PARIS (2 octobre 2007) - "Rien n'est plus dangereux que la situation en
Iran", déclare le ministre français des Affaires
étrangères, Bernard Kouchner.
Toute cette région "est un endroit terriblement, terriblement
dangereux, le plus dangereux du monde. Si, en plus, s'ajoute la
bombe iranienne, je crois que c'est très difficile",
a-t-il déclaré sur Europe 1.
"Il faut absolument que la paix s'installe. Le pire, ce serait
la guerre", a ajouté le chef de la diplomatie française,
reprenant une expression qu'il avait employée le 16 septembre
et qui avait suscité un certain émoi.
Les grandes puissances réunies la semaine dernière
au siège de l'Onu à New York ont repoussé
à novembre l'examen de nouvelles sanctions internationales
contre l'Iran.
Les six pays - Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne,
Allemagne - envisageront alors une troisième résolution
de sanctions contre l'Iran si aucun progrès n'est constaté
sur le programme nucléaire de Téhéran dans
des rapports de l'Union européenne et de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA).
"Tout" ce que font les Iraniens "incite les experts
à penser qu'ils se dirigent, possiblement, vers la bombe
nuléaire et pas le nucléaire civil auquel ils ont
absolument droit", a fait remarquer Bernard Kouchner, qui
a invité l'Union européenne à s'impliquer
davantage dans ce dossier.
"Pendant que le dialogue continue (...), il faut que nous
travaillions sur des sanctions pour être pris au sérieux",
a-t-il dit. "Est-ce la bonne solution ? C'est une partie
de la solution. Est-ce qu'il faudra aller plus loin ? C'est possible".
Le Monde, 25/9/07:
Devant l'ONU, Nicolas Sarkozy réaffirme que l'arme nucléaire
en Iran serait un "risque inacceptable"
NouvelObs, 19/9/07:
Ahmadinejad ne prend pas Kouchner au "sérieux"
PARIS (19/9/07) - L'ambassadeur
d'Iran en France, Ali Ahani, réagit mercredi dans une interview
au "Parisien/Aujourd'hui en France" aux remous suscités
par les déclarations de Bernard Kouchner -et nuancées
depuis- sur le risque de guerre si Téhéran met au
point une arme nucléaire.
"Entendre ces propos martiaux dans la bouche de M. Kouchner
nous a paru bizarre. C'est très éloigné de
la position habituelle de la France", estime Ali Ahani à
propos des déclarations tenues dimanche par le ministre
français des Affaires étrangères, ajoutant
que ce commentaire était "d'autant plus inattendue
que nous sommes en train de négocier avec l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), qui se dit satisfaite de
l'avancement des choses".
"Nous espérons que les explications précises
de M. Kouchner vont dissiper le malentendu", déclare
le diplomate iranien qui souligne qu'"il est de l'intérêt
de la France de garder son indépendance" avec "sa
capacité", son importance au sein de l'Union européenne".
"Des pays comme la France peuvent conseiller aux Américains
de renoncer à cette voie qui serait catastrophique pour
tout le monde".
Egalement interrogé mardi soir sur RTL, Ali Ahani avait
lancé en guise d'avertissement que "la France est
le troisième partenaire iranien en Europe et qui a beaucoup
de capacités pour devenir le premier". Dans "Le
Parisien", il ajoute qu'"il serait dommage de porter
atteinte aux intérêts des entreprises françaises".
Radio Canada, 18 septembre 2007:
Nucléaire iranien: Kouchner tempère ses propos
"La France, en adoptant un ton belliciste envers l'Iran,
risque fort de passer dans le monde pour le nouveau sous-traitant
du président américain George W. Bush..."
TEHERAN (18 septembre 2007) - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré
mardi qu'il ne prenait "pas au sérieux" les déclarations
du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner évoquant
le risque d'une "guerre" avec l'Iran si les sanctions
contre son programme nucléaire restaient sans résultat.
"Nous ne prenons pas au sérieux ces déclarations.
Les propos médiatiques sont différents des positions
réelles", a déclaré M. Ahmadinejad aux
journalistes à la sortie du siège du Parlement à
Téhéran.
Il a refusé de faire tout autre commentaire.
Dimanche, M. Kouchner a averti que le monde devait se "préparer
au pire", c'est-à-dire à la "guerre"
avec l'Iran, si des sanctions se révélaient insuffisantes
pour convaincre Téhéran de suspendre son programme
nucléaire.
Les Etats-Unis ont insisté le même jour sur le fait
qu'ils privilégiaient toujours la voie diplomatique, par
le biais de sanctions, sans toutefois exclure l'option militaire.
