A Moscou, il y a plus de 2 000 sources radioactives dans la ville

Vous trouverez ci-dessous une carte des zones présentant des niveaux élevés de contamination radioactive, identifiées dans les années 80 du siècle dernier. Les points rouges : ce sont des zones où les niveaux étaient supérieurs à 1 Roentgen par heure. Selon la carte, toutes ces zones ont été décontaminées.

 

 

 

Kedr Media, 11 avril 2024:

Les autorités de Moscou vont construire un quartier résidentiel à Chtchoukine,
juste au-dessus des déchets radioactifs

Même un représentant de Rosatom a admis que la construction à cet endroit était dangereuse.

Le programme de développement intégré des territoires de Moscou comprenait un site à Chtchoukine, sous lequel passe un pipeline contenant des déchets radioactifs. L'emplacement du pipeline coïncide avec le site réservé à la construction, où l'on souhaite construire une école de 100 places, un jardin d'enfants de 125 places et des bâtiments résidentiels. Les gens y seront emménagés dans le cadre d'un programme de rénovation.

Dans le même temps, ni les diamètres des canalisations contenant des déchets radioactifs ni la profondeur de leur présence à cet endroit ne sont connus - il s'agit d'informations classifiées.

"Le premier "groupe nucléaire" sur le territoire de l'Union soviétique a été construit à Chtchoukine", explique Andrei Ozharovsky, expert du programme "Sécurité des déchets radioactifs". « Les déchets liquides et hautement radioactifs qui en provenaient ont été chargés dans des réservoirs et transportés vers la région de Moscou. Et ceux de moyenne et faible activité étaient acheminés par les mêmes conduites souterraines vers la rivière Moscou.»

Plus tard, une station de traitement des déchets est apparue dans la rue Zhivopisnaya - le processus de recyclage implique l'évaporation et la réduction de la concentration de substances radioactives. Désormais, la station et le pipeline, sur lesquels une zone résidentielle peut apparaître, appartiennent à l'institut de recherche VNIINM. Elle est subordonnée à Rosatom.

Le directeur du VNIINM, Leonid Karpyuk, a déclaré en mai 2023 que la construction sur ce site était dangereuse (le document est à la disposition de la rédaction - ndlr ). Il a envoyé une lettre correspondante au Département de la propriété de la ville de Moscou. Et bien qu'il soit interdit de construire des installations résidentielles et éducatives dans la zone de protection sanitaire du pipeline, la lettre de Karpyuk est restée lettre morte.

"Il y a maintenant des garages sur ce territoire", explique Ozharovsky. - Lors de la construction d'un bloc entier, les canalisations souterraines peuvent facilement être endommagées. Une contamination radioactive se produira alors et il ne pourra être question d'un développement global du territoire. Et même si les pieux du bâtiment ne traversent pas les tuyaux, la charge exercée sur le sol peut entraîner un mouvement et il existe là une zone à risque karstique. Le résultat est le même."

Par exemple, en septembre 2008, lors de la construction d'une maison au coin de la rue Krupskaya et de la perspective Leninsky, au sud-ouest de Moscou, un lieu d'enfouissement de déchets radioactifs a été découvert. En 2009, lors d'une tentative de démarrage de la construction de la rue Maréchal Rokossovsky, au nord de Moscou, un dépôt de déchets radioactifs en béton a été ouvert...

 

 

La Croix, 24/3/2020:

À Moscou, un site de déchets radioactifs déclenche la colère


[Selon le projet, l'autoroute du Sud-Est devrait traverser la rivière Moscou à un endroit où existe depuis plus d'un demi-siècle un dépôt nucléaire, associé aux activités de l'usine polymétallique de Moscou (qui fait partie de la société d'État Rosatom In). Dans les années 1950, l'usine produisait du thorium radioactif, ce qui entraînait la formation d'une grande quantité de déchets radioactifs stockés sur le territoire de l'entreprise et sur les rives de la rivière Moscou. Pendant des décennies, les déchets radioactifs contenant de l'uranium et du thorium étaient simplement enfouis sur la pente à l'extérieur de la clôture de la centrale.]

Le chantier et la contestation sont très localisés mais révélateurs d'une défiance chez une partie des Russes vis-à-vis de chantiers imposés par le sommet.

En pleine crise du coronavirus, cette contestation dans la grande banlieue de Moscou est passée presque inaperçue. C'est pourtant un nouvel exemple du climat de protestation en Russie. Depuis plusieurs jours, dans le sud-est de la capitale, quelques dizaines de riverains et militants écologistes se relaient sur le chantier de route que les autorités veulent mener à bien malgré les mises en garde sur la présence potentiellement dangereuse de déchets radioactifs sur le site.

« Ils nous avaient promis qu'ils mesureraient la radioactivité sur chaque morceau de terre pendant la construction. Mais personne n'a mesuré quoi que ce soit comme si tout était propre », proteste Sergueï Vlasov, l'un des élus locaux qui s'opposent au chantier et a mené la fronde lorsque des ouvriers équipés d'excavateurs ont cette semaine commencé les travaux. Venus avec eux, des policiers ont essayé jeudi l9 mars de chasser les contestataires, interpellant une quinzaine d'entre eux.

Des déchets radioactifs

La situation autour du site, terrain municipal du grand Moscou près d'une station de train et de grands immeubles d'habitation, a commencé à dégénérer lorsque la police a voulu faire évacuer le minibus d'observation que les opposants avaient installé près du chantier. Elle a ensuite posé une barrière de blocs de béton autour. « Ils veulent nous faire sortir », craint Sergueï Vlasov qui, avec d'autres, veut continuer à surveiller le chantier. Les habitants redoutent que les excavateurs, en creusant le sol, remuent des déchets et libèrent des isotopes radioactifs dans l'air. Des poussières dangereuses pourraient aller jusqu'aux habitations voisines, provoquant à terme des problèmes de santé.

Ce chantier d'autoroute doit traverser une colline à proximité d'une ex-usine soviétique qui, jusque dans les années 1970, faisait de l'extraction de thorium, élément radioactif destiné alors à des réacteurs nucléaires. Alors que la population demande une vaste expertise scientifique, le maire de Moscou Sergueï Sobianine a promis que la construction ne commencerait qu'après la récupération des terres du site et la remise en état de la colline pour éliminer les sols contaminés. Il a reconnu la présence des déchets radioactifs mais a assuré que « les traces de contamination sont insignifiantes » sur le tracé de l'autoroute. Ce n'est pas l'avis Greenpeace qui se fonde sur un rapport officiel expliquant qu'au moins 60 000 tonnes de déchets radioactifs ont été enterrées sur ce site.

