2/11/2009 - Electricité de France (EDF) a réduit la puissance du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Belleville (Cher), à la suite d'un incendie intervenu dimanche sur un circuit de vapeur, a-t-on appris lundi auprès du groupe.
"Dimanche 1er novembre à 12H15, un dégagement de fumée a été détecté sur la partie non-nucléaire de l'unité numéro 2 de la centrale de Belleville suite à l'échauffement d'une pompe située sur le circuit secondaire de vapeur", indique EDF sur la ligne téléphonique d'information de la centrale de Belleville.
"Les équipes de la centrale sont intervenus immédiatement, la situation a été rapidement maîtrisée", ajoute le groupe. Les sapeurs-pompiers du Cher "ont pu constater la fin de l'accident à leur arrivée sur les lieux", est-il ajouté. "En conséquence de cet accident", la puissance du réacteur n°2 "a été réduite temporairement", précise le groupe d'électricité.
Ce réacteur "fonctionne actuellement à 60% de sa puissance minimale", ajoute EDF. Le réacteur n°1 fonctionne lui toujours normalement. Les réacteurs de la centrale de Belleville ont une puissance de 1.300 mégawatts (MW) chacun. Ils sont en activité depuis 1987 pour le réacteur n°1 et 1988 pour le réacteur n°2.
En 2008, la centrale de Belleville a produit 16,03 milliards de kWh, soit environ 4% de la production nationale d'électricité d'origine nucléaire, selon le site d'EDF. La France va devoir importer massivement de l'électricité pendant plus de deux mois cet hiver du fait de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires, a prévenu vendredi le Réseau de Transport d'Electricité (RTE).
Réévaluation
Fait incroyable, les systèmes de protection des centrales nucléaires françaises sont depuis longtemps inadaptés au risque incendie. La dépêche AFP du 5 septembre 2000 est explicite à ce sujet : "Les systèmes de protection, calqués à l'origine sur ceux des premières centrales américaines, ont dû être revus. Un programme de réévaluation de la sûreté contre l'incendie a été engagé par EDF sur huit ans (1998 à 2006), pour un coût de 2,8 milliards de francs." Cependant, impossible d'être sûr que la situation soit rétablie : comment faire confiance à des gens qui ont mis si longtemps à s'apercevoir que la sûreté de leurs centrales n'étaient pas fiables en cas d'incendie ?
De toute façon, le plus grave semble être encore ailleurs : des exercices montrent que les équipe d'interventions sont souvent défaillantes et interviennent en retard, des documents montrent qu'EDF ignore les directives de l'ASN.
Directives
EDF a délibérément ignoré deux importantes directives édictées par l'Autorité de sûreté nucléaire concernant la formation des personnels et la remise en conformité de clapets coupe-feu défaillants.
Extrait : "L'ASN a constaté, au cours d'inspections sur les sites nucléaires, que deux actions prioritaires n'étaient pas menées avec la célérité requise sur tous les sites. Il s'agit d'une part de la formation pratique sur simulateur des agents de conduite des réacteurs aux nouvelles procédures de conduite applicables en cas d'incendie, d'autre part de la remise en conformité de clapets coupe feu qui ont été reconnus depuis 1997 comme pouvant être défaillants." (cf www.asn.gouv.fr/data/information/decision8.asp). Comme d'habitude, aucune sanction n'a été prise. Impossible de savoir si EDF tient aujourd'hui compte des directives de l'ASN. L'expérience laisse craindre que non. Mais il y a toujours, pire.
