Eau-Industrie-Nuisances, 18/1/2008:
L'Afsset vient d'émettre un nouvel avis enjoignant à EDF de poursuivre ses efforts pour limiter les colonisations en légionelles de ses tours aéroréfrigérantes au niveau le plus bas possible.
La légionellose, appelée aussi «maladie du légionnaire», est une infection pulmonaire due à la bactérie Legionella. Cette maladie relativement rare mais sévère est soumise à déclaration obligatoire. En France, 1.443 cas ont été déclarés à l'Institut de veille sanitaire en 2006.
La bactérie Legionella est présente
naturellement dans les eaux douces et peut proliférer dans
les sites hydriques artificiels lorsque les conditions de son
développement sont réunies, particulièrement
entre 25 et 45°C : réseaux d'eau chaude, tours aéroréfrigérantes,
bains à remous, balnéothérapies, humidificateurs,
fontaines décoratives. Cette contamination se fait par
voie respiratoire, par inhalation d'eau contaminée diffusée
en aérosol.
L'une des actions prioritaires du Plan National Santé Environnement
2004-2008 visait le renforcement de la prévention des légionelloses
avec un objectif de réduction de 50% du nombre de cas annuels
d'ici 2008. Pour y parvenir, la réglementation concernant
les tours aéroréfrigérantes a été,
depuis le décret du 1er décembre 2004, considérablement
renforcée.
Problème : cette réglementation ne concerne pas
les tours aéroréfrigérantes
exploitées par EDF pour lesquelles la réglementation
autorise des concertations en légionelles 500 fois supérieures
aux exigences des tours exploitées par les ICPE !
Or, sur l'ensemble de son parc, EDF exploite 11 centres nucléaires
de production d'électricité (CNPE) qui sont équipés
de tours aéroréfrigérantes. Les circuits
de refroidissement de ces tours aéroréfrigérantes
sont alimentés par l'eau brute de rivières situées
à proximité des centres. Et bien qu'aucun cas de
légionellose déclaré n'ait à ce jour
été lié aux CNPE, elles constituent des sources
potentielles d'exposition des populations aux légionelles.
Consciente de cette anomalie, l'Afsset s'est saisie du dossier
et a émis en juin 2006, un
premier avis qui soulignait la nécessité de mettre
en cohérence les seuils de référence des
tours des centres nucléaires avec ceux du référentiel
réglementaire des installations classées pour la
protection de l'environnement.
La deuxième partie de l'étude menée par l'Afsset
portait sur la pertinence, l'efficacité et l'impact sanitaire
et environnemental des traitements mis en oeuvre pour maîtriser
les niveaux de Legionella dans les installations d'EDF. C'est
sur ces points que l'agence vient d'émettre un nouvel avis
indiquant que le plan d'EDF présenté en avril 2007
« comporte des améliorations importantes par rapport
au plan de gestion 2006 mais que des efforts supplémentaires
doivent être réalisés, notamment sur les paramètres
et leurs seuils déclenchant le renforcement du plan d'échantillonnage
ou la mise en place de traitements préventifs ou correctifs
».
L'agence recommande notamment de renforcer les plans de surveillance
en augmentant la fréquence des mesures analytiques, de
rendre plus cohérent le suivi des paramètres analytiques
et d'améliorer le contrôle qualité des prélèvement.
Elle considère par ailleurs que les traitement actuels
« semblent utiles mais doivent être améliorés
».
« En effet, ils ne sont pas suffisants pour maintenir et
garantir l'absence de prolifération des légionelles
dans les circuits, indispensable à une maîtrise du
risque légionelles au niveau des circuits de refroidissement
des CNPE » peut-on lire dans le rapport.
Sur la base de l'avis de l'Afsset, l'Autorité de Sureté
Nucléaire (ASN) a demandé à EDF par lettre
du 15 janvier 2008 de poursuive toutes les démarches permettant
de limiter les colonisations en légionelles au niveau le
plus bas raisonnablement possible, en particulier pour les tours
des centrales nucléaires ne faisant pas l'objet à
ce jour de traitement biocide.
En parallèle, l'ASN indique poursuivre ses réflexions
sur l'évolution de l'encadrement réglementaire.
