leur maintien en activité rapporterait, en net, environ 1 milliard d'euros entre 2015 et 2025. Selon une étude de la Creg (Commission de régulation de l'électricité et du gaz), le gain serait de 12 milliards si l'ensemble du parc nucléaire voyait sa vie prolongée de dix ans.
8. Le gouvernement compte-t-il faire payer cette prolongation aux producteurs?
Oui. Il réclame une rente, actuellement en négociation, aux électriciens. Celle-ci devrait intégrer l'amortissement accéléré des centrales nucléaires (leur coût global, de 7,5 milliards d'euros, a été amorti en vingt ans au lieu de trente, augmentant d'autant la facture des consommateurs). Du coup, l'énergie nucléaire produite aujourd'hui coûte beaucoup moins cher que d'autres. Selon les calculs de la Banque nationale de Belgique, la différence entre le coût de production de l'électricité nucléaire et le prix du marché représente une marge de 700 millions d'euros.
En 2008, après un long bras de fer, le gouvernement a déjà imposé à Electrabel et à SPE-Luminus le paiement d'une rente de 250 millions d'euros. Après les avoir payés, ces opérateurs ont saisi la Cour constitutionnelle. Pour 2009, la somme à payer est au centre des discussions entre le cabinet Magnette et les opérateurs.
9. A quoi sera affectée cette rente?
Elle devrait servir à réduire les prix de l'électricité pour les consommateurs et les entreprises, à financer des projets de développement d'énergies renouvelables et à soulager le budget de l'Etat. Il reviendra au gouvernement de décider la répartition de l'argent entre ces trois postes. Aux Pays-Bas, lorsque le gouvernement a prolongé la durée de vie d'une centrale, un fonds a été créé pour recueillir la rente et l'affecter au financement des énergies renouvelables.
10. Cette prolongation de vie des réacteurs fait-elle courir des risques à la population en termes de sécurité?
Nul ne le sait, par manque d'expérience. Actuellement, la durée de vie moyenne d'une centrale est de vingt-deux ans et la plus âgée, dans le monde, affiche quarante-trois printemps. C'est la résistance de la cuve qui est au centre de la question: elle ne peut être remplacée, contrairement aux autres pièces d'un réacteur.
RTBF, 8/10/2009:
Paul Magnette est critiqué ce matin dans la presse. La semaine dernière, le ministre de l'Energie annonçait son intention de prolonger la vie de trois centrales nucléaires. Mais l'idée passe très mal auprès de ses homologues régionaux. Trois ministres de l'énergie estiment donc ce matin que le fédéral contrecarre leurs efforts.
Jean-Marc Nollet, Evelyne Huytebroeck et Freya Vandenbossche le disent ce matin dans d'une carte blanche au Soir et au Morgen. Ils ne comprennent, ni n'acceptent la position fédérale. Ils sont respectivement ministre de l'énergie en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Ils le disent en choeur: Paul Magnette fait fausse route. Ils incitent d'ailleurs le ministre fédéral au dialogue et à la concertation plutôt qu'à "la fuite en arrière".
Car, pour les trois ministres, prolonger la vie des centrales nucléaires, c'est aller à l'inverse de la politique déployées par les régions, les régions qui font un maximum pour soutenir les économies d'énergies et les énergies alternatives. Pour les trois signataires la position fédérale va perpétuer la position dominante de Suez GDF, déstabilisant au passage les producteurs alternatifs. Ils craignent aussi que Suez puissent maintenir des prix artificiellement élevés.
Bref, disent-il, au début du 21e siècle
notre devoir historique est de forcer l'avenir et non pas de renforcer
le passé. Ce sont deux ministres écolo et une ministre
sp.a qui s'expriment ce matin. Deux partis qui sont dans l'opposition
au fédéral. Et on peut se demander s'il parle avec
l'aval de leur propre gouvernement.
RTL, Belgique, 4/10/2009:
Après le journal, Jean-Michel Javaux,
co-président d'Ecolo était l'invité de Pascal
Vrebos. Il est revenu sur la proposition de Paul Magnette d'allonger
de dix ans la durée de vie de trois de nos réacteurs
nucléaires, en s'inquiétant du sort réservé
à la Belgique.
Sur le plateau, aux côtés de Pascal Vrebos, Jean-Michel
Javaux ne s'est pas limité à dire qu'il n'était
pas d'accord avec la proposition de Paul Magnette et que les Verts
étaient de toute façon contre le nucléaire.
En effet, il a motivé ses propos, expliqué et argumenté
pourquoi Ecolo ne soutient absolument pas cette idée. Il
est revenu sur des faits concrets qui, selon lui, prouvent l'incohérence
qu'aurait une telle mesure.
Si on suit la proposition, toutes les centrales fermeront le même jour
Jean-Michel Javaux évoque la plus grosse incohérence, selon lui. "Je n'arrive pas à comprendre la décision de Paul Magnette. Vraiment. D'abord, il parle des trois anciennes centrales, pas des quatre nouvelles. Que fait-on ? Si on suit son raisonnement, les sept centrales fermeront en même temps ! Ce qui veut dire qu'en 2025, on se retrouvera face à un gros problème", entame le co-président d'Ecolo.
Jean-Michel Javaux rappelle la durée de vie d'une centrale
"Deuxième chose, pour rappel, les centrales ont été construites pour trente ans, avec l'argent des Belges : investissement amorti après vingt ans. Dans l'accord signé avec les autres partis, on a déjà dit qu'elles allaient vivre quarante ans. Ici, [selon la mesure de Magnette] on dit qu'elles vont en vivre cinquante ! Je rappelle qu'aucune centrale dans le monde n'a fonctionné cinquante ans et la durée moyenne de vie d'un réacteur c'est vingt-deux ans", explique Jean-Michel Javaux.
Dès lors, Pascal Vrebos demande la suite
: "Et donc ?", dit-il. "Donc, répond le
co-président, on va servir de cobayes pour l'humanité".
Si c'est vraiment la solution d'avenir, expliquait-il encore,
pourquoi ne construisons-nous pas une nouvelle centrale ?
Le Soir, 29 juin 2007:
La facture indigeste de l'après-nucléaire
Deux rapports confidentiels jugent que le coût de démantèlement
des sept réacteurs est sous-estimé de 19 %
"... D'ici là, il y a gros à parier que l'extinction
des feux nucléaires, prévue en 2015, aura été
postposée par le prochain gouvernement. Divulgué
la semaine dernière, le rapport final de la « Commission
2030 » propose en effet de prolonger la durée
de vie des centrales afin de lutter contre le réchauffement
(les centrales produisent très peu de CO2) et d'éviter
l'explosion future des coûts de l'électricité."
Le Monde, 21/6/2007:
La Belgique pourrait revoir ses projets de fermeture de centrales nucléaires à partir de 2015. Un rapport officiel remis mardi 19 juin au ministre de l'économie, Marc Verwilghen, estime que la prolongation du fonctionnement des centrales présente plus d'avantages que d'inconvénients, notamment dans le domaine de la lutte contre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique.
Centrale de Tihange, tout va bien...
La Belgique compte sept centrales, quatre en Flandre, à Doel, et trois en Wallonie, à Tihange. Elles produisent au total 5 800 MW, soit 56 % de la production électrique totale du royaume. Les premières fermetures envisagées, en 2015, concernent deux unités de Doel et une de Tihange, soit 1 600 MW. La décision en avait été prise, en 2003, par le premier gouvernement Verhofstadt, coalition réunissant libéraux, socialistes et écologistes. La loi précisait que les centrales ne pourraient être rouvertes ou appelées à fonctionner plus longtemps qu'en cas de " force majeure ", notion qui n'a pas été clairement définie.
Centrale de Doel, tout va bien...
Il y a dix-huit mois, le gouvernement, toujours dirigé par Guy Verhofstadt mais ne comportant plus d'écologistes, réunissait un groupe d'experts au sein d'une commission dite Energie 2030 et lui commandait un rapport sur la situation énergétique du pays dans les prochaines décennies. Présidé par Wim D'Haeseleer, professeur de l'Université flamande de Louvain, la commission a publié des données intermédiaires à la fin de 2006. Le groupe ébauchait l'idée d'un maintien d'un parc nucléaire et fournissait des estimations quant au coût d'une politique climatique sérieuse.
LOBBY NUCLÉAIRE. L'étude avait été sévèrement critiquée, notamment par le Parti socialiste flamand. Mais, depuis, des élections ont eu lieu et le contexte politique a changé : le parti social-chrétien flamand CD & V, redevenu dominant et qui fournira probablement le successeur de M. Verhofstadt, est partisan d'un recours prolongé au nucléaire. Les libéraux, qui seront sans doute ses futurs alliés, n'ont jamais caché leurs doutes sur la décision prise en 2003. Ils prônaient la fermeture mais couplée à la mise à l'examen rapide de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de la quatrième génération, dits " propres ".
Le lobby nucléaire s'est, quant à
lui, employé à souligner les dangers d'une fermeture
qu'il jugeait trop hâtive. Même les adversaires des
centrales doivent aujourd'hui reconnaître que le potentiel
actuel de la Belgique en matière d'énergie renouvelable
est limité (10 %). Quant à un recours accru au gaz,
avec la nécessaire construction de quatre nouvelles centrales
dites TGV (turbine gaz vapeur), il exposerait la Belgique à
des coûts très élevés et à une
négociation avec la Russie, seul fournisseur potentiel
de quantités importantes à l'heure actuelle. "
Un projet peu pensable ", juge un haut fonctionnaire.
Le Soir, 25 mai 2007:
Seuls les socialistes et les écologistes
plaident clairement pour une sortie du nucléaire. Insuffisant.