Une série de contestations environnementales

Cette situation, très locale, rappelle parmi d'autres celle autour d'un chantier de décharge à Arkhangelsk, l'une des capitales du grand nord russe jusque-là réputée docile et apolitique. Le projet de Moscou en 2018 d'y transporter et déverser une partie de ses déchets (un demi-million de tonnes d'ordures ménagères, sur les quelque dix millions produits annuellement par la capitale) a mis le feu aux poudres. Depuis près de deux ans, il suscite une vive protestation locale. À Arkhangelsk comme dans le sud-est de Moscou, c'est la même défiance d'une partie de la population vis-à-vis du pouvoir imposant des projets malgré les objections des locaux.

Benjamin Quénelle

 

Ouest France, 13 mars 2020:

Le projet « fou » d'une autoroute sur un site radioactif fait polémique à Moscou

À Moscou (Russie), riverains et militants se mobilisent contre le projet de construction d'une autoroute à huit voies où ont été enterrés des déchets nucléaires soviétiques jusque dans les années 70. Ils craignent une catastrophe environnementale.

Armé d'un smartphone équipé d'un dosimètre au bout d'une perche à selfie, l'activiste Andreï Ojarovski fait la chasse aux rayons gamma. L'appareil se met à biper, les chiffres augmentent, passent au jaune puis au rouge. Ce terrain boisé de la ville de Moscou, jouxtant une plateforme de train très fréquentée et situé à moins de 200 mètres de grands immeubles d'habitation, est parsemé de zones de radioactivité élevée. Depuis des semaines, des riverains et des militants comme M. Ojarovski, physicien nucléaire de formation, se mobilisent contre le projet de construction d'une autoroute à huit voies justement sur cette colline, où ont été enterrés des déchets nucléaires soviétiques jusque dans les années 70.

« La véritable horreur, c'est que nous sommes exactement à l'endroit où l'autoroute est prévue », affirme M. Ojarovski, qui étudie cette zone depuis l'année dernière. « Dès qu'on enlève la couche en surface, les niveaux enregistrés sont élevés. Cela veut dire que nous sommes sur une pile de déchets radioactifs », ajoute-t-il, alors que le dosimètre grimpe à plus d'un 1 microsieverts/heure, soit plus de trois fois le niveau de rayonnement ambiant naturel. Si ce niveau n'est toujours pas nocif pour la santé, il indique néanmoins que des doses plus élevées se trouvent sous la terre et pourraient se répandre et nuire à la santé des habitants, affirme M. Ojarovski. Selon les règles de construction russes, des inspections supplémentaires sont obligatoires si un niveau supérieur à 0,6 microsieverts/heure est mesuré, afin de déterminer si un nettoyage est possible avant de décider d'une quelconque construction. Mais selon des documents publiés en février sur le projet d'autoroute ­ une parmi quatre routes prévues par l'influent maire Sergueï Sobianine ­ « aucune contamination radioactive n'a été trouvée ».

Moscou n'est pas Prypiat

La nouvelle autoroute doit traverser dix quartiers en enjambant la Moskova pour relier des zones périphériques en évitant le centre de la mégapole de 12 millions d'habitants. Sur la colline en question, située dans le sud-est de Moscou,
la pollution radioactive provient d'une ancienne usine soviétique qui faisait jusque dans les années 1970 de l'extraction de thorium, élément radioactif, destiné aux réacteurs nucléaires de l'époque. Des années avant la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986), lorsque les risques des radiations étaient sous-estimés, l'usine rejetait simplement ses déchets sur la colline adjacente, qui descendait vers la rivière. Ce terrain, où gisent dispersés les déchets sans aucune indication, est depuis passé dans le giron de la ville de Moscou, dont le maire tient à développer rapidement les zones négligées.

« Nous sommes extrêmement préoccupés », affirme Ivan Kondratiev, activiste dont le père habite à proximité. Toucher au terrain de la colline « va répandre (la pollution radioactive) sous forme de particules et gouttelettes et nuire à la santé des gens », affirme-t-il, debout à côté d'une base érigée par des riverains pour surveiller le site en permanence et empêcher le début des travaux. « Ici, ce n'est pas Prypiat », indique un panneau, en référence à la ville la plus proche de la centrale de Tchernobyl, devenue fantôme depuis son évacuation.

Sur la chaîne Telegram alimentée par les militants, des centaines de personnes suivent les évènements, prêts se rendre sur place pour bloquer les travaux si besoin. Fin janvier, le maire a admis pour la première fois que la colline contenait bien des « déchets radioactifs », mais a assuré qu'il n'y avait que des « traces de contamination insignifiantes » sur le tracé de l'autoroute, « n'interférant pas avec la construction ». « C'est une approche complètement immature », s'indigne M. Kondratiev, affirmant que la mairie ne fournit aucun chiffre, après avoir nié pendant des mois la dangerosité du site. Le département de la construction de la mairie chargé du projet a refusé une demande d'interview de l'AFP.

Des déchets nucléaires soviétiques ont été enfouis jusque dans les années 70. (Photo : Kirill Kudryavtsev / AFP)

Projet fou

Les militants demandent que le projet soit gelé le temps qu'une nouvelle expertise soit réalisée. Greenpeace Russie a déposé un recours en arbitrage le mois dernier pour faire reconnaître comme nulle l'étude initiale ayant conclu à une absence de traces de radioactivité sur place. La construction de l'autoroute déterrerait une quantité « imprévisible » de radiation, et des poussières radioactives « se répandraient sur des distances considérables », a affirmé Greenpeace dans la requête, qui devrait être entendue début avril.

Mais la ville est peu susceptible de bloquer longtemps ce projet phare : les travaux pour cette route de 28 kilomètres battent déjà leur plein de l'autre côté de la rivière. La riveraine Elena Agueïeva affirme qu'elle se battra « jusqu'au bout » pour empêcher un projet qu'elle estime dangereux pour sa famille. « Nous serons les premiers frappés par ce qu'ils déterreront », affirme-t-elle, dénonçant un « projet fou » : « Nous ne pouvons pas permettre qu'une catastrophe environnementale se produise dans la ville. »

 

 

Interfax, 13 février 2020:
« Les médias ont rapporté lundi 10 février une forte augmentation des radiations à Moscou dans le secteur de l'autoroute Kashirskoye, non loin de laquelle se trouve le dépôt de déchets radioactifs de l'usine polymétallique de Moscou. Dans les années 1950, l'usine organise la production de thorium radioactif, et réalise également d'autres travaux dans l'intérêt de l'industrie nucléaire, qui conduisent à la génération d'une quantité importante de déchets radioactifs. »

 

 

BBC, 11 juillet 2019:

Greenpeace a confirmé qu'il existe un cimetière nucléaire sur le chantier de construction de l'autoroute de Moscou.

La branche russe de l'organisation environnementale Greenpeace affirme que la forte radioactivité des nouveaux échantillons prélevés sur une colline près de l'usine polymétallique de Moscou sur Kashirskoye Shosse à Moscou permet à juste titre d'appeler cette zone un dépôt de déchets nucléaires.


