Mardi 9 mars 2004
Communiqué CRIIRAD
471 avenue Victor HUGO
26000 VALENCE
Tel 04 75 41 82 50
Fax 04 75 81 26 48
Les niveaux de tritium sont relativement faibles (de 50 à 150 Bq/l) mais c'est la nappe phréatique qui est touchée et on ignore l'étendue du problème
La CRIIRAD a été informée,
le 24 février dernier, par un article du Dauphiné
Libéré, d'un problème de contamination
par le tritium (forme radioactive de l'hydrogène) dans
les réseaux d'eaux sanitaires et d'eaux usées du
CNPE de Cruas-Meysse. L'information avait été donnée
le 11 février par l'exploitant. Un premier niveau d'enquête
conduit à présenter les observations et conclusions
suivantes :
1. D'après la DRIRE, en contrôlant les réseaux
de canalisations, l'exploitant a constaté que la contamination
détectée dans les eaux usées se retrouvait
en amont, dans le réseau d'eau sanitaire qui alimente
le personnel et le restaurant de la centrale en eau de boisson.
Cette eau provient d'un puits de captage (en réalité
2 puits de 40 m3/h chacun) foré sur le site même,
à - 28 mètres de profondeur (c'est-à-dire
dans la nappe profonde implantée dans les failles du substratum
calcaire).
2. On ignore à ce jour si la contamination détectée
dans l'eau qui sort de ce captage signifie que la nappe profonde
est effectivement polluée par le tritium. La contamination
pourrait en effet provenir de la nappe superficielle (nappe
alluviale logée dans les 5 premiers mètres de sol).
Les échanges entre les 2 nappes s'effectuent généralement
du bas vers le haut car la nappe profonde est en surpression.
Cependant, il est possible que l'aspiration générée
par le captage induise une dépression favorisant
le transfert de l'eau superficielle vers l'eau profonde. Si cette
hypothèse, émise par la DRIRE, était
vérifiée cela signifierait que la nappe superficielle
est contaminée à un niveau bien supérieur
à 100 Bq/l. En effet, l'eau que remonte le puits de
captage ne comporterait qu'un pourcentage limité d'eau
superficielle mélangée à l'eau profonde non
contaminée.
3. Il ne s'agit pas d'un événement banal : tout
rejet de polluants radioactifs ou chimiques dans les nappes phréatiques
est strictement interdit : la ressource en eau potable doit
être préservée de toute dispersion de produits
radioactifs. Les rejets ne sont autorisés que dans le Rhône
et sous certaines conditions de quantité et de dilution.
On se trouve donc dans une situation d'infraction aux dispositions
réglementaires. La pollution traduit en outre un défaut
de maîtrise inquiétant puisque l'origine de la
pollution reste à ce jour indéterminée :
on ne sait s'il s'agit de la manifestation actuelle d'un problème
très ancien (exemple : enfouissement de déchets
radioactifs à une époque lointaine entraînant
une diffusion très lente vers les nappes) ou d'une défaillance
récente (exemple : fuite non encore détectée
au niveau d'une infrastructure du site). Tant que des réponses
précises ne seront pas apportée, on ne peut savoir
si le phénomène va régresser, rester stable,
s'amplifier lentement ou soudainement.
4. L'exploitant soutient que la contamination
ne concerne pas l'environnement et qu'elle est même très
localisée à l'intérieur du site. Il en
donne pour preuve le fait que les contrôles effectués
sur ses 6 piézomètres sont pour l'instant négatifs
(inférieurs à 50 Bq/l). Or, ces mesures ne
sont pas assez précises. Le laboratoire de la CRIIRAD parvient
à mesurer des activités en tritium de l'ordre de
1 à 2 Bq/l et c'est à ce niveau de précision
qu'il faut descendre dans ce dossier. En effet, sur la base de
la littérature spécialisée et des études
que la CRIIRAD a réalisées en différentes
régions de France et en Rhône-Alpes en particulier,
il est possible d'affirmer qu'une valeur de 5 Bq/l dans
une nappe profonde signe une pollution. La valeur de 50 Bq/l correspond
à un chiffre 10 fois supérieur.