Le 3 mai dernier, lors d'une journée d'étude de
l'Open VLD sur le climat, à Lint, près d'Anvers,
Guy Verhofstadt proposait « une troisième
voie nucléaire ».
Le Premier ministre, candidat à sa succession aux élections
législatives du 10 juin prochain, enterrait la loi du 31
janvier 2003 qui prévoit l'extinction, entre 2015 et 2025,
des sept réacteurs atomiques belges (trois à Tihange
et quatre à Doel). Des instruments qui produisent aujourd'hui
près de 60 % de l'électricité du royaume.
Le grand bleu proposait d'accélérer la recherche
sur la quatrième génération nucléaire
(lire en page 3), une technologie produisant moins de déchets
que les centrales actuelles, afin d'envisager l'achèvement
d'une unité industrielle en 2030.
Dans Le Soir Magazine paru ce mercredi, Guy Verhofstadt
confirmait : « Dire que l'on ferme tout à
partir de 2015, cela ne va pas non plus. Il n'y a pas de solution
de remplacement au moment où les réacteurs les plus
puissants devront fermer. (...) D'accord pour commencer à
fermer les réacteurs les plus anciens, Doel 1 et 2. Dans
le même mouvement, investissons dans l'énergie renouvelable
(...). Mais troisièmement, faisons un effort pour déjà
créer la technologie de la quatrième génération
nucléaire. »
Le Premier ministre s'est-il isolé en pleine campagne électorale
? Sur papier.
Que programment les autres formations ? Dans le tableau adjacent
(en page 3), les huit principaux partis démocratiques du
pays délivrent leur vision sur la question nucléaire.
Sans surprise. Sinon entre les lignes.
Car le dossier nucléaire est sensible : l'opinion publique
s'est, à plusieurs reprises, montrée opposée
à la fission atomique. Aussi, tandis que les socialistes
et les écologistes, du nord comme du sud, plaident clairement
contre l'atome, les sociaux-chrétiens des deux côtés
de la frontière linguistique (CD&V et CDH) et les libéraux
francophones (MR) se prononcent en faveur de la sortie du nucléaire
mais rappellent l'existence, dans la loi du 31 janvier 2003, de
l'article neuf.
Arraché en 2002, lors de négociations musclées,
par les libéraux, ce point prévoit l'ajournement
de l'extinction si la sécurité d'approvisionnement
en électricité est menacée. Un détail
essentiel.
Sous l'actuelle législature, rien n'a été
entrepris pour mettre en oeuvre la loi de sortie nucléaire.
C'est-à-dire prévoir le remplacement de centrales
qui génèrent la majorité du courant belge.
Il reste sept années. Suffisant ? Théoriquement.
Le hic se situe précisément dans cette immobilité.
Volontaire ou non. Une inaction qui perdurera. A moins de voir
l'électeur rougir ou verdir massivement les bancs du Parlement
- seules ces formations se sont clairement engagées pour
une application de la loi. Le plébiscite socialo-écologique
se révèle cependant improbable.
Les sondages l'annoncent et les urnes le confirmeront, scrutin
proportionnel oblige : la Belgique se dirige vers une bipartite
ou une tripartite qui rassemblera soit les attelages actuels (libéraux
et socialistes), soit s'articulera autour des familles sociales-chrétiennes
(le CD&V est donné vainqueur en Flandre).
Les socialistes flamands, dont la campagne s'appuie notamment
sur la sortie du nucléaire, ne seront-ils pas intransigeants
sur ce point lors d'éventuelles négociations gouvernementales
? Sans l'afficher, libéraux et sociaux-chrétiens
s'opposent fermement à cette extinction. L'annulation des
forces est donc écrite. Et, le cas échéant,
l'immobilisme presque assuré.
Conclusion : la Belgique se dirige vraisemblablement vers un scénario
à la néerlandaise ou à la suédoise.
Des contrées qui avaient annoncé le retrait nucléaire
avant de revenir sur une décision impraticable. Sur le
plan électrique (remplacer les unités nucléaires)
comme au niveau écologique - la fission ne rejette quasiment
pas de C02, contrairement à son principal remplaçant,
le gaz naturel.
L'extinction nucléaire n'aura pas lieu, condamnée
par l'inaction politique, annulée par la difficulté
économique et troquée contre un compromis à
la belge. Une solution qui empruntera peut-être la troisième
voie tracée par Guy Verhofstadt. La question actuelle est
sans doute plus de savoir si l'actuel Premier la suivra lui-même.
Ou verra ses contradicteurs de campagne marcher sur ses pas.
JOAN CONDIJTS
25/4/07 - L'Organisme
national des déchets radioactifs et des matières
fissiles enrichies (ONDRAF) a d'importants doutes sur la manière
dont Electrabel prépare la fermeture des centrales nucléaires
et compte se débarrasser des déchets nucléaires.
"De Morgen" a pu consulter un rapport secret dans lequel
l'ONDRAF écrit que Synatom, la filiale d'Electrabel chargée
de gérer les fonds économisés pour la sortie
du nucléaire, n'a aucune idée du coût final
de l'opération. Dans ses prévisions, Synatom sous-estime
une série de coûts pour le démantèlement
des réacteurs et prévoit des marges de sécurité
trop faibles, selon le rapport de l'ONDRAF. Il n'y a, en outre,
toujours aucune certitude sur la manière dont les déchets
nucléaires pourront être stockés en toute
sécurité. Synatom a pour l'instant constitué
une provision de 4,6 milliards d'euros, argent qui n'est pas géré
par le gouvernement mais est placé.
La Libre Belgique, 12/04/2007:
Gestion lacunaire, absence de comptabilité
adaptée, direction incompétente, situation malsaine,
base de données aléatoire, matériel de mesure
non maîtrisé, voyages d'études suspects, culture
du secret... Et on en passe.
Après un an de travail, 23 auditions et autant de réunions,
le groupe de travail "Sécurité nucléaire"
de la Chambre rendra officiellement, le 18 avril prochain, un
rapport particulièrement éloquent - "La Libre"
en a obtenu copie - sur les dysfonctionnements de l'Agence fédérale
de contrôle nucléaire, l'organisme pourtant en charge
en Belgique de protéger la population des dangers de la
radioactivité.
Si, fort heureusement, les contrôles des centrales nucléaires,
opérés par d'autres organismes, ne sont pas à
remettre en cause, le constat n'en demeure pas moins inquiétant
pour les autres formes de rayonnements ionisants utilisés
en Belgique, tout particulièrement dans le domaine médical.
"L'agence ne dispose pas d'une banque de données fiable"
dénonce Muriel Gerkens (Ecolo), la parlementaire à
l'origine, avec Philippe De Coene (SP.A) de la création
du groupe de travail. "En clair, en matière d'appareils
à usage médical radioactifs, chez les médecins,
les dentistes, les pharmaciens, les vétérinaires
ou les hôpitaux, personne ne sait exactement qui dispose
de quoi, dans quel état se trouve ce matériel, comment
il est contrôlé, poursuit Mme Gerkens. L'agence n'a
pas d'outil pour avoir une vue d'ensemble". Or, celle-ci
est censée vivre des redevances (18 millions d'euros prévus
au budget 2007) qu'elle perçoit des utilisateurs de ce
type de matériel. "Les auditions ont démontré
que la facturation des redevances n'a pas été facile,
eu égard à la faible fiabilité de la base
de données censée permettre l'identification des
exploitants redevables" peut-on lire noir sur blanc dans
le rapport.
Tourisme de la connaissance
Lors de leurs auditions, les députés ont pu également
prendre la mesure des déficiences de l'ancienne direction
dont ils pointent l'incompétence. Un rapport d'audit (à
l'origine notamment de la mise en place du groupe parlementaire)
commandé au bureau Korn/Ferry avait mis en évidence
ces lacunes de management, plusieurs directeurs s'étant
montrés incapables de mettre en oeuvre des décisions
qu'ils avaient pourtant prises eux-mêmes. Les auditions
parlementaires ont largement confirmé ce constat. Mieux
: les députés soupçonnent le développement
au sein de l'agence d'une forme de "tourisme de la connaissance",
jugeant même nécessaire de "mettre en lumière
les éventuels abus en la matière".
Culture du secret
L'Agence est enfin pointée du doigt en raison d'un manque
de transparence élevé au rang de "culture du
secret", un travers il est vrai très répandu
dans la communauté nucléaire. La direction ne répondait
en général au mieux qu'en rechignant ou en évoquant
une confidentialité industrielle qui lui était prétendument
imposée, aux demandes d'informations, et ce même
lorsqu'elles émanaient du Parlement. On sait maintenant
ce qui lui en coûtera...
Xavier Ducarme
La Dernière Heure, 18/11/2006:
BRUXELLES Faire
des économies d'énergie, mais ne pas tourner le
dos aux centrales nucléaires. Voilà l'essentiel
du rapport préliminaire de la commission Énergie
2030, appelée aussi commission D'Haeseleer, du nom de son
président. Ce groupe d'experts a été constitué
à la demande du ministre de l'Économie Marc Verwilghen,
avec la mission de rendre un avis sur la politique énergétique
que la Belgique doit suivre dans les années à venir.
Le rapport préliminaire indique clairement que la Belgique
doit faire marche arrière dans sa décision, prise
sous le précédent gouvernement, de sortir progressivement
du nucléaire dès 2015. La commission envisage même
la construction d'un nouveau réacteur et évalue
son coût à 3 milliards d'euros !
Les associations de défense de l'environnement Greenpeace,
Inter-Environnement et Bond Beter Leefmilieu ont condamné
vendredi les conclusions de ce rapport, en expliquant notamment
que la majorité des membres de la commission étaient,
dès le départ, des pro-nucléaires. Un avis
partagé dans certains milieux politiques. Le président
du SP.A, Johan Vande Lanotte, a ainsi qualifié l'étude
"d'escroquerie" au profit des producteurs d'énergie...
Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l'UCL et membre
de cette commission, se dit lui aussi "en désaccord
avec certaines conclusions et recommandations importantes"
du rapport. Il explique notamment que des considérations
autres que purement économiques doivent être prises
en compte dans une discussion au sujet de la politique énergétique.
Les conclusions et recommandations vont être transmises
à huit panels d'experts, a indiqué le ministre Verwilghen,
soulignant que les conclusions pouvaient être revues. On
trouvera des experts de la Commission européenne, de l'Agence
internationale de l'énergie, des régulateurs, de
l'Académie des sciences appliquées, de la Banque
Nationale, du Conseil central de l'économie, du Conseil
fédéral du développement durable et des représentants
des consommateurs. Le rapport final, transmis au ministre avant
le 19 juin 2007, sera soumis au Parlement.
B. F.
La Libre Belgique, 17/11/2006:
L'étude sur l'avenir énergétique
prône de garder l'option nucléaire. Dont les bénéfices
seraient partagés. Vive réaction des milieux environnementaux.
L'application de politiques post-Kyoto
plus rigoureuses en Belgique sans l'énergie nucléaire
serait extrêmement coûteuse. Aussi, la Belgique devrait-elle
garder l'option nucléaire ouverte et reconsidérer
la fermeture des centrales." Telle
est une des conclusions (du reste peu surprenantes...) du rapport
de la Commission Energie 2030 révélé par
"Le Soir". Ce document, rédigé par un
panel d'experts et commandé par le gouvernement, est censé
identifier les besoins énergétiques de la Belgique
dans les vingt prochaines années et donner les réponses
adéquates.
Il souligne que la Belgique ne peut se permettre d'exclure aucune
source d'approvisionnement en combustible.
Il préconise aussi de répercuter les hausses du
prix de l'énergie sur le consommateur. Ce qui serait tout
bénéfice pour Electrabel qui produit une grande
partie de son électricité avec des centrales nucléaires
entièrement amorties ? Pas sûr. Les experts recommandent
aux propriétaires de centrales nucléaires de trouver
un accord pour "stimuler les investissements en économie
d'énergie, le développement des énergies
renouvelables,... ". Le document parle d'un "fonds"
alimenté par les revenus liés au prolongement des
centrales nucléaires. Ce fonds pourrait aussi financer
le coûteux raccordement au réseau haute tension des
éoliennes en mer.
Il souligne d'ailleurs que la Belgique devrait reconsidérer
favorablement la politique des éoliennes offshore et en
particulier les sites de Wenduine Bank et du Vlakte van de Raan.
En termes d'énergie renouvelable, compte tenu des possibilités
limitées offertes par la Belgique (pas d'hydraulique, peu
d'éolien), les experts préconisent une approche
plus européenne. A l'heure actuelle, les producteurs sont
contraints d'acheter des certificats verts lorsque le seuil de
production verte n'est pas atteint. Les experts préfèrent
un système de quotas en fourniture d'énergie renouvelable
aux consommateurs avec, en parallèle, un système
de certificats verts échangeables au sein de l'Union européenne.
Levée de boucliers
La divulgation de ce rapport préliminaire a suscité
une levée de boucliers de la part des milieux environnementaux.
Dans un communiqué commun, Greenpeace, Inter-Environnement
Wallonie et Bond Beter Milieu mettent en doute la "totale
indépendance" des membres permanents de la Commission
chargée de rédiger ce prérapport. Et cela,
en raison de leurs liens directs ou indirects avec le secteur
de l'atome. Ils visent notamment le président William D'Haeseleer.
Le député CDH Melchior Wathelet a, quant à
lui, interpellé à la Chambre Marc Verwilghen, le
ministre fédéral de l'Energie à propos du
texte. Lequel, selon lui, montre que "le gouvernement
a laissé la situation se dégrader" en matière
de politique énergétique. Pour lui, il est urgent
d'avoir une politique claire. Le ministre a répondu que
des mesures avaient été prises (développement
de l'éolien, loi gaz et électricité, Pax
electrica,...). Il a aussi défendu la procédure
en cours. "Il faut faire le parcours dans son entièreté."
C'est ce vendredi qu'il présentera le document préliminaire.
La Commission économique de la Chambre en discutera lundi
prochain.
Ariane van Caloen
25/10/2006 Bruxelles - Une
trentaine de militants de Greenpeance ont investi mercredi matin
le site de la centrale nucléraire de Tihange, en province
de Liège, pour dénoncer le vieillissement des réacteurs
nucléaires belges et les problèmes de sécurité
consécutifs. Le réacteur de Tihange 1 a passé
l'an dernier le cap des 30 ans, délai innitialement prévu
pour sa fermeture, a rappelé Greenpeace. "Or, au-delà
d'une vingtaine d'années de fonctionnement, le risque d'accidents
augmente chaque année de manière significative",
a souligné l'association.
La Libre Belgique 17/8/2006:
Les centrales nucléaires belges multiplient les couacs.
Le 17 juillet et le 3 août, deux irrégularités
ont été constatées. En 2005, leur nombre
avait déjà doublé en un an !
Le 17 juillet dernier. Les pompes d'incendie de la centrale nucléaire
n°1 de Tihange doivent subir un essai de routine, comme tous
les mois. Mais l'une d'entre elles ne parvient pas à se
mettre en route. L'enquête révélera plus tard
que la batterie du moteur était défaillante, tension
insuffisante.
Le 3 août. Un vérificateur constate que le plan d'entretien
de deux moteurs qui actionnent la pompe d'un circuit de refroidissement
de Tihange 2 n'a pas été respecté. Une lacune
aujourd'hui comblée à la faveur de l'arrêt,
prévu de longue date, du réacteur en question.
Ces deux défaillances, dernières en date, ont été
classées au premier niveau de l'«échelle [médiatique] internationale des événements
nucléaires» (INES). Cette échelle, qui a été
mise en place après la catastrophe de Tchernobyl, débute
par le niveau 0 qui répertorie les «écarts»
qui n'ont aucune importance du point de vue de la sûreté
et se termine par le niveau 7, «l'incident majeur».
En clair, la catastrophe avec ses rejets massifs de matière
radioactive «impliquant des effets étendus sur la
santé et l'environnement». Tchernobyl, clairement,
c'est le niveau 7. On en est pas là.
Accumulation. Pas de panique donc. Ces «anomalies»
ne signifient nullement que le personnel et a fortiori la population
ont couru un risque direct. Aucune radioactivité n'a été
dégagée. Aucune installation n'a été
endommagée. Pas de panique certes, mais cela n'empêche
toutefois pas de se poser des questions. C'est que l'on ne joue
pas avec le nucléaire et, bien plus qu'ailleurs, un site
industriel de cette nature ne peut se permettre le moindre écart.
Or, ces derniers mois, les anomalies, bien que sans conséquences,
ont tendance à se multiplier. Ici un groupe électrogène
qui ne fait par l'objet d'une adaptation pourtant programmée,
là des extincteurs non opérationnels, là
encore une vanne réparée trop tardivement. Mis bout
à bout, ces manquements, bien que bénins commencent
à faire désordre. En 2005, l'Association Vinçotte
Nucléaire (AVN), l'organisme qui a été chargé
par le pouvoir fédéral de contrôler les centrales
nucléaires belges, a répertorié 18 irrégularités,
toutes classées «anomalies», sauf une, plus
grave, de niveau 2 («incident»). Or, l'année
précédente, en 2004, il y en avait eu entre deux
et trois fois moins. Une tendance à la hausse donc, et
qui semble aujourd'hui se confirmer. Interpellé en mai
dernier à la Chambre, le ministre de l'Intérieur,
Patrick Dewael, a fait savoir que sept «anomalies»
avaient été classées comme telles durant
les quatre premiers mois de cette année sur les deux sites
de production (Tihange et Doel, soit sept réacteurs au
total). Au moins trois autres se sont produites depuis. Sauf revirement,
le «score» risque donc une nouvelle fois d'être
dépassé.
Transparence. Reste à expliquer ce constat. Pour les syndicats,
la réponse est claire. Il faut trouver la cause de cette
dégradation dans les réductions de personnel opérées
à partir de 2002 chez Electrabel, le gestionnaire des centrales,
ainsi que dans le recours massif à la sous-traitance. «Quand
on réduit les coûts, on ne peut pas augmenter le
niveau de sécurité», explique un syndicaliste.
Sans surprise, le son de cloche est tout à fait différent
du côté de la direction. Pour elle, l'augmentation
des anomalies n'est pas le reflet de la réalité,
mais seulement le résultat, somme toute rassurant, d'un
renforcement drastique des contrôles. Ni plus ni moins.
«Et si l'opinion y est plus sensible qu'avant, c'est aussi
parce que nous mettons un point d'honneur à jouer la transparence.
Toutes les anomalies font l'objet de la publication d'un communiqué»,
conclut Jean-Jacques Pleyers, porte-parole du site de production
hutois. Alors qui a raison? Il faudra sans doute attendre le prochain
rapport de l'organisme de contrôle pour en avoir le coeur
net.
www.enerzine.com, 18/7/06:
La centrale nucléaire d'Electrabel à
Doel (Belgique) va diminuer temporairement sa production d'électricité
dans quelques jours. En raison des chaleurs persistants, la centrale
ne parvient en effet pas à maintenir l'eau suffisamment
froide. L'eau sert à refroidir la chaleur qui s'échappe
lors de la production d'électricité. Comme l'eau
de refroidissement est rejetée dans l'Escaut après
utilisation, elle ne peut atteindre une température de
plus de 33 degrés. Une eau trop chaude peut en effet endommager
la faune et la flore de la rivière.
