Extrait conférence de presse de la CRIIRAD, mardi 25 avril 2006, salle de l'AGECA à Paris:
(Complément
à l'article « Retour sur la gestion en France de la crise ouverte
par Tchernobyl » publié dans la Gazette
Nucléaire 207/208, juillet 2003, relatant mon témoignage
au procès Pierre Pellerin contre Hélène Crié-Michèle
Rivasi, 3 novembre 1999).
21h52, 28 avril 1986, la 1ère
dépêche AFP
« FRA
/ AFP-5B i i
URSS-Nucléaire
France :
pas de radioactivité particulière mesurée.
PARIS,
28 avr (AFP) - Aucune radioactivité particulière
n'avait été mesurée lundi soir au-dessus
de la région parisienne par le service central de protection
contre les rayonnements ionisants (SCPRI), a déclaré
une source autorisée du service.
Souhaitant
garder une certaine réserve de prudence face aux événements
actuels, un représentant du service a toutefois indiqué
lundi soir à l'AFP qu'une élévation de radioactivité,
comme celle constatée sur la Scandinavie pouvait avoir
des origines diverses et que la Baltique, lieu d'un accident nucléaire
sur une centrale soviétique est tout de même éloignée
de la Scandinavie, et le régime des vents défavorables.
Selon
une autre source, le remplacement du combustible du coeur d'un
réacteur nucléaire, ou un incident nucléaire
sur une base militaire peut provoquer une élévation
sensible de la radio-activité dans les régions voisines.
Enfin,
des observateurs notent que le régime des vents dominant
d'ouest en France rend l'arrivée de radioactivité
en provenance des Pays de l'Est difficile au-dessus de ce pays.
pai/bio
AFP
282152 AVR 86 »
-
21h54 deux
minutes plus tard l'AFP annonce l'accident
« PARIS,
28 avr (AFP) - La centrale nucléaire soviétique
de Tchernobyl, près de Kiev, où s'est produit un
accident qui a fait des victimes, selon l'agence TASS, (...). »
Interview
du Pr. Pierre Pellerin par Philippe Chrétien (France Inter) redonnée le
samedi 22 mai 1999 au cours de l'émission Grand Angle de France Culture consacrée à
Tchernobyl sous le titre Parcours ukrainien..
« - Pr. P. Pellerin : il n'y a pas du tout
lieu de s'inquiéter, la radioactivité en Suède
est passée par une pointe hier qui n'était pas elle-même
inquiétante, au niveau que les Suédois qui sont
chargés de mesurer ça, viennent de nous annoncer
« c'est sans aucun danger pour la santé publique »
- Philippe Chrétien : Est-ce
qu'on constate quelque chose au-dessus de la France ?
- Pr. P. Pellerin : Non parce que
les vents ne vont pas dans cette direction là, les vents
tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre actuellement,
autour d'une dépression qui est centrée sur l'Europe
et il est probable que ça n'atteindra, que les vents n'atteindront
la France que dans quelques heures ou plutôt quelques jours,
et compte tenu du fait que c'est une radioactivité qui
a été libérée au niveau du sol, au
ras du sol, c'est-à-dire 50 mètres peut-être,
il n'est pas impossible qu'il ne subsiste pas grand-chose ou presque
rien quand ça arrivera à nous par l'ouest.
(...) »
-
Ainsi pour le Pr. Pellerin les rejets de Tchernobyl ont été
libérés au ras du sol alors que suite à l'explosion
du réacteur et au graphite en feu ils sont montés
à plus de 2000 m d'altitude.
Il
n'imaginait pas qu'il puisse y avoir eu explosion du réacteur ?
-
Il s'attendait à la venue du nuage par l'ouest. En fait
le nuage est venu par 2 voies, le sud-est et l'est. En effet c'est
le 29 avril que le CEA a détecté
la radioactivité venant de Tchernobyl, dans les centres
CEA de Marcoule
(sud-est de la France ) et Verdun (Est de la France) en particulier par
la détection d'iode 131 normalement absent dans l'atmosphère.
Le
Pr. Pellerin ne savait pas que les vents peuvent tourner ?
« (...) en
ce qui concerne les populations
il y a certes un problème d'hygiène publique, mais
pas de réel danger et certainement pas plus loin que 10
à 20 km au nord de la centrale ».
(...)
Autre comparaison possible : il s'agit d'une fuite au
moins équivalente à celle du réacteur U.
K. de Windscale [en 1957] dont
la seule conséquence avait été la consommation
différée de lait. Ceci montre bien que les populations,
localement, ne courent aucun risque ». (En oubliant
que 2 à 3000 tonnes de lait contaminé en iode
131 ont été jetés à la mer, en
oubliant la présence de polonium 210 dans les rejets, parce
que Windscale était un petit réacteur 60 MWe produisant
à la fois du plutonium et de l'électricité,
en oubliant surtout que la puissance du réacteur de Tchernobyl
n'est pas 60 MWe mais 1000 MWe).
