THE NEW YORK TIMES

Désarmement : une nouvelle victoire pour le Pentagone

Le traité russo-américain de réduction des armements satisfait parfaitement les objectifs de l'administration Bush : garder la plus grande liberté de manoeuvre et ne s'engager en rien de manière définitive.

Ce n'est pas un hasard si le nouveau traité sur la réduction des armements nucléaires comporte seulement trois pages : il a pour objectif d'offrir la plus grande souplesse possible au Pentagone. Ce nouvel accord ne requiert la destruction d'aucun missile ni d'aucune tête nucléaire. Chaque partie peut procéder à des réductions à son propre rythme, voire les interrompre et même recommencer à muscler son arsenal. La seule véritable contrainte, c'est que chaque camp ne doit plus compter que 1 700 à 2 200 ogives nucléaires d'ici à la fin 2012, date à laquelle le traité arrive à échéance, laissant aux deux parties la possibilité d'accumuler à nouveau autant d'armes qu'elles le souhaitent.

Voilà un accord bien pratique pour les décideurs du Pentagone, qui se sont davantage inquiétés de garantir les options nucléaires des Etats-Unis que de limiter celles des Russes. La nouvelle logique de l'administration Bush est relativement simple et marque une véritable rupture par rapport à l'approche traditionnelle du contrôle des armements. Durant la guerre froide, les Etats-Unis voyaient dans le contrôle des armements un moyen de contenir la menace nucléaire soviétique et la capacité de Moscou de procéder à la première frappe. La principale préoccupation du Pentagone alors était que l'Union soviétique ne puisse pas devancer les Etats-Unis dans la course aux armements. Les accords sur les armements représentaient donc un enjeu considérable, et il était essentiel qu'ils soient dotés de clauses prévoyant une réduction des arsenaux et obligent ainsi les Russes à se séparer de leurs armes les plus menaçantes.

Mais les priorités du Pentagone ont fondamentalement changé avec la fin de la guerre froide et l'effondrement de l'armée soviétique. On peut désormais espérer que la Russie sera naturellement poussée, du fait de ses contraintes économiques, à réduire son arsenal. L'objectif majeur n'est donc plus tant de limiter les forces nucléaires russes que d'assurer le maintien de sa propre flexibilité. Cette nouvelle philosophie du Pentagone a été détaillée dans une étude classifiée intitulée "Analyse de la posture nucléaire", qui préconisait de réduire l'arsenal américain à raison de 1 700 à 2 200 têtes, soit précisément les limites données par le nouveau traité. Cette force, affirme le Pentagone, pourrait cependant se révéler insuffisante compte tenu de l'incertitude qui plane sur les relations internationales. Bush peut certes se vanter d'avoir établi des relations plus étroites avec la nouvelle Russie, mais l'accord qu'il envisage de signer est conçu pour permettre à Washington de pouvoir renforcer son armement nucléaire si ces mêmes relations avec Moscou venaient à se détériorer.
De plus, rien n'oblige les Etats-Unis à reconduire le traité quand il arrivera à terme, dans dix ans. L'accord prévoit également une porte de sortie : chaque partie peut se retirer dans un délai de trois mois, soit moitié moins que le temps requis pour se retirer du traité ABM de 1972. De plus, la question du système de défense antimissiles américain n'est pas
abordée, contrairement au souhait initial de Moscou. Pour obtenir une telle flexibilité, l'administration américaine a dû faire des concessions. Cet accord sera légalement contraignant, comme le voulaient les Russes. "Les Russes ont eu leur traité et les Etats-Unis ont gardé leur flexibilité", estime Ivo Daalder, de l'Institut Brookings. "Les Etats-Unis peuvent se retirer quand ils le veulent et revenir de même. C'est exactement ce que voulait obtenir Bush."

L'administration Bush ayant mis l'accent sur une plus grande flexibilité dans le développement de ses moyens nucléaires, elle a dû accorder à Moscou la même liberté à l'égard de son arsenal nucléaire. Par conséquent, les Russes vont pouvoir déployer de nouveaux missiles intercontinentaux à ogives multiples, car il revient moins cher de placer plusieurs têtes sur un même missile que de fabriquer un missile pour chaque tête. Voilà qui offre à la Russie un moyen économique d'entretenir son arsenal nucléaire ou de l'accroître si les Etats-Unis venaient à mettre en place un système de défense efficace. Les plus sceptiques n'ont pas manqué de relever cette dimension. "La flexibilité maximale, ça marche toujours dans les deux sens", constate M. Daalder.

Michael R. Gordon

------> Les essais nucléaires ne sont plus nécessaire

------> Une victoire à 5 800 milliards de dollards

------> Plans nucléaires américains en vue d'un éventuel recours à l'arme nucléaire contre certains pays

------> Prolifération nucléaire, arrière-fond de la guerre ?