L'Escaut est une rivière froide, avec une végétation
et une population animale qui n'est pas adaptée à
l'eau chaude. De plus, une eau trop chaude peut stimuler la croissance
d'algues. Celles-ci risqueraient de consommer trop d'oxygène
et de faire de l'Escaut une rivière inhospitalière.
La diminution du processus de production ne devrait pas poser
de problèmes pour les clients, selon Electrabel. "La consommation générale
d'électricité est de toutes manières plus
faible en été et de nombreuses entreprises industrielles
sont fermées", a expliqué
le porte-parole d'Electrabel.
www.dhnet.be, 17/06/2006:
Les écolos vont-ils de nouveau être floués comme sur les écotaxes ?
BRUXELLES Après les écotaxes, les écolos se trouveront-ils bientôt de nouveau roulés sur le nucléaire, avec une remise en cause d'une loi dont ils avaient obtenu le vote ? Les choses semblent lentement en prendre le chemin.
En 2003, membres de la majorité fédérale au sein de Verhofstadt I, ils avaient décroché une loi programmant le démantèlement progressif des centrales nucléaires en Belgique.
Ce samedi, le MR tient débat, à
Tihange, sur la tenabilité des échéances.
Et s'il ne prône pas (encore ?) clairement la marche arrière,
son président, Didier Reynders, estime le temps venu de
rouvrir le débat. Il argue du fait que la loi de 2003 elle-même
le prévoit. Elle stipule en effet que le démantèlement
prendra cours 40 ans après l'ouverture de la centrale.
Soit entre 2015 et 2025, compte tenu des dates respectives de
mise en service des 7 centrales opérationnelles en Belgique.
"Mais le texte prévoyait que ce serait valable sauf
cas de force majeure, comme un problème de sécurité
de l'approvisionnement en énergie du pays", rappelle
le Liégeois. Qui estime donc le temps venu d'"amorcer
le débat". Car il n'a pas, dit-il, tous ses "apaisements
quant à la sécurité de l'approvisionnement
en énergie du pays si on ferme les centrales aux dates
prévues."
Comme pour mieux retaper sur le clou, il prévient déjà
: "Je n'exclus pas que nous fassions jouer la clause de force
majeure. Je ne pense pas que la date prévue pour le démantèlement
soit tenable, sauf à jouer sur les mots et aller par exemple
acheter notre énergie nucléaire à l'étranger."
M. Reynders estime que les mesures favorisant les économies d'énergie, le développement des énergies renouvelables et la diversification de l'approvisionnement notamment par le gaz liquéfié via Zeebrugge ne seront pas suffisants. Il faut certes "poursuivre les efforts" notamment sur les incitants fiscaux, mais, en parallèle, aussi ouvrir "sereinement" le débat sur les échéances fixées. Il lui semble "sûr" qu'on ne construira pas de nouvelles centrales en Belgique, car "qui voudrait en accueillir près de chez lui ?"
Alors, que faire ? Prolonger la durée de vie de celles existant déjà ? Le centre d'études Jean Gol, annexe du parti, a étudié la question. "Les experts disent que les centrales actuelles pourraient voir leur vie prolongée jusqu'à 60 ans, au lieu des 40 prévus par la loi, sans que cela pose le moindre problème" assure la chercheuse qui a planché sur le sujet. De là à dire que ce sera bientôt la demande officielle du MR
Ch. C.
La Libre Belgique, 09/01/2006:
Pour Bruno Tobback, la cogénération pourra pallier la fermeture des premières centrales nucléaires. Les trois premières unités seront démantelées en 2015.
Non, la décision de fermer les centrales nucléaires ne sera pas revue sous cette législature, affirme encore et encore le ministre de l'Environnement, Bruno Tobback (SP.A). Le ministre fédéral réagit ainsi à l'énième coup de boutoir de dirigeants du VLD - et également porté par le CD&V - qui voudraient l'abolition de la loi sur le désengagement nucléaire de la Belgique votée sous la coalition arc-en-ciel.
Un désengagement qui - décidément - pour certains ne passe pas. Et le récent conflit gazier russo-ukrainien a relancé la polémique. Ici comme en Allemagne - où le nouveau gouvernement d'Angela Merkel a toutefois confirmé la sortie du nucléaire - d'aucuns s'interrogent sur l'équilibre entre les différentes sources d'énergie et l'indépendance énergétique du pays.
A fortiori après une disparition annoncée de l'énergie d'origine atomique et un Protocole de Kyoto qui obligera probablement à un recours encore plus systématique à des énergies propres pour lutter contre l'effet de serre. Et alors qu'à peu près 55 % de l'énergie belge est d'origine nucléaire, soit le deuxième niveau de dépendance après la France. Autrement dit, la Belgique disposera-t-elle d'une énergie propre de remplacement quand les premières centrales fermeront leurs portes?
Optimisme. Pour mémoire, les centrales de Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 seront désactivées en 2015, soit une capacité de 1.746 MW en moins. «Il n'y aura pas de problème d'approvisionnement énergétique», assure Bruno Tobback. «Les installations existantes en Belgique et les projets en cours en matière de cogénération sont capables de générer assez d'énergie que pour pallier les premières fermetures de centrales nucléaires». Et le ministre d'ajouter qu'à cela il faut aussi ajouter les installations éoliennes, les projets dans la biomasse et, de manière générale, dans toutes les énergies alternatives.
Delà à assurer que ces projets peuvent assurer après la deuxième vague de fermeture des centrales prévues en 2022, 2023 et 2025, il y a un pas que le ministre ne franchit toutefois pas. «Mais, personnellement, je suis optimiste sur le développement de nouvelles technologies. Cela étant, en cas de problème, la loi prévoit un mécanisme de neutralisation en cas de danger pour l'approvisionnement énergétique du pays». Une perspective qui toutefois ne fait pas l'affaire des électriciens qui soulignent qu'on ne remet pas en service une centrale nucléaire du jour au lendemain. «Entre 2015 et 2025, il me semble qu'on dispose d'un délai suffisant pour prendre les mesures nécessaires si besoin est», estime cependant Bruno Tobback.
Sur le plan environnemental, si la cogénération est présentée comme une alternative au nucléaire, elle ne fait pas pour autant l'unanimité. La cogénération n'est pas une filière «propre» puisque, même si dans une moindre mesure, elle produit aussi des émissions de gaz à effet de serre. «Disons que c'est une solution intermédiaire dans une stratégie à plus long terme visant à abandonner l'énergie nucléaire en l'espace de 15 ans et à substituer les combustibles fossiles assez vite pour ainsi prévenir des changements climatiques dangereux 30 à 40 ans», souligne-t-on chez Greenpeace.
En attendant, avec aujourd'hui 4 % seulement de son électricité produite dans des centrales de cogénération, la Belgique est amenée à faire un bond de géant d'ici 2015.
Chaleur
Le terme «cogénération» fait référence
à la production combinée de chaleur et d'électricité
à partir d'un même combustible. Dans les unités
classiques de production d'électricité, 35 % à
55 % du combustible est valorisé en énergie électrique
tandis que le reste du contenu énergétique du combustible
est dispersé en chaleur dans l'environnement. La cogénération
valorise au contraire cette chaleur vers des besoins en calories
et permet dans bien des cas d'assurer un rendement global plus
intéressant qu'une production séparée d'électricité
et de chaleur. Aux Pays-Bas, 30 % de l'électricité
sont produits dans des unités de cogénération;
au Danemark, on atteint 40 %.En moyenne, 11 % de l'électricité
sont produits via la cogénération au sein de l'Union
européenne.
www.rtl.be
30/12/2005 - L'optimalisation
du contrôle nucléaire en Belgique n'est pas réalisée,
selon un rapport d'audit consacré au fonctionnement de
l'Agence fédérale de contrôle nucléaire.
Cet audit réalisé par le bureau Korn & Ferry
est assassin pour trois des quatre responsables de l'agence.
Dans son rapport, le consultant demande un "acte courageux"
de la part du gouvernement, soit une refonte de l'organigramme.
Le ministre de l'Intérieur, qui a déjà évoqué
le contenu du rapport en Commission de la Chambre, a laissé
entendre que la tête de l'Agence serait remplacée
sans être forcément évincée. "L'Agence
fédérale de contrôle nucléaire n'a
pas pu réaliser d'apports positifs pour le secteur nucléaire
en Belgique", peut-on encore lire dans le rapport de Korn
& Ferry. Une information du journal « Le Soir ».
RTBF, 2/12/05:
Le conseil d'administration de l'Agence
fédérale de contrôle nucléaire a en
effet décidé de suivre les conclusions d'un audit
sur le fonctionnement de l'agence, un audit très sévère.
L'audit estime que trois des quatre dirigeants de l'agence sont
incompétents pour assumer les fonctions. Un des deux directeurs
a déjà été licencié. Le directeur
général et son adjoint sont démis de leurs
fonctions. Ils gardent toutefois leur salaire et peuvent rester
au sein de l'Agence en tant que conseillers.
Crée en 1994, l'Agence fédérale de contrôle
nucléaire a pour mission de veiller à ce que la
population et l'environnement soient protégés efficacement
contre le danger des rayonnements ionisants. Elle joue aussi un
rôle important dans la mise en oeuvre des plans d'urgence
nucléaire notamment en ce qui concerne l'évaluation
et les conséquences d'un accident.
Certes, ce n'est pas la compétence proprement dite des
dirigeants qui est remise en question mais bien leur capacité
à assumer la direction et comme c'est la sécurité
nucléaire qui couvre l'ensemble du territoire et qu'en
général, les informations qui sont traitées,
ce sont des informations confidentielles, il faut donc qu'il y
ait une bonne organisation, une bonne gestion du personnel.