5. Aucune mesure pour restreindre la consommation de cette
eau n'a été donnée au motif que les niveaux
de tritium sont très inférieurs aux limites réglementaires.
Cette affirmation est parfaitement exacte mais la CRIIRAD tient
à rappeler que les recommandations internationales (CIPR
60) et la réglementation française (décret
2002-460) imposent le respect des principes de justification
et d'optimisation (diminuer les expositions autant qu'il est
raisonnablement possible). Il n'est pas justifié de consommer
une eau polluée par le tritium quand il est possible (et
même facile) d'accéder à une eau qui en est
exempte. Compte tenu des incertitudes du dossier et des interrogations
sur la radio-toxicité du tritium, des mesures de protection
seraient utiles, en particulier à l'égard des employées
qui pourraient être enceintes ou allaiter leur enfant.
Il faut savoir par ailleurs que le captage incriminé n'est
toujours pas en conformité avec le code de la santé
publique, et qu'il échappe notamment aux contrôles
réglementaires de la DDASS.
Mise en oeuvre de contrôles indépendants.
La CRIIRAD demande l'autorisation d'effectuer des prélèvements
d'eau à l'intérieur du site EDF
Grâce à l'étude effectuée
en 1997 sur financement de la région Rhône-Alpes
et de la communauté d'agglomération de Grenoble,
la CRIIRAD dispose d'une base de donnée de référence
sur l'état radiologique des eaux de nappe de la région.
Dans la nappe superficielle, les niveaux de tritium étaient
de l'ordre de 1 à 3 Bq/l : 1,1 Bq/l et 2,1 Bq/l
au Pouzin, 2,2 Bq/l aux Reys-de-Saulce (au nord de Cruas) et 2,5
Bq/l à Meysse (au sud de la centrale). Dans la nappe profonde,
sauf suspicion de contamination, les teneurs en tritium ne sont
pas mesurables (probablement comprises entre 0,1 et 1 Bq/l).
C'est le cas par exemple de la nappe profonde au niveau de Privas
(07) ou de Chabeuil (26).
En 2002, le laboratoire de la CRIIRAD a également contrôlé
le niveau de tritium des eaux de pluie en différents secteurs,
et notamment au niveau de Valence, du Tricastin et de Saint-Alban.
En s'appuyant sur ces données et en recourant à
des analyses plus précises que celles d'EDF, il est
possible de déterminer l'étendue réelle de
la pollution.
La CRIIRAD a adressé, hier, une demande à monsieur
Michel TESTON, président du conseil général
de l'Ardèche, par ailleurs président de la Commission
Locale d'Information de Cruas-Meysse. Elle souhaite en effet obtenir
son appui pour la réalisation de contrôles indépendants,
en particulier au niveau des piézomètres implantés
à l'intérieur du site EDF.
La CRIIRAD s'engage évidemment à respecter les consignes
de sécurité en vigueur sur le site. Elle propose
également que les échantillons soient fractionnés
en 3 pour son laboratoire, celui d'EDF et pour un huissier qui
pourrait conserver les échantillons en cas d'éventuelles
contestations.
Rappelons que la notion d'environnement du site intègre
les réserves en eau potables sous-jacentes, EDF n'étant
propriétaire que du terrain et des différentes constructions
et infrastructures. Autoriser le laboratoire de la CRIIRAD à
procéder à des prélèvements d'eau
au niveau des différents piézomètres (sans
avoir à pénétrer dans les zones nucléaires)
serait faire preuve, pour une fois, d'une " transparence
" dotée d'un réel contenu.
A.F.P. (29 janvier 1999) - Dégazages radioactif -, : inspection de l'autorité de sûreté à Cruas
L'autorité de sûreté a décidé de déclencher vendredi après-midi une inspection à la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche), où deux évacuations de personnels ont été nécessaires depuis jeudi à la suite de dégazages radioactifs.