VU DE RUSSIE

Un traité historique pour la forme

La presse russe perçoit l'accord de désarmement comme un gage américain au bénéfice de Vladimir Poutine.
Les Etats-Unis et la Russie ont annoncé par la voix de leurs présidents un nouveau traité de désarmement visant à réduire des deux tiers leur arsenal nucléaire stratégique sur dix ans. Si l'accord, qui devrait être signé lors du sommet bilatéral organisé du 23 au 26 mai à Moscou et à Saint-Pétersbourg, est à plusieurs égards historique, les quotidiens libéraux russes jaugent avec circonspection ses conséquences politiques en Russie.
D'après les Izvestia , "il n'y a pas d'opposition ouverte en Russie à la politique extérieure de Vladimir Poutine. Elle pourrait voir le jour dès le 24 mai, juste après la signature du traité sur la réduction des armes nucléaires stratégiques avec les Etats-Unis." En effet, le quotidien moscovite se demande "si l'élite russe est prête à intégrer le nouveau souffle" qui caractérise les relations entre les deux pays, voire à "suivre la direction résolument pro-occidentale du président Poutine". Pareillement, Vremia Novostieï reste sceptique quant aux véritables avancées du nouveau traité. "D'autant plus que la 'lune de miel' russo-américaine proclamée par les deux présidents durera exactement un mois, soit jusqu'au 13 juin, quand se terminera le délai de procédures lié à la sortie des Etats-Unis du traité ABM de 1972. Par conséquent, l'ensemble des traités internationaux de désarmement sera inévitablement remis en cause et il sera d'une importance vitale de discuter des griefs concernant les armes nucléaires stratégiques." Force est de reconnaître que les négociations américano-russes ont suivi un nouveau cours avec l'administration Bush. Toujours selon Vremia Novostieï, "les officiels à Washington affirment qu'ils soutiennent en toute conscience Poutine et 'sa politique de rapprochement étroit avec l'Occident'".
Et c'est précisément cet aspect-là que retiennent nombre de commentateurs russes. "Le traité permettra à la Russie de sauver la face", assurent les Izvestia . "Sa signification est essentiellement politique." On entend également que "Vladimir Poutine et le Kremlin rappelleront ainsi qui est le maître dans le pays, reconnu sur la scène internationale. C'est que les pré-campagnes pour les élections à la Douma [décembre 2003] et à la présidence [mars 2004] ont déjà commencé."
Et l'Europe dans tout ça ? Si la Russie ne représente plus un obstacle à l'établissement d'une hégémonie globale américaine, "le plus intéressant , d'après Nezavissimaïa Gazeta , est de savoir dans quelle mesure ce système conviendra aux Européens. Car ils ne pourront plus prétendre à des faveurs de la part des Etats-Unis au titre de bastion d'avant-garde contre l'empire du Mal."
La création d'un nouveau conseil OTAN-Russie illustre cette évolution radicale. Néanmoins, Vremia MN estime que "la Russie vient au secours" de l'Alliance atlantique, incapable de faire face aux défis de l'après-11 septembre. "Grâce à Moscou, les alliés européens des Etats-Unis ont pu installer leurs contingents en Asie centrale. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, 'les changements révolutionnaires' dans les relations entre l'OTAN et la Russie favorisent la survie de l'Alliance atlantique."

 

Les arsenaux des puissances nucléaires "officielles"

LONDRES, 24 mai - En dehors des Etats-Unis et de la Russie, qui ont signé vendredi un traité de réduction drastique de leurs arsenaux nucléaires stratégiques, plusieurs pays possèdent (officiellement ou non) l'arme atomique.

La Chine, la France et la Grande-Bretagne -- membres permanents, comme les Etats-Unis et la Russie, du Conseil de sécurité des Nations unies -- disposent également d'un arsenal nucléaire, c'est à dire aussi bien l'arme (obus, bombe ou ogive) que le vecteur (avion, missile).

L'Inde et le Pakistan ont été les derniers à rejoindre un club que les premières puissances nucléaires aimeraient bien ne pas voir s'agrandir.

Les experts occidentaux pensent également qu'Israël possède un certain nombre d'armes atomiques. L'Etat hébreu ne l'a jamais officiellement reconnu mais le très respecté Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres estime qu'Israël possède "jusqu'à une centaine d'ogives" ou obus nucléaires.

Le traité signé vendredi par les présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine va ramener à entre 1.700 et 2.200 le nombre d'ogives dont disposera chaque pays, contre 6.000 actuellement. Aucun traité sur les armements nucléaires (SALT, START) n'avait prévu une telle diminution.

Aujourd'hui, les arsenaux stratégiques des puissances nucléaires "officielles" se présentent comme suit, selon l'IISS:

ETATS-UNIS (premier essai atomique le 16/07/45):
432 SLBM (Submarine-Launched Ballistic Missile), missiles balistiques intercontinentaux embarqués à bord de 18 sous-marins stratégiques (SSBN ou, en français, SNLE --
sous-marin nucléaire lance-engins). Chacun de ces submersibles est équipé de 24 missiles Trident (C-4 ou D-5), dotés eux-mêmes d'ogives à têtes multiples.
550 ICBM (Intercontinental Ballistic Missile), missiles balistiques intercontinentaux de type Minuteman III (100) ou MX Peacekeeper (50), déployés dans des silos. Là encore, chacun de ces missiles est équipé d'ogives à têtes multiples.
208 bombardiers lourds à long rayon d'action, dont:
- 92 B-52H
- 20 B-2A
- 91 B-1B
Tous ces appareils peuvent emporter missiles de croisière et bombes de divers types.

RUSSIE (29/08/49):
324 SLBM répartis à bord d'une vingtaine de SSBN/SNLE (de type Typhoon, Delta I, III et IV), chaque submersible en embarquant entre 16 et 20.
776 ICBM (SS-18, SS-19, SS-24, SS-25, SS-27) déployés dans des silos ou sur des lanceurs mobiles.
Les SLBM et ICBM russes sont, comme leurs homologues américains, équipés d'ogives à têtes multiples.

CHINE (15/10/64):
20 ICBM
100 IRBM (Intermediate Range Ballistic Missile), missiles balistiques de portée intermédiaire, de type DF-4 (20), DF-3A (30) et DF-21 (50).
12 SLBM (CSS-N-3), déployés à bord du SSBN/SNLE "Xia".