Depuis l'élection du président Nicolas Sarkozy en
mai, la France a enchaîné les appels à une
plus grande fermeté de la communauté internationale,
et particulièrement de l'Union européenne, envers
l'Iran. Paris a demandé des sanctions supplémentaires
contre Téhéran s'il persistait dans son refus de
suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium.
Lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires
étrangères, Mohammad Ali Hosseini, a affirmé
que les propos de M. Kouchner portaient "atteinte à
la crédibilité de la France".
"Nous espérons que ces déclarations soient
de pure forme et ne correspondent pas aux positions réelles
et stratégiques de la France", a-t-il ajouté,
en suggérant qu'elles étaient le fruit de "suggestions
erronées et d'informations irréelles données
par les autres", c'est-à-dire les Américains.
Pour sa part, Allaeddine Boroujerdi, le président de la
Commission des Affaires étrangères du Parlement,
a affirmé lundi que "si le gouvernement français
poursuit sa position illogique à l'égard de l'Iran,
le Parlement adoptera des mesures dures" contre Paris, selon
l'agence Irna.
"Avec de telles positions, il n'est pas utile d'avoir un
commerce de plusieurs milliards d'euros avec la France. Paris
doit présenter des excuses au peuple iranien", a-t-il
ajouté.
PARIS (18/9/07) - Le
ministre français des Affaires étrangères,
Bernard Kouchner, se défend d'être un "va-t-en
guerre" et dit avoir voulu par ses propos, dimanche, "attirer
l'attention sur la gravité de la crise" autour du
nucléaire iranien, rapporte Le Monde mardi.
"La situation la pire serait la guerre. Pour éviter
cela, l'attitude française est de négocier, négocier,
négocier, jusqu'au bout, sans craindre les rebuffades.
Et de travailler avec nos amis européens à des sanctions
crédibles", a déclaré le chef de la
diplomatie française au quotidien dans l'avion qui le conduisait
lundi à Moscou.
"Je ne veux pas qu'on dise que je suis un va-t-en guerre
! Mon message était un message de paix, de sérieux
et de détermination", a précisé le ministre,
dont les propos dimanche ont suscité de vives réactions
à Téhéran.
"En ce moment, on exprime une opinion forte, mais on exprime
une opinion pacifique", a-t-il ajouté.
Bernard Kouchner a déclaré dimanche lors d'une émission
de radio et de télévision que la communauté
internationale devait "se préparer au pire" dans
la crise du nucléaire iranien. "Le pire, c'est la
guerre", a-t-il dit quand on lui a demandé ce qu'il
entendait précisément par là.
Le gouvernement iranien a condamné lundi des propos contraires
selon lui à "la tradition historique et culturelle
de la France et à sa civilisation".
L'Allemagne, partenaire de la France dans les négociations
avec l'Iran, a de son côté réagi aux déclarations
françaises en replaçant le problème sur le
seul terrain de la négociation.
PARIS (18 septembre 2007) - La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
et aux Droits de l'Homme Rama Yade a soutenu mardi Bernard Kouchner
dont les propos sur la crise du nucléaire iranien ont déclenché
une polémique en France et dans le monde. "Nous n'accepterons
pas que cette bombe soit construite", avait lancé
dimanche le chef de la diplomatie française, en allant
jusqu'à dire qu'"il faut se préparer au pire",
qui est "la guerre". Selon Rama Yade, M. Kouchner "a
eu raison de dire qu'il y a une tension importante au Proche-Orient
entre l'Iran et ses voisins".
Mettant en garde contre "des comportements de naïveté",
elle a plaidé sur RMC pour une approche "réaliste",
se gardant cependant de reprendre à son compte le terme
de "guerre". "Nous ne pouvons pas avoir une attitude
de résignation. Il est important que, de temps en temps,
les choses soient dites et Bernard Kouchner a le mérite
de le dire avec franchise", a insisté le benjamine
du gouvernement. Mais "il y a encore de la place pour la
diplomatie", a-t-elle nuancé, citant le Premier ministre
François Fillon.
Après les propos alarmants de M. Kouchner, M. Fillon a
dû corriger les déclarations de son ministre des
Affaires étrangères. "Tout doit être
fait pour éviter la guerre. Le rôle de la France,
c'est de conduire vers une solution pacifique", a-t-il dit.
"Une confrontation avec l'Iran, c'est la dernière
extrémité que n'importe quel responsable politique
peut souhaiter".
