L'ancienne usine Orflam-Plast de fabrication de briquets à Pargny-sur-Saulx polluée par la radioactivité (thorium 232 et ses descendants)

Le Monde, 5 juin 1997:
Des fûts de déchets radioactifs découverts dans la Marne

"Des fûts renfermant de la poudre de thorium et un remblai de déchets issus du traitement du minerai de ce métal radioactif ont été découverts par hasard sur une friche industrielle à Pargny-sur-Saulx, près de Vitry-le-François (Marne)."

 

 

Dossier IRSN, 23 sept. 2004:
Exposition aux rayonnements ionisants liée à l'utilisation industrielle de minerai de monazite - Exemple du site de Pargny-sur-Saulx (en Pdf)

 

 

L'Usine Nouvelle, 15 avril 2009:

Pollution radioactive d'une ex-usine : Jean-Louis Borloo porte plainte

L'ex usine Orflam Plast, à Pargny-sur-Saulx dans la Marne, est à l'origine d'une plainte contre X du ministre de l'environnement : des zones remblayées avec des résidus radioactifs ont été révélées autour de son site.

L'usine fabriquait des pierres à briquet à partir d'un minerais dont était rejeté le thorium 232, naturellement radioactif : elle a fermé en 1997, et l'Etat a déjà passé de longues années à dépolluer son site. Mais le témoignage d'un ancien employé a révélé de nouvelles zones touchées tout autour de l'ancienne usine.

Cet ancien employé d' Orflam-Plast a indiqué à l'Andra que des rebuts de traitement comprenant le matériau naturellement radioactif, issus du procédé mis en oeuvre à l'usine, avaient été enfouis à « la Peupleraie », en dehors du site de l'usine. « Le 20 octobre, ce monsieur est venu à la sous-préfecture accompagné du maire pour faire part de certaines pratiques. Il a pointé la Peupleraie et un terrain qui bordait la décharge », explique le sous-préfet de Vitry Le François, Raymond Floc'h. Une campagne de prospection radiologique au niveau du lieudit « la Peupleraie » s'en suit, et détecte effectivement des anomalies radiologiques.

« L'Andra a ensuite eu l'idée d'aller vérifier d'anciennes cartes IGN et de regarder les courbes de niveaux pour repérer où d'anciens travaux et remblaiements ont été menés », explique le sous-préfet. Avant que la Grevière devienne un étang, à Pargny-sur-Saulx, elle a été remblayée, montrent les cartes IGN. La grève est en effet constituée de petits galets en quantité importante dans des anciens lits de rivière, exploités pour récupérer ces gravillons lavés et utilisés dans le bâtiment. « Ces lits étaient soit recomblés avec des déchets de toute sorte, à l'époque on n'était pas très regardant, soit remplis d'eau : on laissait la nappe phréatique les regarnir ».

Le 8 avril 2009, une campagne de prospection radiologique initiée par les services l'Andra confirme une zone d'anomalies radiologiques au niveau de l'étang de la Grévière. Les actions de mises en sécurité sont immédiatement engagées. « J'ai pris un arrêté dès mercredi soir : interdiction de passage et d'entrer sur ces lieux, et de pêcher. » souligne le sous préfet.

Les risques. « Si vous mettez une feuille de papier entre vous et le minerais, cela arrête le rayonnement », rassure Raymond Floc'h. « Les 100 microsievert ont été observés sur un spot seulement. Mais même faible, ce rayonnement n'est pas recommandé. La préfecture est là pour suivre la façon dont va être gérée la suite de ce qu'on a découvert ». ["le seuil naturel est de 0,1 microsievert/heure"]

 

 

« Si vous mettez une feuille de papier entre vous et le minerais, cela arrête le rayonnement » : Faux à cause des descendants du thorium 232... et en plus il y a le risque d'inhalation de particules alpha.

Quels sont les types de radiations émises par le thorium 232 et ses descendants ?