 
L'État et les entreprises dans le domaine de la radioprotection n'ont pas encore proposé d'autres mesures pour contrôler la pente « rayonnement », à l'exception de cette bande.

Les écologistes appellent les autorités à procéder à une étude officielle du territoire et déclarent que la construction de la soi-disant voie rapide du sud-est (SECH) sur ce site est inadmissible, car cela pourrait entraîner le rejet de radionucléides dans l'atmosphère.

Des appels à l'arrêt des constructions ont été entendus depuis le printemps de cette année, lorsqu'un projet de construction d'une autoroute à huit voies à proximité d'endroits où des sources radioactives ont déjà été découvertes a été soumis à des audiences publiques.

Les réponses des autorités de Moscou se résument jusqu'à présent au fait que le tracé ne sera pas posé directement sur le sol avec un rayonnement de fond accru. Les militants opposés à la construction affirment qu'il est impossible d'éviter de travailler sur des sols contaminés.

Bien que l'existence du cimetière près de la gare de Moskvorechye et de l'usine polymétallique de Moscou soit connue depuis de nombreuses années, il est essentiellement abandonné. Les travailleurs de l'entreprise spécialisée Radon l'ont examiné, mais les réponses officielles ne permettent pas de savoir s'ils ont une idée complète de ce qui se cache sous terre dans cette zone.

Le SEH, long de 35 kilomètres, reliera l'autoroute des passionnés et l'autoroute de Varsovie en dehors du périphérique de Moscou. Un tiers de ce tracé empruntera des routes existantes, le reste sera construit au cours des trois prochaines années, selon le site Internet du Complexe de politique d'urbanisme et de construction de Moscou.

La construction d'un pont sur la rivière Moscou et d'un viaduc dans la zone de la gare de Moskvorechye aura lieu à proximité du territoire de l'usine polymétallique de Moscou, une entreprise ayant une longue histoire de travail avec des matières radioactives.

Les dessins du projet montrent que le tracé s'inscrit dans un espace étroit entre les voies ferrées et une colline boisée descendant du territoire de l'usine jusqu'à la rivière Moscou. Cette colline cache de nombreuses matières dangereuses incomplètement explorées. Apparemment, ce sont des déchets de production sur lesquels le MZP a travaillé pendant de nombreuses années, libérant des matières radioactives - de l'uranium et du thorium - du minerai importé.

Greenpeace rapporte que des études menées avec des échantillons prélevés par des spécialistes du Département de radiochimie de la Faculté de chimie de l'Université d'État de Moscou « ont révélé une activité spécifique significative des radionucléides alpha-actifs radium-226 (jusqu'à 8,2 kBq/kg) et thorium-232 ( 2,7 kBq/kg ), ainsi que l'uranium 238 (1 kBq/kg)."
"C'est 11,9 fois plus que ce qui est nécessaire pour, selon la législation russe, classer les sols comme déchets radioactifs en fonction de la quantité de radionucléides alpha", conclut l'organisation.

Fosse "sondante"


 
Clôture arrière de l'usine polymétallique de Moscou. Auparavant, le versant où se trouvent désormais des poches de pollution lui appartenait.

Plusieurs excursions sur cette pente pour les journalistes et les résidents locaux ont été organisées par Andrei Ozharovsky, expert de l'Union socio-écologique russe, spécialiste du programme de sécurité des déchets radioactifs.

"Il s'agit d'un dépôt de déchets radioactifs. Je peux le dire parce que je connais la concentration d'uranium dans les matériaux qui se trouvent ici", dit-il. "Selon la législation en vigueur, ils appartiennent à la catégorie des "déchets radioactifs en cas de construction". commence à proximité, il est fort possible que la formation de ravins, une érosion plus intense - et cela répandra des déchets dans tout l'environnement.

Détecter une augmentation du rayonnement n'est pas difficile. Un dosimètre immergé par un correspondant de la BBC dans un trou peu profond sous les racines d'un des arbres a montré un rayonnement de 10,2 microsieverts par heure (ou 1020 microroentgens par heure). C'est environ 30 fois supérieur à certaines valeurs sûres (0,3 microsieverts) et même supérieur à la moyenne de Moscou de 0,1 à 0,2 microsieverts.

10 microsieverts ne sont pas encore le niveau le plus élevé ici, dit Ozharovsky. Une commission avec la participation de spécialistes du ministère des Situations d'urgence et de l'Entreprise unitaire de l'État fédéral Radon, une entreprise de la structure Rosatom qui travaille à l'élimination des déchets radioactifs, a visité cette pente en avril 2019. Sur un site, un niveau de rayonnement de 61,4 microsieverts a été enregistré, soit 180 fois supérieur à la normale. La FSUE "Radon" n'a pas répondu quelles sont les valeurs d'inspection maximales enregistrées dans cette zone.


 Andrei Ozharovsky et d'autres experts indépendants de l'État sont convaincus que la pente est un dépotoir et qu'il est impossible de construire ici.

Au cours des quelques mois qui ont suivi l'apparition des militants sur la pente, celle-ci a reçu des surnoms tels que « Tchernobyl à Kolomenskoïe » ou « Pripyat sur la rivière Moscou ». L'expert précise : les sources de pollution se situent sous terre. Afin de recevoir des doses de rayonnements réellement dangereuses pour la santé, une personne devra passer plusieurs jours d'affilée directement sur une parcelle de sol contaminée.

Mais cela ne change rien, selon lui, à l'essentiel : les déchets radioactifs se trouvent sur le territoire de la capitale sans aucun contrôle et la situation pourrait s'aggraver si, à la suite de travaux de construction, de nouvelles zones de sols contaminés étaient exposées, et alors il est emporté par les pluies dans la rivière ou s'envole sous forme de poussière vers les zones résidentielles.

"Le danger réside dans le fait que des radionucléides pénètrent dans le corps et le détruisent de l'intérieur. C'est ce qu'on appelle un "rayonnement interne" et cela doit être évité. L'objet doit être stabilisé ou les déchets radioactifs doivent être éliminés", explique Ozharovsky. Entre autres choses, souligne-t-il, le statut officiel de l'élimination des déchets nécessitera la création d'une zone de protection sanitaire, ce qui exclura également la possibilité de construction.

Les audiences publiques n'ont pas aidé


   
L'entreprise unitaire d'État fédéral "Radon" s'occupe de l'enlèvement de la terre de deux réservoirs en béton, où auparavant, apparemment, des déchets liquides étaient stockés.

La pente est entourée sur tout le pourtour de rubans d'avertissement en plastique et, ici et là, des panneaux avertissent d'un danger radioactif. Le ruban adhésif fragile n'empêche absolument personne d'entrer ici. La pente est jonchée de bouteilles et d'ordures - les gens marchent ici. Mais les signes avant-coureurs montrent que l'État, représenté par Rosatom et Radon, est au moins conscient du problème.