Le Figaro, 18 septembre 2007:
Kouchner auditionné sur l'Iran le 2 octobre
TF1, 17/9/07:
Iran: poussée de fièvre inattendue à Paris
Le Monde, 17/9/07:
François Hollande a réclamé, lundi 17 septembre, un débat au Parlement sur la situation en Iran et estimé que le président Nicolas Sarkozy devait s'exprimer devant les Français. Ces déclarations interviennent après que Bernard Kouchner a prévenu, dimanche soir, qu'il fallait "se préparer au pire", y compris "la guerre", contre Téhéran. Le ministre des affaires étrangères a aussi demandé, lors de l'émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, des sanctions européennes, tout en appelant à "négocier jusqu'au bout" pour éviter que l'Iran ne se dote de l'arme atomique. "Un débat au Parlement s'impose. Il faut que tout soit mis sur la table, il faut qu'il y ait une information qui soit donnée par le gouvernement au Parlement", a déclaré le premier secrétaire du PS. Le président de la République ne pouvant parler devant les assemblées, François Hollande a estimé que Nicolas Sarkozy devait "s'exprimer là-dessus" devant les Français.
Le Monde, 17/9/07:
François Heisbourg : "Sur le nucléaire iranien,
la France n'est pas isolée"
PARIS (17/9/07) - Pour
la seconde fois en moins de 24 heures, Paris a tiré la
sonnette d'alarme lundi sur le dossier du nucléaire iranien,
au grand dam de Téhéran qui a accusé la France
d'entretenir artificiellement la crise.
Le Premier ministre, François Fillon, a fait état,
à la suite de Bernard Kouchner, d'une situation de très
grande tension avec l'Iran mais a souligné que la France
entendait épuiser tous les moyens diplomatiques pour "éviter
la guerre".
"La menace que fait peser sur le monde l'existence d'une
arme iranienne nucléaire est réelle", a dit
le Premier ministre à des journalistes en marge d'une visite
au 1er Régiment d'infanterie de marine, à Angoulême
(Charente).
"Le ministre des Affaires étrangères a raison
de dire que la situation est dangereuse et qu'elle doit être
prise au sérieux", a-t-il souligné.
Bernard Kouchner a déclaré dimanche que la communauté
internationale devait "se préparer au pire" dans
la crise du nucléaire iranien. "Le pire, c'est la
guerre", a-t-il dit quand on lui demandait ce qu'il entendait
précisément par ce terme.
Le gouvernement de Téhéran a condamné lundi
les propos de Bernard Kouchner, contraires selon lui à
"la tradition historique et culturelle de la France et à
sa civilisation".
Le ministre français des Affaires étrangères
s'écarte en outre de la politique de l'Union européenne,
a estimé le porte-parole du ministère iranien des
Affaires étrangères, Mohammad al Hosseini.
Après avoir cité al Hosseini critiquant les propos
"provocants" de Kouchner, l'agence officielle Irna a
envoyé une nouvelle version dans laquelle le ministre iranien
parle de "déclarations qui provoquent la crise".
Dans un commentaire, l'agence accuse la France d'"extrémisme"
et s'en prend directement au président français.
"Depuis que (Nicolas) Sarkozy est à l'Elysée,
un Européen s'est glissé dans la même peau
que celle des Etats-Unis, dont il imite les 'sorties' et les postures
nuisibles", écrit Irna.
"Le nouveau gouvernement français pense que la meilleure
approche sur l'arène internationale est de porter atteinte
à la paix et de favoriser la tension", ajoute l'agence.
TENSION EXTREME
Soupçonnant l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique
- ce qu'il nie -, l'UE et les Etats-Unis envisagent une nouvelle
série de sanctions contre Téhéran dans l'espoir
d'amener les Iraniens à cesser leurs activités nucléaires
sensibles.
"Ce que le président de la République a décidé,
a dit aussi François Fillon, ce sont des sanctions les
plus sévères possibles à l'égard du
gouvernement iranien s'il perdure dans son projet de construire
une force nucléaire autonome".
"Je crois que les sanctions n'ont pas encore été
jusqu'au bout de ce qu'il est possible de faire. Je crois par
ailleurs qu'il faut écouter le peuple iranien qui n'est
pas forcément unanime dans son appréciation de la
politique qui est conduite par son gouvernement", a-t-il
dit.
"Une confrontation avec l'Iran, c'est la dernière
extrémité que n'importe quel responsable politique
peut souhaiter", a-t-il souligné, ajoutant qu'il n'avait
"pas de raison" à ce stade "d'en dire plus"
sur la perspective d'un conflit.
