Vue aérienne de la centrale en 1997, les 4 unités avec le sarcophage gris sur la N°4 au fond, en arrière plan de la photo, la ville fantôme de Pripyat et entre les deux, la "forêt rouge".

Tchernobyl: des parlementaires français "stupéfaits" par les réactions locales

PARIS, 7 déc 2000 - Deux parlementaires français, qui se sont rendus en début de semaine en Ukraine à l'occasion de la fermeture définitive de Tchernobyl, se sont déclarés "stupéfaits et effrayés" par les réactions sur place des dirigeants de la centrale et des élus.
"J'ai été stupéfait et horrifié par ce que j'ai entendu sur place: à en croire les dirigeants de la centrale, les parlementaires et les élus locaux, il ne s'est pratiquement rien passé en 1986", a déclaré devant la presse le député UDF Claude Birraux.
(Et il n'est pas du tout antinucléaire)
Le réacteur numéro 4 de la centrale ukrainienne avait explosé le 26 avril 1986, provoquant la plus grave catastrophe du nucléaire civil et contaminant les trois quarts de l'Europe.
Une centaine de parlementaires occidentaux ont visité lundi et mardi la centrale sinistrée, qui doit être fermée définitivement le 15 décembre, et rencontré les autorités ukrainiennes. M. Birraux et le sénateur Henri Revol représentaient l'Assemblée nationale et le Sénat français.
"Tout le monde pense en Ukraine que la fermeture de Tchernobyl a été imposée de l'étranger et porte atteinte au patrimoine du pays", a déclaré le député français. "J'ai été frappé par cette persistance de l'esprit soviétique dans le mensonge. C'est hallucinant", a-t-il ajouté.
M. Birraux a cependant indiqué que le président ukrainien Léonid Koutchma, qui reçu la délégation parlementaire, avait confirmé la fermeture définitive de Tchernobyl le 15 décembre, conformément aux accords passés en 1995 aves les pays du G7.

 

 

Les derniers jours de Tchernobyl: désespoir et colère à la centrale

SLAVOUTITCH (Ukraine) 13 déc 2000 - Désespoir et colère règnent à la centrale de Tchernobyl dont les portes fermeront pour de bon vendredi, réduisant des milliers d'hommes et de femmes au chômage. "L'angoisse me tue à petit feu. Si je suis limogé, je ne sais pas comment je nourrirai ma famille", se lamente Olexandre Eltchischev, un ingénieur de 46 ans, marié et père de deux enfants.
Comme lui, la plupart des employés de Tchernobyl se sentent trahis, abandonnés par leur gouvernement qui, selon eux, a lâchement plié devant les pressions occidentales.
"Tout cela n'a rien à voir avec la sécurité nucléaire.
C'est du baratin. La centrale fonctionne parfaitement", lance un autre ingénieur, Volodimir Zaïtsev, 45 ans.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl a explosé le 26 avril 1986 contaminant les trois-quarts de l'Europe et affectant des millions d'Ukrainiens, de Russes et de Bélarusses.
Aujourd'hui, seul le troisième bloc -- sur les quatre d'origine -- est encore opérationnel. Il est cependant en piteux état et, dernièrement, des incidents ont provoqué son arrêt à deux reprises.
"Tchernobyl n'est pas plus dangereux que n'importe quelle autre centrale dans le monde", insiste pourtant M. Zaïtsev.
Quelque 260 millions de dollars ont été investis depuis 1986 pour renforcer la sécurité de l'installation atomique qui fournit encore près de 5% de l'électricité nationale.
"C'est absurde! Comment un pays en pleine crise et endetté peut-il se permettre de fermer une centrale qui produit encore chaque année l'équivalent de 50 millions de dollars en énergie?", s'interroge M. Zaïtsev. Un sentiment qui semble partagé par nombre de ses compatriotes, craignant surtout une dépendance énergétique accrue vis-à-vis de la Russie.
Selon les experts internationaux, les réacteurs de type RBMK (Reaktor Bolchoï Mochnosti Kanalny -- réacteur de grande puissance à tubes de force) sont peu fiables. Des vices de conception les rendent instables à faible puissance et ils sont dépourvus d'enceinte de confinement capable de contenir les rayons dans le cas d'une forte explosion.
Sur les quelque 12.000 employés de Tchernobyl, l'Etat n'en gardera que 2.000 ou 3.000 pour assurer la surveillance et le démantèlement de l'installation.
A Slavoutitch, petite ville de 28.000 habitants, construite au lendemain de la catastrophe nucléaire pour reloger les travailleurs du nucléaire et leur familles, c'est la catastrophe.
"Ici, le chômage risque de frapper un quart de la population active. C'est une tragédie pour notre ville où il n'existe pratiquement aucune autre industrie. Sans la centrale, l'avenir paraît bouché", déplore le maire de Slavoutitch Volodymir Oudovitchenko.
La rancoeur est d'autant plus forte que beaucoup d'employés de Tchernobyl étaient initialement venus attirés par les primes et les salaires -- équivalant à 170 dollars par mois et trois fois supérieurs à la moyenne nationale.
"Après le 15 décembre, Slavoutitch pourrait se transformer en ville fantôme", se plaint Irina, 36 ans. "Sans travail, on sera forcés de quitter nos foyers. Quelle tristesse".

