Nous publions dans La Gazette Nucléaire 187/188, la lettre de l'ambassade de Bélarus en France, ainsi que le texte du Président du Comité de suivi et une analyse de Bella Belbéoch. Nous suivons depuis 14 ans les problèmes de Tchernobyl et nous sommes conscients de la gravité de la situation. Tchernobyl est et reste une tragédie pour les populations. Nous devons nous souvenir et les aider chaque fois que c'est possible.
Vu l'intérêt
que votre édition respectée porte aux problèmes
des conséquences de l'accident à la centrale nucléaire
de Tchernobyl, veuillez trouver ci-joint le texte de l'article
écrit par M. Vladimir Tsalko, Président du Comité
sur les conséquences de la catastrophe à la centrale
nucléaire de Tchernobyl de la République de Bélarus.
Ledit
article donne une image générale des suites de cette
catastrophe pour la santé de la population et l'environnement
du Bélarus. Il met en valeur les efforts entrepris par
le Gouvernement bélarussien dans ce domaine, efforts qui
sont souvent sous-estimés ou même négligés
par l'opinion publique française.
J'espère
bien que vous pourriez étudier la possibilité de
publier cet article dans un des prochains numéros de la
Gazette Nucléaire, surtout au moment de la fermeture de
la centrale de Tchernobyl.
La république
de Bélarus, une des ex-républiques de l'URSS, a
acquis son indépendance en 1991. Sa population est 10 millions
d'habitants, sa superficie -207 600 km2. Elle est limitrophe avec
la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, l'Ukraine et la Russie.
La communauté internationale connaît
parfaitement la date de a catastrophe de Tchernobyl -le 26 avril
1986-. Mais en fait peu de gens connaissent le vrai impact de
cet accident sur des millions d'habitants des trois pays slaves
: le Bélarus, l'Ukraine et la Russie. Il est difficile
de surmonter le stéréotype : comme cette catastrophe
s'était produite dans la ville ukrainienne de Tchernobyl,
donc c'est uniquement ce pays qui en a souffert le plus. En réalité,
la plus grande partie du nuage radioactif s'est dirigée
vers le Bélarus ayant aussi touché par une de ses
ailes la Russie et par l'autre - un certain nombre de pays européens.
Notre pays a reçu le choc principal
de la catastrophe, 23% du territoire du Bélarus a été
contaminé par les radionucléides de longue durée,
70% des déchets radioactifs ont pénétré
le sol bélarussien pour des décennies à venir.
Un habitant sur cinq est affecté,
soit plus de 2 millions de personnes. Une grande quantité
des terres (2 640 km2) et
plus d'un quart des massifs forestiers sont exclus de l'exploitation.
Selon
les calculs scientifiques, le préjudice économique
porté à notre pays par cet accident est équivalent
à 32 budgets annuels du Bélarus de l'année
1986, soit 235 milliards de dollars américains nécessaires
pour en surmonter les conséquences pendant une période
de 30 ans.
Mais
revenons en 1986.
Jusqu'en
1991, la lutte contre les premières suites de la catastrophe,
l'évacuation des habitants de la zone de 30 km, leur déménagement
dans les régions propres du Bélarus, la prise des
mesures de première urgence, la définition des normes
et niveaux admissibles de la contamination radioactive ainsi que
beaucoup d'autres sujets étaient décidés
par les dirigeants de l'URSS.
Les
moyens nécessaires ont été alloués
du budget de l'Union composée de 15 républiques.
Après la dissolution de l'Union Soviétique, la République
de Bélarus s'est retrouvée seule face au fardeau
des conséquences de la catastrophe. Au cours des premières
années après cet accident le Bélarus consacrait
aux problèmes de Tchernobyl, jusqu'à 25% de son
budget. Actuellement ce chiffre est un peu inférieur.
En
1988 les Nations Unies ont reconnu le caractère planétaire
des conséquences de Tchernobyl en tant que catastrophe
écologique radioactive globale, ayant concentré
son attention sur les problèmes les plus aigus de la population
qui a souffert suite à cette catastrophe considérée
comme une tragédie humanitaire internationale de longue
portée.
La protection et les soins des victimes de cette catastrophe étant
une des principales fonctions de l'État, les autorités
du Bélarus ont appuyé l'initiative de lancement
d'un programme spécial de liquidation des conséquences
de la catastrophe de Tchernobyl.