L'Agence fédérale de contrôle nucléaire,
l'administration, le cabinet du Ministre en charge de ces questions,
tout cela forme une chaîne qui doit la garantie de la sécurité
nucléaire.
La Libre Belgique, 22/09/2005:
L'UWE veut qu'on revoie la sortie du nucléaire
La Libre Belgique, 6/09/2005:
Le retour du nucléaire?
25/04/2005 - A la veille du dix-neuvième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, Greenpeace publie un rapport détaillé sur le risque nucléaire à travers le monde (1). Ce rapport conclut qu'à cause de la combinaison du vieillissement des réacteurs, de la libéralisation du marché de l'électricité et de l'évolution de la situation internationale, les risques liés aux réacteurs 'occidentaux' (européens notamment) ont augmenté de manière significative ces dernières années. Le risque d'accident est plus élevé que jamais, et un accident majeur dans un réacteur de ce type pourrait avoir des conséquences bien plus dramatiques que celui de Tchernobyl.
Au niveau mondial, la moyenne d'âge des réacteurs est de 21 ans. En Belgique, les réacteurs de Doel 1 et Doel 2, ainsi que celui de Tihange 1, sont âgés de 30 ans et ont donc déjà atteint leur durée de vie initialement prévue. La loi belge de sortie du nucléaire permet néanmoins à tous les réacteurs de notre pays de fonctionner durant 40 ans, soit dix années supplémentaires Ce vieillissement des réacteurs provoque la dégradation de pièces critiques et l'augmentation du risque d'incidents graves, et pourrait provoquer un accident majeur.
De plus, la libéralisation du marché de l'électricité, comme c'est le cas en Europe, a poussé les opérateurs nucléaires à économiser sur les investissements liés à la sécurité. Les régulateurs ne sont pas capables de faire face à cette réalité (2).
Les réacteurs ne peuvent pas être suffisamment protégés contre la menace terroriste. En plus de la chute d'un avion de ligne sur le bâtiment du réacteur, plusieurs scénarios peuvent mener à un accident grave.
Les changements climatiques et leurs impacts - inondations, hausse du niveau de la mer et sécheresses - contribuent également à l'augmentation des risques nucléaires.
Un accident majeur dans un réacteur à eau légère (3) - comme ceux de Doel, de Tihange et de la majorité des réacteurs en opération aujourd'hui - pourrait mener à des rejets radioactifs équivalents à plusieurs fois ceux de Tchernobyl, et environ 1.000 fois plus importants que ceux d'une arme nucléaire. Dans ce cas, des zones allant jusqu'à 100.000 km2 (près de trois fois la superficie de la Belgique) devraient être évacuées et le nombre de morts par cancer pourrait dépasser le million.
"En brandissant ses centrales comme une solution aux changements climatiques, l'industrie du nucléaire tente de cacher qu'elle est dans une crise profonde » souligne Jean-François Fauconnier, de Greenpeace Belgique. « Le nombre de nouveaux réacteurs construit reste limité, leur coût est prohibitif et les réacteurs existants approchent ou ont déjà dépassé l'âge de la retraite ».
Greenpeace demande la fermeture des centrales nucléaires belges avant le délai de 40 ans prévu par la loi belge de sortie du nucléaire. Cette fermeture représente la seule mesure réellement efficace afin de réduire les risques. Greenpeace recommande également d'investir d'urgence dans la protection des combustibles usés radioactifs afin de réduire les risques d'attaque terroriste, de prolifération et d'accident. Pour Greenpeace, la seule solution durable aux changements climatiques réside dans la combinaison de l'efficacité énergétique et des sources d'énergie renouvelables.
Notes et en savoir plus
(1) 'Nuclear Reactor Hazards, Ongoing Dangers of Operating Nuclear
Technology in the 21st Century', préparé pour Greenpeace
par les consultants Helmut Hirsch, Oda Becker, Mycle Schneider
et Antony Froggatt, avril 2005. Rapport disponible sur : http://www.greenpeace.org/international/press/reports/nuclearreactorhazards
(en anglais)
(2) Fin 2004, la presse belge faisait état d'un document de l'organisme chargé du contrôle des centrales belges, l'Association Vinçotte-Nucléaire (AVN), et mettant le doigt sur des lacunes et négligences structurelles dans l'organisation de la sécurité de centrales. Dans son rapport annuel 2003, AVN dresse aussi un inventaire des problèmes techniques rencontrés dans les centrales.
(3) Les réacteurs à eau légère incluent les réacteurs à eau bouillante et les réacteurs à eau pressurisée. Tous les réacteurs belges sont de ce dernier type.
La Libre Belgique, 23/03/2005:
La loi sur la sortie du nucléaire encore critiquée. L'étude commandée par Marc Verwilghen sur les perspectives énergétiques toujours dans les limbes.
L'énergie nucléaire est en train de faire un retour sur le devant de la scène, en raison principalement des inquiétudes liées aux effets des gaz à effet de serre, déclarait lundi le directeur de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), Mohammed El-Baradei. Plus près de nous, Anne-Marie Lizin, bourgmestre de Huy, commune sur laquelle se trouve la centrale nucléaire de Tihange, indiquait récemment (avant l'affaire des lettres) que les centrales nucléaires doivent rester opérationnelles. Selon la bourgmestre de Huy, des discussions à ce sujet ont déjà eu lieu entre le président du PS, Elio Di Rupo et le Premier ministre, Guy Verhofstadt.
Elle ne croit pas cependant à une révision du point de vue gouvernemental au cours de la présente législature. Pour mémoire, le feu gouvernement arc-en-ciel s'était prononcé pour la fermeture des centrales ayant 40 ans de service, principe par ailleurs réaffirmé par la nouvelle coalition violette dans la déclaration gouvernementale. Concrètement, cela signifie que pour les centrales de Tihange I, Doel I et II, l'échéance est fixée à 2015. Pour Anne-Marie Lizin, l'accord de gouvernement qui sera conclu en 2007 doit préciser s'il faut adapter la loi sur la fermeture des centrales nucléaires ou s'il peut être fait appel à la clause selon laquelle les centrales nucléaires peuvent rester ouvertes si l'approvisionnement énergétique est menacé.
Lenteur
Ce n'est pas la première fois que la loi sur le désengagement nucléaire est remise en cause, notamment - expliquait en 2004 le bureau du Plan - en raison des dangers qu'elle pourrait faire peser sur l'approvisionnement énergétique du pays. En septembre 2004, le nouveau ministre de l'Energie, Marc Verwilghen (VLD), annonçait une étude sur les perspectives énergétiques du pays pour les 25 ans à venir, via notamment la réactivation de la commission Ampère déjà amenée à plancher sur ces questions. A la lumière des conclusions, le ministre n'excluait pas la possibilité de revenir sur la loi de désengagement du nucléaire. Reste que pour les opérateurs comme Electrabel, le temps presse, certains investissements doivent être confirmés ou abandonnés dans les toutes prochaines années.
Mais, malgré les déclarations de Marc Verwilghen, notamment à la Chambre et dans la presse, l'étude est à ce stade-ci toujours dans les limbes. Les anciens membres de la commission Ampère n'ont pas été - ou alors vaguement - approchés et aucun budget n'a encore été approuvé pour financer l'étude. Au cabinet, l'on évoque des difficultés à réunir un panel d'experts - censés avoir un profil plus économique - qui respecte également l'équilibre linguistique. Mais, semble-t-il, d'ici 15 jours le groupe devrait être sur pied et l'on devrait faire appel au savoir de l'Administration et travaux du bureau du Plan. Dans des sphères proches du cabinet, on admet toutefois que le «dossier a été géré avec maladresse». Dans les rangs Ecolo, on parle plutôt d'un ministre «qui s'enferre dans ses propres effets d'annonce».
RTBF, 6/12/2004 :
Après l'Association Vinçotte Nucléaire (AVN), les syndicats du secteur nucléaire se montrent également inquiets de la sécurité des centrales de Doel et Tihange. Ils pointent notamment la diminution du personnel dans ces établissements.
Dans un rapport gardé confidentiel,
AVN s'inquiétait récemment des risques potentiels
pour la sécurité engendrés par le relâchement
de l'organisation du travail dans les centrales. "Le problème
de fond, personne n'en parle:
c'est le choix de management au moment où l'on a engagé
la libéralisation du secteur de l'électricité
et où le groupe Suez a exigé une maximisation de
ses profits belges pour combler ses pertes", estiment les
syndicats CNE et CGSP.
Ce nouveau système, qui privilégie la sous-traitance, a vu fondre en trois ans le personnel des centrales et met en péril la sécurité, ajoutent les syndicats. Le personnel des centrales de Doel et Tihange a diminué en trois ans de 1.035 à environ 700 statutaires à Doel et de 950 à 750 statutaires à Tihange.
Aux yeux du front commun syndical, seul un audit international mené sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) offrirait les garanties d'indépendance face aux menaces de "banalisation" de la question de la sécurité.
Le Soir (Belgique) 13/11/2004 :
Coup de semonce de l'opérateur de contrôle
face au relâchement de la sécurité dans les
centrales nucléaires belges. L'autorité fédérale
et Electrabel rassurent. Des mesures sont en chantier. L'organisation
de la sécurité nucléaire témoigne
des signes de faiblesse. Opérateur chargé de l'inspection
des centrales, l'Association Vinçotte-Nucléaire
(AVN) s'est fendue d'une lettre jugée corrosive, cet été,
auprès d'Electrabel, qui exploite les centrales, et de
l'Agence fédérale de contrôle nucléaire
(AFCN). Alors que l'autorité fédérale refuse
de mettre cette lettre sur la table, « Le Soir » a
pris connaissance d'un procès-verbal de l'Agence qui s'inquiète
de la divulgation éventuelle de ce document dans la presse.
