PARIS, 7 déc 2000 - Deux parlementaires français, qui se sont
rendus en début de semaine en Ukraine à l'occasion
de la fermeture définitive de Tchernobyl, se sont déclarés
"stupéfaits et effrayés" par les réactions
sur place des dirigeants de la centrale et des élus.
"J'ai été stupéfait et horrifié
par ce que j'ai entendu sur place: à en croire les dirigeants
de la centrale, les parlementaires et les élus locaux,
il ne s'est pratiquement rien passé en 1986", a déclaré
devant la presse le député UDF Claude Birraux. (Et il n'est pas du tout antinucléaire)
Le réacteur numéro 4 de la centrale
ukrainienne avait explosé le 26 avril 1986, provoquant
la plus grave catastrophe du nucléaire civil et contaminant
les trois quarts de l'Europe.
Une centaine de parlementaires occidentaux ont visité lundi
et mardi la centrale sinistrée, qui doit être fermée
définitivement le 15 décembre, et rencontré
les autorités ukrainiennes. M. Birraux et le sénateur
Henri Revol représentaient l'Assemblée nationale
et le Sénat français.
"Tout le monde pense en Ukraine que la fermeture de Tchernobyl
a été imposée de l'étranger et porte
atteinte au patrimoine du pays", a déclaré
le député français. "J'ai été
frappé par cette persistance de l'esprit soviétique
dans le mensonge. C'est hallucinant", a-t-il ajouté.
M. Birraux a cependant indiqué que le président
ukrainien Léonid Koutchma, qui reçu la délégation
parlementaire, avait confirmé la fermeture définitive
de Tchernobyl le 15 décembre, conformément aux accords
passés en 1995 aves les pays du G7.
SLAVOUTITCH (Ukraine) 13 déc 2000
- Désespoir et colère
règnent à la centrale de Tchernobyl dont les portes
fermeront pour de bon vendredi, réduisant des milliers
d'hommes et de femmes au chômage. "L'angoisse
me tue à petit feu. Si je suis limogé, je ne sais
pas comment je nourrirai ma famille", se lamente Olexandre
Eltchischev, un ingénieur de 46 ans, marié et père
de deux enfants.
Comme lui, la plupart des employés de Tchernobyl se sentent
trahis, abandonnés par leur gouvernement qui, selon eux,
a lâchement plié devant les pressions occidentales.
"Tout cela n'a rien à voir avec la sécurité
nucléaire. C'est
du baratin. La centrale fonctionne parfaitement",
lance un autre ingénieur, Volodimir Zaïtsev, 45 ans.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl a explosé
le 26 avril 1986 contaminant les trois-quarts de l'Europe et affectant
des millions d'Ukrainiens, de Russes et de Bélarusses.
Aujourd'hui, seul le troisième bloc -- sur les quatre d'origine
-- est encore opérationnel. Il est cependant en piteux
état et, dernièrement, des incidents ont provoqué
son arrêt à deux reprises.
"Tchernobyl n'est
pas plus dangereux que n'importe quelle autre centrale dans le
monde", insiste pourtant M. Zaïtsev.
Quelque 260 millions de dollars ont été investis
depuis 1986 pour renforcer la sécurité de l'installation
atomique qui fournit encore près de 5% de l'électricité
nationale.
"C'est absurde! Comment un pays en pleine crise et endetté
peut-il se permettre de fermer une centrale qui produit encore
chaque année l'équivalent de 50 millions de dollars
en énergie?", s'interroge M. Zaïtsev. Un sentiment
qui semble partagé par nombre de ses compatriotes, craignant
surtout une dépendance énergétique accrue
vis-à-vis de la Russie.
Selon les experts internationaux, les réacteurs de type
RBMK (Reaktor Bolchoï Mochnosti Kanalny -- réacteur
de grande puissance à tubes de force) sont peu fiables.
Des vices de conception les rendent instables à faible
puissance et ils sont dépourvus d'enceinte de confinement
capable de contenir les rayons dans le cas d'une forte explosion.
Sur les quelque 12.000 employés de Tchernobyl, l'Etat n'en
gardera que 2.000 ou 3.000 pour assurer la surveillance et le
démantèlement de l'installation.