Les Pieds nickelés de Nogent
De temps en temps, les inspecteurs de l'ASN organisent un exercice inopiné pour tester la réactivité des équipes de sûreté des installations nucléaires. Assez souvent, le résultat est mauvais, voire affligeant. Des consignes sont alors données pour tenter d'obtenir une amélioration et, quelques temps plus tard, le même exercice est organisé. Il ne s'agit plus véritablement d'une surprise pour l'exploitant qui se doute bien qu'il va être à nouveau testé. Pourtant, les progrès sont parfois difficiles à détecter. Le pompon revient de toute évidence à la centrale nucléaire de Nogent, qui s'est surpassée dans l'incompétence et les défaillances. Ce serait à pleurer de rire si ce n'était pas aussi grave : "Au cours de l'exercice réalisé sur la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine par l'Autorité de sûreté nucléaire pendant l'inspection inopinée du 2 octobre 2001, il avait été constaté qu'entre le moment du déclenchement de l'alerte incendie par un témoin et l'arrivée sur place de l 'équipe de deuxième intervention plus de 50 minutes s'étaient écoulées." Pas vraiment brillant, sachant que le délai maximum toléré est de 15 minutes ! Mais le "meilleur" est à venir : "Quatre mois après cet exercice, les inspecteurs ont effectué une nouvelle inspection inopinée la nuit du 12 au 13 février 2002. Ayant réalisé le même exercice incendie (même scénario, même lieu), ils ont à nouveau constaté qu'entre le moment du déclenchement de l'alerte incendie par un témoin et l'arrivée sur place de l'équipe de deuxième intervention plus de 45 minutes étaient encore nécessaires, et de plus pour les mêmes raisons ; les mesures prises entre-temps par EDF pour améliorer la situation se sont avérées insuffisantes pour certaines, non appliquées pour d'autres." (http://asn.gouv.fr/data/information/14_2002_nogent.asp)
Faut-il se contenter de ce "progrès" de 5 minutes ? A ce rythme, il faut encore 6 inspections "inopinées" pour que le délai de 15 minutes soit tenu. A moins d'un rechute entre temps. Ou à moins. d'un véritable incendie, qui risque bien de régler définitivement le problème !
Certainement agacés d'être encore plus que d'habitude pris pour des imbéciles, les dirigeants de l'ASN se sont alors fendus d'une "mise en demeure" en avril 2002 : "Devant cette situation anormale et persistante, l'Autorité de sûreté a donc mis en demeure le site de Nogent-sur-Seine d'améliorer son organisation afin de pouvoir garantir l'engagement d'actions de lutte contre un incendie par l'équipe de deuxième intervention sur ces zones dans des délais acceptables". Soit. Mais il n'y a pas là de quoi empêcher un directeur de centrale de dormir. Cette mise en demeure se contente en fait d' "exiger" ce qui aurait dû être réalisé, et parfaitement, dès le premier exercice. Pourquoi, pour des défaillances aussi graves, EDF n'est-elle pas mise à l'amende ?
Tricastin: sûreté illusoire
La centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) est certainement en concurrence avec celle de Nogent pour la palme de l'installation la plus dangereuse. L'ASN a ainsi rendu compte le 2 septembre 2004 d'une inspection inopinée menée le 2 juillet précédent, précisément sur le thème "incendie". A nouveau, les constats sont impressionnants : "Cet exercice a mis en exergue un manque de pratique des agents, notamment pour faire face à un incendie se propageant, des erreurs commises par l'équipe de première intervention et l'absence de déploiement préventif de moyens lourds en soutien. Ainsi, l'attaque du feu par des moyens efficaces aurait pris 37 minutes. Ce délai, trop long, rend illusoire l'extinction d'un incendie bien développé."
Chinon: pas mieux !
La centrale nucléaire de Chinon semble, elle aussi, participer au "concours" d'incompétence. Le 14 octobre 2004, l'ASN rend compte d'une inspection inopinée organisée le 7 septembre précédent. A nouveau, il apparaît que la situation est restée médiocre malgré les défaillances constatées à deux reprises auparavant : "Cette inspection inopinée s'inscrivait dans la continuité des deux inspections du 16 décembre 2003 et des 12 - 13 mai 2004 sur le même thème, qui avaient révélé des lacunes organisationnelles dans la lutte contre l'incendie. Cette troisième inspection, au cours de laquelle ont été réalisées deux simulations d'incendie, n'a pas mis en évidence de progrès significatif sur l'efficacité des moyens et l'organisation du site en terme de lutte contre un incendie, malgré la mise en place d'un plan local d'actions consécutif aux inspections précédentes." On apprend aussi des choses "amusantes" comme celle-ci : "L'une des raisons pour lesquelles l'équipe de 2ème interventio n n'est parvenue sur le lieu du sinistre simulé que 53 minutes après l'alarme est que la porte d'accès matériel du Bâtiment des auxiliaires nucléaires (BAN), pourtant spécialement aménagée pour un accès rapide des équipes d'intervention, ne s'est pas ouverte." Espérons que, depuis, quelqu'un a retrouvé la clef.