Le
Pr. Pellerin doit pourtant savoir que les rejets de Windscale
ont duré moins de 24 heures alors qu'au 29 avril 1986 à
Tchernobyl on ignore ce qui va se passer, l'accident nucléaire
n'est pas maîtrisé. Les rejets massifs dureront 10
jours (il y aura des rejets de moindre importance durant tout
le mois de mai d'après la Pravda du 20 mars 1989). Les habitants localement
ne courent aucun risque ?
En plus de l'évacuation
des 45000 habitants de Pripyat en 2 heures, le 27 avril à
14 h, 36 heures après l'explosion du réacteur, il
y aura encore une zone « fermée »
et évacuation en tout de 135 000 habitants dont des
villages biélorusses situés à 50 km du réacteur.
Alors
pour nous, à 2000 km pas de problème :
« Le
29 avril le SCPRI renforce à cette occasion les analyses
quotidiennes (air, eau, lait) sur ses 130 stations. A ce jour aucune radioactivité
anormale n'a été vue dans notre pays en France en
tout cas, compte tenu de la distance et de la décroissance
dans le temps si l'on détecte quelque chose il ne s'agit
que d'un problème purement scientifique (...)».
Quand
la France a-t-elle été touchée par la
radioactivité ? Le 29 avril pour le CEA, le 30 avril à
minuit pour le SCPRI
Comme
indiqué précédemment d'après le CEA les
premières augmentations de radioactivité imputables
à cet accident ont été décelées
dès le 29 avril dans le sud-est et l'est de la France à
Marcoule et Verdun (Laylavoix
et al, IPSN, rapport 86/03
SEAPS, 27 juin 1986 et les rapports suivants de l'IPSN) (voir
l'évolution de la concentration atmosphérique
à Verdun
- Marcoule.)
Il est rappelé que le « bruit de fond »
pour les radionucléides décelés iode 131
et 132, tellure 132 etc. est nul en temps normal, sauf pour le
césium 137 dont la concentration en certains points du
territoire peut atteindre
10-6 Bq/m3.
Le
télex SCPRI du 30 avril à 16h « toujours aucune élévation
significative de la radioactivité sur l'ensemble du territoire ».
Le
témoignage de Serge Berg, responsable de l'AFP et interlocuteur unique de P. Pellerin lors de
la crise de Tchernobyl nous renseigne sur la façon dont
la station SCPRI de Nice a été avertie dans son
interview réalisée par Colombe Schneck diffusée
dans l'émission d'« Arrêt sur image »
du 11 avril 1999 intitulée Nucléaire, un si long silence.
La commentatrice : « Le 30 avril, le communiqué
de 16 heures du Pr. Pellerin à l'agence France Presse est
laconique « Aucune élévation significative
de la radioactivité». Serge Berg, journaliste à
l'AFP est le seul lien entre le Pr. Pellerin et la presse ».
Serge Berg « Ce jour-là est effectivement
le jour clé qui fera dire que Pellerin a caché la
vérité, qu'il n'a pas dit la vérité
etc. Or qu'est-ce qui s'est passé le 30 avril ? Il
y a un événement majeur c'est que le bureau de Nice
m'avertit vers 17h, quelque chose de ce genre, 17h30, ″on
vient d'avoir un coup de téléphone de notre correspondant
à Monaco qui nous annonce qu'il y a un communiqué
qui va sortir, il y a un chercheur qui a prélevé
une certaine radioactivité dans la région et on
dit dans une heure je vais passer le communiqué″.
OK, parfait, j'attends, je ne bouge pas et entre temps je téléphone
au Pr. Pellerin en disant, voilà ce que je viens d'apprendre,
on va donc avoir le communiqué. Vérifiez si vraiment
vous n'avez rien noté.
- Ah mais éventuellement, écoutez,
il y a quelque lessivage là-bas au large des côtes,
c'est un lessivage par les pluies.
- Oui mais vous vous rendez compte, ce serait
quand même embêtant parce qu'on a passé à
16 h ça. Moi je vais passer à 19 h, je ne sais pas
à quelle heure le nuage a atteint enfin la bas. Le nuage
a atteint, c'est pas Pellerin qui l'annonce, c'est Monaco un chercheur
étranger.
- Oui, écoutez je vais voir »
La commentatrice : « il faudra attendre minuit
pour que le Pr. Pellerin communique de façon tout aussi
lapidaire l'information ″Situation dans l'ensemble stationnaire.
On note cependant sur certaines stations du sud-est une légère
hausse de radioactivité non significative pour la santé
publique″. Les quotidiens ne paraissant pas le 1er
mai, l'information est publiée le 2 et passe inaperçue.
Mais pourquoi ce délai de 6 heures ? Le Pr. Pellerin
a refusé de répondre à nos questions. »
Serge Berg : « Pellerin, c'est vrai il
ne communiquait pas ses informations, mais parce qu'il estimait
qu'elles étaient dans les normes, donc comme un TGV arrive
à l'heure, on ne déclenche pas l'alerte sur l'AFP ».