Radon s'occupe même de l'enlèvement des sols contaminés dans le coin du dépôt le plus éloigné de la station Moskvorechye, à proximité de deux réservoirs en béton où, apparemment, des déchets radioactifs liquides étaient auparavant stockés. Ce travail avance lentement. La date sur le panneau d'information annonçant les travaux en cours a changé deux fois : sous les autocollants en papier, il est écrit que les travaux devraient être effectués dès 2017.

Il ressort de la correspondance officielle qu'au cours de l'année, l'Entreprise unitaire de l'État fédéral a retiré environ 15 mètres cubes de terre sale d'un des sites contaminés. Ce ne sont que quelques camions Kamaz. Retirer des milliers de mètres cubes de terre de toute la pente boisée abrupte, si jamais cela se produit, sera une tâche très longue et extrêmement coûteuse.

Les propriétaires actuels du site - les autorités de Moscou - devraient officiellement interroger Radon à ce sujet. La pente, envahie depuis longtemps par la végétation, fait partie du territoire de Moscou ; la clôture séparant le cimetière de la zone côtière a été brisée il y a longtemps ; le MZP n'a formellement rien à voir avec la colline « salissante ». La question se pose inévitablement : que savent les autorités de Moscou du dépôt nucléaire et quel type d'évaluation environnementale a accompagné le projet de construction de l'autoroute du Sud-Est.


 
La valeur indiquée par le dosimètre dans l'une des fosses est 30 fois supérieure au bruit de fond autorisé.

Cela pourrait théoriquement être compris lors des auditions publiques accompagnant le projet. Mais les résidents locaux affirment qu'il n'y avait pas de réelle opportunité d'en discuter et que les résultats des réunions inclus dans les procès-verbaux ne reflétaient pas la véritable opinion des résidents. "Des habitants, des soi-disant résidents que nous n'avons jamais vus, ont déjà voté pour ce plan. Il s'est avéré que certains sont déjà morts", déclare l'un des membres du groupe d'initiative, Denis Merkulov.

Il souligne que la plupart de ceux qui voulaient assister aux débats étaient obligés de les regarder dans les salles voisines sur un écran de télévision, tandis que la majeure partie de la salle était remplie de personnes silencieuses, peut-être invitées à l'avance. "Il s'agit d'une maladie courante de notre gouvernement, qui, pour une raison quelconque, falsifie parfois les audiences publiques", explique Merkulov.

«Nous avons posé cette question aux chefs de gouvernement locaux et sous forme d'appels écrits aux députés et nous n'avons reçu pratiquement que des réponses qu'il n'y a pas de radiations ici, que la route ne passe pas par une zone radioactive. Sur le papier, ils nous disent cela. dans les lieux de contamination radioactive, la corde ne sera pas posée. En fait, nous voyons qu'elle passera précisément dans les lieux de pollution», explique Merkulov.

Le 2 avril, lors des discussions sur l'autoroute du Sud-Est avec les habitants de la région de Moskvorechye-Saburovo, la question des déchets radioactifs a néanmoins été soulevée. Igor Bakhirev, spécialiste de l'Institut du Plan général de Moscou qui a présenté le projet, a déclaré qu'il était trop tôt pour en parler.

"Il s'agit d'une étape de planification urbaine. À ce stade, aucune recherche liée aux sources radioactives n'est prévue", affirme le spécialiste. "Nous faisons uniquement des études géotechniques et des préparations techniques". Les questions sur la façon de tracer la route à travers les zones contaminées, selon Bakhirev, seront discutées plus tard et, si nécessaire, "il y aura une remise en état".

"Sites", "points chauds" et rayonnement moyen "par hôpital"

 La réponse des services d'urbanisme de Moscou fait état de deux zones de contamination identifiées. En voici un qui n'est pas mentionné dans le document.

Aux demandes de renseignements adressées à l'Institut du plan général et au Complexe de politique urbaine et de construction, la BBC a reçu une réponse dont l'essentiel est que la construction du pont de l'autoroute sud-est près de la plate-forme de Moskvorechye n'affectera pas directement les sols contaminés. avec des radiations.

L'explication formelle en est un schéma dans lequel la plate-forme passe juste à côté de la voie ferrée et n'affecte pas la partie de la colline où les zones « d'encrassement » ont été trouvées. Dans quelques lignes de la réponse, le Moskomarkhitektura et l'Institut général du Plan les qualifient de « zones avec des conditions environnementales particulières » et font référence au rapport d'enquête réalisé par Radon en 2017. Ensuite, seuls deux de ces points y ont été trouvés.

"Les installations projetées pour le pont de l'autoroute Sud-Est n'affectent pas les sections ci-dessus", indique la réponse officielle.

Cependant, selon la réponse de Rosatom à la demande d'un riverain en avril 2019, non pas deux, mais huit zones de contamination radioactive ont été découvertes sur la pente, dont une a désormais été décontaminée. Outre les zones, on parle également de « points chauds » de pollution. Il est difficile de comprendre en quoi les premières diffèrent des secondes par rapport aux réponses officielles. Là encore, il n'y a aucune conclusion quant au caractère exhaustif de l'examen.

La réponse de la FSUE Radon à la demande de la BBC de savoir si les autorités de Moscou avaient demandé de vérifier la situation radiologique sur le chantier de construction a été rédigée dans les termes les plus généraux. Il est impossible de comprendre si Radon a une compréhension complète de la quantité de déchets stockés sur la pente à proximité de l'usine polymétallique, comment elle évalue la construction à venir et si elle a procédé à une évaluation spécifique au stade de la conception de l'usine polymétallique. Voie express de l'Est.


 
Il n'est pas difficile d'entrer dans des zones formellement clôturées.

"La situation radiologique dans la ville [Moscou] est jugée satisfaisante et caractérisée par la stabilité", conclut le directeur de Radon, Alexey Luzhetsky, au lieu de répondre à la question de savoir quels sont les écarts maximaux par rapport aux valeurs de fond enregistrées lors des tests sur la pente proche. le MZP.

Une réponse de l'Institut du Plan Général et de Moskomarkhitektura indique qu'avant la construction du pont et de l'autoroute, des « recherches et évaluation radiologique du territoire » seront effectuées. Cela coïncide pour l'essentiel avec ce qu'a déclaré Igor Bakharev, de l'Institut du Plan général, lors d'une audition publique.

Mais selon les documents que les militants ont reçus sur les chantiers de construction sur la rive gauche de la rivière Moscou, en face de la gare de Moskvorechye, les travaux ont déjà commencé. Les militants ont reçu un arrêté de l'organisation Mostotrest daté du 25 juin. Il s'ouvre sur les mots « Créer un chantier... pour réaliser des travaux de construction de l'objet « Construction d'un pont sur la rivière ». Moscou et un échangeur de transport à plusieurs niveaux sur l'autoroute Kashirskoye dans la section allant de la rue Kaspiiskaya à st. Autoroute".

