Le jeudi 20 septembre 1990, "Le Parisien" titre, dans son édition
nationale : "Décharge radioactive
de l'Essonne : les témoignages qui brisent le mur du silence
". L'article fait état
de nombreuses anomalies concernant la décharge radioactive
de Saint-Aubin, dans l'Essonne.
Le même jour, des journalistes prélèvent un
échantillon de sol sur le site de la décharge et
l'adressent au laboratoire de la CRIIRAD pour analyse en spectrométrie
gamma.
L'analyse est effectuée le lendemain
et les résultats transmis le jour-même à la
rédaction du Parisien. L'analyse révèle la
présence de six radioéléments artificiels
émetteurs béta et d'un radioélément
artificiel émetteur alpha, l'américium 241.
Ces résultats attestent la présence de déchets
provenant de combustibles nucléaires irradiés.
Le 24 septembre 1990,
"Le Parisien" publie l'intégralité des
analyses de la CRIIRAD et titre " Décharge
radioactive de l'Essonne: après les soupçons, les
preuves ".
Ce même jour, parvient à la CRIIRAD, un document
émanant du CEA et présentant le résultat
des contrôles effectués sur le site par cet organisme.
Curieusement, les mesures sont très récentes (septembre
90), certains tableaux sont même manuscrits (voir ci-contre).
Quoi qu'il en soit, malgré ces signes de précipitation,
ces résultats confirment la présence, en d'autres
points du site, des radioéléments identifiés
par notre laboratoire: césium 137, europium 152 et 154,
baryum 133, et américium 241. Ce document fait également
état d'un niveau de césium 137 de 6 020 Bq/kg, un
niveau voisin de celui que nous avions détecté (7
962 Bq/kg).
Le 25 septembre 1990,
la CRIIRAD envoie au laboratoire de l'Université de Brême,
en Allemagne, un échantillon de la terre prélevée
à Saint-Aubin. La présence d'américium 241
laisse supposer une contamination en plutonium et le laboratoire
de Brême est spécialisé dans ce genre de mesures.
Le même jour, parvient à la CRIIRAD un document daté du 21 septembre 1990,
et signé du Professeur Pellerin, directeur du SCPRI.
Concernant le sol de la décharge, le SCPRI affirme que
le CEA lui a transmis un "état de la situation en 1972" établissant
:
- que la radioactivité maximale du site est inférieure
à 3 000 Bq/kg pour le "césium radioactif",
- qu'il n'y a dans le sol du site "ni alpha ni béta".
Notons pour l'anecdote
que le césium est un émetteur béta.
Ce bilan, établi par le CEA et cautionné par le
SCPRI, est en complète contradiction :
1) avec les analyses de la CRIIRAD.
2) avec les résultats communiqués le même
jour par le CEA.
Dernier rebondissement en fin de journée : dans
une dépêche AFP, le Professeur Pellerin met en cause les mesures
de la CRIIRAD, mesures qu'il qualifie de "tromperies"(voir
la copie de la dépèche AFP à la fin du dossier
CRIIRAD). Il affirme également que la CRIIRAD n'a pas la
capacité de mesurer les radioéléments qu'elle
dit avoir identifiés dans l'échantillon de sol que
lui a confié "Le Parisien".
Suite à ces déclarations diffamatoires, le 10
octobre 1990, la CRIIRAD dépose plainte contre X avec constitution
de partie civile, auprès du Tribunal de Grande Instance
de Paris.
Le Parisien,
25 septembre 1990:
Décharge
radioactive : le CEA avoue
Le 18 octobre 1990,
le laboratoire de Brême, communique ses résultats
: l'échantillon contient 2 153 Bq/Kg sec de plutonium 239+240,
et 98 Bq/kg de plutonium 238.
Les résultats sont publiés le mercredi 24 octobre
dans le Parisien qui titre "Du plutonium dans la
décharge de Saint-Aubin."
L'information est reprise par les différents média.
Sollicité par les journalistes, le CEA invoque une limite
autorisée de 100 000 Bq/kg, le SCPRI défend pour
sa part un seuil de 370 000 Bq/kg.
Dans l'après midi, en réponse à Monsieur
P. Mandon, député de l'Essonne, le ministre de l'Environnement
et des Risques Majeurs parle de vérifications, de sanctions
éventuelles..., et demande au CEA de fermer ses grillages.
Le jeudi 25 octobre, lors de sa conférence de presse, la CRIIRAD dénonce les dissimulations du CEA, l'utilisation erronée de la loi par les services responsables et demande que les graves manquements constatés soient sanctionnés. Cette demande sera réitérée le lendemain dans une lettre ouverte au Premier Ministre.