La commentatrice « Le jour suivant le Pr. Pellerin
mentionne le passage du nuage radioactif, le 2 mai élévation
de la radioactivité sur le territoire, mais là encore
il insiste sur l'absence de conséquences sur la santé
publique. »
Serge Berg : « La volonté à
l'époque était en effet plutôt de rassurer.
C'est vrai. C'est exact on a cherché plutôt à
rassurer. Je ne crois pas que ça a été pour
cacher la vérité. Je crois que c'était le
premier accident dans une centrale nucléaire. C'était
en effet de la part des responsables français une sorte
d'espoir qu'il n'y ait pas de victimes, et notamment qu'il n'y
en ait pas en France.
Le 29 avril le Pr. Pellerin indique qu'il n'y
a rien au-dessus de la France, les vents ne sont pas dirigés
vers nous, ils « tournent dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre autour d'une dépression centrée
sur l'Europe » (interview
de France-Inter).
Pour l'opinion publique, ce qui est fondateur de
la croyance absolue selon laquelle le Pr. Pellerin aurait dit
que le nuage s'est arrêté aux frontières,
c'est la diffusion visuelle (télévision et presse)
des cartes de l'évolution météo du 29 avril
au 1er mai avec le déplacement de l'anticyclone
des Açores et la position du nuage radioactif en Europe.
Ainsi, le 30 avril la télévision (Antenne 2) en
présentant le régime des vents en France avec leur
rotation contraire à celle des vents en Allemagne met un
signe « stop » sur notre
frontière. Voilà qui est net.
Mais ce sont les cartes publiées par Libération le vendredi 2 mai
qui sont spectaculaires : sur la carte du 29 avril on voit
en gris le nuage arrivant sur nous par l'est de l'Europe, qui
stationne à nos frontières en arc de cercle parfait,
nuage qui, sur la carte du 1er mai est repoussé
par une grosse flèche noire en sens inverse venant de l'ouest
figurant le déplacement de l'anticyclone. Il y a bien une
traînée sur la Corse et légère sur
le sud-est le 1er mai mais tout suggère qu'il
n'y a rien eu sur le reste de la France entre le 29 avril et le
1er mai et que le nuage est dès lors repoussé
vers l'est.
Ces cartes sont mensongères,
le 29 avril il y a déjà sur la France de la radioactivité
venant de Tchernobyl (d'après le CEA) et la France aurait
dû être en gris le 1er mai d'après
les informations du SCPRI même. Aucune indication n'a été
fournie sur l'origine de ces cartes ni sur les mesures d'activité
ayant permis d'établir les limites du nuage radioactif.
Même
si le SCPRI n'admettait pas les données du CEA du 29 avril,
il a lui-même indiqué le 30 avril à minuit
une légère augmentation de la radioactivité
dans le sud-est, non significative pour la santé publique.
Et le 1er mai à minuit « tendance
pour l'ensemble des stations du territoire à un alignement
de la radioactivité atmosphérique sur le niveau
relevé le 30 avril sur le sud-est (...) sans aucune
incidence sur l'hygiène publique ».
Ainsi
dans Libération du vendredi 2 mai
on peut lire à la page 4, première colonne,
« la France doit une fière chandelle
à l'anticyclone des Açores » et plus
loin « Pierre Pellerin a annoncé hier que
l'augmentation de la radioactivité était enregistrée
sur l'ensemble du territoire, sans aucun danger pour la santé.
Un avion d'Air France a relevé des traces radioactives
à 20 km au nord de Montélimar hier à 13h15.
Mais ″ la légère hausse de la radioactivité
décelée dans le sud-est n'est pas significative″.
Pas de panique donc ».
J'ai
relu le Libération
du vendredi 2 mai : les cartes agressent l'il avec ce grisé
mortifère en arc de cercle, hors de chez nous, alors que
j'ai eu du mal à trouver les textes que j'ai cités
plus haut.
Or ces cartes ont
bel et bien été avalisées par le SCPRI puisque
ces cartes seront redonnées sous sigle SCPRI dans un communiqué
du 2 juin sous le titre : « EVOLUTION METEOROLOGIQUE DU 29 AVRIL AU 5 MAI
1986 ». (Voir les cartes de Libération du
2 mai 1986 et du SCPRI du 2 juin )
Question :
pourquoi le SCPRI a-t-il fourni des cartes mensongères qui
ont amoindri, voire annulé, l'impact des textes donnés
en même temps indiquant que oui, il y avait de la radioactivité
sur la France le 1er mai ? Pourquoi les redonner
le 2 juin avec un texte sur l'évolution météorologique
du 29 avril au 5 mai avec l'évolution de la contamination
sur la France qui les contredit ?
Le
système de surveillance mis en place par le Pr. Pellerin ne
permettait pas de suivi en temps réel.