"Je crois que les Iraniens doivent comprendre que la tension
est à son extrême et en particulier dans la région,
dans la relation entre l'Iran et ses voisins, dans la relation
entre l'Iran et Israël. Nous sommes dans une situation de
très grande tension", a affirmé François
Fillon.
L'Allemagne a de son côté réagi aux déclarations
françaises en replaçant le problème sur le
seul terrain de la négociation.
"Il serait complètement faux de parler de menaces
de guerre", a déclaré le porte-parole du ministère
allemand des Affaires étrangères.
Martin Jäger a souligné que le gouvernement allemand
était fermement engagé dans la voie de la diplomatie.
"Toute autre option n'est pas objet de discussion",
a-t-il ajouté.
A Washington, la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino,
a affirmé que les Etats-Unis cherchaient une solution diplomatique
à la crise iranienne.
"Le président (George W. Bush) pense que nos problèmes
avec l'Iran peuvent être résolus diplomatiquement",
a-t-elle déclaré.
"Comme l'a dit le président, aucun chef d'Etat ne
doit écarter quelque option que ce soit. Mais nous utilisons
des canaux diplomatiques afin d'obtenir de l'Iran qu'il remplisse
ses obligations internationales sous l'autorité du Conseil
de sécurité des Nations unies", a-t-elle ajouté.
Le secrétaire général de l'Agence internationale
de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, a appelé
au calme. "Nous devons garder notre sang-froid et ne pas
faire du battage autour de la question iranienne", a-t-il
dit.
Le Monde, 16/9/07:
La crise du nucléaire iranien impose
de "se préparer au pire" qui "est
la guerre", a déclaré Bernard Kouchner,
dimanche 16 septembre, tout en affirmant que la négociation
devait primer.
Invité de l'émission le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI,
le ministre des affaires étrangères a indiqué
"qu'aucun signe ne nous permet de penser, en dehors des
préparations militaires", qu'un bombardement de
l'Iran soit proche. "Je ne crois pas que nous en soyons
là", mais il "normal qu'on fasse des plans"
a-t-il dit, précisant toutefois que "l'armée
française n'est pas pour le moment associé à
quoi que ce soit ni à aucune manoeuvre que ce soit".
"SANCTIONS ÉCONOMIQUES"
"Nous avons décidé, pendant que la négociation
se poursuit - et elle doit s'amplifier - de nous préparer
à des sanctions éventuelles en dehors des sanctions
de l'ONU, qui seraient des sanctions européennes",
a confirmé Bernard Kouchner. "Nos amis allemands
l'ont proposé", a-t-il ajouté, en précisant
qu'il s'agirait de "sanctions économiques à
propos des circuits financiers".
Le chef de la diplomatie française a par ailleurs indiqué
que le gouvernement a demandé à "un certain
nombre" de grandes entreprises françaises de ne
pas répondre aux appels d'offre en Iran en raison de la
crise avec Téhéran. "C'est une manière
de signifier (à l'Iran) que nous sommes sérieux",
a-t-il indiqué. "On n'interdit pas aux entreprises
de soumissionner. On leur a conseillé de ne pas le faire.
Ce sont des entreprises privées. Mais je crois que ça
a été entendu", a-t-il poursuivi.
Le dossier des sanctions contre l'Iran, avec la perspective d'une
nouvelle résolution du Conseil de sécurité
instituant de nouvelles mesures contre Téhéran,
sera au centre de visites de M. Kouchner à Moscou lundi
et mardi, puis à Washington en fin de semaine.
28/8/2007 : Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a estimé mardi que les propos de son homologue français Nicolas Sarkozy évoquant un risque de bombardement de l'Iran traduisaient son "manque d'expérience". "Il manque encore d'expérience, ce qui veut dire que peut-être il ne comprend pas vraiment le sens de ce qu'il dit", a déclaré le président iranien dans une conférence de presse. M. Sarkozy a appelé lundi l'Iran à accepter les obligations du Conseil de sécurité de l'ONU sur son programme nucléaire, en estimant que c'était le seul moyen d'échapper à une alternative "catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Le président iranien a décrit le président français, élu en mai dernier, comme quelqu'un "qui vient juste d'arriver au pouvoir, et qui cherche à se frayer une place sur la scène mondiale". M. Ahmadinejad a affirmé que les propos de M. Sarkozy "n'ont aucune valeur politique méritant que nous nous penchions dessus", en estimant qu'ils ont été "prononcés pour un usage de politique intérieure". La France est en pointe avec les Etats-Unis pour obtenir de nouvelles sanctions de l'ONU contre l'Iran à cause de son refus de suspendre son enrichissement d'uranium.