Vu
l'échelle de la contamination et le fait que plus de trois
mille villes et villages se trouvent en zone de risque radiologique,
force est de constater le manque énorme de moyens pour
la mise en oeuvre de tout l'éventail des mesures nécessaires
à minimiser l'impact de l'irradiation sur la population
et l'environnement du Bélarus. Et pourtant, les autorités
de la République de Bélarus n'ont pas abandonné
leurs citoyens et, 14 ans après cette tragédie,
prêtent beaucoup d'attention à la situation dans
les régions affectées et aux gens qui y habitent.
En
conformité avec le programme de minimisation des conséquences
de la catastrophe de Tchernobyl, tout un nombre de mesures d'urgence
et de longue portée sont déjà réalisées,
d'autres sont en train d'être mises en place. 135 mille
personnes ont été déménagées
dans les régions propres. De nouvelles habitations et infrastructures
ont été construites par l'État pour les personnes
déménagées. 5 mille citoyens bélarussiens
ont encore droit au déménagement et l'État
leur garantit ce droit.
Les
efforts de déménagement signifient non seulement
des dépenses matérielles considérables, mais
aussi la nécessité d'accorder de l'aide psychologique,
car il faut expliquer aux gens le danger provenant d'un ennemi
invisible et non palpable, il faut chercher et trouver des mots
pour persuader les gens de quitter leurs lieux d'habitation traditionnelle
et ceux de leurs ancêtres sans parler de la nature magnifique
du sud du Bélarus.
Actuellement,
plus de 1,5 millions de personnes habitent dans la zone de contamination
radioactive. Et nous disons avec douleur que 437 mille d'entre
elles sont des enfants.
Chaque
année l'État bélarussien dépense plus
de 50% du budget consacré aux conséquences de Tchernobyl
pour la mise en oeuvre des mesures de réhabilitation pour
les enfants. Malgré le manque constant de ressources, l'État
réalise des programmes spéciaux pour enfants dont
le programme présidentiel "Enfants de Bélarus"
qui inclut le sous-programme spécial "Enfants de Tchernobyl".
La
loi sur la protection sociale des citoyens affectés par
la catastrophe à la centrale nucléaire de Tchernobyl
prévoit la remise en forme des enfants affectés,
deux fois par an, dans les centres pour la réhabilitation
et remise en forme se situant dans les territoires propres. La
nutrition gratuite des enfants par des aliments propres est organisée
dans les établissements préscolaires et scolaires.
Les examens médicaux et traitements gratuits se font chaque
année. L'attention importante est accordée à
l'élaboration des programmes et manuels éducatifs
spéciaux destinés à développer chez
les enfants la nouvelle culture écologique. Nous travaillons
pour apprendre aux enfants les habitudes pratiques de comportement
dans les conditions de risque continu à leur santé.
Les
enfants et la jeunesse ayant appris la culture de vivre dans les
territoire contaminés sauront gérer les risques
et éviter les dangers pour leur santé. Dans ce sens
notre pays a encore un grand travail à accomplir qui doit
être mené d'une façon systématique
et basé sur les données scientifiques.
Malheureusement,
l'État bélarussien ne dispose pas de moyens suffisants
pour résoudre les problèmes liés aux conséquences
de Tchernobyl dans tous les domaines de l'économie. Et
pourtant la spécificité de la contamination radioactive
est qu'aucun pays du monde n'est capable de les surmonter pendant
une courte période du temps. C'est pour cette raison que
nous devons unir nos efforts pour liquider les conséquences
de la catastrophe de Tchernobyl. En aidant le Bélarus,
la communauté internationale va mieux comprendre la nature
réelle de l'atome, son utilité et son mal, élaborer
les moyens de protection et les transmettre aux populations. Le
problème de Tchernobyl doit être hors de la politique
parce que la radiation ne connaît pas les frontières
et ne respecte pas les conditions des conventions internationales.
Nous
avons été quelque peu surpris de la demande faite
par l'Ambassade du Bélarus à Paris de publier dans
la Gazette Nucléaire l'article du Pr. Vladimir Tsalko
sur les conséquences de Tchernobyl en République
de Bélarus. Cet article n'a pas pu être publié
pour la date de fermeture de la centrale de Tchernobyl le 15 décembre
2000, comme le demandait M. Romanovsky, Attaché de presse
de l'Ambassade car la Gazette était déjà
sous presse.
Le
texte du Pr. Tsalko montre l'ampleur de la catastrophe, souligne
l'impuissance du gouvernement bélarusse à résoudre
les problèmes malgré ses efforts et demande l'aide
de la communauté internationale.