Lors
de mon témoignage au cours du procès le 3 novembre
1999 de Pierre Pellerin contre Michèle Rivasi et Hélène
Crié accusées de diffamation [1], le Pr. Pellerin
a réagi violemment deux fois :
-
la première lorsque j'ai dit que le CEA avait détecté
la radioactivité dès le 29 avril, et comme je présentais
les courbes de concentration atmosphérique à la
présidente du jury il s'est précipité vers
la table ainsi que son avocat et, au vu des relevés des
centres CEA de Marcoule et Verdun où l'activité
atmosphérique comprend en particulier des radioéléments
absents normalement tels que iode 131, 132, tellure 132, etc.
dont l'évolution est suivie par spectrométrie dès
le 29 avril, il s'est écrié « ils
se sont trompés ». (Voir
les figures de Marcoule et Verdun). Il ne se fie qu'à ses propres
stations ?
[Pourtant
le rapport de l'Institut de Protection et sûreté
Nucléaire IPSN
2/86 (révision 3), précise « Tout
au long du déroulement de l'accident, nous avons échangé
les résultats des mesures pratiquées au CEA avec
Monsieur le Professeur Pellerin, Directeur du SCPRI qui nous a
fourni les données permettant de valider nos modèles
et nous tenons à l'en remercier »].
-
La deuxième fois, lorsque après avoir indiqué
que selon le Pr. Pellerin les synthèses qu'il a fournies
dans un premier temps ne contenaient pas de données chiffrées
car il a préféré donner des conclusions pratiques
indiquant que la situation ne nécessitait pas de protection
particulière, il a ainsi laissé croire qu'il disposait
d'informations en temps réel.
Et
là se passe un accrochage avec le Pr. Pellerin lorsque
je dis : En effet les bulletins mensuels du SCPRI indiquent
explicitement qu'en ce qui concerne le système qu'il a
mis en place de surveillance quotidienne du territoire par la
mesure de l'activité bêta totale des poussières
atmosphériques au niveau du sol où « les mesures sont effectuées 5 jours après
la fin des prélèvements » ce qui ne permettait
pas de suivre l'évolution de la radioactivité en
temps réel. A l'exception du Vésinet toutes les
stations SCPRI étaient des stations de prélèvement.
Qui dit prélèvement dit analyse après, mais
analyses faites au Vésinet, d'où le délai.
En ne révélant pas ce détail - qu'il connaissait
bien puisque c'est lui qui avait conçu l'ensemble
de ce système le Pr. Pellerin a menti.
Le
Pr. Pellerin réagit violemment en indiquant qu'existent
17 stations de mesure en temps réel dans des
aéroports équipés d'appareils de mesure
avec des filtres déroulants qui permettent de mesurer
l'activité bêta totale, que si ça dépassait
une certaine valeur un bout de filtre était découpé
pour être analysé. [Là j'ai été
surprise car je n'ai pas repéré ces stations dans
les bulletins SCPRI]
-
Mais ces filtres sont analysés où ? au Vésinet ?
Il
a admis, du bout des lèvres, mais il l'a admis, qu'il y
avait le délai d'acheminement au Vésinet pour faire
la mesure.
Dans
l'article du Pr. Galle [3] il y a effectivement des appareils
à filtres déroulants qui sont cités mais
dans 5 sites seulement. En plus
du Vésinet 4 sites dans des stations météorologiques
d'aéroports, Nice, Cherbourg, Tours, Lille. D'après
P. Galle c'est l'aéroport de Nice qui téléphone
au Vésinet à 18 h le 30 avril pour
signaler l'élévation de radioactivité. Apparemment
quand le Pr. Galle indique que 1 h après Monaco, Nice signale
l'augmentation de l'activité atmosphérique il
ignore la façon dont Serge Berg a informé le Pr.
Pellerin...
Le
Pr. Galle ignore également les mesures faites par le CEA
qui a détecté la radioactivité le 29 avril.
Question :
est-ce que ces 5 sites sont suffisants pour couvrir toute la France !
Un
témoignage d'un agent du SCPRI recueilli par Jean-Philippe
Desbordes [4] à propos de ces appareils de prélèvement
(dont 5 seulement étaient en état de marche, mais
outre Le Vésinet ce sont ceux de Lille, Tours, Bourges
et Nice) :
« (...) A noter que le 1er
mai 1986 à 15 heures nous n'avions aucune mesure objective
de l'événement [de Tchernobyl]. J'ai téléphoné
au chef de station de Nice de glisser dans la poche d'un steward
d'Air Inter le prélèvement du 30 avril au 1er
mai. Le filtre a été récupéré
directement en cabine à l'arrivée de l'avion
à Orly. A 18 heures nous avons constaté la présence
notamment d'iode 131 et de césium 137.
L'accident avait montré la nécessité
de revoir le réseau de détection (...)».
[souligné par moi]
-
Lorsque les mesures du mois d'avril 1986 de la contamination atmosphérique des
poussières effectuées 5 jours après le prélèvement
(ce délai tient compte de la décroissance de la
teneur en descendants solides radioactifs du radon toujours présent
dans l'atmosphère et du délai d'acheminement des
prélèvements au Vésinet) seront données
dans le bulletin SCPRI d'avril 1986 paru beaucoup plus tard, R.
