Communiqué de presse de l'ACRO, 17 octobre 2005:
Comme de nombreuses autres associations, l'ACRO
se retire du débat sur l'EPR suite au refus des autorités
d'assurer la tansparence en terme de sûreté nucléaire,
alors
que dans d'autres pays ces informations sont accessibles. Il nous
parait indispensable d'éclairer pleinement le citoyens
(et en particulier les populations riveraines d'installations
nucléaires) sur la globalité et l'exhaustivité
des risques y compris les risques externes auxquels
ils seront confrontés au quotidien.
L'ACRO s'est donné pour mission de permettre
à chacun de peser sur les choix technoscientifiques liés
au nucléaire. C'est à ce titre, qu'elle s'est engagée
dans
les débats publics lancés par la Commission Nationale
de Débat Publique sur les sujets sensibles des déchets
nucléaires et du projet de réacteur EPR. L'association
a participé à plusieurs tables rondes et a produit
des « cahiers d'acteurs » comme contribution pour
alimenter les réflexions, conformément à
notre démarche associative et citoyenne habituelle. Sans
pourtant être dupe sur la portée réelle de
ces débats, nous pensons que toute occasion est bonne à
prendre pour tenter d'aller vers plus de démocratie participative,
c'est-à-dire une démocratie réelle impliquant
les citoyens dans tous les processus de décision et le
plus en amont possible.
Déjà inquiète à l'origine par la précipitation d'EdF à lancer ses appels d'offre, certaines déclarations gouvernementales et le vote du parlement sur le choix de l'EPR antérieurement à l'ouverture des débats publics, l'ACRO constate aujourd'hui que le secret est opposé pour l'accès à certaines sources d'informations. Le nucléaire continue d'être un monde à part à la fois quant à la gestion des risques mais aussi quant à la possibilité pour des citoyens de porter un regard indépendant sur cette maîtrise des risques. Ce n'est malheureusement pas nouveau et l'incapacité de nos gouvernants à sortir de leurs tiroirs le projet de loi sur la transparence nucléaire en est une illustration.
Dans ces conditions, l'ACRO vient de décider
de se retirer officiellement de son engagement à participer
aux débats publics. Les membres de notre association pourront
continuer à être présents s'ils le souhaitent
mais ils ne s'y exprimeront qu'à titre personnel. Nous
avons apprécié la qualité de nos relations
avec les CPDP et constaté que leur volonté de mener
un réel débat public et citoyen est entière.
Mais force est de constater une fois de plus qu'il y a «
un Etat dans l'Etat » qui est peu démocratique.
Communiqué de presse de Global Chance et du GSIEN:
17 octobre
Dans le cadre des deux débats organisés par la Commission
Nationale du Débat Public (CNDP) relatifs, l'un à
l'implantation d'un réacteur nucléaire EPR à
Flamanville et l'autre à la gestion des déchets
et matières nucléaires, le Gouvernement a adressé
une réponse négative à la demande d'expertise
indépendante complémentaire sur la question de la
sécurité des installations et activités nucléaires,
et de sa protection par le "secret défense",
formulée à l'initiative de la CNDP. Devant cette
"fin de non recevoir", la plupart des associations environnementales
porteuses d'interrogations et inquiétudes légitimes
de nos concitoyens ont annoncé leur décision de
ne plus participer à ces débats. Le refus d'information
des pouvoirs publics comme le départ de ces protagonistes
essentiels du débat vident de sens et d'utilité
la poursuite des débats. Nous avons jusqu'ici participé
activement en tant qu'experts indépendants à la
préparation de ces débats comme à leurs premières
manifestations dont nous avons vivement apprécié
l'organisation et la qualité. Nous portons aussi à
l'actif de la CNDP une avancée sur la levée du secret
industriel. En effet, par une convention signée entre elle,
EDF et le GSIEN, il a été possible de consulter
des parties du rapport provisoire de sûreté de l'EPR
et d'avoir des réunions de travail avec les spécialistes
d'EDF, de l'IRSN et de la DGSNR. C'est pourquoi ce refus d'expertise
complémentaire sur les risques nous interpelle, car rien
ne le justifie. Nous décidons, donc, devant ce "blocage"
du dialogue par décision gouvernementale, d'interrompre
toute participation à ces débats.
Signataires :
Benjamin Dessus, Bernard Laponche, experts de Global Chance,
Yves Marignac, directeur de WISE-Paris,
Monique Sené, Raymond Sené, experts du GSIEN
Michèle Rivasi, fondatrice de la CRII-RAD
Pierre Barbey et David Boilley, conseillers scientifiques de l'ACRO