Année
après année nous avons insisté dans la Gazette
Nucléaire sur la dégradation de la situation
sanitaire dans les zones contaminées d'Ukraine, de Biélorussie
et de Russie, suite à la catastrophe de Tchernobyl. Nous
avons incité médecins et journalistes à aller
enquêter sur place en Biélorussie à une époque
où tous se précipitaient dans la zone interdite.
Nous essayons de faire entendre la voix de ceux qui disent autre
chose que la version des experts internationaux. La situation
est particulièrement dramatique au Bélarus (ex-Biélorussie).
Qui plus est, le Belarus n'a rien à monnayer contrairement
à l'Ukraine qui a joué sur la fermeture définitive
de la centrale de Tchernobyl.
Ainsi
les lecteurs attentifs des dossiers de la Gazette Nucléaire
consacrés à Tchernobyl ne sont pas sans ignorer
qu'il y
a deux versions complètement contradictoires concernant
les conséquences sanitaires de Tchernobyl dans les
trois républiques de l'ex-URSS qui ont été
les plus contaminées par les retombées de Tchernobyl
: la version des experts officiels pour qui il ne s'est
quasiment rien passé à Tchernobyl et celle des
médecins et scientifiques de terrain pour qui la situation
sanitaire ne fait que s'aggraver pour les habitants des zones
contaminées.
On
ne peut pas dire qu'on est aidé par les médias.
Un exemple, le journal Le Monde rapportera fidèlement
les mutations observées chez les hirondelles devenues blanches
mais ne produira que la version très partiale de l'IPSN
(Institut de protection et sûreté nucléaire)
visant à nier un quelconque effet lorsqu'il s'agit des
mutations minisatellites observées chez des enfants nés
de parents vivant dans les zones contaminées du Bélarus.
Et dans ce cas vous pouvez toujours écrire au courrier
des lecteursÖSuccès nul garanti.
Ce
sont pratiquement les mêmes experts qu'on retrouve dans
toutes les commissions nationales, européennes et internationales.
(Un bon exemple était fourni par le Pr. Pellerin). Les
experts de l'UNSCEAR (le Comité scientifique des Nations
Unies sur les effets des radiations atomiques et), avaient dès
1988 entériné la dose collective estimée
par le Pr. Iline, le responsable de la radioprotection soviétique
(lui aussi on le trouve dans tous les comités), dose révisée
à la baisse par rapport à celle du rapport soviétique
à l'AIEA d'août 1986 ce qui diminuait d'autant les
effets à long terme de la catastrophe, cancers mortels
et effets génétiques.
Pour
les experts internationaux du " Projet International Tchernobyl
" réalisé sous l'égide de l'AIEA (agence
internationale de l'énergie atomique) le rapport final
présenté à Vienne en mai 1991 indiquait que
les rayonnements n'avaient eu aucun effet nocif sur la santé
de la population des régions contaminées. Il a même
été dit que les mesures prises par le pouvoir central
soviétique pour protéger la population contre les
effets à long terme des radiations furent " excessives
". Rappelons que les délégués scientifiques
d'Ukraine et de Biélorussie ont quitté la séance
de clôture en signe de protestation.
Dans les conclusions du dernier Rapport UNSCEAR 2000 Sources
and Effects of Ionizing Radiation on peut lire au sujet de
Tchernobyl qu'il y a eu 30 morts dans les jours et quelques semaines
qui ont suivi l'explosion du réacteur parmi les travailleurs,
qu'il y a eu des lésions dues à l'irradiation chez
plus d'une centaine d'autres. Dans la population "il y
a eu environ 1800 cas de cancers de la thyroïde chez des
enfants exposés au moment de l'accident et si cette tendance
se poursuit il pourrait y avoir plus de cas durant les prochaines
décades. Mis à part cet accroissement il n'a pas
été mis en évidence d'impact sanitaire majeur
pour la population pouvant être attribué à
une exposition aux radiations 14 ans après l'accident ".
Pas de preuves d'augmentation de cancers, ni de leucémie
même chez les liquidateurs (Ö). Et enfin, (je souligne)
:" Pour la grande majorité de la population
il est improbable qu'elle soit l'objet de conséquences
sanitaires sérieuses qui résulteraient d'une irradiation
due à l'accident de Tchernobyl ".