FRANCE (13/02/60):
64 SLBM à têtes multiples embarqués dans 4 SSBN/SNLE, à raison de 16 missiles par sous-marin.

GRANDE-BRETAGNE (03/10/52):
58 SLBM à têtes multiples embarqués dans 4 SSBN/SNLE.
Concernant l'Inde et le Pakistan, les experts britanniques estiment que les deux frères ennemis du sous-continent disposent des arsenaux suivants:

INDE (1998):
60 missiles de type Agni (IRBM -- environ 2.400 km de portée), capables d'emporter une charge nucléaire.

PAKISTAN (1998):
25 missiles de type Ghauri (IRBM -- environ 1.500 km de portée), capables eux aussi d'emporter une charge nucléaire.


Le Télégramme (23/05/02)

Etats-Unis - Russie. Un nouvel accord nucléaire

Comme l'a annoncé la semaine dernière le Président Bush, sa rencontre cette semaine à Moscou avec le président Poutine sera l'occasion de signer un accord sur la réduction du nombre de leurs armes nucléaires stratégiques. Le nombre des armes américaines dépasse actuellement 7.000. Celui des armes russes, qui dépasse 6.000, ne lui est que légèrement inférieur. Le nouvel accord, le premier signé depuis neuf ans, prévoit que ces chiffres baisseront au moins jusqu'à 2.200 et au mieux jusqu'à 1.700. A première vue c'est une réduction considérable, de l'ordre de trois à un, et on est tenté d'y applaudir.

Réduction en trompe-l'oeil
En réalité elle n'est pas si considérable, car le traité signé le 3 janvier 1993 par le père du président américain actuel et par Boris Eltsine (START II), prévoyait déjà des réductions importantes par rapport au traité START I, jusqu'à des chiffres compris entre 3.000 et 3.500. Les nouveaux chiffres ne montrent donc au mieux qu'une diminution de deux à un, ou plutôt c'est ce qu'ils montreraient si le traité START II avait été ratifié, ce qui n'a pas été le cas, la Chambre russe s'y étant toujours refusé.
Il y a pire : aucune des deux parties ne s'engage désormais à détruire les armes qui seront retirées du service. Ce refus est une exigence américaine, laquelle vide l'accord de toute signification : comme l'a remarqué avec bon sens le ministre russe de la Défense, Sergei Ivanov, stocker les armes au lieu de les détruire ne constitue en rien une réduction de leur nombre.

Les Russes pas perdants
Cependant dans cette affaire les Russes ne sont pas perdants. Si la Douma n'a pas voulu ratifier le traité START II, c'est qu'il interdisait les armes les plus redoutables de l'arsenal russe, les fusées terrestres lourdes à plusieurs têtes mirvées.
Il s'agit principalement des SS-18, qui sont capables d'emporter dix têtes de 500 kilotonnes, et que les Américains ont baptisés à juste titre Satan.
La Russie en a actuellement 180, et dorénavant il n'est plus question pour elle de les retirer du service.
Ces armes sont spécialement dangereuses pour les Américains car elles posent au système de défense antibalistique qu'ils ont en projet des problèmes quasi-insolubles : la capacité d'emport (près de neuf tonnes) de ces énormes fusées est telle qu'à côté des dix têtes nucléaires on peut loger commodément de nombreux leurres.

Le danger n'a pas disparu
Cependant elles sont dangereuses aussi pour les Russes eux-mêmes, car en cas de crise aiguë, il serait extrêmement tentant pour les Américains de tenter de les détruire par une première frappe préventive. C'est pour cette raison que Boris Eltsine avait accepté le principe de les sacrifier, pour leur substituer des lanceurs à tête unique.
Pour l'instant les relations entre les deux pays sont bonnes, et on ne peut que s'en féliciter, mais il est clair que si elles se détérioraient à nouveau, ils se retrouveraient dans une position aussi dangereuse que pendant la guerre froide. Le chiffre de 6.000 à 7.000 armes était absurde, celui de 1.700 à 2.200 ne l'est qu'à peine moins.


Accord sur les armes nucléaires: l'intérêt bien compris de Moscou et Washington

GENEVE, 15 mai - L'accord entre Russes et Américains sur une nouvelle réduction de leurs armes nucléaires conforte Washington dans son rôle leader de grande puissance, renforce Moscou dans celui de puissance incontournable, et affaiblit le reste du monde, estime-t-on de sources diplomatiques à Genève.

En obtenant de ramener les arsenaux nucléaires des deux pays dans une fourchette de 1.700 à 2.200 ogives nucléaires d'ici 2012, contre plus de 6.000 aujourd'hui, Washington offre à Moscou une sensible diminution des coûts de maintenance de son arsenal nucléaire tout en se protégeant des risques de détournement sauvage de ce matériel faute de surveillance adéquate, souligne-t-on de mêmes sources.

Inversement, en acceptant cette offre, Moscou obtient une réelle diminution de l'arsenal de son ex-adversaire, arsenal surdimensionné dans cette période d'après guerre-froide, et ceci de manière légalement contraignante, ajoute-t-on.

"L'intérêt mutuel dont parle avantageusement Igor Ivanov (le chef de la diplomatie russe) est évident", insiste un diplomate expert en désarmement ayant requis l'anonymat.

