Le Monde, 14/7/90:
A la fin des années quarante, une usine américaine de fabrication de plutonium (Hanford, état de Washington) a libéré dans la nature, notamment sous forme d'iode, des produits radioactifs. Les habitants s'en doutaient depuis longtemps, mais les chiffres publiés surprennent par leur énormité. Selon l'étude réalisée par un groupe de scientifiques, 13 500 personnes habitant dans les districts situés sous le vent de l'usine, répartis sur les Etats de Washington et de l'Oregon, ont pu recevoir des doses supérieures à 33 rads (les normes sanitaires fixent 1 rad par an pour les personnes travaillant dans une centrale nucléaire et à 5 rads par an pour celles employées dans les usines atomiques).
Les quantités absorbées par les nourrissons ont été plus élevées que pour les adultes, du fait de la concentration dans le lait des vaches.
Selon l'étude, un petit groupe d'une douzaine de nourrissons auraient ainsi reçu pas moins de 2 900 rads (à peu près deux fois ce qu'ont reçu les habitants des environs de la centrale ukrainienne de Tchernobyl), tandis que 1200 autres auraient reçu des doses comprises entre 15 et 650 rads [il s'agit de dose à la thyroïde]. L'étude ne donne pas de chiffres sur l'ampleur des pathologies induites.
Ce n'est pas la première fois qu'on peut constater aux Etats-Unis une indifférence stupéfiante aux risques nucléaires encourus par les populations. C'est ainsi que les indiens Navajos (et les Blancs) employés à l'extraction d'uranium dans le Nouveau Mexique l'ont fait dans des conditions extrêmement dangereuses.
L'affaire de Hanford est particulièrement choquante, d'abord parce que le taux des radiations émises atteint des valeurs qu'aucun autre site nucléaire américain n'a connu, pas même les réglons situées sous le vent des polygones d'essais atomiques. "Ensuite, et surtout, parce qu'une partie importante des substances radioactives présentes dans l'environnement a été libérée volontairement à partir de l'usine de production de plutonium, pour tester des instruments de détection..."
Jan Krauze
(L'"lnternational Herald Tribune"
du 14/7/90 publie un article sur le sujet on y apprend que la populations soumise aux rejets radioactifs
aux alentours de Hanford constitue 10 % de la population des dix
comtés concernés. L'étude
publiée ne constitue que la première partie d'une
analyse qui s'est étendue sur cinq ans. Elle a été
financée par le Department of Energy. Elle montre clairement
que des centaines de milliers d'habitants de l'est de l'état
de Washington, de l'Oregon et de l'Idaho, ont été
exposés pendant un quart de siècle à de fortes
radiations, qui ont contaminé l'air, mais aussi l'eau et
les sols.
Il n'existe aucune autre population au monde qui ait été
soumise pendant si longtemps à de telles doses [sauf en
ex-URSS].
Le gouvernement américain
a secrètement autorise entre fin 1944 et décembre
1947 le relâché de 400 000 curies d'iode radioactif
dans cette région. C'est 26 000 fois ce que l'accident
de Three Mile Island a dégagé. Un nombre indéterminé
d'enfants a reçu jusqu'à 2 900 rads sur la
thyroïde.
Le groupe d'étude a déclaré que les dégagements
radioactifs avaient à peu près cessé et qu'il
n'y avait plus de danger de ce côte pour les habitants)
Extrait de Science & Vie n°430, juillet 1953. Voir la vidéo sur les poissons et les moutons...
Voir en France: Bruyeres-le-Chatel ou la fuite volontaire