Sud-Ouest, 13/11/2007:
BLAYAIS. - Les analyses d'un laboratoire bordelais confirment la contamination par des légionelles d'un circuit d'eau chaude
L'alerte à la légionelle n'était pas une fausse alerte (voir notre édition de samedi). En effet, les analyses confiées vendredi dernier à un laboratoire bordelais ont confirmé qu'un foyer de légionelles avait élu domicile dans plusieurs points de distribution d'eau chaude sanitaire et en particulier dans le réseau alimentant les douches du personnel. Les analyses des échantillons prélevés sur 40 points de contrôle ont en effet démontré qu'au moins cinq de ces points présentaient un taux de présence et de concentration bactérienne supérieur à la norme, aux règlements sanitaires. Une norme qui fixe à 1 000 UFC (unité formant colonie) le seuil au-delà duquel il devient nécessaire de prendre des mesures. « Selon les cas et les points de contrôle, les taux relevés varient de 1 000 à 170 000 », précisait-on à la direction du CNPE du Blayais, à Braud-et-Saint-Louis, hier soir. « Nous avons, en conséquence, décidé d'appliquer les mesures préconisées en pareil cas : à savoir pratiquer un choc thermique à plus de 70 degrés Celsius, et appliquer une chloration sur l'ensemble du réseau de distribution pendant 24 heures. Après quoi, de nouvelles analyses seront pratiquées pour vérifier que la situation est redevenue normale. » Qualifiée de relativement banale, cette infestation du réseau d'eau chaude par des légionelles a pu être découverte grâce aux contrôles périodiques pratiqués volontairement dans cet environnement très surveillé. Le dernier datant de quelques jours, suivait le précédent pratiqué lui en décembre 2006. Entre-temps, aucun cas de légionellose n'a été signalé. Mais l'ensemble des personnels a été informé et sensibilisé au problème. Et la direction a fait savoir que les quatre médecins du site se tenaient à la disposition des salariés souhaitant obtenir de plus amples informations auprès du service santé au travail.
La Nouvelle République du Centre-Ouest, 20 juillet 2006:
Le réseau Sortir du nucléaire
a annoncé avoir déposé mardi un référé
devant le tribunal administratif d'Orléans pour obtenir
des documents sur les concentrations de légionelles dans
les circuits de refroidissement de la centrale nucléaire
de Chinon (Indre-et-Loire).
« Les tours de refroidissement de cette centrale sont
les plus dangereuses en raison de leur hauteur » limitée
à 28 mètres, a dénoncé Sortir du nucléaire
qui poursuit EDF, l'État, représenté par
le préfet d'Indre-et-Loire et la direction de la recherche
de l'industrie et de l'environnement de la région Centre.
« Ces tours émettent des légionelles qui
peuvent être mortelles par inhalation. Les risques sont
démultipliés en période de canicule »,
précise Sortir du nucléaire.
Les antinucléaires dénoncent par ailleurs «
les graves difficultés rencontrées par le parc nucléaire
français en période de canicule : 44 réacteurs
sur 58 sont situés en bord de rivière. Quant aux
14 réacteurs de bord de mer, EDF les fait fonctionner à
flux tendu, aggravant encore le risque d'accident »
Journal de l'environnement, 20/7/2006:
Le réseau Sortir du nucléaire
a déposé mardi 18 juillet un référé
devant le tribunal administratif d'Orléans pour obtenir
des documents sur les concentrations de légionelles dans
les circuits de refroidissement de la centrale nucléaire
de Chinon (Indre-et-Loire).
Cette procédure vient à la suite du récent
rapport de l'Agence française de sécurité
sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) qui soulevait
des incertitudes quant à la gestion par EDF du risque de
prolifération de legionella dans l'eau des tours réfrigérantes
de ses centrales nucléaires (1).
Selon Sortir du nucléaire, la centrale de Chinon est la
plus susceptible de présenter un risque du fait de la hauteur
réduite de ses tours. Par ailleurs, cette procédure
contre EDF, l'Etat -représenté par le préfet
d'Indre-et-Loire- et la Direction de la recherche de l'industrie
et de l'environnement (Drire) de la région Centre devrait
permettre à l'association d'avoir accès à
des informations importantes pour documenter le dossier.
En ces temps de canicule, l'affaire prend une dimension particulière
alors que l'Afsset relevait dans son rapport que, «pendant
la canicule de 2003, EDF a observé dans l'ensemble de ses
centrales une augmentation notable de la concentration des legionella
dans l'eau en amont, dans le bassin froid et dans l'eau du rejet».
Les anti-nucléaires soulignent que 44 réacteurs
sur 58 sont situés en bord de rivière. Pour Stéphane
Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire,
il est vraisemblable de voir augmenter brutalement les concentrations
de legionella en ces temps de fortes chaleurs.
Le Républicain Lorrain, 12/7/2006:
Les légionelles prolifèrent dans les tours de refroidissement des centrales nucléaires. L'association Sortir du nucléaire appelle les riverains à saisir la justice. Un phénomène connu, contrôlé et contenu répond Cattenom.
Le problème ne date pas d'hier et l'étude que l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) vient de rendre publique a demandé près de deux ans de travail à ses experts. Et ça n'est pas fini. L'Afsset poursuit son expertise et demande à EDF d'approfondir certaines analyses.
En attendant, Sortir du nucléaire, brandit l'étendard de la victoire: "Le rapport de l'Afsset confirme les accusations portées depuis un an par le réseau, estime-t-elle dans un communiqué. EDF est incapable de justifier les concentrations de légionelles autorisées dans ses tours de refroidissement". Pour cela, le réseau appelle les riverains des onze centrales nucléaires concernées - dont Cattenom - à saisir la justice au regard du danger potentiel.