Fait
nouveau et à marquer d'une pierre blanche, le Monde
publie un article de Nathalie Nougayrède (Le Monde
20 mai 2000) " Les enfants de Tchernobylface à
la " mort invisible" ". La journaliste
témoigne de la vie quotidienne dans les zones contaminées
de Belarus, (là vivent 500 000 enfants), elle rapporte
les combats et les déboires du Pr. Vassili Nesterenko,
qui tente d'aider les familles à lutter contre les effets
de l'irradiation. Cet article a fait tilt, il n'est pas dans la
ligne de l'UNSCEAR.
D'où
le courroux du Pr. Lacronique, qui dirige l'Office de protection
contre les rayonnements ionisants (OPRI, Office ayant remplacé
le SCPRI, service central de protection contre les rayonnements
ionisants). Ce Professeur, désormais membre de la sphère
des experts officiels en radioprotection, est tout naturellement
membre de l'UNSCEAR comme le fut autrefois son prédécesseur
le Pr. Pellerin. Par un courrier au Monde (4 juillet 2000)
titré " La vérité sur Tchernobyl
" il " réagit " à l'article de Nathalie
Nougayrède. Le Pr. Lacronique, chef de la délégation
française venait justement de participer à deux
semaines de travail dans le cadre de l'UNSCEAR. Le courroux du
Pr. Lacronique est encore plus grand vis-à-vis de Ross
Mountain, directeur du bureau de la coordination des affaires
humanitaires des Nations unies (OCHA) qui a adressé un
courrier au Monde le 27 mai, texte " grossièrement
tendancieux " selon le Pr. Lacronique.
Ainsi
on perçoit comme un " frémissement " du
côté des affaires humanitaires, on ne prend plus
pour argent comptant ce que racontent les officiels car le décalage
est trop grand entre leurs déclarations lénifiantes
et ce qui se vit journellement sur le terrain.
Un
combat entre les dinosaures et les modernes qui veulent tout simplement
être plus crédibles ? Serait-il plus difficile aujourd'hui
d'envoyer en Ukraine et en Biélorussie le Pr. Pellerin
parmi les trois experts de l'OMS dont le rapport de juin 1989
indiquait " que les scientifiques [locaux] qui
n'ont pas de profondes connaissances sur les effets des radiations
ont attribué divers effets biologiques et sanitaires à
l'exposition aux rayonnements ". En somme des incompétents
ces scientifiques locaux. Suivi d'un couplet sur le fait que ces
effets étaient bien plus vraisemblablement dus à
des facteurs psychologiques et au stress. Il serait probablement
impossible aujourd'hui d'envoyer Croix-Rouge et Croissant-Rouge
en Biélorussie et en Ukraine comme cela a été
fait en 1990 et de leur faire conclure, comme précédemment
l'OMS, que nombre de symptômes physiques étaient
dus au stress psychologique. Entre temps il y a eu l'épidémie
des cancers de la thyroïde des enfants, impossibles à
nier (bien qu'ils aient été niés au début)...
C'est dans ce contexte qu'il faut
replacer la demande faite à la Gazette Nucléaire
par l'Ambassade du Belarus à Paris de publier un article
du Pr. Tsalko sur les conséquences de Tchernobyl en République
de Belarus où l'aide internationale est sollicitée.
Il
faut signaler que nous avons fait appel à Monsieur l'Ambassadeur
du Belarus à Paris à plusieurs reprises depuis le
mois d'octobre 1999 et nous le remercions ici pour avoir effectué
toutes les démarches que nous lui avons demandées.
Tout
d'abord pour avoir transmis notre courrier du 16 octobre 1999
au Procureur de la République du Belarus afin d'obtenir
des précisions au sujet de l'arrestation du Pr. Youri Bandazhevsky,
Recteur de l'Institut de médecine de la ville de Gomel,
et des conditions de sa détention.
Rappelons
que le Pr. Bandazhevsky a étudié les conséquences
sanitaires de l'incorporation de radionucléides par les
habitants des zones contaminées de la région de
Gomel en particulier du Césium 137 chez les enfants et
montré que les effets nocifs, entre autres sur le système
cardio-vasculaire, le système immunitaire, les organes
de la vision, augmentent avec la charge en césium 137 par
kilogramme de poids de l'enfant.
Le
Pr. Bandazhevsky a été considéré par
Amnesty International comme un prisonnier de conscience
potentiel. Si nous avons été heureux de la libération
du Pr. Bandazhevsky après plus de 5 mois de détention
pour les fêtes en fin d'année dernière, nous
avons été atterrés d'apprendre que sa détention
dans des conditions très difficiles a notablement affecté
sa santé. D'autre part il a été destitué
de son poste et son procès n'a toujours pas eu lieu.