Chinon (bis): les grands moyens
Certainement agacée, l'ASN a alors mené à Chinon, toujours sur le thème de l'incendie, une impressionnante inspection du 7 au 11 mars 2005. Le compte-rendu, daté du 19 mai 2005, est explicite : "Cette inspection de revue a été programmée par l'Autorité de sûreté nucléaire à l'issue d'insuffisances constatées lors de trois inspections sur le thème de l'incendie réalisées au cours des douze derniers mois." L'ASN fait alors un aveu concernant l'ensemble du parc nucléaire ce qui, en fin de compte, n'est pas très surprenant vu le nombre de centrales pour lesquelles nous avons trouvé des défaillances dans la protection contre les incendies : "Comme sur la plupart des autres centrales nucléaires, les équipes locales d'intervention doivent améliorer leurs pratiques pour arriver au niveau d'exigence de l'Autorité de sûreté nucléaire, compte tenu des enjeux liés au risque incendie. Par ailleurs, les services centraux d'EDF doivent mettre à disposition des centrales nucléaires des direc tives et des guides méthodologiques de qualité en la matière, ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui, comme ont pu le mettre en évidence les inspecteurs. L'implication des services centraux est en effet primordiale pour garantir un haut niveau de protection contre l'incendie dans les centrales nucléaires". Suit alors une impressionnante liste de critiques sur pas moins de. 29 pages. Pas sûr que le directeur de la centrale ait pris le temps de lire un document aussi long. Y'a pas l'feu ?
Saint-Alban ne s'alarme pas
Le mercredi 11 mai 2005, l'Autorité de sûreté nucléaire (Division de Lyon) a adressé au Directeur de la centrale nucléaire de St-Alban (Isère) un courrier faisant suite à une inspection inopinée menée dans la nuit du 25 au 26 avril 2005 (soit... 19 ans exactement après la catastrophe de Tchernobyl). A la lecture de ce document, on comprend qu'une nouvelle fois, les inspecteurs sont tombés des nues : "De nombreux écarts aux règles de prévention du risque incendie : présence de potentiel calorifique inutile dans les secteurs de feu de sûreté ou dans les zones de dégagement, ruptures de sectorisation incendie non identifiées ou incorrectement traitées, permis de feu défaillants dans leur analyse, etc." Pire : "Les inspecteurs ont procédé à un exercice incendie en activant un détecteur dans un local du bâtiment électrique. Le détecteur activé par les inspecteurs, neuf, n'a pas déclenché d'alarme incendie mais a déclenché l'apparition d'une alarme « défaut » en salle de commande." Fort logiquement, les inspecteurs notent que cela "pourrait avoir de grave conséquence sur le lancement de l'alerte en cas de départ de feu." Touchons du bois.
Cadarache: "Y'a pas l'feu à la piscine" !
Une inspection consacrée au risque incendie s'est déroulée fin 2003 au centre nucléaire de Cadarache (Bouches-du-Rhône). Une fois de plus, la "pêche" des inspecteurs fut miraculeuse. Extraits : "Les inspecteurs ont constaté un potentiel calorifique important et non justifié dans de nombreux locaux, aggravant notoirement le risque d'incendie." Encore une illustration de la fameuse "rigueur" de la sûreté nucléaire. Mais ce n'est pas tout : "Le bâtiment 769 abritant notamment les piscines d'entreposage des éléments de combustibles irradiés ne possède pas de détection automatique d'incendie." (cf : www.asn.gouv.fr/actualite/lds/maj/2003-12/INS_2003_41015.pdf). Les combustibles irradiés contiennent des matières aussi sympathiques que le plutonium, dont un millionième de gramme suffit à tuer une personne. A Cadarache, de toute évidence, et contrairement aux règles de sécurité qui exigent des alarmes, personne ne s'inquiète d'un possible incendie de ce fameux bâtiment 769. C'est peut-être parce que l'on y trouve des piscines: l'incendie s'arrêtera sûrement de lui-même.
Bugey dans la course à l'insécurité
La centrale de Bugey est aussi, de toute évidence, dans la course à la palme de l'insécurité nucléaire. Le 21 mars 2005, l'ASN rendait compte d'une inspection menée les 3 et 4 mars précédents. Edifiant : "L'exercice réalisé par les inspecteurs le 03/03/2005 au magasin général du site a été arrêté 45 minutes après le déclenchement de l'alarme alors que l'équipe de 2ème intervention n'était toujours pas opérationnelle suite à une difficulté pour ouvrir le poteau incendie (poteaux récemment remplacés sur le site)." Pas d'eau pour éteindre l'incendie, plutôt gênant. Mais ce n'est pas tout : "Lors de l'exercice réalisé par les inspecteurs le 04/03/2005 dans le local presse du bâtiment des auxiliaires nucléaires généraux (BANG), l'équipe de 2ème intervention n'a été opérationnelle que 38 minutes après le déclenchement de l'alarme. Un manque de coordination flagrant sur le point de rencontre entre 1ère et 2ème intervention a été constaté. L'équipe de 2ème intervention n'avait pas le bon plan des locaux et ne connaissait pas les lieux." Il serait certainement utile d'organiser, pour les personnes chargées de la protection contre les incendies, une visite de leur propre centrale. Avant qu'il n'y ait un véritable "Bang !" dans le BANG.