Cet accord, qui sera officiellement signé par les présidents George W. Bush et Vladimir Poutine au sommet de Moscou et de Saint Petersbourg du 23 au 26 mai, établit également une "certaine transparence", relève Patricia Lewis, directrice de l'UNIDIR (United Nations Institut for Disarmament Resarch).

Un mécanisme de vérification, globalement calqué sur celui des accords START-I de 1991 ayant plafonné à 6.000 le nombre de têtes nucléaires en Russie et aux Etats-Unis, est en effet prévu, même s'il laisse ouvert la question du déstockage, les têtes nucléaires pouvant être partiellement détruites et conservées, souligne-t-elle.

"Toutefois, insiste-t-elle, la question se pose de savoir que faire des matières fissiles" entrant dans la composition de ce type d'armes, "et dont les stocks, même surveillés, courent le risque d'être détournés".

Hormis ce point, l'avantage mutuel du nouvel accord américano-russe est qu'il rapprochera encore davantage Moscou de l'Otan, fait remarquer le diplomate expert en désarmement.

Ce rapprochement se traduira au moins de deux façons: une association de la Russie à un système de missiles anti-missiles sur le théatre européen développé par les Etats-Unis, et un contrôle plus précis de l'élargissement de l'Otan aux anciens pays de l'orbite soviétique.

Sur le premier point, la Russie a tout intérêt à jouer le jeu, convaincue que le système anti-missile américain, aux Etats-Unis ou en Europe, ne verra jamais le jour devant son extrême difficulté technique et son coût financier exorbitant.

Quant à l'élargissement de l'Otan, la Russie, en exerçant son droit de regard, peut, à terme, sensiblement modifier la raison même de cette alliance militaire occidentale, à l'origine destinée à contrer les troupes du Pacte de Varsovie dirigées par la défunte Union soviétique, et dont le rôle aujourd'hui reste imprécis.

Autre avantage de l'accord américano-russe, selon les mêmes sources: il affaiblit le reste du monde en exerçant une pression accrue sur les autres puissances nucléaires que sont la Chine, la France et la Grande-Bretagne, en rapprochant les arsenaux américains et russes des leurs.

D'une manière générale, cet accord affaiblit la validité, voire la raison d'être, de tous ceux conclus au niveau multilatéral, notamment par l'intermédiaire de la Conférence de l'ONU sur le désarmement, note Mme Lewis.

Le blocage de cette conférence, constaté depuis au moins quatre ans, a toute les chances de se prolonger tant qu'un faisceau de volonté politique favorable ne se sera pas formé pour la faire revivre, souligne la même source diplomatique.

 



Le Monde 15/05/02

Etats-Unis et Russie réduiront de deux tiers leurs arsenaux nucléaires

Les présidents des Etats-Unis et de la Russie ont annoncé, lundi 13 mai, qu'ils signeraient à Moscou, le 24 mai, un traité sur la réduction des armes nucléaires stratégiques. "Ce traité liquidera l'héritage de la guerre froide", a déclaré George W. Bush. A Moscou, Vladimir Poutine a remercié son homologue américain pour son "engagement attentif" dans les négociations qui étaient en cours depuis cinq mois. "Nous sommes satisfaits de nos efforts communs", a-t-il assuré, suggérant ainsi que sa relation avec M. Bush a été décisive pour aboutir à un accord.

Ce futur traité de désarmement, le premier depuis 1993, prend pour base les chiffres que M. Bush avait annoncés en novembre 2001, lorsqu'il avait reçu M. Poutine à Washington, puis dans son ranch au Texas.

RÈGLES DE CALCUL

L'administration américaine décidait alors de ramener d'environ 6 000 à un niveau compris entre 1 700 et 2 200 le nombre de ses têtes nucléaires opérationnelles. En décembre, le président russe faisait savoir que ce niveau lui convenait, lui-même ayant proposé dès avril 2000 une réduction de l'arsenal russe à environ 1 500 têtes nucléaires.

Les négociations ont buté sur le mode de calcul de la réduction opérée et sur le devenir - destruction ou stockage - des armes retirées du service. "Nous employons le concept de têtes nucléaires déployées opérationnellement. Les Russes préfèrent les règles de calcul fixées dans le traité Start I", déclarait, fin mars, le sous-secrétaire d'Etat américain chargé du contrôle des armements, John Bolton. Les Américains estiment que la bonne référence est celle des armes pouvant être déclenchées immédiatement sur ordre du président ; pour les Russes, seules les têtes nucléaires effectivement démantelées devaient être décomptées du total.

L'accord s'est fait sur le mode de calcul du traité Start II de 1993, que le Parlement russe a ratifié en avril 2000, et non sur celui du Start I, de 1991, pris comme référence à Moscou. Mais les dirigeants russes obtiennent un nouveau traité en bonne et due forme, même si celui-ci ne fait que trois pages et ne rentre pas dans les détails, quand les Américains ne souhaitaient initialement qu'un simple accord. Les Russes ont fait valoir qu'un traité lie l'avenir, alors qu'un simple engagement de M. Bush aurait pu être abandonné par ses successeurs.

INSPECTIONS ET RECENSEMENT

De plus, un traité comporte nécessairement un dispositif de vérification. Le mécanisme de contrôle retenu est, cette fois, celui du traité Start I, avec inspections sur place et recensement des têtes nucléaires déployées, comme le demandait Moscou. Directrice du programme Russie-Eurasie au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), Celeste Wallander explique que le traité et son dispositif de vérification sont d'une importance capitale pour les Russes, car "ils conditionnent la possibilité de redéployer leurs forces conventionnelles en se détournant de l'Europe et en faisant face aux nouvelles menaces, qui sont pour eux au Sud et à l'Est".