En
date du 27 février 2000 nous demandions à M. l'Ambassadeur
de faire parvenir notre lettre au Président de la République
du Bélarus, M. Alexandre Loukachenko, afin qu'il autorise
la venue à Paris du Pr. Bandazhevsky pour recevoir la médaille
du 14ème congrès mondial de l'IPPNW pour l'ensemble
de ses travaux. Malheureusement cette autorisation ne lui a pas
été accordée.
Puis
nous avons été très préoccupés
par les attaques émanant du Ministère de la santé
de la République de Belarus contre le Pr. Nesterenko, Directeur
de l'Institut indépendant BELRAD. Cet Institut vise à
améliorer la radioprotection des habitants vivant en zones
contaminées. Il possède plusieurs unités
mobiles et effectue sur des enfants des mesures par spectrométrie
gamma de la charge en césium 137 incorporé via
la nourriture en se déplaçant dans les villages
contaminés. Ce sont des anthropogammamètres simplifiés
enregistrant les raies du césium 137 et du potassium 40.
Cet
institut a effectué depuis 1996 des mesures sur plus de
55'000 enfants dans les écoles et les crèches grâce
à 6 laboratoires mobiles. Rappelons qu'il a ainsi été
décelé que certains enfants ont des charges en césium
137 allant jusqu'à plus de 7 000 Bq/kg dans des villages
du district de Narovlia! Or, d'après les travaux du Pr.
Y. Bandazhevsky des troubles apparaissent dès que la charge
est supérieure à 25-50 Bq/kg.
Contrairement à la loi, le Ministère de la santé
conteste le droit au Pr. Nesterenko d'effectuer ces mesures sous
le prétexte fallacieux que ce serait un acte médical
(notre lettre du 16 août 2000 adressée au Ministre
de la santé du Bélarus).
Ces
mesures de charge incorporée sont très importantes
pour la surveillance radiologique des enfants. En effet il est
possible d'éliminer une fraction importante du césium
137 en fournissant aux enfants un complément alimentaire
sous la forme de comprimés à base de pectine (présente
dans de nombreux fruits), ce qui se fait également en Ukraine.
Nous
sommes alors intervenus par courrier du 21 septembre 2000 auprès
de M. Alexandre Loukachenko, Président de la République
du Belarus.
C'est
là qu'il devient difficile de comprendre les attaques subies
par les Pr Bandazhevsky et Nesterenko. Certes c'est moins grave
que l'emprisonnement, mais d'autres scientifiques ont subi des
pressions, il y a eu des remaniements de laboratoires, des réorganisations
dont le résultat est la cessation de certaines études
etc.
Le
texte du Pr. Tsalko montre bien que la situation sanitaire au
Belarus est très préoccupante. C'est à l'OPRI,
à l'IPSN, au ministère de la santé, au Parlement
que le Pr. Tsalko doit envoyer son texte mais aussi à l'UNSCEAR
pour obtenir une aide internationale en disant la vérité
sur la situation réelle, en fustigeant ceux qui mentent
lorsqu'ils disent qu'il est improbable que la population ait
à subir des effets néfastes suite à Tchernobyl
alors qu'elle les subit déjà.
Il
faut que le gouvernement du Belarus ait une position claire:
-
ou il est d'accord avec les instances telles que l'UNSCEAR et
alors il ne peut attendre aucune aide internationale quelle qu'elle
soit puisque pour ces experts il ne s'est rien passé à
Tchernobyl, hormis quelques enfants atteints de cancers de la
thyroïdeÖ
-
ou il dit la vérité sur les conséquences
néfastes de Tchernobyl et demande ouvertement l'aide internationale.
Mais il faut pour que la vérité soit reconnue qu'il
soutienne ses scientifiques qui osent encore faire face à
ce qui ressemble fort à un complot international et alors
il faut que cessent les brimades, l'arbitraire, que cesse la répression
à leur encontre, et au contraire il faut les encourager
à poursuivre leurs travaux.
Nous
voulons espérer que, comme dans tout État de droit,
la société civile puisse avoir la liberté
d'entretenir une collaboration directe avec ces chercheurs et
puisse soutenir financièrement les travaux qui ont une
portée bien en dehors des frontières du Belarus,
car personne n'est à l'abri d'un accident nucléaire
dans son propre pays.
Gazette Nucléaire n°187/188 janvier 2001