Sommeil paisible
Il existe de nombreux autres exemples de défaillance du nucléaire face au risque incendie. Comme par rapport au risque sismique, le risque incendie fait du nucléaire un grave danger qui menace la population française et même européenne. Certes, le risque incendie menace aussi d'autres industries, mais seule une catastrophe nucléaire peut contaminer un continent entier, et entraîner l'évacuation d'un pays pendant des centaines d'années. Pendant ce temps, les citoyens dorment paisiblement, croyant à la fameuse sûreté nucléaire française qu'on leur vente, il est vrai, à longueur de temps.
[Texte publié sur une des listes de diffusion du Réseau
Sortir du nucléaire, les liens en plus des textes de l'autorité
de sûreté nucléaire ont été
rajouté par Infonucléaire]
Incendie au Blayais - Tchernoblaye publie un document
accablant pour EDF
Tchernoblaye - association membre du Réseau "Sortir du nucléaire"
Communiqué du Mardi 22 novembre 2005:
Suite à
l'incendie survenu ce jour à la centrale nucléaire
du Blayais, l'association Tchernoblaye publie un document qui
met en lumière les défaillances du nucléaire
face au risque incendie. Ce document montre :
- que les centrales nucléaires françaises ne
répondront pas aux normes de sécurité incendie
avant 2006 (si tout va bien),
- que les équipes d'intervention sur incendie dans
les centrales nucléaires sont souvent défaillantes
en particulier concernant la rapidité d'intervention (critère
fondamental),
- qu'EDF n'a pas respecté d'importantes directives
édictées par l'Autorité de sûreté
nucléaire concernant la formation des personnels et la
remise en conformité de clapets coupe-feu défaillants.
L'incendie de ce jour au Blayais, même s'il s'est produit
dans les parties non nucléaires de l'installation, était
susceptible d'aboutir à un accident majeur du fait de l'
"effet domino" qui peut propager l'incendie jusqu'aux
réacteurs nucléaires.
Le risque d'incendie dans les centrales et autres installations
nucléaires françaises, peut avoir des conséquences
dramatiques : dissémination de matières radioactives
dans l'environnement, atteinte à la sûreté
de l'installation, voire même fusion du réacteur
avec au pire une catastrophe comparable à celle de Tchernobyl.
Il est donc injustifiable qu'EDF (mais aussi la Cogéma)
soit défaillante dans la gestion du risque incendie, une
des raisons qui font du nucléaire une industrie qui met
en permanence en danger la population française et même
européenne.
Libération, 15 novembre 2006:
C'est une vraie série noire pour les
centrales nucléaires suédoises. Dans la nuit de
lundi à mardi, une explosion a provoqué l'incendie
d'un transformateur de courant près d'un des réacteurs
de la centrale de Ringhals, au sud de Göteborg.
L'installation, reliée à l'une des turbines, a pris
feu peu après minuit, pour des raisons encore inconnues.
Le système de sécurité s'est aussitôt
déclenché. Le réacteur a été
arrêté. «Tout a fonctionné comme
il fallait» , affirmait hier le porte-parole de
la centrale. Sauf que ça commence à faire beaucoup
pour le royaume nordique.
Le 25 juillet, un court-circuit dans le réseau électrique
en bordure d'un des réacteurs de la centrale de Forsmark,
située à 150 km de Stockholm, avait révélé
des défaillances dans le système d'arrêt d'urgence.
Seuls deux des quatre générateurs de secours qui
auraient dû s'enclencher pour alimenter le système
de refroidissement du réacteur s'étaient allumés
automatiquement. [Lire:
A quelques minutes de l'accident nucléaire
majeur à Forsmark]
Classé de niveau 2 sur l'échelle d'Ines (International
Nuclear Event Scale) qui en compte sept, l'incident avait
été qualifié de «très sérieux» par
l'organisme suédois de l'inspection de la sûreté
nucléaire (SKI). Par mesure de sécurité,
la moitié du parc nucléaire suédois était
restée immobilisée pendant plus d'un mois. Quant
à la centrale de Forsmark, elle a dû attendre début
octobre pour redémarrer ses réacteurs. C'était
sans compter une nouvelle série de problèmes : des
coupures d'électricité pour Forsmark 1 et une fuite
du radiateur pour Forsmark 2, toujours à l'arrêt
aujourd'hui.