La réduction de deux tiers du nombre de têtes nucléaires, prévue pour s'étaler sur dix ans, sera opérée par les deux pays "chacun à sa manière", a indiqué un haut responsable de la Maison Blanche, ajoutant que les Etats-Unis "vont conserver la flexibilité dont ils ont besoin pour faire face à un environnement incertain dans l'avenir". Interrogée sur la télévision publique PBS, Condoleezza Rice, conseillère de M. Bush pour la sécurité nationale, a souligné qu'aucun des traités existant ne spécifie le démantèlement des têtes nucléaires séparées de leurs plates-formes de lancement. Le démantèlement "est difficile à vérifier", a-t-elle assuré.

Pour ce qui est des Etats-Unis, a expliqué Mme Rice, les têtes nucléaires qu'ils démonteront seront "soit détruites, soit mises de côté pour fournir des pièces détachées ou remplacer les têtes en service, soit stockées". La question du non-démantèlement est l'une de celles qu'a soulevées, dès lundi, le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le démocrate Joseph Biden. Tout en se félicitant de l'accord, M. Biden a prévenu que le Sénat, dont le vote à la majorité des deux tiers est requis pour la ratification d'un traité, cherchera à obtenir des réponses claires sur l'irréversibilité des mesures de réduction adoptées et sur les moyens de vérification dont disposeront les Etats-Unis.

Le secrétaire d'Etat Colin Powell et son homologue Igor Ivanov, ministre russe des affaires étrangères, devaient discuter de l'accord lors de leurs entretiens prévus à Reykjavik, mardi, en marge de la réunion ministérielle de l'OTAN. M. Bush et M. Poutine ne signeront pas seulement, en effet, un traité sur la réduction des armements, mais aussi une déclaration politique générale, portant notamment sur la défense antimissile. L'accord sur le désarmement est de bon augure, mais la défense antimissile reste un souci pour les militaires russes, qui veulent obtenir des Américains qu'ils les fassent bénéficier d'une sorte de coopération technologique dans ce domaine.

Patrick Jarreau

Les accords Start russo-américains

Dès la mi-1982, les Etats-Unis et l'URSS ont mené, à Genève, des discussions visant non plus à limiter, comme le firent, à partir de la mi-1969, puis du début 1975, les accords SALT 1 et 2 (Strategic Arms Limitation Talks), mais à réduire les armes nucléaires stratégiques, par le biais des accords dits Start (Strategic Arms Reduction Talks).

DEUX ACCORDS

. Le premier, START 1, a été signé le 31 juillet 1991 à Moscou, mais il est suivi par un coup d'Etat, le 18 août, contre Mikhaïl Gorbatchev - l'interlocuteur de Ronald Reagan - et par l'éclatement de l'Union soviétique. Ce qui ne facilitera pas son exécution. Le second, accord, Start 2, intervient le 3 janvier 1993 mais il s'agit davantage d'une déclaration d'intention entre George Bush père et Boris Eltsine dans la mesure où nombre de ces systèmes d'armes sont répartis entre la Russie (80 %), l'Ukraine (10 %), le Kazakhstan (6 %) et la Biélorussie (4 %), autant de territoires sur lesquels Moscou n'a pas le contrôle.

RÉDUCTION

. Prévue, à l'origine, à hauteur de 50 %, la réduction est en fait de 30 % selon les catégories d'armements. Ce sont les missiles sol-sol, dotés de plusieurs ogives, qui seront le plus réduits (SS.18 et SS.24 russes, MX Peacemaker et Minuteman III américains). Cependant, les bombardiers, voire les missiles de croisière, et les missiles à bord de sous-marins, qui devraient être plafonnés, sont les moins concernés.

EN 2003.

Ces réductions (qui laissent un potentiel de 3 500 et de 3 000 têtes respectivement aux Etats-Unis et en Russie) devraient avoir été effectives en 2003 selon les termes du traité Start 2. Mais la guerre dans les Balkans, les projets d'élargissement de l'OTAN et les crises au Proche-Orient ont contribué à ralentir quelque peu l'application des accords autant que la difficulté technique et financière - constatée notamment en Russie - de parvenir à détruire les charges nucléaires.

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Le déclin inéluctable des forces russes

Avec un budget de la défense d'environ 5 milliards de dollars (contre 380 milliards pour les Etats-Unis), la Russie n'est pas en mesure de préserver son arsenal nucléaire. Les experts militaires russes indépendants ont souligné ces dernières années le déclin inévitable de la puissance nucléaire de la Russie. Alexandre Pikaïev, expert du centre Carnegie à Moscou, estime que l'obsolescence des systèmes d'armes hérités de l'URSS, la très faible production de nouveaux armements et la mise en place de missiles à une seule tête nucléaire, et non plus à têtes multiples, vont conduire "à un déclin radical des forces stratégiques russes, qui pourraient compter moins de 1 000 têtes nucléaires dans quinze ans".

Plusieurs spécialistes estiment d'ores et déjà que les forces stratégiques compteront en 2007 entre 1 000 et 1 500 têtes nucléaires. Accord de désarmement ou non, "la Russie est obligée de réduire drastiquement son arsenal", expliquait en avril 2000, au lendemain de la ratification du traité Start II, Pavel Podvig, de l'Institut de physique et de technologie de Moscou.


Désarmement nucléaire: un accord court, honnête, simple (Powell)

GANDER (Canada), 13 mai - Le traité de désarmement sur lequel se sont mis d'accord les Etats-Unis et la Russie est "court, honnête et simple", a souligné lundi le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, à Gander, au Canada.