Les 11 éléments radioactifs associés au thorium 232 émettent en se désintégrant des particules de type alpha ou bêta, et dans certains cas des rayonnements très pénétrants appelés rayonnements gamma. C'est le cas en particulier des éléments qui apparaissent en grisé dans le tableau ci-contre.

Ces radiations alpha, bêta et gamma sont des rayonnements ionisants, c'est-à-dire qu'ils transportent suffisamment d'énergie pour pouvoir créer des ionisations dans la matière qu'ils traversent.

En atteignant notre organisme et en perdant une partie de cette énergie dans les tissus, ils peuvent créer des lésions pouvant aboutir à des conséquences sanitaires (une augmentation des risques de cancer et d'autres pathologies sur le long terme, l'apparition d'anomalies génétiques sur la descendance des personnes exposées, etc...).

Extrait de Fiche CRIIRAD N°16-29 "Manchons au thorium 232", avril 2016.

La plainte. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du Territoire, a décidé de déposer plainte contre X suite à cette découverte au niveau de l'étang de la Grévière de Pargny-sur-Saulx. « Je découvre avec stupéfaction que de tels actes ont pu être commis. J'ai immédiatement souhaité saisir la justice afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Je reste très attentif à la protection des habitants et suivrai de très près la procédure lancée aujourd'hui », a-t-il fait savoir.

Ces mesures de mise en sécurité du public étant réalisées, des investigations plus poussées seront menées sous l'égide des services de l'Etat, notamment pour cartographier de manière précise les anomalies radiologiques et pour statuer sur l'éventuelle contamination des eaux de l'étang, des sédiments et des poissons. Les services de la sous-préfecture sont mobilisés sur le suivi de ce site.

Ana Lutzky


L'ex-usine Orflam Plast à Pargny-sur-Saulx était déjà traitée

La société Orflam-Plast, placée en liquidation judiciaire en février 1997 a cessé ses activités à cette date. Cette société qui fabriquait des briquets à partir d'un minerais apporté d'Afrique du Sud, la minosite, a laissé un site "orphelin" et des résidus radioactifs (thorium), issus de la transformation de minerais, dans les bâtiments et de part et d'autre des berges de la Saulx (rivière classée en première catégorie piscicole).

Dès 1997, différents travaux de mise en sécurité du site et d'élimination des déchets ont été menés par l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) et par l'Andra (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) à la demande de la Dreal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). Les travaux ont consisté à évacuer les déchets conventionnels et les déchets radioactifs et à isoler les matériaux radioactifs présents le long des berges par un écran imperméable. Ces travaux se sont achevés en fin d'année 2005.

« Les travaux n'ont pas été évidents : l'usine était placée tout à côté d'une rivière, dont un bras passait sous le site et que l'usine a détourné pour faire une roue à aubes. La rivière était souvent en crue, il a fallu attendre les périodes sèches pour pouvoir agir, cela a pris du temps », explique le porte-parole de l'Andra.

Des sous

Le site d'Orflam-Plast fait l'objet d'une attention particulière de la Dreal qui réalise chaque année plusieurs inspections de ce site dont l'Etat vient de devenir propriétaire (3 inspections en 2008, 4 en 2009 à ce jour). Cette présence a permis de constater la nécessité de compléter la mise en sécurité du site et d'obtenir des financements locaux et nationaux en ce sens (sécurisation du vannage de l'usine ; caractérisation géotechnique du site de l'usine pour définir l'ensemble des scénarios visant à compléter la mise en sécurité et définir la gestion ultérieure du site). Ces études et travaux sont en cours et seront présentés le 4 juin 2009 à la commission nationale des aides dans le domaine radioactif.