Belbéoch constate que fin avril l'activité atmosphérique
de certains sites avait été multipliée par
un facteur 100 à 1000 par rapport à l'activité
maximale quotidienne relevée entre le 1er et
le 22 avril. C'est le cas de 17 stations dont l'activité
est supérieure à 0,1 Bq/m3 (le seuil de mesure est
0,001 Bq/m3), non seulement Nice, mais Cadarache, 7 sites de la
vallée du Rhône entre Montfaucon et Cruas, puis St
Alban, Le Bugey, Creys-Malville, Prévessin (près
du lac de Genève), Méaudre (près de Grenoble),
Lodève, Bellenaves (au nord de Clermont-Ferrand), Fessenheim
en Alsace. Non seulement l'est et le sud-est sont concernés
mais il y a aussi l'Hérault et le département de
la Loire. (Voir la carte de contamination atmosphérique).
Deux sites ont une activité bêta totale dépassant
4 Bq/m3, Nice et Prévessin.
La
carte du 30 avril montre une petite bande bordant la frontière
italienne avec une activité de l'air entre 0,4 et 8 Bq/m3.
Or si cette bande contient Nice (4 Bq/m3) et Prévessin
(4,8 Bq/m3) elle ignore 4 sites nucléaires de la vallée
du Rhône à plus de 0,4 Bq/m3 (et Fessenheim, Bellenaves
dépassent 0,3 Bq/m3).
[Voir l'animation sur la progression du nuage de
Tchernobyl du 27 avril au 9 mai réalisée... bien
plus tard par l'IRSN]
Absence
de réseau de mesures des débits de doses. Aucune
mesure de débit de dose venant de France lors de la réunion
de l'OMS à Copenhague (rapport du 6 mai 1986, CHERNOBYL REACTOR ACCIDENT. REPORT OF A CONSULTATION. PROVISIONAL).
Deux
experts français assistent à cette réunion
de l'OMS, le Dr. Nénot du CEA et le Pr. Chanteur, du SCPRI
représentant le Pr. Pellerin.
Sur
la carte des débits de dose relevés en Europe dès
le début de la crise on trouve pour la France le mot « low »
(faible). Aucune donnée numérique alors que les
autres pays indiquent une fourchette de valeurs de l'élévation
du débit de dose en microrads par heure par rapport au
rayonnement naturel. Par exemple le Royaume-Uni donne une fourchette
d'élévation 1 - 50, la Hongrie 24 - 43 etc.
Le
rapport OMS indique (p.22) « Quelques pays ont indiqué qu'aucune contamination n'a été
trouvée ou seulement insignifiante, e.g. Islande, France,
Portugal et Espagne - pays où aucune contamination significative
ne serait attendue sur la base des informations météorologiques ».
A
signaler qu'une seule valeur sera connue du public le 2 mai et
redonnée le 4 mai : « 60 microrad/heure
enregistrée dans le sud-est alors que le débit de
dose moyen en France est de 15 microrads ».
Admirons
la précision : « le sud-est »
et soulignons l'absurdité de la comparaison avec le débit
de dose moyen en France. Ce qui est important c'est la variation
en un même lieu, avec le département faute de mieux.
S'il s'agit de Nice, le débit de dose en temps normal n'est
pas de 15 microrad/h mais de 8,3 pour le département des
Alpes Maritimes, une élévation de plus de 50 microrad/h.
Le
Pr. Pellerin n'avait pas institué de réseau de mesures
de débits de dose pour surveiller la radioactivité
du territoire. C'est une preuve d'incompétence.
Alors
que la radioactivité a atteint la Corse dès le 29
avril pour le CEA et sûrement le 1er mai d'après
les cartes SCPRI il n'y aura aucune donnée sur la Corse
dans le bulletin SCPRI du mois de mai 1986. Ni analyses sur les
avions reliant la Corse et le continent, ni mesures de lait, rien.
Pas de valeur pour le lait en Corse sur la carte des laits du
7 mai
J'ai
demandé publiquement, au nom du GSIEN, la démission
du Pr. Pellerin le 15 mai 1987 à Créteil* :
« Dans un bulletin en date du 2
juin 1986, le Pr. Pellerin a publié 2 cartes relatives
à « l'évolution météorologique
du 29 avril au 5 mai 1986 ». Sur la carte du 1er
mai 1986 la queue du nuage radioactif a dépassé
la Corse qui a donc été sous le nuage fin avril-début
mai. De deux choses l'une: ou le Pr. Pellerin avait connaissance
de l'évolution météorologique dès
le 1er mai et n'a pas jugé utile de prendre
des mesures sanitaires analogues à celles des pays voisins
en particulier l'Italie, ni de mettre en place un système
de surveillance en Corse, ou le Pr. Pellerin n'avait pas connaissance
au 1er mai de cette évolution. Dans les deux
cas il y a incompétence.