Le traité, prévoyant une réduction des deux tiers des têtes nucléaires des deux pays, "est court, (...) honnête et simple pour (un accord) sur le contrôle des armements", a noté M. Powell devant des journalistes lors d'une escale, en route pour une réunion de l'OTAN à Reykjavik.

Il a précisé que le traité comptait trois pages.

"Bien sûr, les deux parties sont satisfaites de l'accord, c'est un bon accord", a-t-il ajouté.

 

Bush annonce un accord de désarmement nucléaire avec Moscou

WASHINGTON, 13 mai - Le président américain George W. Bush a annoncé lundi la signature fin mai en Russie d'un "traité" de désarmement, prévoyant une réduction des deux tiers des têtes nucléaires des deux pays.
"Les Etats-Unis et la Russie se sont mis d'accord sur un traité qui réduira de manière substantielle nos arsenaux nucléaires dans une fourchette de 1.700 à 2.200 têtes" d'ici 2012, a indiqué à Washington le président Bush, lors d'une brève déclaration à la presse avant un déplacement à Chicago.

Aujourd'hui, les deux Etats disposent chacun de quelque 6.000 têtes nucléaires.

"Je vais à Moscou signer ce traité", a ajouté le président américain. Le sommet Poutine-Bush doit se tenir du 23 au 26 mai à Moscou et Saint-Pétersbourg.

Il "apportera plus de paix dans le monde et mettra derrière nous la guerre froide une fois pour toutes", a-t-il assuré. "Il permettra le lancement d'une nouvelle ère qui sera une période de sécurité mutuelle renforcée, de sécurité économique et d'amélioration de nos relations", a-t-il aussi fait valoir.

A Moscou, le président russe Vladimir Poutine a lui aussi annoncé un accord avec les Américains. "Le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov m'a confirmé que les négociations russo-américaines de Moscou avaient abouti à un accord sur le texte d'un des principaux documents du sommet, l'accord sur la réduction des armements nucléaires stratégiques", a dit M. Poutine, cité par l'agence Interfax.

Dans sa brève déclaration lundi, le président américain n'a pas fait mention des détails de l'accord.

Jusqu'à présent, les négociations achoppaient sur le fait de savoir si certaines des armes nucléaires mises au rebut seraient juste stockées, prêtes à resservir, comme le voulait Washington, ou toutes démantelées selon un processus irréversible, comme l'a demandé Moscou.

La confirmation par le président américain qu'un "traité" va être signé va dans le sens de la Russie qui voulait un accord légal, vérifiable. Dans un premier temps, l'administration Bush avait au contraire affirmé vouloir en finir avec le processus difficile des traités, toujours très longs à ratifier avant d'être mis en oeuvre. Face à l'opposition russe, elle avait ensuite fait volte-face et accepté l'idée d'un traité.

 


Désarmement: visite de M. Bolton à Moscou avant le sommet Bush-Poutine

MOSCOU, 12 mai - Le sous-secrétaire d'Etat américain John Bolton est arrivé dimanche à Moscou pour une nouvelle série de négociations afin de parvenir à un accord de réduction des arsenaux nucléaires russes et américains qui puisse être signé lors du sommet Bush-Poutine dans dix jours, a annoncé l'ambassade américaine à Moscou.
Le président américain George W. Bush et son homologue Vladimir Poutine espèrent signer un traité de réduction des armements nucléaires lors de leur sommet prévu du 23 au 26 mai à Moscou et à Saint-Petersbourg

M. Bolton doit entamer lundi ses entretiens avec le vice-ministre russe des Affaires Gueorgui Mamedov afin de parvenir à un accord aux termes duquel Moscou et Washington réduiraient leurs arsenaux de quelque 6.000 têtes nucléaires à un niveau situé entre 1.700 et 2.200 ogives d'ici à 2012.

M. Bolton s'est rendu à Moscou à deux reprises fin avril. Les contacts entre responsables russes et américains se sont intensifiés au cours des dernières semaines afin de tenter de surmonter leurs divergences. Celles-ci portent notamment sur la volonté de Washington de garder en réserve une partie des têtes nucléaires désactivées qui seraient retirées de l'arsenal, alors que Moscou souhaite une réduction irréversible de l'armement, ainsi que sur les procédures de vérification.

 


Réduction des arsenaux nucléaires: toujours des points non résolus

WASHINGTON, 3 mai - Les discussions en vue d'un accord de réduction des arsenaux nucléaires ont connu des progrès, mais il y a toujours des points non résolus, ont indiqué vendredi à Washington les chefs de la diplomatie russe et américaine, Igor Ivanov et Colin Powell.

M. Powell a déclaré que ses entretiens avec M. Ivanov avaient été "très réussis" et avaient "permis de faire des progrès", mais qu'il restait "quelques questions en suspens".

Le ministre russe des Affaires étrangères, qui s'exprimait au cours d'un point de presse conjoint avec M. Powell, a reconnu lui aussi "qu'il reste à se mettre d'accord sur un certain nombre de questions". Il a espéré qu'elles puissent être résolues d'ici un sommet prévu du 23 au 26 mai à Moscou et Saint-Pétersbourg entre les présidents George W. Bush et Vladimir Poutine.

Les deux ministres n'ont pas donné d'indication sur les points faisant encore l'objet de divergences.