 

 

Radioprotection Unblog, 12 janvier 2011:

Dépollution d'Orflam: Des tests de radioactivité sous haute surveillance

VITRY-LE-FRANCOIS (Marne). Gilets pare-balles, quelque six gendarmes dont le commandant Martin, mais aussi le sous-préfet Raymond Floc'h, son secrétaire Laurent Zakrzewsky Habituellement, lorsque l'Andra (l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et l'IRSN (L'institut de radioprotection et de sécurité nucléaire) cherchent à connaître la teneur en radioactivité des terrains situés autour du site d'Orflam, il suffit pour eux de s'y rendre, de s'équiper et de réaliser leur test. Mais hier matin, l'intervention sur le terrain privé était d'un autre registre. En litige depuis fin 2008 avec la municipalité, le propriétaire n'avait, depuis, souhaité que l'Andra ne se rende sur son terrain. Son altercation avec le maire de Pargny-sur-Saulx n'ayant guère arrangé les choses (lire nos éditions précédentes).

Deux ans de négociation

Malgré deux ans de négociation par courrier et de tentative de prise de contact de la part de la sous-préfecture, son avis n'avait en rien changé. Il campait sur ses positions coûte que coûte. Et pourtant, les premiers relevés aux limites de son terrain avaient montré une présence de produits radioactifs. D'ailleurs, il lui est interdit depuis de se rendre sur son terrain, et de manger les fruits des arbres fruitiers qu'il avait plantés sur cette zone.

Or, l'Andra, avec l'Irsn, est en pleine dépollution du site Orflam et de ses environs. Il restait donc impensable que tout soit décontaminé sauf ce morceau de terrain.

Et pour l'intérêt général, et pour l'intérêt particulier du propriétaire. « Notre volonté reste de nettoyer cette zone. Il restait hors de question que l'on nettoie la peupleraie et laisser ce terrain ou encore de revenir quatre ans après », insistait en sous-préfecture lundi Raymond Floc'h.
C'est que le budget versé pour cette décontamination s'élève depuis 1997 à 7 millions d'euros.

Une telle somme ne peut être dépensée « Et surtout il faut profiter de la présence de l'Andra pour dépolluer cette zone. Elle permet d'évacuer les déchets ramassés. Seul, un particulier ne peut le faire ou alors pour des sommes faramineuses. »

Un taux faible

Après de multiples tentatives de dialogue, et après avoir pris un arrêté leur permettant de se rendre sur son terrain sans son autorisation, l'État, par l'intermédiaire de la sous-préfecture, a donc permis à l'Andra et l'Irsn d'effectuer leur travail de relevage et de prélèvement. Une mission qui s'est réalisée sous haute protection, le propriétaire ne souhaitant pas au départ de laisser entrer qui que ce soit sur son terrain.

Après deux heures de négociation, le travail a pu néanmoins se faire. Et finalement en toute sérénité. Munis d'un sac à dos doté d'un matériel de relevage équipé d'un GPS, trois agents ont procédé au contrôle radiologique des terres à cinquante centimètres du sol.

Ils ont ensuite procédé à des carottages à cinquante centimètres de profondeur. Un camion laboratoire analysait sur place ensuite ces prélèvements. Des tests ont également été réalisés autour du terrain privé.

Des données faussées

Les résultats sont tombés en fin de journée. Les points radioactifs en surface n'excèdent pas 0,3 microsiver par heure, sachant que le seuil naturel est de 0,1 et que les taux relevés à l'étang et à la peupleraie eux s'élevaient à 100 Les terres prélevées elles présentent un taux sensiblement le même à la surface.

Ce qui ne veut pas dire que le terrain du propriétaire n'est pas contaminé. En effet, juste à côté, le taux passe tout de même à 2 microsivers par heure. Et surtout le propriétaire a précisé avoir ajouté plus d'un mètre cinquante de terre quand il a acheté ce terrain à la municipalité, histoire de tout remettre à niveau.
Ce qui n'est pas sans fausser les résultats aujourd'hui, ni poser des problèmes pour résoudre cette contamination au thorium.