Cinq millions d'unités formant colonie (UFC) par litre, le chiffre paraît démesuré comparé aux 1000 UFC/litre autorisés dans les tours des autres industries. Car, si la bactérie legionella est inoffensive dans l'eau, elle devient potentiellement dangereuse lorsqu'elle est inhalée. Et nous revoilà avec les vapeurs d'eau recrachées par les quatre tours de Cattenom!
"Mais les concentrations enregistrées dans les tours sont mesurées dans ses bassins d'eau, précise Guillaume Wack de la direction de la sûreté nucléaire et radioprotection. Lorsqu'elles s'évaporent, on ne sait pas mesurer les taux. A terre, on ne connaît pas la dispersion dans l'environnement." Ce qui n'empêche pas l'Afsset de demander à EDF de revoir sa copie, d'envisager des taux plus bas et de trouver des solutions innovantes pour éliminer les légionelles à leur source.
"A Cattenom, on travaille dans ce sens depuis des années", poursuit Guillaume Wack. Philippe Gaestel, directeur de la centrale, explique que les circuits des douches, ventilations et tours réfrigérantes sont tout particulièrement surveillés. "Limiter la légionelle, c'est aussi s'attaquer au tartre et chercher de nouveaux traitements". Car la chloration massive n'est pas satisfaisante avec ses rejets d'eau nocifs pour l'environnement. "On travaille sur la monochloramine. Mais ça ne sera pas au point avant 2008", poursuit le directeur.
En tout état de cause, des mesures sont
prises tous les mois, et tous les six mois des recherches de souches
sont effectuées. Ainsi, si un cas de légionellose
était déclaré, "on saurait si elle vient
de Cattenom ou pas", assure Guillaume Wack. "Or, jusqu'à
présent aucun cas groupé - à partir de deux
- de légionelle n'a été répertorié
autour des onze centrales incriminées." Cattenom a
participé à une étude épidémiologique
pour son personnel et "rien n'a jamais été
trouvé", précise encore Philippe Gaestel.
Le Monde, 6/7/2006:
ATOME - APRÈS UN RAPPORT DE L'AFSSET
L'ASSOCIATION Sortir du nucléaire a appelé, mardi 4 juillet, les riverains de plusieurs centrales nucléaires à saisir la justice, estimant que ces installations présentent un risque sanitaire lié à des émissions de légionelles. L'organisation dit fonder son action sur un récent rapport (Le Monde du 23 juin) de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) invitant EDF à revoir sa politique de contrôle des bactéries présentes dans les tours aéroréfrigérantes de ses centrales.
Sortir du nucléaire met aussi en cause les autorités qui ont exclu les centrales nucléaires d'EDF de la réglementation commune. Les seuils au-delà desquels un réacteur serait arrêté sont 5 à 50 fois plus élevés que pour les autres installations industrielles - dont les usines thermiques d'EDF. "Ce régime dérogatoire tient compte du fait que la hauteur des tours aéroréfrigérantes d'EDF favorise la dilution des légionelles", indique-t-on à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Cet argument n'a pas convaincu l'Afsset, dont les conclusions ont conduit l'ASN à demander à EDF, dans un courrier en date du 16 juin, d' "approfondir son analyse" sur ce point. Mais aussi de renforcer la surveillance des centrales, d'étudier les moyens de lutte contre les légionelles et d'exploiter les études épidémiologiques. Alain Schmitt, directeur adjoint de l'ASN, précise cependant qu' "aucun épisode de cas groupés de légionellose n'a été observé près des centrales", et qu' "aucune concordance entre les souches des centrales et celles prélevées sur des malades n'a été constatée".
Les efforts d'EDF visant à réduire les concentrations de légionelles dans ses installations sont également montrés du doigt par Sortir du nucléaire. Sur la foi de documents administratifs de la préfecture d'Indre-et-Loire, l'association dénonce ainsi la présence de nitrites et de nitrates issus des traitements mis en oeuvre - généralement à base de chlore -, "jusqu'à 7 km en aval" de la centrale de Chinon par exemple.
Cet aspect fait l'objet d'une nouvelle expertise de l'Afsset, qui devrait être rendue publique dans les prochains mois. Un pré-traitement de l'eau puisée dans les rivières pour refroidir les réacteurs "est la solution qui s'esquisse, avance Bernard Tribollet (CNRS), expert sollicité par l'Affset, mais c'est très onéreux".
Stéphane Foucart et Hervé Morin
Lire: Légionelles dans les tours de refroidissement des centrales
Libération, 6/7/2006:
Le Réseau Sortir du nucléaire appelle les riverains de 11 centrales nucléaires à saisir la justice, estimant que ces installations présentent un risque du fait des émissions de légionelle. "Le rapport du 21 juin de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET) confirme les accusations portées depuis un an par le Réseau" indique l'organisation écologiste. L'Afsset a souligné "la nécessité d'un renforcement des plans de surveillance des concentrations de légionelle pour les installations d'EDF, ainsi que l'approfondissement des études relatives aux cas sporadiques de légionellose situés à proximité des installations concernées". Selon "Sortir du nucléaire", ces "concentrations 5000 fois supérieures à la réglementation applicable autour des autres industrie" mettent en danger les riverains.