M. Ivanov avait toutefois estimé un peu plus tôt dans la journée, à sa sortie d'une rencontre avec M. Bush à la Maison Blanche, "qu'il y a une très forte probabilité" pour que les Etats-Unis et la Russie signent un traité réduisant les armes nucléaires lors du sommet.

Les deux pays sont d'accord en principe pour réduire leurs arsenaux de quelque 6.000 têtes nucléaires, le seuil prévu par le traité START I de 1991, à un niveau situé entre 1.700 et 2.200 ogives d'ici à 2012.

Les deux pays ont toutefois exprimé au cours des derniers mois des divergences sur la forme que devrait prendre cet accord, que Moscou voudrait obtenir sous la forme d'un traité en bonne et due forme.

Les désaccords portent également sur la volonté de Washington de garder en réserve une partie des têtes nucléaires désactivées qui seraient retirées de l'arsenal. Le contrôle éventuel des stocks pose également d'importants problèmes techniques et de préservation des secrets militaires.




Armes nucléaires: la Russie optimiste sur les possibilités d'accord (Ivanov)

WASHINGTON, 2 mai - Le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, s'est déclaré optimiste, mercredi soir à Washington, à l'instar des responsables américains, sur les chances que les Etats-Unis et la Russie parviennent ce mois-ci à un accord sur les réductions d'armes nucléaires.
"Je crois fort possible que les divergences seront dissipées d'ici au sommet" des présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine qui doivent se rencontrer du 23 au 25 mai à Moscou et Saint-Pétersbourg, a déclaré M. Ivanov à la presse, devant l'ambassade de Russie, peu après son arrivée aux Etats-Unis.

Plus tôt dans la journée, le secrétaire adjoint à la Défense J.D. Crouch s'était également déclaré optimiste, soulignant que des différends demeuraient mais exprimant l'espoir que les rencontres à venir "permettent de trancher les problèmes qui sont typiques des fins de partie dans une négociation sur le désarmement".

M. Ivanov devait s'entretenir jeudi avec des responsables américains pour "parfaire la préparation de la visite du président Bush en Russie", notamment celle de deux accords-clefs que les deux chefs d'Etat espèrent pouvoir signer pendant leur sommet.

MM. Bush et Poutine ont tous les deux été d'accord pour ramener à un chiffre compris entre 1.700 et 2.200 le nombre de têtes nucléaires de leurs arsenaux d'ici à 2012 contre 6.000 têtes actuellement.

Le principal différend porte sur le projet de Washington de stocker plutôt que de détruire les têtes désactivées, une option à laquelle Moscou s'oppose fortement.

La Russie, qui a répété à plusieurs reprises qu'elle était favorable à la destruction totale de ces armes, avait présenté de nouvelles propositions, dont les détails n'ont pas été révélés, la semaine dernière, pour tenter de régler le différend.

"L'objectif a été fixé et notre tâche est maintenant de le réaliser", a déclaré M. Ivanov, qui rencontrera vendredi le secrétaire d'Etat Colin Powell.

Un deuxième document que devraient signer les deux présidents serait une déclaration-cadre pour un nouveau partenariat stratégique entre les deux pays, a expliqué le chef de la diplomatie russe.

M. Ivanov a encore indiqué qu'il participerait jeudi à des discussions quadripartites sur le Proche-Orient avec les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations Unies.

 

 

Armes nucléaires: Washington optimiste sur un accord avec les Russes

WASHINGTON, 1er mai - Un haut responsable américain de la Défense a déclaré mercredi qu'il y avait "d'assez bonnes chances" que les Etats-Unis et la Russie parviennent à un accord sur les réductions d'armes nucléaires avant le sommet américano-russe ce mois-ci à Moscou.
Le secrétaire adjoint à la Défense JD Crouch a déclaré que des différends demeuraient mais a exprimé l'espoir que les rencontres à venir "permettent de trancher les problèmes qui sont typiques des fins de partie dans une négociation sur le désarmement".

"Nous avons fait quelques progrès sur la base d'un nouveau texte russe", a-t-il dit à la presse. "Et je m'attends à ce que (les Russes) reviennent cette semaine et nous disent où ils en sont que les propositions que nous avons faites".

Interrogé sur le fait de savoir si les différences pourraient être dissipées avant le sommet entre le président américain George W. Bush et son homologue russe Vladimir Poutine du 23 au 26 mai à Moscou, M. Crouch s'est dit "prudemment optimiste".

"Je crois qu'il y a d'assez bonnes chances pour que nous soyons en mesure (de dissiper nos différences) d'ici le sommet", a-t-il dit.

Le traité de 1991 sur Start 1 limitait les têtes nucléaires à 6.000. Les deux parties discutent maintenant de coupes supplémentaires d'ici à 2012, date à laquelle il ne devrait plus rester que de 1.700 à 2.200 têtes.

La Russie a répété à plusieurs reprises qu'elle était favorable à la destruction totale de ces armes, tandis que les Américains prévoient des difficultés techniques dans cette destruction.

 

Désarmement nucléaire: le blocage des négociations remet un accord en question

MOSCOU, 19 fév - Un deuxième round de négociations entre Moscou et Washington sur le désarmement stratégique a débouché sur la constatation de sérieux obstacles à la conclusion d'un accord à temps pour qu'il soit signé lors du prochain sommet Bush-Poutine prévu en mai.

"Les deux présidents sont très intéressés par l'obtention d'un accord, mais des choses surprenantes peuvent arriver même avec les meilleures intentions", a déclaré John Bolton, secrétaire d'Etat adjoint chargé du désarmement et de la sécurité internationale.