A Slavoutitch, petite ville de 28.000 habitants, construite au
lendemain de la catastrophe nucléaire pour reloger les
travailleurs du nucléaire et leur familles, c'est la catastrophe.
"Ici, le chômage risque de frapper un quart de la population
active. C'est une tragédie pour notre ville où il
n'existe pratiquement aucune autre industrie. Sans la centrale,
l'avenir paraît bouché", déplore le maire
de Slavoutitch Volodymir Oudovitchenko.
La rancoeur est d'autant plus forte que beaucoup d'employés
de Tchernobyl étaient initialement venus attirés
par les primes et les salaires -- équivalant à 170
dollars par mois et trois fois supérieurs à la moyenne
nationale.
"Après le 15 décembre, Slavoutitch pourrait
se transformer en ville fantôme", se plaint Irina,
36 ans. "Sans travail, on sera forcés de quitter nos
foyers. Quelle tristesse".
La
ville de Slavoutitch
est construite sur une "tache de
césium radioactif", pour cette raison la plupart des
personnels disposant d'instruments de contrôle dosimétriques
refusent d'y travailler.
Le gouvernement a lancé plusieurs programmes de reconversion
professionnelle, et la Commission européenne a octroyé
un million de dollars pour aider à créer de nouveaux
emplois, sans convaincre pour autant la majorité des employés
de Tchernobyl du bien-fondé de la décision prise.
MOSCOU, 14 déc 2000 - Le ministère russe de l'Energie atomique
s'est prononcé jeudi contre la fermeture prévue
vendredi de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, affirmant que des réacteurs
du même type en Russie fonctionnaient de manière
parfaitement sûre, selon Itar-Tass.
"Il n'y a pas un seul rapport scientifique sérieux
qui justifie la nécessité technique de fermer la
centrale de Tchernobyl", a déclaré un responsable
du ministère cité par l'agence.
Selon lui, la centrale russe Leningradskaïa, près
de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), équipée
de réacteurs de type RBMK comme Tchernobyl et construite
avant celle-ci, fonctionne sans problème.
"Les spécialistes russes ont prouvé que l'on
peut augmenter le niveau de sécurité de ce type
de centrales", selon le représentant du ministère.
Selon Itar-Tass, le ministre russe de l'Energie atomique Evgueni
Adamov a déclaré récemment que la fermeture de Tchernobyl était
dictée par des motifs politiques, et nullement techniques
ou économiques.
La centrale de Tchernobyl doit être arrêtée
définitivement vendredi, après avoir connu des problèmes
techniques à répétition ces dernières
semaines.
Son quatrième réacteur avait explosé le 26
avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe, en particulier
l'Ukraine, le Bélarus et la Russie.
KIEV, 14 déc 2000 - Le parlement ukrainien a adopté jeudi
une résolution, non contraignante, appelant à repousser
à avril 2001 la fermeture définitive de la centrale
de Tchernobyl prévue vendredi, selon Interfax.
"Cela n'est rien de plus qu'une déclaration politique",
a déclaré un porte-parole du Parti Socialiste.
Les parlementaires ont notamment appelé la communauté
internationale à honorer ses engagements financiers vis-à-vis
de l'Ukraine avant de fermer définitivement le troisième
réacteur -- le seul encore opérationnel à
Tchernobyl.
Le sept pays les plus industrialisés (G7) avaient promis
en 1995 à l'Ukraine une aide de 2,3 milliards de dollars
en échange du démantèlement de la centrale
accidentée.
"Cet accord n'a pas été entièrement
honoré", a reconnu jeudi le président ukrainien
Léonid Koutchma lors d'une visite à la centrale
de Tchernobyl en compagnie du Premier ministre russe Mikhaïl
Kassianov.
La communauté internationale a indiqué avoir déjà
versé près de 1,5 milliard de dollars mais de nombreux
responsables ukrainiens craignent de ne pas recevoir les fonds
manquant une fois la centrale définitivement fermée.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl avait explosé
le 26 avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe.
KIEV, 14 déc 2000 - Les autorités ukrainiennes ont redémarré
symboliquement jeudi matin le seul réacteur encore opérationnel
de la centrale de Tchernobyl, seulement une trentaine d'heures
avant l'arrêt définitif vendredi de l'installation
accidentée.
