On a failli perdre Detroit

Le 5 octobre 1966, le plus ambitieux de tous les projets d'énergie nucléaire adoptés par les compagnies d'électricité américaines, le surgénérateurs commercial expérimental de la Detroit Edison, sur les rives du lac Erié, baptisé Fermi I, connaît de sérieux ennuis. Au fond du réacteur, une pièce de métal obstrue partiellement le circuit de fluide caloporteur du coeur ; en conséquence une petite partie du coeur surchauffé a fondu, libérant de dangereux gaz radioactifs à l'intérieur de la structure qui enveloppe le coeur ; pour autant que les ingénieurs puissent juger, il semble qu'une grave catastrophe soit imminente. En fait, sur le coup, l'équipe d'ingénieurs responsables du réacteur n'a aucune idée ni des causes ni des conséquences de l'accident. Il leur faudra six mois pour déterminer l'étendue totale du désastre et une année entière pour en découvrir les raisons. Dans les premiers temps, impuissants, ils se contentent donc d'espérer que le coeur endommagé va se stabiliser sans autre mésaventure, mais n'en continuent pas moins d'afficher une belle assurance. L'activité relâchée dans le sodium et le gaz de couverture a été estimée à environ 10 000 Curies. Remis en service en 1968, il a été définitivement arrêté depuis.

 

 

 
We Almost Lost Detroit, John G. Fuller, New York, Reader's Digest Press, 1975.