La DSIN estime qu'il y a eu retard lors de la première évacuation, comme cela avait été constaté lors d'une évacuation similaire à la centrale de Golfech en novembre. Les balises se sont déclenchées jeudi à l6h15 et l'évacuation a été décidée à 17h30, selon Erie Bret, chef de la centrale de Cruas. Pour Mr Bret l'évacuation a été décidée "après vérification du diagnostic de véracité de l'alarme." La deuxième évacuation, vendredi à 1h00 du matin, a été plus rapide
"Au lieu d'évacuer immédiatement les lieux lorsque la balise s'est déclenchée, détectant la première bouffée de radioactivité, le personnel a voulu vérifier si les balises fonctionnaient bien.", a indiqué à l'AFP le directeur de la DSIN, André-Claude Laccoste. "Or si une balise de radioactivité se déclenche, il faut évacuer immédiatement et réfléchir ensuite.", a ajouter M. Lacoste.
PARIS, 29 jan (AFP) - La direction de la centrale nucléaire EDF de Cruas-Meysse (Ardèche) a procédé dans la nuit de jeudi à vendredi à une deuxième évacuation "préventive" du personnel présent dans le réacteur n°1, a-t-on appris auprès d'EDF. 65 personnes avaient été évacuées jeudi en fin d'après-midi du bâtiment réacteur après le déclenchement de balises de mesure de la radioactivité, a indiqué Électricité de France (EDF).
Vers 4H00, vendredi, les balises se sont une nouvelle fois déclenchées et la quarantaine de personnes présentes a été évacuée.
Ces incidents, signalés à l'autorité de sûreté mais sans "déclaration d'incident significatif en première analyse", n'ont pas eu de conséquences néfastes sur l'environnement et le personnel, selon EDF.
Des expertises étaient en cours vendredi dans la journée pour connaître la cause de ces dégazages radioactifs, assez fréquents lors des opérations de maintenance lorsque le couvercle du réacteur est soulevé, comme c'était le cas.
REUTER-PARIS, 2 février - Un incident qui s'est produit la semaine dernière à la centrale nucléaire de Cruas- Meysse (Ardèche), dans un réacteur à l'arrêt, a valu mardi à EDF une réaction de l'autorité de sûreté nucléaire.
La Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) a classé l'incident au niveau 1 (le moins grave) de l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines).
Jeudi à 16h15, lors de la levée du couvercle de la cuve du réacteur, une balise de mesure de la radioactivité dans l'air ambiant du bâtiment réacteur s'est déclenchée.
Les personnes présentes dans le bâtiment réacteur n'ont été évacuées qu'une heure plus tard, déplore la DSIN dans un communiqué.
Après ventilation, l'air ambiant a retrouvé un niveau normal de radioactivité. Les travaux ont pu reprendre dans ce réacteur en arrêt annuel pour rechargement en combustible et entretien. Mais une balise de mesure de la radioactivité a de nouveau été déclenché vendredi à 1h du matin, entraînant l'évacuation - immédiate cette fois - du bâtiment réacteur.
Selon la DSIN, ces bouffées gazeuses radioactives "résultent de défauts d'étanchéité de la gaine de certains assemblages combustibles". Les 168 personnes potentiellement concernées ont été examinées mais n'ont pas été contaminées. "La radioactivité rejetée dans l'atmosphère est restée très faible et bien inférieure aux limites autorisées", ajoute l'autorité.
La DSIN note "le caractère tardif de l'évacuation du personnel après le déclenchement de la première balise" et "le manque de précautions prises pour la levée du couvercle de la cuve du réacteur malgré les incidents de même type survenus récemment sur les centrales de Golfech et de Gravelines".
La Crii-Rad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) a dénoncé pour sa part une "exposition injustifiée du personnel" dans cette centrale mais aussi dans un autre réacteur nucléaire à Marcoule le 15 janvier.