Bien que la radioactivité ait été
détectée en Corse à Ajaccio avant le 1er
mai, les premières mesures de contamination relatives au
lait en Corse, rapportées dans les Tableaux mensuels de
mesures de juin du spécial Tchernobyl 1ère
partie publié plus tard, ont été effectuées
le 12 mai 1986 sur du lait de brebis et donnaient 4400 Bq/litre
en iode 131, 160
Bq/l en césium 134 et 410 en Cs137. Ces mesures ont été
faites en « Haute Corse » sans autre
précision. D'après une lettre adressée par M. Cogné,
Directeur de l'Institut de Protection et Sûreté Nucléaire
le 8/12/86 au Dr Denis Fauconnier à Costa, Corse, la
concentration initiale début mai en iode 131 aurait été
de 15 000 Bq/l. Rappelons que les Recommandations de la Commission des Communautés
européennes aux états membres étaient
pour le lait et les produits laitiers respectivement de 500 Bq/l,
250 et 125 Bq/l les 6 mai, 16 mai et 26 mai. Dans son communiqué
du 5 mai 1986 le Pr Pellerin fixait sa limite en iode 131 « pour
différer la distribution de lait frais à 100 000
picocuries /litre »
soit 3700 Bq/l. Cette limite a largement été dépassée
en Corse. Aucune consigne n'a été donnée
aux femmes enceintes et aux jeunes enfants de ne pas boire de
lait frais, ne pas manger de fromage frais. En Corse le mois de
mai est la période de l'année où se prépare
le fromage frais. En un seul jour un enfant corse a pu ingérer
la moitié de la limite d'incorporation d'iode 131 d'un
adulte et près de cinq fois la limite admissible pour les
enfants de 1 an en République Fédérale Allemande
et en Grande-Bretagne.
Après les résultats des 12 et
13 mai montrant une contamination très élevée
du lait, aucun suivi particulier n'a été effectué
en Corse.
Signalons que les Corses n'ont appris qu'au
mois de septembre que leurs enfants avaient bu du lait très
contaminé.
Les
niveaux de contamination en iode 131 des laits au 7 mai,
donnés à la télévision le 10 mai par
le Pr.Pellerin. Des lacunes et/ou des mensonges ?
- Le délai entre la date de prélèvement et la mesure n'est pas précisé.
- Des valeurs ont été
données pour les laits de vache de toutes les régions
(sauf la Corse). Il y avait une valeur pour la région PACA.
Or, sur le bulletin de mai-juin du SCPRI publié plus tard
où figurent les résultats pour la 1ère
semaine de mai, la région PACA et la Corse se distinguent
de toutes les autres régions françaises par l'indication
: prélèvements non parvenus ! D'après
le SCPRI c'est le sud-est, et la Corse d'après les cartes
météo, qui ont été touchés
en premier et il n'y a pas eu de résultats d'analyse !
A quoi correspondait donc la valeur indiquée sur la carte
présentée à la télé le 10 mai pour
la région PACA ? Cette contradiction est pour le moins
étonnante.
- Les chiffres donnés
le 10 mai correspondaient à 110 laits de coopérative
pour toute la France. Chaque lait de coopérative
correspond à un mélange de laits. Pour chaque région
un seul chiffre, la contamination moyenne en iode 131. Moyennés
sur combien de laits de coopératives avec quels niveaux
de contamination chacun ? On ignorera à quelle proportion
de la consommation par région correspondent ces laits.
Dans une même région il peut y avoir des zones touchées
par la radioactivité et des zones épargnées.
Pour les consommateurs de lait, qu'ils boivent du lait de coopérative
ou du lait local, la moyenne n'a strictement aucun intérêt,
ce qui compte c'est le lait qu'ils boivent, eux.
- Dans ce même
bulletin de mai-juin déjà cité, outre une
valeur moyenne de contamination du lait par région pour
la 1ère semaine de mai (et différente
de celle donnée le 10 mai) figure cette fois une valeur
maximum de contamination en iode 131. Pour la région Rhône-Alpes
elle est de 630 Bq /l et aurait dû être interdite
à la consommation si on avait appliqué en France
les normes européennes.
- C'est la valeur
de 360 Bq/l au 7 mai 1986 figurant sur cette 1ère
carte présentée à la télé le
10 mai qui sera communiquée à la Commission des
Communautés Européennes comme représentant
le maximum relevé en France. Ceci est manifestement
faux d'après des analyses de laits de vache provenant des
Vosges, Ardennes, Haute-Saône, Moselle, du site nucléaire
du Bugey figurant sur les bulletins de mai et juin du SCPRI publiés
ultérieurement et encore plus faux si l'on considère
des laits de brebis de l'Hérault (1700 Bq/l au 9 mai) et
de Haute Corse (4400Bq/l au 12 mai). Or, le Pr. Pellerin et le
Pr. Chanteur, son collaborateur, font partie du groupe d'experts
au titre de l'article 31 du traité Euratom, et ce groupe
a été chargé par la Commission des Communautés
européennes d'étudier les conséquences de
l'accident de Tchernobyl. Les renseignements qu'ils ont fournis
sont mensongers.