Le Parisien,
25 octobre 1990:
Plutonium
: Lalonde exige toute la lumière
Libération, 25 octobre 1990:
Une décharge
nucléaire polluée au plutonium
Ouest France,
25 octobre 1990:
Du plutonium
dans la terre de Saclay
La Croix 25 octobre
1990:
Du plutonium
dans la décharge de Saint-Aubin
Le Monde, 25
octobre 1990:
La polémique
sur les déchets nucléaires s'amplifie
Le vendredi après-midi, les plus hauts représentants du CEA montent
au créneau : M. Philippe Rouvillois, administrateur général
du CEA, M. Jean Teillac, Haut Commissaire du CEA et M. Robert
Lallement, inspecteur général du CEA, reconnaissent certains "problèmes
de transparence dans les procédures" mais réaffirment
qu'il n'y a aucun danger. Gage des bonnes dispositions du
CEA, M. Rouvillois distribue une note concernant des sites de
dépôts de substances radioactives (scoop un peu forcé
puisque "Libération" en avait, la veille, révélé
la teneur).
Quoiqu'il en soit, le CEA annonce qu'une cartographie de la radioactivité
du site est en cours: 20 000 points doivent être évalués.
Libération,
26 octobre 1990:
Fuites
autour des centres de stockage des déchets nucléaires
"Après la découverte sur
deux sites de l'Essonne, de traces de contamination, notamment
par le plutonium, un rapport confidentiel, commandé par
le ministère de l'Industrie, dresse une liste des points noirs dans le stockage
des produits radioactifs."
Coup de théâtre le
lendemain matin : le directeur du CEA
et le
Maire de Saint-Aubin ont convié la population à
une visite guidée de la décharge. Les démarches
de la CRIIRAD auprès de la Préfecture de l'Essonne
et des Verts-Ile de France auprès du Premier Ministre sont
demeurées vaines.
Le Parisien,
27-28 octobre 1990:
Enfin,
le CEA avoue : "On a caché le plutonium"
Le Monde, 28-29
octobre 1990:
L'autocritique
du patron du CEA
Mardi 30 octobre : dans le cadre des auditions sur le stockage en couche géologique des déchets à vie longue, Michèle Rivasi expose à M. Bataille, responsable de ce dossier à l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques, les défauts relevés à Saint-Aubin et les questions qu'ils soulèvent au niveau plus général de la gestion des déchets.
Mardi 6 novembre : le CEA déclare, dans un communiqué officiel, que le quadrillage du terrain entrepris, le 25 novembre 1990, a fait apparaître "une douzaine de points, présentant une radioactivité supérieure au "bruit de fond" du reste du terrain..." ajoutant que "ces points se trouvent répartis à différents endroits du site, plus ou moins éloignés de l'aire où ont été entreposés des fûts de déchets jusqu'aux années 1970. Une campagne de prélèvements est annoncée pour la semaine suivante.
Revirement le mercredi 7 novembre :
alors
que le CEA a affirmé que personne ne toucherait au site
avant la campagne de prélèvements, des ouvriers
sont surpris alors qu'ils viennent de retirer de la terre à
l'aide d'une pelleteuse. Des témoins oculaires déclarent
: "la décharge n'est plus la même qu'en septembre".
Le Nouvel Obs,
8-14 novembre 1990:
Des
becquerels à la pelle
Vendredi 9 novembre : la CRIIRAD intervient officiellement auprès de la Préfecture de l'Essonne pour demander un réexamen du statut de la décharge.
Le Parisien,
9 novembre 1990:
Les
trous dans la décharge ? Pour enterrer une dalle... radioactive
!
Le Point,
12 novembre 1990:
Empoisonnants
déchets
Mardi 13 novembre : M. Delpeyroux a été démis de ses fonctions de directeur du CEN de Saclay. " Ce remplacement inattendu est la conséquence des négligences du Centre de Saclay dans la gestion du site de Saint-Aubin ". Le Monde du 14/11/90.
Mercredi 14 novembre : La Préfecture
de l'Essonne met en place une Commission qui doit statuer sur
les dangers liés à la décharge. La CRIIRAD
est expressément invitée.
Jeudi 15 novembre : prélèvements
effectués sous la responsabilité du CEA, orchestrés
par le CEA, avec des laboratoires désignés par le
CEA, après étude (et nettoyage) préalable
du CEA.
Vendredi 16 novembre : "Le CEA révise
ses explications sur l'origine de la pollution radioactive" titre Le Monde. " Personne, à
la direction du CEA, ne sait précisément d'où
vient cette radioactivité. ", peut-on lire
dans le Figaro.
Le Parisien,
16 novembre 1990:
Le
C.E.A. à la chasse au plutonium sur la décharge
radioactive
Le Parisien,
17-18 novembre 1990:
Plutonium:
les ingénieurs savaient depuis vingt ans !
Libération,
30 novembre 1990:
Saint-Aubin:
la radioactivité était signalée dès
1974
Le Monde, 1 décembre
1990:
Le CEA
réorganise ses services de protection contre les rayonnements
Le Parisien,
20 décembre 1990:
Saint-Aubin:
On va chercher la vérité à 25 mètres
sous terre
CEA, 6 mars 1991:
Résultats
des analyses sur la "déposante" de Saint-Aubin
Le Parisien,
7 mars 1991:
Le
rapport sur Saint-Aubin n'enterre pas la polémique