"Ils élargissent les routes pour la construction du pont. Le chef de chantier a confirmé qu'ils construisaient réellement une corde", explique Ruslana Lugovaya, représentante du groupe d'initiative opposé à la construction à cet endroit. Le lien entre le début de la construction et les promesses de mener d'autres recherches n'est pas clair. En outre, il semble incroyable aux militants que les équipements de construction fonctionnent dans le couloir étroit de la route et n'affectent pas les zones dangereuses à proximité.

Le cimetière des déchets radioactifs près de la station Moskvorechye est apparu il y a plus d'un demi-siècle, alors que ce territoire n'était pas encore Moscou. Il se trouve désormais au milieu de zones résidentielles habitées par des dizaines de milliers de personnes. Alors que Moscou s'agrandissait, cette zone non seulement n'était pas sécurisée, mais ne pouvait même pas être entourée d'une clôture fiable.

Au cours des quelques mois qui se sont écoulés depuis que les déchets radioactifs de l'usine polymétallique de Moscou ont recommencé à attirer l'attention, les habitants inquiets n'ont toujours pas de réponse à la question de savoir comment la construction d'une large autoroute affectera les sols du tumulus et que se passera-t-il. si, de ce fait, de nouveaux centres de déchets radioactifs sont exposés à la pollution.

Oleg Boldyrev

 

 

 

Sobesednik, 30/7/2019:

Moscou radioactive

Moscou, avec une population de 12 millions d'habitants, est l'une des zones les plus radioactives de Russie. La carte des objets dangereux a été établie par Sobesednik

[Photo manquante]

Récemment, le président ukrainien Vladimir Zelensky s'est déclaré prêt à ouvrir une zone touristique officielle dans la zone de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Mais pourquoi aller dans un autre pays si vous pouvez vous chatouiller les nerfs à Moscou ? 

Nombre 20 µR/h  est le niveau d'exposition externe le plus sûr.

"Zone Kolomenskaïa"

La capitale de la Russie, qui abrite 12 millions d'habitants, est l'une des zones les plus radioactives de Russie : sur les 65 industries particulièrement dangereuses, un tiers est située dans la capitale. Nous nous sommes armés d'un dosimètre et avons découvert où à Moscou il vaut mieux ne pas aller et où il ne faut pas rester trop longtemps. Des signes de radiation ont été découverts dans les parcs, les passages souterrains et même près des murs du Kremlin.

Ces derniers mois, la zone forestière sauvage située près du parc Kolomenskoïe a gagné en popularité. Ici, derrière la clôture de l'usine polymétallique de Moscou, le niveau de rayonnement dépasse la norme des dizaines de fois. Peut-être que le grand public n'aurait jamais entendu parler de la « zone de Kolomna » sans l'intention des autorités de Moscou de construire ici une nouvelle autoroute ­ l'autoroute du Sud-Est. Les scientifiques ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme.

"Wow, c'est dangereux ici"

Les zones infectées ne sont pas difficiles à trouver. Ils ont été clôturés par des travailleurs de Radon (une entreprise unitaire de l'État fédéral qui enlève les sols contaminés) avec des rubans rouges et blancs. Pour les curieux, c'est un marqueur supplémentaire. Même les enfants peuvent franchir une telle barrière. C'est ce qu'ils font.

[Photo manquante]

La clôture en fer sur la pente « encrassement » n'a été installée que la semaine dernière. Avant cela, il y avait ici un véritable pèlerinage pour les journalistes, les étudiants des universités techniques et les écoliers qui s'ennuient en vacances.

Des gants en caoutchouc et des masques de protection ont été laissés près de la fosse avec un fort bruit de fond de 600 microroentgens par heure (micro-roentgens par heure) - quelqu'un a creusé ici récemment. Les militants recherchent des radiations et se vantent les uns des autres des « points chauds » qu'ils trouvent, comme les pêcheurs de leurs prises.

Les écoliers Hasan et Danila, que les correspondants de Sobesednik ont rencontrés, sont venus ici pour « chercher un trésor » après avoir regardé une vidéo sur YouTube. Ils s'intéressaient surtout à la question de savoir si les animaux et les insectes pouvaient muter dans la zone du cimetière de Kolomna.

Voyant des banderoles prohibitives « Entrée interdite » et « Radiation ! » partout, les gars ont pris des photos [...]

"L'apocalypse nous attend"

Après leur avoir dit au revoir, nous avons continué à bruisser. Ils bruissaient parce qu'il y avait des sacs en plastique sur nos chaussures, on ne sait jamais.

- C'est exact. C'est encore mieux de laver ses chaussures pour ne pas rapporter de terre à la maison », approuve l'expert du programme « Sécurité des déchets radioactifs », le physicien nucléaire Andrei Ozharovsky, qui vient ici presque tous les jours. Il étudie cette pente depuis plusieurs années et participe à toutes les auditions [...]. Nous nous sommes rencontrés lors d'une de ses excursions pour « pêcheurs » avec dosimètres.

"Malgré le fait que les éléments actifs se trouvent sous terre, cet endroit présente un grave danger", explique Ozharovsky. ­ Disons qu'une personne se promène dans le cimetière, entre dans un trou et que quelques fractions de gramme restent collées à la semelle. A la maison, ils se sont retrouvés sur le tapis. Puis l'homme balayait le sol avec un balai et inhalait cette poussière. C'est ainsi que nous obtenons un scénario d'entrée de radionucléides à l'intérieur. La chose la plus dangereuse est la radiation interne. Les choses extérieures n'ont pas de conséquences aussi graves, mais vous ne pouvez toujours pas rester longtemps dans cette zone. Si quelqu'un s'y retrouve, mieux vaut laver les chaussures correctement [...]. Mieux encore, portez des bottes en caoutchouc : elles sont beaucoup plus faciles à laver.

Selon le scientifique, toutes les choses les plus dangereuses se trouvent à l'intérieur de la pente, sous une couche d'argile.

­ Le rayonnement gamma, détecté par de simples dosimètres domestiques, n'est pas la pire des choses. Dessous se trouvent les déchets alpha-actifs. Mais si les travaux de construction [...] commencent et qu'une partie de la colline est coupée, la pente « bougera » et les couches inférieures seront exposées. Dans ce cas, une véritable apocalypse nous attend, prévient le physicien .
[...]

Radon ne doute pas non plus que [...] Des zones de contamination radioactive peuvent être identifiées lors des travaux d'excavation lors de la construction d'installations et de la pose de lignes électriques", peut-on lire dans l'une des réponses de Radon à une demande d'informations d'un activiste. 