Que contient-il ? Selon Jean-Jacques Van Binnebeek, directeur
d'AVN, ce texte met le doigt sur des lacunes et négligences
structurelles dans l'organisation de la sécurité.
Il convenait d'alerter l'exploitant et l'Agence afin que des mesures
correctives soient prises avant que cela ne soit irréversible,
précise-t-il. C'est notre devoir. Conséquence de
ce coup de semonce : un audit a été entrepris et
vient d'accoucher de l'engagement d'ingénieurs et d'un
plan d'action dans les centrales : Tihange et Doel étaient
organisées sur bases d'unités démultipliées,
détaille Jean-Paul Samain, directeur de l'AFCN. Désormais,
la maintenance est regroupée sur les sites et n'est plus
divisée en unités. En marge de ces craintes, AVN
a aussi dressé l'inventaire des problèmes affichés
par nos vieux réacteurs.
L'organisation de la sécurité nucléaire dans les centrales belges est-elle défaillante ? Oui, si l'on s'en réfère à une lettre datée du 23 juin 2004 et signée par l'opérateur en charge de la sécurité sur le terrain, l'Association Vinçotte Nucléaire (AVN). Classé confidentiel, ce document a été envoyé à l'exploitant, Electrabel, et à l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), l'autorité responsable de la protection de la population et de l'environnement de la radioactivité.
« Le Soir » a pris connaissance du procès-verbal du conseil d'administration de l'AFCN actant la réception du courrier d'AVN et de la suite qu'il convient de réserver à cette missive jugée, semble-t-il, incendiaire : Que se passera-t-il si cette lettre sort dans la presse ?, s'inquiète ainsi Tom Vanden Borre, président du conseil d'administration de l'Agence fédérale, dans le procès-verbal.
Que contient ce texte « sulfureux », qui aurait été porté à la connaissance du ministre de l'Intérieur, Patrick Dewael (VLD), pour justifier pareille réserve ? Les trois acteurs institutionnels concernés - AVN, AFCN et Electrabel - refusent de le divulguer. Motif : ce type de document est à usage interne et pourrait être « mal interprété par les médias ». Son contenu est par contre volontiers commenté.
Sur le terrain, nous n'avons pas constaté d'infraction aux règles de sûreté nucléaire, affirme Jean-Jacques Van Binnebeek, directeur général d'AVN-Vinçotte. Mais bien une succession d'un certain nombre de petits faits. Pris isolément, ces faits ne sont pas graves en soi, mais ils peuvent être annonciateurs de problèmes pour le futur. Il convenait d'alerter l'exploitant et l'Agence afin que des mesures correctives soient prises avant que cela ne soit irréversible.
Pour le directeur d'AVN, il s'agit avant tout de problèmes « structurels et humains » qui peuvent engendrer et ont engendré des « négligences ». Cette analyse rejoint des critiques formulées en son temps par la FGTB face à la réorganisation interne chez Electrabel.
Nous avons constaté une forme d'érosion de la culture de sûreté dans les centrales, note Jean-Jacques Van Binnebeek. Cela concerne tant des procédures que des comportements individuels. L'exploitant a réagi et un plan d'action a été pris. Il faut intervenir avant l'odeur de gaz. Cela signifie qu'il faut parfois taper sur la table. C'est notre devoir et je ne comprends pas que l'AFCN ait mal réagi à cette lettre.
Plutôt courroucée par la forme abrupte utilisée par AVN, l'Agence fédérale de contrôle nucléaire juge dans son procès-verbal que cette lettre est « non correcte » et suspecte une manoeuvre d'AVN. Mais on y confirme néanmoins que sur base de ce coup de semonce, un audit a été entrepris de juin à octobre, qui insiste sur la nécessité d'une nouvelle organisation de la sécurité dans les centrales : Nous avions déjà posé une série de constats l'an dernier, temporise Jean-Paul Samain, directeur de l'Agence fédérale de contrôle nucléaire. Tihange et Doel étaient organisées sur bases d'unités démultipliées. Désormais, l'organisation de la sécurité est matricielle. Cela signifie que toute la maintenance est regroupée sur le site et n'est plus divisée en unités. Il faut un moment d'adaptation. À Doel, cette intégration des nouvelles procédures a été plus rapide.
Chez Electrabel, on s'incline face aux critiques d'AVN mais on réfute catégoriquement l'idée d'un désinvestissement dans la sécurité face à la perspective de la sortie du nucléaire, programmée à partir de 2015 : La sûreté n'est pas en cause, affirme Antoine Deschamps, porte-parole de l'électricien belge. S'il devait y avoir un problème majeur de sécurité, l'Agence demanderait immédiatement l'arrêt des installations. Nos centrales sont reconnues parmi les plus sûres au monde.
L'audit lancé en juin a débouché sur une série de mesures en vigueur depuis peu, confirme-t-on chez Electrabel. Huit ingénieurs (6 à Tihange et 2 à Doel) ont été engagés cet automne et ont notamment été affectés à des procédures de sécurité. À Doel, l'analyse structurelle est toujours en cours. Electrabel n'a rien à gagner à jouer avec la sécurité, conclut Antoine Deschamps. Nous investissons cent millions d'euros par an pour la maintenance et la qualité de nos centrales.
Christophe Schoune
ENTRETIEN
Ancien chef de cabinet du secrétaire d'Etat à l'Energie Olivier Deleuze, Luc Barbé est secrétaire politique chez Ecolo. Cet expert flamand en matière énergétique a ferraillé avec le secteur avant la promulgation de la loi de sortie du nucléaire. Il demeure très critique à propos de la question sécuritaire dans notre pays.
Comment considérez-vous les craintes formulées par AVN à propos de l'organisation de la sécurité dans les centrales ?
Ce que vous me dites confirme en quelque sorte des éléments du rapport 2003 qui donne pour la première fois un aperçu détaillé des activités de contrôle, centrale par centrale. On peut se demander si en publiant ce document, AVN ne voulait pas manifester son ras-le-bol face au dialogue difficile avec Electrabel. C'est une manière, aussi, d'envoyer un signal fort au politique.
Tous les incidents constatés dans le rapport 2003 sont qualifiés dans la norme des événements qui peuvent se produire...
Lire ce chapitre me semble au contraire peu rassurant. Il s'agit de pages et de pages de problèmes techniques peu anodins, à commencer par les problèmes de sécurité liés à la canicule en 2003.
Electrabel avance des chiffres et affirme ne pas économiser sur la sécurité dans la perspective de fermeture des centrales...
S'il n'y a pas de problèmes de sécurité,
tant mieux. Mais que le ministre Patrick Dewael, l'Agence fédérale,
AVN et Electrabel mettent alors tous les courriers, notes et rapports
en matière de sécurité nucléaire sur
la table.
S'il n'y a pas de problèmes, la transparence ne peut qu'aider
à rassurer la population. Si on refuse cette transparence,
moi, comme citoyen et homme politique, je m'inquiète fortement.
Face à la nouvelle donne terroriste internationale, vous stigmatisez le fait que les mesures relatives à la protection physiques des matières fissiles n'ont toujours pas été adoptées...
Le réacteur du centre d'étude nucléaire de Mol utilise de l'uranium hautement enrichi. C'est celui qui entre dans la fabrication des bombes atomiques. Or, un réacteur de recherche comme le CEN est beaucoup moins protégé qu'une centrale. Les services de sécurité hollandais avaient fait un exercice et sont parvenus à atteindre en 7 minutes le lieu où était stocké le combustible nucléaire dans un réacteur de recherche comparable. La Belgique s'est engagée à convertir le réacteur BR2 à l'uranium faiblement enrichi, mais le ministre n'a toujours pas donné le timing. Par ailleurs, les textes des arrêtés royaux qui doivent être adoptés afin d'arrêter notamment les dispositions de protection physique n'ont toujours pas été proposés au ministre.
Deux opérateurs se partagent les activités de contrôle en Belgique, l'Agence fédérale de contrôle nucléaire et AVN-Vinçotte. Le partenariat ne semble pas faire merveille. Faut-il regrouper cette activité sous une même entité publique ?
C'est comme cela que cela fonctionne à l'étranger, mais Ecolo n'est pas favorable à cette décision en Belgique. Les problèmes des relations entre AVN et l'AFCN sont inquiétants. La sécurité nucléaire nécessite une entente parfaite entre ces deux acteurs. Je ne pense pas, cela dit, qu'il soit judicieux de les regrouper maintenant vu que l'AFCN n'est pas en vitesse de croisière. AVN a acquis une véritable expertise dans ce domaine. Or, la direction de l'Agence fédérale n'a toujours pas pris de décision sur la nature du partenariat futur avec AVN, qui sera peut-être soumis demain aux règles des marchés publiques. Perdre ce know how au bénéfice d'un opérateur étranger serait dramatique pour la sécurité nucléaire dans notre pays.
Christophe Schoune
Le Soir (Belgique) 13/11/2004 :
Si la sécurité technique des centrales belges n'est pas mise en cause, le rapport d'activité 2003 de l'Association Vinçotte-Nucléaire, consacré à ses missions de contrôle, fourmille néanmoins d'une foule de détails éclairants relatifs à la série d'incidents qui se sont produits l'an dernier dans les sept réacteurs belges. Des « détails » qui posent parfois de lourdes questions...
Ainsi on apprend que pendant l'été 2003, de nombreux équipements requis pour un fonctionnement optimal se sont retrouvés indisponibles en raison de la canicule sur le site de Doel 1 et 2, en Flandre. Les deux plus vieux réacteurs flamands affichent clairement des signes de fatigue.