"Le réacteur Célestin (de Marcoule) a rejeté, en quelques heures, plus de tritium que n'en rejettent sur une année entière les 57 réacteurs électronucléaires français", affirme l'association, basée à Valence.
Information sur MAGNUC en date du 29 /1/1999 avec une mise à jour en date du 23/l/99 - CELESTIN (COGEMA DE MARCOULE Installation nucléaire de base secrète) (Gard) Rejet atmosphérique de tritium.
Le 15 janvier, un relâchement non contrôlé de gaz tritium d'environ 85 térabecquerels (2300 curies), évacué par la cheminée de l'installation CELESTIN, a été détecté à 11h50. L'installation CELESTIN, constituée de deux réacteurs nucléaires fonctionnant en alternance, produit de tritium par irradiation neutronique de cibles contenant du lithium. La fuite s'est produite au cours de l'opération de lavage des cibles irradiées et avant leur expédition vers l'atelier tritium de Marcoule (ATM) où elles sont traitées pour extraire le tritium. Elle résulte d'un défaut d'étanchéité ayant affecté 8 cibles sur les 144 en cours de traitement. Des investigations sont en cours pour déterminer l'origine de ce défaut. Le rejet dans l'environnement représente un peu moins de 1 % de la limite annuelle autorisée en tritium pour les rejets gazeux par l'établissement COGEMA de Marcoule Au niveau du sol, l'impact maximum calculé résultant de ce rejet est inférieur à 10 microsieverts (soit le centième de la limite annuelle d'exposition pour le public) ; il se situe à 500 mètres de la cheminée, au niveau de la clôture sud du site. L'exposition maximale des populations les plus proches du site est très inférieure à 1 microsievert (soit le millième de la limite annuelle d'exposition pour le public). Cet incident est classé au niveau 1 de l'échelle INES.
COMMENTAIRE GSIEN
Golfech, Gravelines puis maintenant Cruas cessons de jouer avec les personnels.
La DSIN ne parvient pas à faire passer son message. Si une alarme radioactivité se produit, il faut sortir. Ce n'est pas compliqué et pourtant Une maintenance de réacteur, est encore et toujours, la présence sur un site et plus spécialement dans le bâtiment réacteur, d'une série d'équipes sans lien les unes avec les autres, sans contrôle global. Le résultat est un manque total de coordination et de consignes précises..
Chaque petit groupe interprète les consignes ou même se forge ses consignes.
A Golfech la contamination n'a été découverte que par hasard. Une équipe terminait son boulot et alors les intervenants passent à l'anthropogammamétrie. Par chance le médecin a eu son attention attirée par le fait que les agents présentaient tous une contamination, en dessous des seuils. C'est ça le gros problème s'il n'y avait pas eu la série, qui aurait décelé l'anomalie. Anomalie reprise à Cruas et cette fois pour 65 intervenants. Comme on peut avoir sur un site 700 intérimaires dont 400 peuvent se trouver dans le bâtiment réacteur, EDF va-t-elle attendre encore pour revoir les consignes ? Et par ailleurs qui va faire le suivi puisque personne ne sait exactement qui est sur un site. EDF ne connaît que Framatome et Framatome sous-traite à qui mieux mieux
Revoir les consignes et aussi les gaines de combustible car ce que déclare la DSIN est fort alarmant "Selon la DSIN, ces bouffées gazeuses radioactives "résultent de défauts d'étanchéité de la gaine de certains assemblages combustibles"
Alors combien d'assemblages sont fuyard et quelles mesures prévues pour ne pas contaminer les intervenants ?
Il n'y a pas que les balises internes qui déclenchent, les balises externes aussi et d'après "le régional du 17-12-98" ce n'est pas mieux géré. Une balise de clôture de Belleville a déclenché, apparemment sans raison mais ça reste à prouver et pour le moment on reste toujours sans explication sur cette bouffée radioactive à Belleville, sujet à suivre...
Gazette Nucléaire n°171/172 février 1999