La ville de Slavoutitch est construite sur une "tache de césium radioactif", pour cette raison la plupart des personnels disposant d'instruments de contrôle dosimétriques refusent d'y travailler.
Le gouvernement a lancé plusieurs programmes de reconversion professionnelle, et la Commission européenne a octroyé un million de dollars pour aider à créer de nouveaux emplois, sans convaincre pour autant la majorité des employés de Tchernobyl du bien-fondé de la décision prise.


Tchernobyl: le ministère russe de l'Energie atomique contre la fermeture

MOSCOU, 14 déc 2000 - Le ministère russe de l'Energie atomique s'est prononcé jeudi contre la fermeture prévue vendredi de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, affirmant que des réacteurs du même type en Russie fonctionnaient de manière parfaitement sûre, selon Itar-Tass.
"Il n'y a pas un seul rapport scientifique sérieux qui justifie la nécessité technique de fermer la centrale de Tchernobyl", a déclaré un responsable du ministère cité par l'agence.
Selon lui, la centrale russe Leningradskaïa, près de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), équipée de réacteurs de type RBMK comme Tchernobyl et construite avant celle-ci, fonctionne sans problème.
"Les spécialistes russes ont prouvé que l'on peut augmenter le niveau de sécurité de ce type de centrales", selon le représentant du ministère.
Selon Itar-Tass, le ministre russe de l'Energie atomique Evgueni Adamov a déclaré récemment que
la fermeture de Tchernobyl était dictée par des motifs politiques, et nullement techniques ou économiques.
La centrale de Tchernobyl doit être arrêtée définitivement vendredi, après avoir connu des problèmes techniques à répétition ces dernières semaines.
Son quatrième réacteur avait explosé le 26 avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe, en particulier l'Ukraine, le Bélarus et la Russie.


Tchernobyl: les députés appellent au report de la fermeture définitive

KIEV, 14 déc 2000 - Le parlement ukrainien a adopté jeudi une résolution, non contraignante, appelant à repousser à avril 2001 la fermeture définitive de la centrale de Tchernobyl prévue vendredi, selon Interfax.
"Cela n'est rien de plus qu'une déclaration politique", a déclaré un porte-parole du Parti Socialiste.
Les parlementaires ont notamment appelé la communauté internationale à honorer ses engagements financiers vis-à-vis de l'Ukraine avant de fermer définitivement le troisième réacteur -- le seul encore opérationnel à Tchernobyl.
Le sept pays les plus industrialisés (G7) avaient promis en 1995 à l'Ukraine une aide de 2,3 milliards de dollars en échange du démantèlement de la centrale accidentée.
"Cet accord n'a pas été entièrement honoré", a reconnu jeudi le président ukrainien Léonid Koutchma lors d'une visite à la centrale de Tchernobyl en compagnie du Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov.
La communauté internationale a indiqué avoir déjà versé près de 1,5 milliard de dollars mais de nombreux responsables ukrainiens craignent de ne pas recevoir les fonds manquant une fois la centrale définitivement fermée.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl avait explosé le 26 avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe.