Anne-Sophie COURSIER

Inquiet et écuré

Quand nous l'avions rencontré en novembre 2008, le propriétaire du terrain privé était écuré mais aussi inquiet. Écuré car personne ne lui avait dit au moment de la vente que son terrain était contaminé.

Pour plusieurs milliers d'euros, il avait pourtant aménagé ce bout de terre afin d'y planter un verger et vivre de ses fruits. Donner aussi un bel héritage à ses enfants. Il ne roule pas sur l'or et il voulait, avec 1 380 mètres carrés, améliorer le cadre de son habitation construit en partie de ses mains. Aujourd'hui, il a porté plainte contre la mairie.

Son affaire est entre les mains d'un avocat rémois. Et souhaite récupérer ses billes comme il nous le disait à l'époque. Le pire pour lui c'est qu'aujourd'hui son entourage évite un maximum de se rendre chez lui, par peur de cette radioactivité qui ressort de son terrain et autour. Autant de raisons qui ont fait que cet homme a fini par se braquer.

 

 

L'Union, 23 avril 2013:

La décontamination d'Orflam-Plast débute

PARGNY-SUR-SAULX (Marne). Pollués par la radioactivité, les bâtiments de l'ancienne usine Orflam-Plast de fabrication de briquets vont être démolis à Pargny-sur-Saulx. Les gravats seront confinés sur le site. Le chantier se prépare.

Pargny-sur-Saulx, en contrebas de l'ancienne usine Orflam-Past, des engins de chantier vont et viennent dans un champ loué à un agriculteur. Ils réalisent des travaux de terrassement. « Nous installerons ici la base de vie », indique Gérard Ossena, ingénieur à l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). C'est là, en effet, que sera entreposé tout le matériel nécessaire à la décontamination de l'ancienne usine de fabrication de briquets.

Placée en liquidation judiciaire en février 1997, l'ancienne société Orflam-Plast avait laissé derrière elle des fûts radioactifs notamment dans certains bâtiments de l'usine. Des déchets contaminés par du thorium, issu de la transformation du minerai utilisé, la monazite.

Après la démolition du bâtiment administratif en novembre dernier et la mise en sécurité du site, c'est au tour des autres édifices d'être aujourd'hui détruits dans ce village de 1 980 habitants. Dans un premier temps, 7 000 tonnes d'argile provenant de la carrière d'Imerys toiture et 3 000 tonnes de terre végétale seront apportées et stockées à côté de la « base de vie ». Une opération qui devrait démarrer le 29 avril prochain et s'achever le 10 mai.

À partir de la mi-mai, les cinq bâtiments, qui se dressent côte à côte, seront démolis à l'aide d'une pelle mécanique. « Ils seront grignotés », précise Gérard Ossena. L'édifice central sera le premier à tomber. Ces destructions devraient s'étaler jusque vers la mi-juillet.

Dix mille tonnes d'argile et de terre

Les gravats contaminés seront confinés in situ, dans la partie basse du site. Selon l'Andra, ils ont été marqués comme « déchets radioactifs dits de très faible activité ». Ces débris seront recouverts d'un revêtement géotextile, puis d'une couche d'argile et une autre de terre végétale comme sur le site de la Peupleraie. « Ils formeront une sorte de butte de 7-8 mètres de hauteur par rapport à la rue Basse », souligne-t-il.

Une dizaine de personnes sera mobilisée tout au long du chantier. À la fin des travaux, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) contrôlera la radioactivité du site « afin de s'assurer de l'atteinte de l'objectif de mise en sécurité », explique-t-on à la préfecture de la Marne.

Ce n'est pas tout. Dès le mois de juin, les deux ouvrages hydrauliques de l'ancienne usine seront détruits, puis remis en état. Une opération qui ne peut être réalisée qu'en période de basse eau. « La Saulx sera détournée ponctuellement au niveau du site », prévient d'ores et déjà l'ingénieur à l'Andra. L'ensemble de ces travaux devrait durer un an et coûter 2,3 millions d'euros HT à l'État. « Ce chantier est unique en France, confie Gérard Ossena. Plusieurs corps de métiers seront regroupés sur place. Il n'y a pas d'autres sites industriels contaminés comme ça en France ».