Le réacteur, relancé à 03H57 locales (01H57
GMT), ne tourne qu'à 3% de sa capacité maximale
et ne produit pas d'électricité, a souligné
Energoatom, l'organisation chargée de gérer l'industrie
nucléaire ukrainienne.
Le troisième réacteur de Tchernobyl, le seul encore
opérationnel, a été arrêté d'urgence
le 6 décembre à la suite d'une fuite d'eau radioactive
dans son circuit de refroidissement.
Kiev avait précédemment fixé à mardi
son redémarrage mais a dû le repousser à cause
de la "complexité des réparations".
Une fissure longue de 70 millimètres et large de 0,5 millimètre
laissait échapper de l'eau dans un local hermétique.
Cet incident n'a entraîné aucune hausse de la radioactivité
mais a paralysé la centrale pour la deuxième fois
en dix jours.
Contre l'avis de nombreux experts, Kiev a néanmoins décidé
de ne pas anticiper la fermeture définitive de l'installation
nucléaire prévue vendredi pour ne pas gâcher
cet événement.
Des délégations d'une dizaine de pays sont attendues
et le secrétaire américain à l'Energie, Bill
Richardson, y représentera les Etats-Unis.
Une cérémonie se tiendra dans une salle de spectacle
du centre de Kiev -- le Palais de l'Ukraine -- en présence
des plus hauts responsables ukrainiens et étrangers.
Le président Léonid Koutchma donnera vers 13H00
locales (11H00 GMT) l'ordre, transmis en direct par la télévision
nationale jusqu'à Tchernobyl, d'appuyer sur le bouton d'arrêt
de la centrale.
Son quatrième réacteur avait explosé le 26
avril 1986, contaminant les trois quarts de l'Europe, en particulier
l'Ukraine, le Bélarus et la Russie.
KIEV, 14 déc 2000 - Les autorités ukrainiennes ont préparé
avec soin le scénario de la fermeture vendredi de la centrale
de Tchernobyl, théâtre en 1986 du plus grave accident
nucléaire de tous les temps, pour en faire un événement
médiatique.
En réparation depuis huit jours, la centrale devait être
symboliquement relancée jeudi soir, la veille de son arrêt
définitif, pour ne pas gâcher le jour J. L'installation
tournera alors à moins de 5% de sa puissance et ne produira
pas d'électricité.
Grâce à ce redémarrage, un véritable
show se déroulera le lendemain dans le centre de la capitale
ukrainienne.
Dans la matinée de vendredi, orthodoxes, catholiques et
même musulmans assisteront ensemble et en présence
du président Léonid Koutchma à une messe
à la mémoire des victimes de Tchernobyl dans la
cathédrale Sainte-Sophie.
Puis, plus de 2.000 responsables ukrainiens et occidentaux ainsi
que près de 400 journalistes se réuniront dans une
salle de spectacle pour regarder en direct la mise à mort
du réacteur numéro trois, le seul encore opérationnel.
Le chef du gouvernement russe Mikhaïl Kassianov, le secrétaire
américain à l'Energie Bill Richardson et d'autres
responsables des pays du G7 seront parmi les invités.
Debout sur la scène, M. Koutchma, accompagné pour
l'occasion de son Premier ministre et du président du parlement,
contactera par téléphone la salle de contrôle
du troisième réacteur et donnera l'ordre de stopper
l'installation "entre 13H16 et 13H18" locales (11H16-11H18
GMT).
Un jeune ingénieur, Sergui Bachtavy, appuiera dans un geste
historique sur le bouton d'arrêt d'urgence du réacteur.
Un discours de M. Koutchma et un concert de musique classique
concluront la cérémonie.
La jeunesse de Kiev aura aussi l'occasion de fêter la fin
de la centrale maudite lors d'un concert de rock, intitulé
"Vers un avenir sans Tchernobyl".
KIEV 2000 - Le
seul réacteur encore en service à Tchernobyl a été
arrêté d'urgence mercredi en raison d'un dysfonctionnement,
neuf jours avant la fermeture définitive de la centrale
nucléaire le 15 décembre.
Selon le service d'information de la centrale, les systèmes
de sécurité ont provoqué l'arrêt automatique
du réacteur numéro trois après avoir détecté
des fumées suspectes. Les techniciens procèdaient
à des vérifications pour en déterminer l'origine,
a ajouté le service d'information qui n'a pas fait état
de taux anormaux de radioactivité.