Comme si cela ne suffisait pas, l'organisme suédois de
l'inspection de la sûreté nucléaire vient
d'annoncer qu'il avait porté plainte près le procureur
d'Uppsala contre la direction de la centrale. Une première
en Suède. Le SKI dit avoir constaté une suractivité
de l'un des réacteurs de mars à avril. Il aurait
signalé l'irrégularité à la direction
de la centrale. Mais celle-ci aurait ignoré la mise en
garde.
La centrale de Ringhals avait échappé à la
fermeture, après l'incident du 25 juillet. Mais l'incendie
de lundi soir devrait maintenir le réacteur 3 à
l'arrêt plusieurs jours. Coût : 10 millions de couronnes
(plus de 1 million d'euros) par jour. Le réacteur fournit
à lui seul 5 % de l'électricité produite
en Suède.
Anne-Françoise HIVERT
14 novembre
2006 - Un transformateur d'une centrale
nucléaire suédoise a pris feu dans la nuit de lundi
à mardi, entrainant l'arrêt de la centrale, a-t-on
appris auprès de l'autorité de l'énergie
nucléaire suédoise (SKI). "Un feu dans un transformateur
du réacteur Ringhals 3 a eu lieu vers minuit (23H00 GMT)
(...). Le réacteur a été arrêté
d'urgence et tous les systèmes de sécurité
ont fonctionné comme ils le devaient", indique SKI
sur son site internet. Les raisons de l'incendie, qui n'a pas
fait de victime, ne sont pas encore connues, a indiqué
à Anders Jörle, porte-parole de l'autorité.
Il a souligné que
le réacteur Ringhals 3 est situé à "50
à 60 mètres" du transformateur qui a pris feu. La centrale se situe dans le sud ouest du pays.
Journal de l'environnement, 17/5/2005:
Une inspection de l'ASN a mis en lumière
des dysfonctionnements dans les moyens de lutte contre le risque
incendie à la centrale nucléaire de Saint-Alban
en Rhône-Alpes. Elle observe d'ailleurs que certains défauts
relevés sont également constatés dans d'autres
installations nucléaires.
Les risques incendie de la centrale nucléaire de Saint-Alban
(Isère) ne sont pas encore suffisamment pris en compte,
comme l'ont récemment constaté les inspecteurs de
l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
«Nous avons décidé de faire une visite inopinée
de nuit le 25 avril, au moment où les risques sont plus
élevés étant donné que le personnel
est moins nombreux et nous avons remarqué deux graves dysfonctionnements»,
explique Christophe Quintin, responsable de la division ASN de
la Direction régionale de l'industrie, de la recherche
et de l'environnement (Drire) de Rhône-Alpes.
Les inspecteurs ont procédé à un exercice
incendie en activant un détecteur et celui-ci n'a pas déclenché
l'alarme incendie, mais seulement une alarme «défaut»
en salle de commande. Les agents de la centrale vont donc devoir
vérifier s'il s'agit d'une panne sur le détecteur
ou sur l'ensemble du système de détection. Second
défaut: la remise en état de la sectorisation incendie.
En effet, à Saint-Alban comme dans d'autres centrales,
EDF fait des travaux de remise à niveau des systèmes
incendie qui nécessitent de faire des trémies, des
trous qui permettent de faire passer des câbles. «C'est
un dysfonctionnement déjà constaté: les agents
doivent reboucher ces trémies pour la nuit car en cas d'incendie,
les flammes seraient intensifiées par des appels d'air»,
poursuit Christophe Quintin qui a pensé mettre en demeure
le site pour cette raison. Il lui a donné 15 jours pour
remédier à l'organisation des travaux et que cet
aspect soit intégré par les agents.
D'autres irrégularités ont été relevées
comme la présence de stockages interdits, notamment des
cartons, en raison de leur capacité à alimenter
un incendie. Les analyses de risque ont également présenté
des lacunes. «La situation est similaire dans d'autres centrales.
La raison tient à l'insuffisance de formation des agents
de conduite qui sont en charge du risque incendie, alors que dans
d'autres industries, il existe des équipes dédiées»,
affirme le responsable de l'ASN.
Les travaux pour des remises aux normes incendies des centrales
nucléaires ont débuté en 1998 sous la pression
de l'ASN, qui avait alors noté la sous-évaluation
du risque incendie dans les installations nucléaires. Les
aménagements du parc français devraient prendre
fin en 2006.