Dose annuelle ­ par mois

Désormais, dans la majeure partie de la « zone de Kolomna », le dosimètre enregistre le niveau naturel de rayonnement ­ 20 microroentgens/heure. Mais près du sol, le signal d'alarme de notre appareil s'anime soudain. Dans les trous et les creux sous les racines des arbres, les valeurs atteignent 100 à 300 microroentgens/heure.

Dans l'une de ces zones, notre dosimètre ANRI-01-02 « Sosna » a enregistré 640 microroentgen/h, ce qui est plus de 30 fois supérieur à la valeur naturelle !

Mais comparé aux mesures professionnelles prises ici en avril 2019, même cela n'est rien.
Sur l'un des sites, le ministère des Situations d'urgence a enregistré [...] un sol contaminé par des substances radioactives (6140 microroentgens/h) a été découvert." [...]

[Photo manquante]

Des échantillons de sol ont été collectés et jetés

Parallèlement aux mesures des militants, la FSUE Radon mène ici des travaux, mais à un rythme différent. Au milieu de la journée de travail, il n'y a qu'un gardien solitaire et ennuyé à son poste. Non loin du parking Radon nous trouvons des échantillons de sol prélevés à des fins de recherche. Ils étaient mis dans des sacs, étiquetés et... laissés là. Il semble que les sacs traînent depuis plusieurs mois - certains sont déchirés et s'effritent. Leur bruit de fond est de 100 à 200 mR/h.

Officiellement, l'entreprise fédérale exporte d'ici 15 mètres cubes par an.

"Une cuillère à café par heure", se plaint Ozharovsky. «Ils accomplissent un travail utile et important, mais uniquement à l'échelle pour laquelle le gouvernement de Moscou les a payés.

On ne peut que deviner la taille des dépôts radioactifs situés dans les entrailles du cimetière de Kolomna. Ou retrouvez une interview de l'ancien ingénieur en chef de Radon, Alexander Barinov, qu'il a accordée à l'un des magazines au milieu des années 2000. Le spécialiste a déclaré que «des dizaines de milliers de tonnes de sols radioactifs» restent ici contaminés et qu'il est «impossible» de les retirer de la pente. Principalement parce que c'est « très cher ».

Il est impossible de connaître des chiffres précis. Les archives de l'usine polymétallique de Moscou sont classées.

L'Ombre de Béria

Il semble étrange que l'usine ait initialement organisé une décharge directement au bord de la rivière. 

À cette époque, selon Andrei Ozharovsky, personne ne pensait à de telles nuances. 

[...] Aujourd'hui, en raison de l'intérêt accru pour les radiations, la zone est à nouveau clôturée. Cela empêchera les curieux d'y entrer, mais il est peu probable qu'il empêche la construction de l'accord. Il y a à peine une semaine, des militants ont découvert une autre source d'infection, avec des radiations de 170 microroentgens/heure. Il est situé directement sur le site de la future construction.

[Photo manquante]

Mesures de contrôle

Pour comparer le contexte de la « zone Kolomna » avec ce qui plane sur le reste de Moscou, le correspondant de Sobesednik s'est promené dans la ville avec un dosimètre.

Ancien cimetière - 10­12 µR/h

Des radiations ont déjà été rencontrées à Moscou. C'est maintenant dans le quartier de Bogorodskoye, près du boulevard Rokossovsky, que s'élèvent les tours d'un nouveau microdistrict. Il y a 10 ans, des rassemblements contre la construction ont eu lieu ici.

­ L'investisseur en construction a fouillé des sépultures souterraines. Il y avait des structures en béton abritant des déchets radioactifs. "Tout cela a été supprimé avec succès", a donné un conseil à Andrei Ozharovsky.

C'est propre ici maintenant. Un dosimètre domestique ne peut pas détecter plus de 12 microroentgens/heure.

Près des entreprises nucléaires ­ 25 microroentgens/h

Dans les plus grandes entreprises nucléaires de Moscou, l'appareil se comporte de manière plus dynamique. Près de l'Institut Kurchatov et de l'usine de construction mécanique de Molniya, les précipitations sont le plus souvent d'environ 20 à 25 microR/h, ce qui correspond toujours au fond naturel normal. Des légendes urbaines sur l'augmentation des doses circulent depuis longtemps autour du quartier
« Kourchatov » de Chtchoukino - six réacteurs sont en fonctionnement ici. Pour que les riverains ne s'inquiètent pas, une tablette est accrochée à l'entrée principale, qui affiche des indicateurs de rayonnement à proximité de l'usine. Notre dosimètre est d'accord avec eux.

"Les réacteurs de recherche sont beaucoup moins puissants que les réacteurs des centrales nucléaires, mais ils génèrent également des déchets radioactifs et des radionucléides artificiels dangereux qui, en cas d'accident, peuvent pénétrer dans l'environnement, puis dans le corps humain", explique Ozharovsky. [...]

Dmitri Sokolov

 

 

Bellona, 26/5/2011:

2000 foyers [radioactifs] à Moscou

Extrait d'un entretien avec Sergei Dmitriev, directeur général de l'entreprise unitaire d'État MosNPO Radon, sur le site Free Press :

« Un problème important pour la population de la ville est celui des déchets radioactifs « incontrôlés » (ndlr).
Leurs sources sont les lieux de stockage antérieur de déchets industriels contenant des matières radioactives dans des décharges de déchets industriels situées dans les limites de la ville, d'anciennes installations de stockage temporaire de déchets radioactifs formées à la suite de la liquidation d'accidents radiologiques, etc. Il existe peut-être plusieurs centaines de décharges « historiques ». Les informations sur l'emplacement des déchets radioactifs « non contrôlés » sont généralement perdues. Lorsque ces territoires commencent à être développés économiquement, des centres de contamination radioactive secondaire se forment.
À Moscou, par exemple, au cours des 20 dernières années, plus de 2 000 foyers de ce type ont été éliminés. Au cours des 47 années d'activité de l'Entreprise unitaire d'État MosNPO Radon, ses installations de stockage ont reçu, principalement de la capitale, plus de 130 mille mètres cubes de déchets radioactifs avec une activité totale d'environ 15 millions de Curies. À titre de comparaison : c'est plus que le volume de déchets radioactifs opérationnels accumulés par toutes les centrales nucléaires russes.»

 

 

Mosinfor:

Rayonnement à Moscou
Les données présentées: Plus de 1 200 sites et objets de contamination radioactive identifiés et décontaminés entre 1983 et 1999 sur le territoire de Moscou.


Sites de contamination radioactive identifiés et décontaminés à Moscou. (MosNPO "Radon")

Fin novembre 2009, Sergueï Dmitriev, chef de l'entreprise unitaire d'État MosNPO Radon, a déclaré que la capitale de la Russie pouvait prétendre au titre d'une des villes les plus sûres au monde. Il a déclaré que de 1984 à 2009, les employés de Radon ont neutralisé plus de deux mille lieux et que le pic de détection des zones potentiellement dangereuses a déjà été dépassé aujourd'hui.