- Dans le 1er
bilan de synthèse publié le 8 mai le SCPRI indiquait
comme contamination en iode 131 du lait une valeur de 12 picocuries
par litre soit 440 Becquerels par litre relevée le 5 mai.
Dans un ouvrage de vulgarisation Radiobiologie, Radioprotection de la Collection Que
sais-je ?
tant prisé des lycéens et étudiants le Pr.
Maurice Tubiana et le Dr Michel Bertin affirmeront que la contamination
maximale du lait en France après Tchernobyl a été
de 400 Bq/l. On est loin des 4400 Bq/l au 12 mai en Haute-Corse
correspondant à combien de becquerels début mai ?
Il
le précise le 2 mai puis le 4 mai dans un communiqué
SCPRI à diffuser auprès des autorités sanitaires,
des médecins, des pharmaciens et du public :
« L'élévation
relative de la radioactivité relevée sur le territoire
français à la suite de cet accident est très
largement inférieure aux limites recommandées par
la CIPR et aux limites réglementaires françaises,
elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité
considérables. Il faudrait imaginer des élévations
dix mille ou cent mille fois plus importantes
pour que commencent à se poser des problèmes significatifs
d'hygiène publique ».
Remarquons
qu'à cette date on ignore pendant combien de temps vont
durer les rejets du réacteur accidenté.
Les seuls chiffres fournis par le SCPRI au 4 mai sont une valeur de contamination atmosphérique en iode 131 et un débit de dose maximum de 60 microrad par heure. 100 000 fois ce débit de dose ? Un séjour d'une vingtaine d'heures à un tel débit de dose et qui ne semble pas effrayer le Pr. Pellerin est bien au-delà de ce qui est considéré comme acceptable en radioprotection car on entre alors dans le domaine des effets biologiques des fortes doses de rayonnement (appelés effets déterministes) dont la gravité dépend des doses reçues avec des effets aigus (vomissements, maladie des rayons, brûlures, cataracte etc.) C'est plus élevé que le débit de dose relevé dans les rues de Pripyat lorsque les autorités soviétiques ont décidé l'évacuation des habitants car ils craignaient que si on les laissait sur place ils ne subissent des doses de rayonnement pouvant déclencher des effets aigus. Or, et l'OMS dans le compte-rendu du 6 mai 1986 de sa réunion d'experts tenue à Copenhague le précise à la page 25, les effets déterministes sont exclus en dehors de l'URSS :
« En
dehors d'URSS les effets biologiques à considérer
sont de nature stochastique [non déterministes] pour
lesquels on suppose qu'il n'y a pas de seuil de dose, tels que
les cancers et les effets génétiques. Dans une approche
de précaution les retards mentaux des foetus irradiés
sont aussi considérés comme basés sur une
hypothèse sans seuil.
Puis les principes de base
de la radioprotection sont rappelés. Selon l'OMS
[et la Commission Internationale de Protection Radiologique, CIPR]
il s'agit d'éviter autant que possible les effets biologiques
de faibles doses de rayonnement, « la
probabilité d'apparition de ces effets stochastiques pour
un individu donné est considérée comme étant
proportionnelle à la dose cumulée due à l'accident
aussi faible soit-elle ».
Les mesures doivent être
justifiées (ne pas créer un risque supérieur
au risque évité), optimisées : prendre
des mesures « afin de réduire les
doses d'exposition aussi bas qu'il est raisonnablement possible
par des contre-mesures dont on espère qu'elles se traduiront
par un bénéfice pour les personnes exposées ».
Ceci veut dire que de très simples précautions pourraient
être conseillées même si la dose évitée
est faible.
Il y a une interprétation mensongère du rapport de l'OMS du 6 mai 1986 lorsque le Pr. Pellerin indique le 10 mai, lorsqu'il commente la carte de la radioactivité des laits français au 7 mai, « (...) il y a lieu de souligner que l'organisation mondiale de la santé et l'OCDE ont officiellement confirmé qu'il n'y avait à prendre aucune contre-mesure en Europe ». Je ne connais pas le rapport de l'OCDE par contre celui de l'OMS rappelle dans ses conclusions p. 34 :
« Toutes
les mesures nécessaires de contrôle effectuées
loin du lieu de l'accident visent à diminuer les doses
d'irradiation autant que raisonnablement possible ».
L'OMS fait ensuite la distinction entre
laits provenant de mélanges et laits à consommation
locale en ajoutant : « D'un autre
côté, de fortes pluies ayant coïncidé
avec le passage du nuage radioactif ont occasionné localement
des dépôts élevés d'iode 131 et il
peut donc se retrouver des concentrations élevées
en iode 131 dans le lait brut de certaines fermes. Des restrictions
de consommation immédiate
de tels laits
peuvent encore être justifiées sur la base de niveaux
d'action au plan national comme le niveau des 2000 Bq/l adopté
dans certains pays comme guide au-dessus duquel des restrictions
doivent être considérées. »
(Et dire que des enfants corses ont continué à boire du lait de brebis contaminé à 4400 Bq/l au 12 mai et qui devait faire 15000 Bq/l début mai d'après M. Cogné directeur de l'IPSN ! )
Et le rapport poursuit : « Des actions simples telles que laver les légumes frais, ne pas utiliser l'eau de pluie comme eau de boisson** sont des actions qui sont toujours à conseiller afin d'éviter des expositions inutiles ».