 

 

ANDRA, 2 août 2013:

Orflam-Plast : Phase finale des travaux de démolition de l'ancienne usine

"Après bientôt 16 ans de travaux, cette dernière phase va permettre de rendre le site de nouveau accessible aux habitants sans que cela représente une quelconque dangerosité" explique Eric Lanès, chef de la mission de service public de l'Andra. "C'est un long chemin parcouru lorsque l'on sait qu'au-delà même de la pollution radioactive, les bâtiments représentaient une menace de par leur vétusté".

Située à Pargny sur Saulx, village d'environ 2000 habitants de la Marne, la société Orflam-Plast qui fabriquait des pierres à briquets avait été mise en liquidation judiciaire en 1997, abandonnant sur le site de l'usine des résidus radioactifs (thorium).

Depuis lors, l'Andra, mandatée par les pouvoirs publics, a procédé à plusieurs phases de mise en sécurité et de réhabilitation du site pour un montant total de 5.7 millions d'euros.

Les dates clés :

1997
 : Des résidus radioactifs (thorium) sont découverts sur place par les services de l'Etat qui devient propriétaire du site et donneur d'ordre des travaux via les services préfectoraux
 
1997-2005 : Premiers travaux de mise en sécurité du site et élimination des déchets les plus dangereux par l'Ademe (chimiques et conventionnels) et l'Andra (radioactifs).
 
2008 : L'Andra est alertée sur la présence potentielle de résidus sur deux zones à l'extérieur du site, la Peupleraie et l'étang de la Gravière.
 
2009-2011 : Prospection radiologique sur un périmètre de 60 km2 autour du site grâce à un système de cartographie par hélicoptère. Cette prospection confirme que la pollution ne s'étend pas au-delà des zones identifiées : l'usine, la Peupleraie et l'étang. Ces dernières sont mises en sécurité.

Lancement d'une deuxième phase de travaux :
- réhabilitation des berges de l'étang de la Gravière. A la Peupleraie, 300 peupliers sont abattus, broyés et recouverts d'une membrane géotextile.
- démolition d'une partie des bâtiments du site.
 
2012-2014 : Troisième et dernière phase de travaux. Démolition des derniers bâtiments de l'usine, mise en place du confinement pérenne des gravats et aménagement du site

 

 

IRSN, août 2017:

Pollution radioactive : 15 ans d'intervention dans une ancienne de briquets à Pargny-sur-Saulx

Cette activité utilisait les propriétés électromagnétiques du cérium, un composant de la monazite capable de créer des étincelles. Son extraction a engendré des résidus de thorium 232, matériau faiblement radioactif à vie longue. Ils ont contaminé les lieux et ses alentours.
 
À Pargny-sur-Saulx, dans la Marne, des experts ont accompagné la gestion du site radiocontaminé par le thorium de l'ancienne usine Orflam-Plast : prélèvements, mesures, information du public Des travaux de démolition ont été réalisés et des zones mises en sécurité.
 
Située au coeur d'un village de 2 000 habitants, l'usine Orflam-Plast a fabriqué des pierres à briquet de 1932 à 1967. Cette activité utilisait les propriétés électromagnétiques du cérium, un composant de la monazite capable de créer des étincelles. Son extraction a engendré des résidus de thorium 232, matériau faiblement radioactif à vie longue. Ils ont contaminé les lieux et ses alentours.
 
À Pargny-sur-Saulx (Marne), une usine de fabrication de briquets a généré la pollution radiologique du site, des berges, de la peupleraie Les analyses et l'évaluation de l'exposition des habitants ont permis de réaliser des travaux adaptés en concertation avec les acteurs locaux.