 

 

Ogonyok n°28 du 16 juillet 2006:

Les points rouges sur la carte de Moscou sont des zones où il est généralement possible de vivre...
- ...mais c'est mieux non ?
- Oui, pourquoi ? Cela en vaut la peine, mais il faut y être particulièrement prudent», sourit Gennady Akulkin, chef du laboratoire de contrôle des radiations à l'Institut de recherche écologique de la ville, en regardant les cartes gamma aériennes de Moscou.

[...] Il est également clair que la gestion des musées polytechniques et minéralogiques, où jusqu'à récemment du radium pur (un cadeau de la famille Nobel Curie au peuple soviétique) et une bonne quantité de minerai d'uranium étaient exposés sans aucune protection, n'a apparemment pas été toujours en bons termes avec leurs chefs (presque mille fois le bruit de fond, selon Akulkin). Mais un système de protection et de prévention devrait fonctionner, ce qui, hélas, n'existe pas. Cela signifie que tout est possible - même les panneaux routiers qui, à Moscou, avaient pris l'habitude d'être fabriqués à partir d'une masse lumineuse radioactive, couvrant au moins 15 fois le rayonnement de bruit de fond.

[...] Malgré le fait que l'expérience des autres capitales métropolitaines ne nous guide pas - pour une raison simple : aucune puissance au monde n'a autant d'usines, d'usines et d'autres industries implantées dans la capitale. À Moscou, la ville la plus chère en termes de vie, il existe plus de 300 entreprises qui utilisent dans leur production des sources ouvertes (sans coque de protection) de rayonnement radioactif, et plus de 1 200 - fermées. C'est le contexte naturel.

TUYAU ACTIF
En 1995, les écologistes ont fait adopter le décret n° 553 du gouvernement de Moscou : aucun travail de terrain dans la ville ne pouvait commencer sans une surveillance préalable des radiations. Mesures, échantillons de sols, et forrage ; un terrain d'un peu plus de 5 hectares coûte environ 200 000 roubles. Ensuite, ils ont réalisé quelque chose de beaucoup plus grand : la photographie gamma aérienne. Le même dont les résultats Gennady Akulkin sont accrochés à son mur. La première et la dernière fois que cette manifestation a eu lieu, c'était au milieu des années 90 . Akulkin pense que le prochain n'arrivera pas de sitôt. Non seulement parce qu'elle est relativement coûteuse : une telle procédure, aux prix actuels, coûterait plus de cent millions de roubles. C'est différent : vous n'obtiendrez pas d'autorisation pour survoler tout Moscou. Alors merci qu'au moins de telles cartes existent. Même s'ils ont déjà 10 ans, ils sont presque secrets : personne n'avait vu cette beauté de l'extérieur avant Ogonyok. Pendant ce temps, la vie continue et cette année seulement, Akulkin et ses collègues ont découvert à Moscou trois nouveaux endroits dangereux qui ne figurent pas sur les cartes, précisément parce que les années ont passé et que beaucoup de choses ont changé.

- Dans un cas, de la terre noire a été amenée de la région de Toula jusqu'au terrain de l'école pour l'aménagement paysager. Il s'est avéré qu'il était contaminé au césium. Dans deux autres cas, des conduites provenaient de champs pétrolifères pour être enfoncées comme des pieux. Il y a tout un tas de choses qui sont pompées dans les pipelines avec le pétrole - l'uranium, le thorium, le radium : maintenant c'est sale à la fois là où ils ont été stockés et là où ils ont été enfoncés dans le sol...

 

 

Citysoft Mosmap:

Le mystère de la colline verte
Actualités de Moscou (MN 2007-6-56)

La liste des raisons pour lesquelles votre maison peut être considérée comme dangereuse peut être complétée par l'expression « contamination radioactive de la zone ». Les habitants du district de Bogorodskoye, à l'est de Moscou, pourraient être les premiers à être déplacés par les radiations.

En particulier, les habitants des maisons situées le long du boulevard Maréchal Rokossovsky , propriété 5-8, bloc 8-b. Cet endroit s'appelle officiellement Green Hill . C'est ici qu'une décharge illégale de déchets radioactifs a été découverte.

Aujourd'hui, ce territoire a besoin d'être assaini et désinfecté de toute urgence, à l'instar de Tchernobyl. Bientôt, des clôtures avec des gardes de police et des personnes en combinaison de radioprotection se développeront autour de Green Hill, des excavatrices creuseront le sol jour et nuit et les employés de l'ONG Radon vérifieront les véhicules sur la route pour détecter les radiations.

De la lumière sous tes pieds

Une décharge illégale de déchets industriels existe depuis longtemps à Green Hill. Selon Oleg Polskikh, directeur général adjoint de l'entreprise unitaire d'État MosNPO Radon pour la radioécologie, les spécialistes du radon ont découvert une augmentation du rayonnement de fond dans la région de Green Hill en 1986. Deux ans plus tard, plus de deux douzaines de foyers de contamination radioactive ont été identifiés ici avec un débit de dose de rayonnement gamma externe à la surface allant jusqu'à 3 000 mR/heure (bruit de fond 10 à 15 mR/heure). Le composant principal de la décharge est le radionucléide extrêmement dangereux « radium-226 ».

Un rapport sur une source de radiations trouvée dans la capitale a été envoyé par la direction de Radon aux autorités et y a erré pendant 10 ans. Au fil des années, l'Union s'est effondrée, une génération de responsables a changé, deux coups d'État ont eu lieu et un défaut de paiement s'est produit. Les autorités n'ont visiblement pas eu le temps de publier le petit Tchernobyl à Moscou. Mais déjà en 1998, une douzaine de sources de radiations plus dangereuses avaient été découvertes à Green Hill. Au fil des années, 430 kg de déchets radioactifs et 10 tonnes de terres y ont été neutralisés. Selon les spécialistes de Radon, ces foyers sont une bouillie de terre mélangée à des scories industrielles, des fragments métalliques et d'étranges « amas de masse jaune-vert » ! [...]

Comment les citadins devront-ils payer pour de telles découvertes ? C'est bien si cela vient du budget de l'État. Et la santé de vos enfants ? Par ailleurs, le même rapport de l'ONG Radon indique que non seulement des déchets radioactifs, mais également des substances chimiquement dangereuses ont été identifiées à Green Hill. En 2003, le Centre national de surveillance sanitaire et épidémiologique de la capitale a reconnu que, sur la base du degré de contamination par des produits chimiques, le sol de Green Hill, à une profondeur allant jusqu'à 6 mètres, peut être classé comme « extrêmement dangereux », et dans une couche de 6 à 10 m - comme « dangereux ». La conclusion officielle de l'étude sanitaire et chimique des sols et des sols, donnée par le Giprokomunstroy PII, confirme que les échantillons de sol prélevés à Green Hill contiennent « une quantité importante de mercure, d'arsenic, de plomb, de zinc et d'autres composants dangereux ». Du benzopyrène y a également été trouvé à une concentration de 200 mg/kg, soit 10 fois supérieure à la norme MPC. Il s'avère que les habitants des maisons du boulevard Rokossovsky, lorsqu'ils se promènent, respirent depuis de nombreuses années des vapeurs revigorantes de mercure, d'arsenic et de benzopyrène.