Le Pr. Pellerin avait délégué un de ses collaborateurs à Copenhague, le Pr. Chanteur. On peut vraiment se demander comment il interprète les textes.
Le
Pr. Pellerin n'a pas bronché lorsque j'ai cité les
extraits du rapport OMS.
En
réalité le fond du problème est que le Pr.
Pellerin, responsable de la radioprotection en France, n'intègre
pas dans ses concepts de radioprotection l'existence des effets
stochastiques, cancers, effets génétiques liés
aux faibles doses d'irradiation, (effets dont tient compte l'OMS)
et donc n'applique pas les recommandations de protection du public
qui en découlent.
Notes
[1]
La Gazette Nucléaire 207/208, juillet 2003
[2]
Michèle Rivasi et Hélène Crié « Ce nucléaire qu'on nous cache »
Ed. Albin Michel
En
particulier le Chapitre « Le nuage refuse d'aller en
France ».
[3]
Pierre Galle, Raymond Paulin, Jean Coursaget « Données
métrologiques et évaluation des risques en France
lors de l'accident de Tchernobyl (26 avril 1986).
C.R.
Biologies 326 (2003) 699-715
[4]
Jean-Philippe Desbordes, Atomic Park . A la recherche des victimes
du nucléaire, Ed. Actes Sud, 2006
*C'est le même
Pr. Galle qui m'avait autorisée à faire une intervention
lors du Colloque de la société française
de radioprotection et de la société française
de biophysique (Créteil 15 mai 1987) et j'ai demandé,
au nom du GSIEN, la démission de P. Pellerin pour son incapacité
à gérer la crise et qu'une commission d'enquête
établisse les responsabilités des organismes sanitaires
et administratifs dans la déplorable gestion de la crise
et ce, à tous les niveaux, depuis le Ministre de la santé
jusqu'aux autorités sanitaires et préfectorales
locales. (J'avais prévenu que je ne serai pas « gentille »)
Apparemment je ne l'ai pas convaincu, ni la salle qui m'a huée
mais le Dr Bertin du comité médical à EDF
qui présidait la séance m'a laissé finir
mon exposé.
**L'eau de pluie était
contaminée en bêta total à 920 Bq/l à
Vioménil (Vosges) entre le 1er
et 11 mai, 2100 Bq/l à Méaudre (près de Grenoble)
1100 Bq/l (dont 1000 Bq/l en iode 131) à Bellenaves (Loire),
4000 Bq/l (en iode 131) à Cadarache entre le 1er
et 7 mai, en bêta total 4000 à Cruas entre le 1er
et le 2 mai puis 2200 entre le 3 et le 4 mai puis 910 Bq/l entre
le 5 et le 7 mai, 1100 Bq/l à Codolet (Marcoule) du 1er
au 4 mai, 1200 Bq/l à Fessenheim entre le 1er
et 6 mai. Aucune consigne n'a été donnée
de ne pas consommer l'eau de pluie. Tant pis pour ceux qui ont
des citernes.
- Extraits de la Gazette Nucléaire n°78/79, 84/85, 88/89 et 157/158.
- Carte de la radioactivité sur le territoire français au 15 mai 1986 (SCPRI)
- En 1987, le SCPRI se couvre de ridicule.
- Le Professeur P. Pellerin et son adjoint J.-P. Moroni recommandaient en 1974 de « ne pas développer de façon excessive les mesures de sécurité dans les installations nucléaires afin qu'elles ne provoquent pas une anxiété injustifiée ». C'est probablement à partir de tels principes que ces responsables ont refusé, en 1986, de mettre en application en France les recommandations et les règlements de la Commission des communautés européennes concernant les normes de contamination radioactive des aliments.
Paris
2 mai FRA / AFP - RMO3
URSS-Nucléaire-médecine
Après
l'accident de Tchernobyl :
-
aucune raison de mettre en oeuvre des mesures sanitaires spéciales
en France, selon le Pr. Pellerin
-
Inutile de prendre des pastilles d'iode.
Paris
10 mai (AFP) 21 h07
Le
Pr. Pellerin indique que « l'on peut distinguer en
gros 3 bandes parallèles Nord-Sud : la première
à l'ouest avec relativement les activités (NDLR
le taux de radioactivité) les plus faibles, la deuxième
centrale avec des activités en général moyennes
et la troisième à l'est avec des activités
relativement plus élevées ».
Le
directeur du SCPRI souligne « la plus élevée
de ces activités n'est que de 360 becquerels par litre,
donc encore six fois inférieure au niveau de suspension
de la distribution arbitrairement préconisée par
certains pays de l'Est » . Il ajoute que selon
l'OMS et l'OCDE, « il n'y avait à prendre aucune
contre-mesure en Europe ».(...)