Les Echos, 4/2/2009:
L'Etat dévoile aujourd'hui aux exportateurs et aux banquiers sa politique d'assurance-crédit pour 2009. Les assouplissements de la couverture assurée par Coface pour le compte de l'Etat concernent 37 pays, dont la Chine, l'Inde et le Brésil. Dix pays sont sanctionnés par des restrictions.
« Aucune opportunité à
l'export ne doit être perdue cette année pour des
raisons de financement », martèle depuis quelques
mois maintenant la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur,
Anne-Marie Idrac. Après l'appui de l'Etat aux ventes d'Airbus
(« Les Echos » du 26 janvier), les services de Bercy
présentent aujourd'hui à quelque 400 entreprises
et banquiers la politique 2009 de l'Etat en matière d'assurance-crédit,
que le gouvernement juge « volontariste ». Chaque
année, l'Etat révise la liste de pays pour lesquels
il est prêt à accorder aux exportateurs français
la couverture Coface contre d'éventuels défauts
de paiement des clients, l'assureur-crédit agissant alors
« pour le compte de l'Etat ». Cette année,
« la politique de couverture de la Coface traduit la volonté
du gouvernement d'accompagner les exportateurs », indique
Anne-Marie Idrac. Concrètement, la possibilité de
recourir à la couverture Coface sera accrue pour 37 pays,
tandis qu'elle sera restreinte pour 10 autres. Le gouvernement
a ainsi décidé d'ouvrir, sans limite de montant,
la Chine, l'Inde et le Brésil [des pays clients pour l'EPR...].
« Signal de confiance »
Autrement dit, les entreprises pourront présenter des dossiers
à Coface sans qu'on puisse leur répondre que le
plafond de garantie déjà accordé sur le pays
est atteint pour l'année. « C'est un signal de confiance
que nous voulons donner aux entreprises, aux banques, mais aussi
aux acheteurs dans ces pays », explique-t-on à Bercy.
La Russie, le Nigeria et le Maroc voient, eux, leur plafond maximal
d'encours garantis relevé. « Il y a pour ces pays
des bons fondamentaux ou des projets porteurs », justifie
Bercy. De manière plus anecdotique, l'Irak, « fermé
depuis vingt ans », est rouvert « sur des contrats
au cas par cas, et à condition qu'il n'y ait pas trop de
déplacements physiques ». A l'inverse, l'Etat n'accordera
plus, cette année, de garantie sur le Pakistan (instabilité
politique) et l'Equateur (refus de l'Etat d'assumer les dettes
passées), tandis que des restrictions toucheront l'Ukraine,
le Sénégal, le Vietnam, la Turquie ou la Thaïlande.
L'an dernier, les promesses
de garanties accordées par l'Etat ont atteint 30,4 milliards
d'euros, soit un doublement par rapport à 2007, lié
à des contrats sur des centrales nucléaires mais aussi à la crise. « Des acteurs
qui ne faisaient jamais appel à Coface viennent désormais,
et nous enregistrons notamment un afflux de demandes vers les
pays émergents solides et même vers certains pays
développés », indique-t-on à Bercy.
Alors que les couvertures par l'Etat sont normalement cantonnées,
pour les pays de l'OCDE, aux compagnies aériennes, à
la construction navale et aux
centrales nucléaires, « il
y a aujourd'hui des demandes sur d'autres types de marché,
comme les infrastructures ou le transport », indique l'entourage
d'Anne-Marie Idrac. « Il n'y a pas encore de financement
de notre part sur ces marchés, mais nous regardons. »
Les promesses de garanties ne donnent toutefois pas toutes lieu
à couverture : le montant des garanties fermes a atteint
7,5 milliards d'euros l'an dernier, en recul de près de
15 % par rapport à 2007, en raison notamment de l'interruption
du programme nucléaire sud-africain. Hors nucléaire,
précise Bercy, la hausse atteint 27 %.