Réhabilitation résidentielle.

Pendant tout ce temps, les autorités de la capitale coordonnaient leurs positions avec le gouvernement fédéral. Ainsi, le 14 janvier 2003 (17 ans après la découverte de radiations sur la Colline Verte), dans le cadre du décret gouvernemental de Moscou n° 15 « Sur la reconstruction globale du territoire le long du boulevard Maréchal Rokossovsky », un projet de remise en état des terres a finalement été lancé, développé le long du boulevard Rokossovsky, propriété 5-8. Dans le cadre de ce projet, il est prévu de remettre en état un site contaminé d'une superficie de 5,9 hectares et de retirer de son territoire « 2 500 mètres cubes de déchets radioactifs et 27 600 mètres cubes de déchets chimiquement toxiques ». Il faudra 3 à 4 mois pour remettre en état et désinfecter complètement la zone. Les terres contaminées seront transportées sous surveillance vers des décharges fermées, où elles seront partiellement traitées et partiellement enfouies dans des cimetières.

Il est curieux que dans les plans des autorités de la ville, Green Hill apparaisse également comme un site de construction prometteur. Selon les informations du Département de la politique de développement urbain, du développement et de la reconstruction, un investisseur pour Green Hill a déjà été trouvé. Elle est devenue SFK Atoll LLC et l'entrepreneur était Energostroykomplekt-M CJSC. Lors d'une réunion de travail dans ce département le 1er février, ils ont discuté des plans de reconstruction de l'ensemble du bloc 8-b, qui incluent la démolition de l'ancien parc de logements. Pour des raisons purement urbanistiques ­ sans aucun lien avec la carrière radioactive qui verra bientôt le jour dans le quartier. Après avoir dégagé la zone, six nouveaux immeubles de grande hauteur sont prévus ici, ainsi qu'un garage souterrain directement sur le site de la carrière.

Le bâtiment résidentiel le plus proche de Green Hill est situé à seulement dix mètres du site de remise en état proposé ; au total, il y a au moins une centaine de bâtiments résidentiels sur ce territoire, dont une vingtaine se trouvent à proximité de la décharge. Tous les habitants de ces maisons risquent aujourd'hui d'être expulsés - sinon à cause de la reconstruction du bloc 8-b, du moins à cause de force majeure, c'est-à-dire en raison de l'apparition d'un rayonnement de fond accru dans leurs locaux d'habitation. Certes, ils ne le savent pas encore, car les autorités ne sont pas pressées de faire connaître l'histoire d'une décharge radioactive au centre d'un quartier résidentiel de Moscou.

[...]

DISCOURS DIRECT :

Préfet du district administratif de l'Est Nikolay EVTIKHIEV :
- Il n'y a pas de bâtiments résidentiels sur Green Hill même, et les maisons à proximité se trouvent déjà dans le bloc 8-b. Et tout cela est en cours de reconstruction, avec la démolition des bâtiments situés entre Otkrytoye Shosse et la rue Ivanteevskaya. La Colline Verte elle-même doit également être démolie. Le projet de remise en état a déjà passé avec succès tous les examens nécessaires. Autrefois, il y avait un ravin ici. Dans les années 50 du siècle dernier, il était jonché de résidus de caoutchouc provenant des usines de Sangigiena et de Krasny Bogatyr, ainsi que de sources individuelles de radioactivité. La décharge a ensuite été recouverte de terre. Ce terrain doit être déterré, le sol enlevé, et des maisons et un garage souterrain seront placés dessus - il serait stupide de ne pas utiliser le trou qui se forme après l'excavation. Mais les gens vivant à côté de Green Hill n'ont rien à craindre - ce n'est pas un véritable cimetière, mais juste de la terre, où se trouvent des sources radioactives locales.

Adjoint Directeur général de l'ASBL "Radon" Oleg POLSKIKH :
- Cette décharge est toujours dangereuse. Il n'existe pas qu'une seule source de rayonnement : il existe des sols mélangés à des déchets industriels et des substances radioactives dispersées. Par conséquent, dans certaines régions, le débit de dose est faible - 40 à 100 microroentgens/heure, tandis que dans d'autres, il atteint 3 000 microroentgens/heure ! Bien sûr, ce n'est pas fatal, les gens autour ne tombent pas et ne meurent pas, mais il s'agit d'un contexte assez élevé qui ne peut être considéré comme favorable. Et bien que les gens ne vivent pas sur la Colline Verte elle-même, les habitants se détendent sur cette colline. Ils ont également découvert des déchets chimiquement toxiques, qui ne sont pas meilleurs pour la santé humaine que les déchets radioactifs. La Colline Verte est une bombe à retardement et ce n'est pas un endroit où se promener, surtout avec des enfants.

Boris Glébov

 

 

A Moscou, il y a plus de 600 sources radioactives dans la ville


Carte extraite de : "Eruption radioactive sur la carte de Moscou", Izvestia, 15 juillet 1992.

Sur la carte ci-dessus, la capitale russe semble couverte d'une éruption de boutons. Chacun de ces points noirs indique une source radioactive. En dix ans, des patrouilles spécialisées de l'organisation Geoeocentre ont découvert plus de six cents de ces sources (dont plusieurs sont actuellement désactivées). Leur origine exacte reste souvent inconnue. Il peut s'agir de décharges de déchets irradiés, ou de lieux où se sont produites des fuites de matières radioactives. Il a fallu des dizaines d'années pour atteindre une telle situation, mais le résultat n'est guère surprenant dans la mesure où la capitale compte une concentration élevée d'organisations militaires et de centres de recherche qui travaillent pour la défense. (Voir la vidéo.)

Ces sources sont réparties dans l'ensemble de la ville, aussi bien dans le centre que dans des quartiers densément peuplés. Trois décharges sont situées au coeur du Parc central de culture et repos, dit Parc Gorki, sur les rives de la Moskova. Et deux d'entre elles sont particulièrement actives: quelques heures d'exposition à proximité immédiate peuvent générer des troubles sérieux.

Selon le ministre russe de l'Écologie, « la contamination radioactive est la plus grave de nos maladies écologiques ».

Extrait du livre: "Silence atomique - Les arsenaux nucléaires sur les ruines de l'URSS",
Alexandre et Boris Poutko,
Edition du Rocher, 1994.