 

Tchernobyl repart symboliquement la veille de son arrêt définitif

KIEV, 14 déc 2000 - Les autorités ukrainiennes ont redémarré symboliquement jeudi matin le seul réacteur encore opérationnel de la centrale de Tchernobyl, seulement une trentaine d'heures avant l'arrêt définitif vendredi de l'installation accidentée.
Le réacteur, relancé à 03H57 locales (01H57 GMT), ne tourne qu'à 3% de sa capacité maximale et ne produit pas d'électricité, a souligné Energoatom, l'organisation chargée de gérer l'industrie nucléaire ukrainienne.
Le troisième réacteur de Tchernobyl, le seul encore opérationnel, a été arrêté d'urgence le 6 décembre à la suite d'une fuite d'eau radioactive dans son circuit de refroidissement.
Kiev avait précédemment fixé à mardi son redémarrage mais a dû le repousser à cause de la "complexité des réparations".
Une fissure longue de 70 millimètres et large de 0,5 millimètre laissait échapper de l'eau dans un local hermétique. Cet incident n'a entraîné aucune hausse de la radioactivité mais a paralysé la centrale pour la deuxième fois en dix jours.
Contre l'avis de nombreux experts, Kiev a néanmoins décidé de ne pas anticiper la fermeture définitive de l'installation nucléaire prévue vendredi pour ne pas gâcher cet événement.
Des délégations d'une dizaine de pays sont attendues et le secrétaire américain à l'Energie, Bill Richardson, y représentera les Etats-Unis.
Une cérémonie se tiendra dans une salle de spectacle du centre de Kiev -- le Palais de l'Ukraine -- en présence des plus hauts responsables ukrainiens et étrangers.
Le président Léonid Koutchma donnera vers 13H00 locales (11H00 GMT) l'ordre, transmis en direct par la télévision nationale jusqu'à Tchernobyl, d'appuyer sur le bouton d'arrêt de la centrale.
Son quatrième réacteur avait explosé le 26 avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe, en particulier l'Ukraine, le Bélarus et la Russie.


Tchernobyl: une mise à mort bien orchestrée et médiatisée

KIEV, 14 déc 2000 - Les autorités ukrainiennes ont préparé avec soin le scénario de la fermeture vendredi de la centrale de Tchernobyl, théâtre en 1986 du plus grave accident nucléaire de tous les temps, pour en faire un événement médiatique.
En réparation depuis huit jours, la centrale devait être symboliquement relancée jeudi soir, la veille de son arrêt définitif, pour ne pas gâcher le jour J. L'installation tournera alors à moins de 5% de sa puissance et ne produira pas d'électricité.
Grâce à ce redémarrage, un véritable show se déroulera le lendemain dans le centre de la capitale ukrainienne.
Dans la matinée de vendredi, orthodoxes, catholiques et même musulmans assisteront ensemble et en présence du président Léonid Koutchma à une messe à la mémoire des victimes de Tchernobyl dans la cathédrale Sainte-Sophie.
Puis, plus de 2.000 responsables ukrainiens et occidentaux ainsi que près de 400 journalistes se réuniront dans une salle de spectacle pour regarder en direct la mise à mort du réacteur numéro trois, le seul encore opérationnel.
Le chef du gouvernement russe Mikhaïl Kassianov, le secrétaire américain à l'Energie Bill Richardson et d'autres responsables des pays du G7 seront parmi les invités.
Debout sur la scène, M. Koutchma, accompagné pour l'occasion de son Premier ministre et du président du parlement, contactera par téléphone la salle de contrôle du troisième réacteur et donnera l'ordre de stopper l'installation "entre 13H16 et 13H18" locales (11H16-11H18 GMT).
Un jeune ingénieur, Sergui Bachtavy, appuiera dans un geste historique sur le bouton d'arrêt d'urgence du réacteur.
Un discours de M. Koutchma et un concert de musique classique concluront la cérémonie.
La jeunesse de Kiev aura aussi l'occasion de fêter la fin de la centrale maudite lors d'un concert de rock, intitulé "Vers un avenir sans Tchernobyl".