Les températures exceptionnelles enregistrées dépassaient en effet les capacités thermiques de certains dispositifs de sécurité, note le rapport d'AVN. Doel 1 et 2 ont dû diminuer leur production d'énergie pendant cette période afin de réduire la température de sortie, dans la rivière, de l'eau de refroidissement.
Fait non moins préoccupant : l'étanchéité des doubles parois de protection des deux réacteurs de Doel 1 et 2 a posé pas mal de soucis en milieu d'année : Le problème de fuites au niveau de cette barrière primaire représente une véritable inquiétude, note AVN. L'étanchéité de la barrière de confinement secondaire de Doel 1 doit également être surveillée.
Ces problèmes concernent en fait les zones où des vannes et des tubulures sont en contact avec le réacteur, précise-t-on chez AVN. Pas de panique : Il s'agirait de « microfuites » qui sont ensuite filtrées dans la deuxième enceinte. Ces problèmes sont résolus, il faut chaque fois commander du matériel qualifié et cela prend du temps, affirme de son côté le directeur de l'Agence fédérale de contrôle, qui explique les fuites en raison de la vétusté d'une centrale qui affiche trente ans d'âge.
Par contre, « le problème d'étanchéité détecté au niveau de la chambre de contrôle est toujours présent et semble difficile à résoudre », note le rapport AVN. Les conséquences de ce problème sur la sécurité du site sont en cours de réévaluation.
En dehors des interruptions programmées pour réapprovisionnement de combustible, les centrales ont également dû faire face à une série d'arrêts d'urgence. Tihange 1 décroche la palme avec sept arrêts non programmés de son réacteur en 2003 : vanne défectueuse, défaillance de câble électrique, erreur humaine lors d'un test périodique... autant d'incidents jugés mineurs qui se soldent chaque fois par une décision majeure : Ces arrêts font partie de nos procédures de sécurité, explique Jean-Jacques Van Binnebeek. À l'étranger, certains exploitants étrangers évitent de pratiquer ces arrêts d'urgence parce qu'il y a une culture de la performance. Mais cela peut avoir des effets pervers. Il ne faut pas mesurer la sécurité d'une centrale au nombre de ces arrêts.
Enfin, signalons que quatre incidents de nature différente et classés niveau 1 sur l'échelle internationale des incidents sont apparus dans nos centrales en 2003 : parmi ceux-ci, épinglons ces chiffons retrouvés derrière les filtres d'un système de refroidissement de secours du coeur. Une vraie négligence, note-t-on chez AVN.
Il ne faut pas comparer des pommes et des poires. Mais rappelons que la fusée Ariane 4 avait échoué dans sa mission, en 1990, en raison de la présence d'un chiffon dans une canalisation de moteur et par une fuite de combustible. Le diable se cache dans les détails...
La Libre Belgique, 02/11/2004 :
La commune de Dessel serait prête à héberger un dépôt final de déchets radioactifs de faible activité. Une première dans un dossier sensible et irrésolu. La commune flamande de Dessel pourrait bien rester dans les annales nucléaires comme la première en Belgique à s'être montrée disposée, sous certaines conditions, «à apporter une solution durable au problème de gestion à long terme des déchets de faible activité et de longue durée de vie». Un problème qui - à l'instar d'autres pays de l'Union européenne - n'est toujours pas résolu chez nous. Cela étant, rien n'est fait. Le projet de dépôt final que compte présenter l'Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles (Ondraf) au ministre de tutelle, Marc Verwilghen (VLD), devra encore faire l'objet d'une évaluation avant une éventuelle décision finale en 2005. Il reviendra aussi au Fédéral de décider si le dépôt en surface est préférable à un enfouissement géologique (à 200 mètres de profondeur dans de l'argile). L'une et l'autre option ayant ses avantages et inconvénients.
Consultation
En attendant, c'est l'asbl Stola-Dessel (un mixe de représentants
de l'Ondraf et de la commune) qui s'est chargée de consulter
la population. La réceptivité annoncée de
cette dernière à un projet pourtant controversé
s'explique par la présence d'un site nucléaire (Belgoprocess)
qui stocke déjà à titre provisoire des déchets
radioactifs. De fait, Dessel fait partie des 4 communes pressenties
pour accueillir des déchets nucléaires - avec Mol
côté Flandre - en raison de la présence de
Belgoprocess et Fleurus et Farciennes en raison de la présence
de l'Ire, l'Institut des radioéléments.
Côté wallon, un partenariat local Fleurus-Farciennes
(Paloff) a été créé afin d'étudier
la faisabilité de l'implantation d'un dépôt
de déchets nucléaires sur le site de l'Ire, situé
à cheval sur ces deux communes de la Basse-Sambre. D'ici
quelques jours l'on devrait d'ailleurs connaître le sentiment
des riverains de la région sur ce projet. Pas sûr
qu'ils manifestent la même «bienveillance» que
ceux de Dessel. Ainsi, le comité de vigilance de Fleurus-Farciennes
s'est d'ores et déjà opposé au projet de
dépôt de déchets nucléaires sur le
territoire de la commune. Pour mémoire, depuis 1998, l'Ondraf
est chargée de trouver l'emplacement où pourrait
s'installer un dépôt final de déchets nucléaires
de faible activité et de courte durée. Si les déchets
de faible activité sont entreposés provisoirement
chez Belgoprocess (filiale de l'Ondraf), le site de stockage définitif
devra être prévu pour accueillir tous les déchets
passés, présents et à venir, liés
au programme électronucléaire belge existant, y
compris après le démantèlement des actuels
réacteurs de Doel et de Tihange. La fin des opérations
de stockage n'est pas envisagée avant l'an 2060. Outre
les enjeux environnementaux, le projet d'une dernière demeure
pour déchets nucléaires représente aussi
un solide pactole qui se chiffre déjà en dizaines
de millions d'euros, récoltés via un prélèvement
sur les factures d'électricité. Outre un important
chantier de génie civil, le projet implique l'emploi de
50 à 60 personnes pendant l'exploitation et un potentiel
non négligeable de retombées fiscales, industrielles,
commerciales et même touristiques. En France, le site de
stockage de Soulaines (Aude) a accueilli plus de 60.000 visiteurs
depuis sa mise en activité il y a dix ans.
Le Soir (Belgique), 02/09/2004
Le ministre de l'Energie, Marc Verwilghen (VLD), envisage de revenir sur l'extinction des centrales atomiques. Alors que la loi qui la prévoit n'est pas vieille de deux ans.
Le gouvernement Verhofstadt Ier l'a votée.
Verhofstadt II l'abrogera-t-il ?
Dans un entretien qu'il nous a accordé ce mercredi, le
ministre de l'Economie et de l'Energie, Marc Verwilghen (VLD),
envisage, en effet, de revenir sur la loi qui prévoit l'extinction
progressive, entre 2015 et 2025, des sept réacteurs atomiques
belges (trois à Tihange et quatre à Doel). Ces installations
nucléaires qui produisent environ 60 % de l'électricité
du royaume.
Le mandataire libéral flamand qui a hérité du portefeuille énergétique lors du remaniement ministériel de juillet, entend commander une étude visant à évaluer les besoins énergétiques de la Belgique en 2015. Et si la meilleure solution réside dans la fission des atomes ? Alors il faudra oser mettre le dossier sur la table, affirme-t-il, considérant par ailleurs qu'il ne serait pas cohérent de s'alimenter en électricité en l'achetant dans les centrales nucléaires françaises.
La moustache d'Olivier Deleuze (Ecolo) a, quant à elle, dû vibrionner rageusement : l'ancien secrétaire d'Etat à l'Energie, qui occupe désormais un poste au sein des Nations unies au Kenya, s'était battu sous la précédente législature afin de voir atterrir ce projet de loi. Car la sortie du nucléaire, qui figurait dans la déclaration gouvernementale de 1999, avait déclenché les passions et nécessité moult négociations avant de voir un Parlement adopter le texte plus par loyauté gouvernementale que par conviction.
Le Premier ministre, Guy Verhofstadt, s'apprêterait-il à renier les engagements de l'arc-en-ciel (la coalition libérale, socialiste, écologiste de 1999 à 2003) ? Dans les coulisses gouvernementales, aucun consensus ne semble exister sur le sujet nucléaire. La chose n'a pas été évoquée récemment, nous a confié un proche du dossier, ajoutant : Politiquement, c'est inopportun, mais s'il faut en discuter, ce n'est pas en 2010 qu'il faudra le faire...
Joan Condijts
LA LIBRE BELGIQUE 28/05/03
Le désengagement du nucléaire, principal héritage d'Ecolo, remis en question dès la rentrée parlementaire. Le VLD veut neutraliser la désactivation progressive des réacteurs. Une neutralisation qui était inscrite dans les astres.
Le compte à rebours a commencé. Dès la rentrée parlementaire, le député réélu Pierre Lano (VLD) déposera une proposition de loi qui modifiera la loi sur la sortie progressive de la Belgique de l'énergie nucléaire. Ce faisant, le libéral flamand pourrait bien planter une première banderille dans l'héritage Ecolo. Pour mémoire, le désengagement de la Belgique dans l électricité d'origine nucléaire était inscrit dans la déclaration gouvernementale de feu la coalition arc-en-ciel. En réalité, une concession consentie à l'époque du bout des lèvres au nouveau partenaire écologiste.
*Opposition*
Le projet suscitera dès le départ
une levée générale de boucliers dans les
travées du Parlement que n'entameront pas les arguments
d'Olivier Deleuze, ex-secrétaire d'Etat à l'Energie
et mère porteuse de la loi sur le désengagement.