M. Bolton s'exprimait à Moscou, à l'issue du deuxième round de négociations avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Gueorgui Mamedov. Le matin même, ce dernier espérait que cette rencontre déboucherait sur des "résultats tangibles et substantiels".

Mais quelques heures plus tard, son supérieur direct, le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov, a constaté que "pour l'instant les parties conservent des approches différentes" sur une réduction des armes stratégiques offensives et un nouveau cadre de relations stratégiques entre les deux pays.

Moscou et Washington ont "une vision commune" du but à atteindre, a rappelé Igor Ivanov. A savoir, une réduction des arsenaux stratégiques des deux pays, de quelque 6.000 têtes chacun actuellement, jusqu'à une fourchette comprise entre 1.700 et 2.200 têtes nucléaires.

La signature d'un tel accord serait le point d'orgue à la visite qu'envisage George W. Bush à Moscou, et que la Russie attend du 23 au 25 mai prochain.

L'enjeu est de taille, au point qu'Igor Ivanov a suggéré mardi qu'il pourrait entrer personnellement dans le vif des négociations.

Le ministre des Affaires étrangères russe et son homologue américain Colin Powell "sont prêts à une rencontre, afin d'arrêter ensemble des décisions mutuellement acceptables", a-t-il déclaré.

Cette rencontre pourrait intervenir dès le mois de mars, au cours duquel doit se tenir un troisième round de négociations russo-américaines.

Mais les obstacles à un accord sont de taille, à en croire M. Bolton.

"Dans n'importe quelle négociation il y a toujours un certain nombre de questions qui peuvent empêcher un accord d'être conclu à temps. Le mois de mai peut sembler une échéance lointaine, mais elle est juste au coin de la rue", a-t-il déclaré.

"Nous avons un certain nombre de questions difficiles pour dénombrer exactement les têtes nucléaires stratégiques, les mesures de transparence et de vérification et une série de questions qui doivent être réglées", a-t-il ajouté, sans autres précisions.

Les négociations butent principalement sur deux points, a indiqué récemment une source diplomatique russe haut placée.

La Russie s'est prononcée en faveur de la destruction des têtes nucléaires touchées par la réduction, alors que les Etats-Unis veulent en conserver une partie en réserve.

"Les Américains veulent conserver un grand potentiel de retour, mais nous devons savoir quelle sera sa taille potentielle", a-t-on indiqué de même source diplomatique.

M. Bolton a confirmé indirectement cette divergence de vues en mentionnant seulement que le président Bush avait donné le feu vert à un accord "codifiant de grandes réductions dans le nombre de têtes nucléaires déployées opérationnelles".

Moscou souhaite par ailleurs qu'un accord sur le désarmement soit lié, par une déclaration, à celui de la défense antimissile, ce que refuse Washington.

Les Etats-Unis ont dénoncé en décembre dernier le traité antimissile ABM, qui gène leur projet de déploiement d'un bouclier antimissile.

Mais selon la source diplomatique, "plus les réductions d'armes stratégiques sont grandes, plus il faut prendre en compte les autres facteurs affectant l'équilibre stratégique, et notamment le projet américain de bouclier antimissile".

A cet égard John Bolton a indiqué que Washington "n'a pas l'intention d'entamer" des négociations sur d'éventuelles limitations à son projet de bouclier antimissile.



Désarmement nucléaire: des "approches différentes" selon Igor Ivanov

MOSCOU, 19 fév - Le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov a remarqué mardi que Moscou et Washington avaient encore des "approches différentes" sur le projet de réduction des armes nucléaires que les deux pays sont en train de négocier, même s'il existe une "vision commune" sur ce thème.
"Pour l'instant les parties conservent des approches différentes sur les documents concernant une réduction radicale des armes stratégiques offensives et un nouveau cadre" des relations stratégiques entre les deux pays, a déclaré M. Ivanov, cité par Ria-Novosti, avant son entretien avec le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du désarmement et de la sécurité internationale John Bolton.

Ce dernier a tenu mardi un deuxième round de négociations sur la réduction des arsenaux stratégiques avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Gueorgui Mamedov.

Cette rencontre n'a débouché, selon un communiqué du ministère russe, que sur un engagement des deux parties à "intensifier leurs efforts", afin de parvenir à un accord d'ici à la tenue du sommet des présidents Vladimir Poutine et George W. Bush à Moscou fin mai.

Il existe "une vision commune" de Washington et Moscou sur le but à atteindre, a estimé M. Ivanov, c'est à dire un accord ramenant leurs arsenaux nucléaires respectifs dans une fourchette de 1.700 à 2.200 têtes.

Mais les négociations butent sur deux points, a indiqué récemment une source diplomatique russe haut placée.

La Russie s'est prononcée en faveur d'une destruction des têtes nucléaires touchées par la réduction, alors que les Etats-Unis veulent en conserver une partie en réserve.

"Les Américains veulent conserver un grand potentiel de retour, mais nous devons savoir quelle sera sa taille potentielle", a-t-on indiqué de même source diplomatique.

Moscou souhaite par ailleurs qu'un accord sur le désarmement soit lié, par une déclaration, à celui de la défense antimissile, ce que refuse Washington.

Les Etats-Unis ont dénoncé en décembre dernier le traité antimissile ABM, qui gène leur projet de déploiement d'un bouclier antimissile.

Mais selon la source diplomatique, "plus les réductions d'armes stratégiques sont grandes, plus il faut prendre en compte les autres facteurs affectant l'équilibre stratégique, et notamment le projet américain de bouclier antimissile".