 

 

Arrêt d'urgence du dernier réacteur en fonctionnement à Tchernobyl

KIEV 2000 - Le seul réacteur encore en service à Tchernobyl a été arrêté d'urgence mercredi en raison d'un dysfonctionnement, neuf jours avant la fermeture définitive de la centrale nucléaire le 15 décembre.
Selon le service d'information de la centrale, les systèmes de sécurité ont provoqué l'arrêt automatique du réacteur numéro trois après avoir détecté des fumées suspectes. Les techniciens procèdaient à des vérifications pour en déterminer l'origine, a ajouté le service d'information qui n'a pas fait état de taux anormaux de radioactivité.
Ce réacteur avait déjà été arrêté le 27 novembre dernier après la rupture d'une ligne électrique sous le poids de la glace, provoquant un court-circuit.
Tchernobyl fut le théâtre en avril 1986 du plus grave accident de l'histoire du nucléaire civil, avec l'explosion et l'incendie du réacteur numéro quatre, suivie de la projection dans l'atmosphère d'un immense nuage radioactif. Le président ukrainien Leonid Kouchma, sous la pression de la communauté internationale, s'est résolu à fermer définitivement la centrale.



Le dernier réacteur de la centrale de Tchernobyl sera réparé

KIEV 2000 - Quelques jours seulement avant la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 15 décembre, des spécialistes étaient à l'oeuvre vendredi pour réparer le seul réacteur encore en service.
Les réparations de ce réacteur, qui avait été arrêté d'urgence mercredi en raison d'un dysfonctionnement, doivent être terminées mardi, trois jours avant que le réacteur soit définitivement stoppé, ont annoncé des responsables de la centrale.
Selon le porte-parole de la centrale, Stanislav Shekstelo, ces réparations sont faites parce que le réseau électrique ukrainien est déjà surchargé, et l'énergie fournie par Tchernobyl est nécessaire.
Tchernobyl fut le théâtre en avril 1986 du plus grave accident de l'histoire du nucléaire civil, avec l'explosion et l'incendie du réacteur numéro quatre, suivie de la projection dans l'atmosphère d'un immense nuage radioactif. Le président ukrainien Leonid Kouchma, sous la pression de la communauté internationale, s'est résolu à fermer définitivement la centrale.

 

 

BERD: feu vert pour construire deux réacteurs nucléaires en Ukraine

KIEV, 7 déc 2000 - La BERD a octroyé jeudi un prêt controversé de 215 millions de dollars à l'Ukraine pour l'aider à achever deux réacteurs nucléaires censés remplacer la centrale de Tchernobyl, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la BERD à Londres, Ioulia Zilberman.
Le déblocage de ces fonds est toutefois conditionné à la reprise de l'aide du FMI à Kiev et à l'arrêt de Tchernobyl le 15 décembre, selon Mme Zilberman, contactée par téléphone depuis l'Ukraine.
Kiev réclamait depuis des années ce crédit en dépit de l'opposition de certains pays européens -- et notamment l'Allemagne -- au financement du secteur atomique ukrainien jugé peu fiable.
Le prêt de la BERD, d'un montant limité, devrait néanmoins permettre à Kiev d'obtenir d'autres financements, notamment de l'Union européenne et des sept pays les plus industrialisés (G7) dans le cadre d'un accord international.
En 1995 à Ottawa, l'Ukraine s'était engagée auprès du G7 à fermer Tchernobyl en échange d'une aide financière de 2,3 milliards de dollars. La majeure partie de cette somme -- près de 1,5 milliard de dollars -- devait servir à construire deux nouveaux réacteurs aux centrales de Rivne et Khmelnitsky, dans l'ouest du pays.
En plus des fonds de la BERD, la Commission européenne envisage de débloquer environ 600 millions de dollars et les pays du G7 quelque 350 millions de dollars. Pour sa part, l'Ukraine participera à hauteur de 200 millions de dollars et la Russie a aussi promis 150 millions de dollars.
Kiev doit le 15 décembre prochain fermer définitivement les portes de Tchernobyl, qui fournit encore 5% de l'électricité du pays. Sur ses quatre réacteurs RBMK d'origine, seul le troisième est aujourd'hui opérationnel. Il est à bout de souffle et des dysfonctionnements le paralysent régulièrement, renforçant l'inquiétude des Occidentaux.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl avait explosé en avril 1986 lors du plus grave accident nucléaire de tous les temps. Le deuxième avait été stoppé en 1991 à la suite d'un incendie tandis que le premier réacteur avait été arrêté en 1996 dans le cadre de l'accord avec le G7.
Les deux réacteurs en construction aux centrales de Rivne et Khmelnitsky, aussi de technologie soviétique (VVER à eau sous pression), sont considérés comme plus fiables que les RBMK.