 
Pargny-sur-Saulx : avant et après les interventions réalisées ["le seuil naturel est de 0,1 microsievert/heure"]

Pollution chimique et radioactive
 
À Pargny-sur-Saulx (Marne), l'IRSN a fait des interventions diverses : prélèvements et analyses de légumes et de poissons, mesures de la radioactivité depuis un hélicoptère, dans les habitations ou en forêt, recherche documentaire et recueil de témoignages Les travaux de l'Institut ont permis à l'Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (Andra) de réaliser les travaux et la mise en sécurité des zones contaminées.
 
La première phase de travaux a ainsi pu être réalisée entre 1997 et 2005, avec la mise en sécurité du site « orphelin » (site potentiellement pollué dont le responsable n'est pas connu ou insolvable) et l'élimination des déchets. Précisément, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a traité les pollutions chimiques alors que l'Andra s'est occupé des pollutions radioactives.
 
Contamination en dehors de l'ancienne usine


 
Vue aérienne de l'ancien site contaminé d'Orflam-Plast, à Pargny-sur-Saulx (Marne), après réhabilitation (Air drone netcam/Andra)

En 2008, l'Andra est alertée par un ancien salarié de la présence potentielle de résidus en dehors du site, sur une peupleraie voisine et sur l'étang de la Gravière. « Des dépôts issus de l'usine y avaient été effectués », confirme Laure Tardieu, ingénieur en radioprotection qui a suivi le dossier.

Des mesures radiologiques aéroportées sont effectuées en 2009 sur un périmètre de 60 km2 autour du site. La contamination des zones de la peupleraie et de l'étang est confirmée. Puis, « durant deux jours de permanence en mairie, l'IRSN a recueilli les témoignages d'anciens salariés. Beaucoup étant décédés, nous avons obtenu peu de retours », détaille Laure Tardieu.
   
Lire la page - Les investigations menées par l'IRSN en 2009
 
De nouvelles contaminations sont ensuite découvertes à la suite de mesures complémentaires : à proximité de l'usine, dans le presbytère et dans les eaux souterraines ; dans le local des pompiers où des fenêtres de l'usine ont été installées ; dans le jardin de l'ancien chimiste de l'entreprise qui rapportait des objets à son domicile. Ailleurs, aucune contamination significative n'est détectée, sauf sur un chemin qui fera l'objet en 2015 de contrôles plus précis.

Lire la page - Les investigations menées par l'IRSN depuis 2010
 
Dépollution et investigation sur l'exposition de la population

Jusqu'en 2011, des travaux ont été menés par l'Andra pour réhabiliter les berges de l'étang, la peupleraie et démolir une partie de l'usine. Les terres de la peupleraie sont confinées in situ avec une couverture multi-couches d'argile et de terre pour atteindre un niveau d'exposition inférieur à 0,5 microsievert par heure à 50 cm du sol [environ 4 fois le bruit de fond...]. Les particules contaminées de l'étang sont excavées pour permettre l'usage collectif : pêche, promenade En 2014, les derniers bâtiments de l'entreprise sont déconstruits.
 
En 2015, à l'issu des derniers travaux, les experts ont vérifié l'absence de contamination résiduelle sur la commune. À 40 mètres du sol, un hélicoptère a quadrillé une zone de 7,5 km2. Les taux de radioactivité de trois radionucléides (thorium 232, potassium 40 et uranium 238) ne présentaient pas d'anomalie à l'exception d'une propriété privée (anomalie à 200 becquerels par kilo).

Des investigations supplémentaires ont d'ailleurs été demandées en 2015 par des habitants dont les jardins pouvaient être concernés. « L'exposition des familles varie en fonction des cas. Dans le premier logement, l'habitant ne cultive pas son jardin. Dans l'autre, la famille consomme des aliments issus de son potager », explique Hélène Caplin, spécialiste en évaluation dosimétrique à l'IRSN.