PARIS, 5 sept 2000 - Le
risque d'incendie, qui reste minime mais dont les conséquences
pourraient être catastrophiques, est insuffisamment pris
en compte dans les centrales et autres installations nucléaires
françaises, selon les experts de l'Autorité de sûreté.
"On constate en moyenne un départ
de feu tous les deux ans sur chaque installation, c'est donc un
phénomène fréquent même si chaque départ
de feu ne se traduit pas nécessairement par un incendie",
a résumé Olivier Gupta, au cours d'une conférence
de presse mardi de l'Autorité de sûreté.
Le "gendarme du nucléaire" consacre un dossier
complet à ce sujet dans le numéro de septembre de
sa revue "Contrôle".
Le risque incendie est plutôt moins important que dans d'autres
secteurs de l'industrie, mais les conséquences peuvent
être redoutables: dissémination de matières
radioactives dans l'environnement, ou atteinte à la sûreté
même de l'installation et fusion du réacteur, l'accident
le plus grave qui puisse se produire dans une centrale nucléaire.
A l'origine de ces départs de feu constatés dans
les installations nucléaires (centrales, usines de retraitement,
installations de stockage ou de recherche), le plus souvent la
présence de produits inflammables, des travaux effectués
dans l'installation (soudure notamment) ou des courts-circuits
électriques. Plus d'un départ de feu sur deux provient
de matériels électriques (tableau électrique,
transformateur...), selon les experts.
Plusieurs accidents
Considéré comme "fréquent"
par rapport à d'autres risques comme les inondations ou
les séismes, le risque d'incendie est à l'origine
de plusieurs accidents dans le monde. Le plus grave s'est produit
à Windscale (Grande-Bretagne) en octobre 1957 lorsqu'une
pile de graphite a pris feu, entraînant des rejets radioactifs
dans l'air. La consommation de lait a dû être interdite
dans la région pendant une courte période, et les
deux réacteurs ont été mis à l'arrêt
définitif. Le site a depuis changé de nom et a été
rebaptisé Sellafield...
"En France, aucune installation nucléaire n'a eu jusqu'à
présent à faire face à un incendie ayant
entraîné un grave problème de sûreté",
rappelle le directeur de l'Autorité André-Claude
Lacoste.
Pour faire face à ce risque, le principe de base consiste
à découper l'installation en volumes parfaitement
étanches, avec portes coupe-feu et systèmes de clapets
dans les gaines de ventilation pour éviter toute propagation
du sinistre.
Les systèmes de protection, calqués à l'origine
sur ceux des premières centrales américaines, ont
dû être revus. Un programme de réévaluation
de la sûreté contre l'incendie a été
engagé par EDF sur huit ans (1998 à 2006), pour
un coût de 2,8 milliards de francs.
Mais le problème se pose moins sur le plan technique que
sur le manque de "culture incendie" des personnels travaillant
sur place, selon l'Autorité de sûreté. Outre
la remise à niveau des dispositifs de sécurité,
le "gendarme du nucléaire" souhaite que les exploitants
donnent un coup de pouce à la formation de leurs agents,
en première ligne en cas de sinistre avant l'arrivée
des pompiers.
Bulletin sur la Sûreté des Installations Nucléaires
n°70, juillet-août 1989:
Le 1er août, un incendie de forêt, qui avait pris naissance à l'extérieur du centre, s'est propagé vers 21 heures, à proximité de plusieurs installations du site. Le feu, à la suite de la rotation du vent, a franchi la clôture en différents points, menaçant ainsi l'atelier de traitement de l'uranium enrichi, le parc d'entreposage des déchets et le réacteur expérimental Masurca. L'intervention des agents de la formation locale de sécurité, renforcés par des pompiers venus des Bouches-du-Rhône, des départements voisins, des centres de Marcoule et Pierrelatte a permis de circonscrire le feu dans la nuit. Pendant la durée de l'incendie, les installations potentiellement menacées ont été protégées. Dans la journée du 2 août, quelques foyers qui s'étaient rallumés ont été éteints. Toutes les installations du site qui auraient pu être menacées en raison de leur position ou d'une éventuelle reprise des incendies à l'extérieur du centre ont été maintenues en état de préalerte pendant toute cette journée. A aucun moment, il n'a été nécessaire de procéder à une évacuation du site et aucune installation nucléaire de base n'a été affectée. Cet incident se situe hors échelle [médiatique] de gravité.