Tenus par la charte politique, les députés de la
majorité n auront toutefois pas d'autres choix que de voter
la loi, mais en se promettant ouvertement de s'y attaquer une
fois les verts éjectés de la majorité. Les
résultats des élections législatives de mai
dernier ayant laminé les rangs écologistes, les
opposants d'hier disposent aujourd'hui d un boulevard. Excepté
les socialistes flamands qui n'ont jamais caché leur hostilité
au nucléaire, le consensus devrait régner - même
si pour des motifs un peu différents - entre le VLD, le
MR et le PS sur une neutralisation du dispositif de désactivation
progressive des centrales nucléaires. La proposition de
Pierre Lano répond en tout cas à ce dessein. «Cela
fait officiellement partie du programme du VLD. Concrètement,
il s agira de remplacer l'exception de «force majeure»
que contient la loi par un «principe de nécessité»/,
explique le député. En l'état actuel, la
loi prévoit en effet qu'en cas de «force majeure»
la fermeture des centrales puisse être différée.
Il faut entendre par «force majeure» des éléments
qui ne peuvent être ni le fait des producteurs ni le fait
des exploitants des réseaux de transport et de distribution
d'électricité, ni le fait des entités fédérées
et ils ne peuvent être la conséquence de la non application
du plan indicatif
«En y substituant le principe de nécessité,
l'on donnera au gouvernement une base scientifique plus large
pour décider de l'applicabilité de la loi»,
souligne Pierre Lano. «Le principe de nécessité
pourra ainsi être invoqué en cas de difficulté
à respecter, par exemple, le Protocole de Kyoto ou encore
de problèmes à assurer l'approvisionnement énergétique
du pays». En d'autres termes, si la loi en tant que telle
est maintenue, il sera aussi beaucoup plus facile d'invoquer des
arguments qui en empêcheraient son application effective.
*Opérateurs*
Chez Electrabel - unique opérateur en matière d'électricité nucléaire en Belgique - la proposition de modification ne fait que corroborer l'opinion ambiante. Dans le mémorandum de 12 pages qu'il s'apprête à remettre au prochain formateur, l'électricien plaide en outre pour une /«lisibilité à long terme», en matière d'énergie nucléaire. «Nous ne réclamons pas nécessairement que l'on revoie la loi, mais que l'on prenne bien en compte les problèmes que provoquerait le désengagement du nucléaire», note Fernand Grifnée, porte-parole d'Electrabel. «Nous ne pouvons pas attendre 2012-2013 - veille de la première désactivation des centrales - pour qu'au dernier moment on assiste à un virage à 360 degrés. Nous devons recevoir des signaux au cours de cette législature, car Electrabel va prendre attitude sur ses investissements futurs dans les trois à quatre ans à venir».
Rachel Crivellaro
BRUXELLES, 16 jan 03 - Le Sénat belge a entériné jeudi un projet de loi prévoyant la fermeture progressive entre 2015 et 2025 des sept centrales nucléaires de Belgique, qui avait déjà été voté le 6 décembre par la Chambre des députés.
Trente-quatre sénateurs se sont prononcés en faveur du projet, 16 ont voté contre et deux se sont abstenus.
Le texte adopté, dont les grandes lignes figuraient dans l'accord de gouvernement conclu en juillet 1999 par la coalition "arc-en-ciel" (libérale-socialiste-écologiste) au pouvoir, prévoit que "les centrales nucléaires seront démantelées dès qu'elles auront atteint l'âge de 40 ans".
Ainsi, les premières centrales seront fermées "dès février 2015, les dernières en 2025"(*), selon le secrétaire d'Etat à l'Energie Olivier Deleuze.
Le projet de loi prévoit toutefois que le gouvernement belge pourra, d'ici au démantèlement des centrales, prendre des "mesures appropriées" si l'approvisionnement du pays était menacé, mais "sans remettre en cause le principe de l'abandon du nucléaire", selon M. Deleuze.
(*) Si les risques du nucléaire sont "jugés" acceptables pour 10 à 20 ans alors il n'y a pas de raison de renoncer à cette énergie.
BRUXELLES 6 décembre 2002 - Après des mois de débats, les députés belges ont voté tôt vendredi en faveur de la fermeture progressive des sept centrales nucléaires du pays entre 2015 et 2025. (*)
Bien que celles-ci fournissent 60% de l'électricité de la Belgique, il s'agit de la concrétisation d'une promesse de campagne faite par les partis écologistes appartenant à la coalition gouvernementale du Premier ministre Guy Verhofstadt.
Mais certains s'interrogent sur les conséquences du texte défendu par le secrétaire d'Etat à l'Energie Olivier Deleuze (Ecolo), aucune alternative n'ayant encore été développée pour pallier la fermeture des quatre réacteurs de Doel, près d'Anvers, et les trois à Tihange (est).
La compagnie nationale Electrabel, propriétaire des centrales, a ainsi exhorté le gouvernement à revenir sur ce projet, expliquant que la fermeture progressive n'était pas économiquement viable. Elle a joute que cette décision va compromettre les engagements belges pris dans le cadre du Protocole de Kyoto. Les centrales nucléaires ne dégagent pas de gaz à effet de serre. Or, la Belgique s'est engagée à réduire ces émissions de 7,5% entre 2005 et 2012 par rapport aux niveaux de 1990.
Ce texte adopté par la Chambre des représentants
par 80 voix contre 49 et cinq abstentions doit encore être
examiné par le Sénat.
(*) Si les risques du
nucléaire sont "jugés" acceptables pour
10 à 20 ans alors il n'y a pas de raison de renoncer à
cette énergie.
Communiqué de presse de sortirdunucleaire.org du 6 décembre
2002
Après la Belgique : sortir du nucléaire, c'est
possible en France aussi !
06/12/02 - L'organisation écologiste Greenpeace s'est félicitée vendredi du vote de la Chambre des représentants belge qui a approuvé la fermeture progressive entre 2015 et 2025 des sept centrales nucléaires en Belgique.
"Greenpeace considère ce vote comme un signe politique fort et souhaite que ce choix éclairera le futur débat français sur l'énergie", a indiqué l'organisation dans un communiqué.
"Par son choix, la Belgique rejoint la grande majorité des pays européens qui ont décidé de tourner le dos à l'énergie nucléaire. Seuls la France, la Finlande et le Royaume-Uni s'obstinent encore actuellement dans cette option", a ajouté Greenpeace.
La Chambre des représentants belge (chambre basse du parlement) a approuvé vendredi matin un projet de loi prévoyant l'abandon progressif du nucléaire. Le Sénat belge doit encore se prononcer.
Ce texte, dont les grandes lignes figuraient dans l'accord de gouvernement de juillet 1999 qui a porté au pouvoir la coalition "arc-en-ciel" (libérale-socialiste-écologiste), prévoit que "les centrales nucléaires seront démantelées dès qu'elles auront atteint l'âge de 40 ans".
Ainsi, les premières centrales seront fermées "dès février 2015, les dernières en 2025", selon le secrétaire d'Etat à l'Energie, Olivier Deleuze.
Le nucléaire fournit actuellement quelque 60% de l'électricité produite en Belgique.
"Cette loi est un message clair à l'industrie: l'énergie nucléaire est une impasse et les nouveaux investissements doivent se faire dans les technologies propres", a commenté pour sa part un responsable de Greenpeace Belgique, Jan Vande Putte.
02/02/03 - Plus
de 400 fûts de déchets radioactifs stockés
à Dessel (nord de Belgique) sont considérés
comme défectueux et pour une partie d'entre eux, estimés
plus dangereux, il n'existe pas actuellement en Belgique de solution
technique de reconditionnement, selon un rapport officiel, révélé
par le quotidien Le Soir.
426 fûts nucléaires de 400 litres de matière
radioactive, mélangée à différents
composants (ciments, bitume) ont des défauts de natures
diverses qui nécessitent au minimum un reconditionnement
et au mieux une solution de stockage définitif, selon un
rapport de l'Organisme national de gestion de déchets radioactifs
(Ondraf), cité par Le Soir.
Parmi eux, 124 colis, "moyennement radioactifs", datant
de 1983 à 1989, sont considérés comme plus
dangereux, en raison de leur rayonnement plus intense, et nécessitent
une autre solution, souligne le quotidien.
Pour les fûts "faiblement radioactifs, il va falloir
clairement expliquer quel type d'enveloppe on va ajouter pour
pouvoir garantir aux populations que ces fûts resteront
stables pendant 300 ans, alors qu'on a constaté qu'il y
avait des problèmes après 20 ans", a affirmé
le secrétaire d'Etat à l'Energie, Olivier Deleuze,
sur la radio publique belge RTBF."Il y a par ailleurs des
fûts moyennement radioactifs, plus dangereux, et il n'y
pas aujourd'hui de solutions pour ces fûts", a ajouté
le secrétaire d'Etat, qui avait réclamé un
rapport à l'Ondraf à ce sujet.
Pour sa part, le directeur de l'Ondraf, Jean-Paul Minon, a affirmé
sur RTBF qu'"il existe des solutions pour les fûts
cimentés, le tout étant de les mettre en oeuvre".
"Mais pour les fûts en bitume il faudra
d'abord comprendre quel est le problème", avant de
pouvoir estimer "les coûts de l'opération".
Pour ces fûts, qui nécessitent une solution géologique
à long terme, "il faudra probablement se tourner vers
l'étranger", a-t-il dit au quotidien Le Soir.
Un responsable de l'Ondraf, cité par l'agence Belga, a
affirmé pour part qu'il n'existe aucun danger pour la santé
publique, tant pour le personnel de l'Ondraf que pour les riverains
des installations.