Ce réacteur avait déjà été
arrêté le 27 novembre dernier après la rupture
d'une ligne électrique sous le poids de la glace, provoquant
un court-circuit.
Tchernobyl fut le théâtre en avril 1986 du plus grave
accident de l'histoire du nucléaire civil, avec l'explosion
et l'incendie du réacteur numéro quatre, suivie
de la projection dans l'atmosphère d'un immense nuage radioactif.
Le président ukrainien Leonid Kouchma, sous la pression
de la communauté internationale, s'est résolu à
fermer définitivement la centrale.
KIEV 2000 - Quelques
jours seulement avant la fermeture définitive de la centrale
nucléaire de Tchernobyl le 15 décembre, des spécialistes
étaient à l'oeuvre vendredi pour réparer
le seul réacteur encore en service.
Les réparations de ce réacteur, qui avait été
arrêté d'urgence mercredi en raison d'un dysfonctionnement,
doivent être terminées mardi, trois jours avant que
le réacteur soit définitivement stoppé, ont
annoncé des responsables de la centrale.
Selon le porte-parole de la centrale, Stanislav Shekstelo, ces
réparations sont faites parce que le réseau électrique
ukrainien est déjà surchargé, et l'énergie
fournie par Tchernobyl est nécessaire.
Tchernobyl fut le théâtre en avril 1986 du plus grave
accident de l'histoire du nucléaire civil, avec l'explosion
et l'incendie du réacteur numéro quatre, suivie
de la projection dans l'atmosphère d'un immense nuage radioactif.
Le président ukrainien Leonid Kouchma, sous la pression
de la communauté internationale, s'est résolu à
fermer définitivement la centrale.
KIEV, 7 déc 2000 - La BERD a octroyé jeudi un prêt
controversé de 215 millions de dollars à l'Ukraine
pour l'aider à achever deux réacteurs nucléaires
censés remplacer la centrale de Tchernobyl, a indiqué
à l'AFP une porte-parole de la BERD à Londres, Ioulia
Zilberman.
Le déblocage de ces fonds est toutefois conditionné
à la reprise de l'aide du FMI à Kiev et à
l'arrêt de Tchernobyl le 15 décembre, selon Mme Zilberman,
contactée par téléphone depuis l'Ukraine.
Kiev réclamait depuis des années ce crédit
en dépit de l'opposition de certains pays européens
-- et notamment l'Allemagne -- au financement du secteur atomique
ukrainien jugé peu fiable.
Le prêt de la BERD, d'un montant limité, devrait
néanmoins permettre à Kiev d'obtenir d'autres financements,
notamment de l'Union européenne et des sept pays les plus
industrialisés (G7) dans le cadre d'un accord international.
En 1995 à Ottawa, l'Ukraine s'était engagée
auprès du G7 à fermer Tchernobyl en échange
d'une aide financière de 2,3 milliards de dollars. La majeure
partie de cette somme -- près de 1,5 milliard de dollars
-- devait servir à construire deux nouveaux réacteurs
aux centrales de Rivne et Khmelnitsky, dans l'ouest du pays.
En plus des fonds de la BERD, la Commission européenne
envisage de débloquer environ 600 millions de dollars et
les pays du G7 quelque 350 millions de dollars. Pour sa part,
l'Ukraine participera à hauteur de 200 millions de dollars
et la Russie a aussi promis 150 millions de dollars.
Kiev doit le 15 décembre prochain fermer définitivement
les portes de Tchernobyl, qui fournit encore 5% de l'électricité
du pays. Sur ses quatre réacteurs RBMK d'origine, seul
le troisième est aujourd'hui opérationnel. Il est
à bout de souffle et des dysfonctionnements le paralysent
régulièrement, renforçant l'inquiétude
des Occidentaux.
Le quatrième réacteur de Tchernobyl avait explosé
en avril 1986 lors du plus grave accident nucléaire de
tous les temps. Le deuxième avait été stoppé
en 1991 à la suite d'un incendie tandis que le premier
réacteur avait été arrêté en
1996 dans le cadre de l'accord avec le G7.
Les deux réacteurs en construction aux centrales de Rivne
et Khmelnitsky, aussi de technologie soviétique (VVER à
eau sous pression), sont considérés comme plus fiables
que les RBMK.