C'est le titre d'un court article de Vert contact (479, 22 novembre 1997). Ces deux cents Tchernobyl ce sont les déchets qu'on envisage d'enfouir. Ainsi il y aurait la menace d'évacuer en quelques semaines 200 x 135 000 = 27 millions d'habitants de régions devenues inhabitables ? Il faudrait mobiliser 200 x 800 000 = 160 millions de liquidateurs pour nettoyer le site ? Il faudrait s'attendre à près de 200 millions de morts par cancer ? à réglementer la nourriture, mais à 200 fois Tchernobyl il ne resterait certainement plus rien de mangeable dans la région. Faudrait-il évacuer définitivement 200 x 2 800 = 560000 km2, la superficie de la France ?
Considérer que l'enfouissement des déchets nucléaires français représente 200 Tchernobyl ne peut s'expliquer que par l'ignorance des auteurs de l'article des conséquences dramatiques de Tchernobyl. Si cette catastrophe représente le 1/200e de l'enfouissement des déchets on ne comprend pas pourquoi on lui a donné tant d'importance. Cela doit parfaitement convenir à l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) qui s'évertue à clamer que Tchernobyl n'a eu aucune conséquence sanitaire et que les Soviétiques ont cédé à la panique en prenant des mesures disproportionnées. Curieuse conjonction entre ce Vert contact et l'AIEA qui a en charge la promotion de l'énergie nucléaire dans le monde.
Une autre stupidité du même genre dans Charlie Hebdo du 31 décembre 1997. A la rubrique Écologie, un titre "Mini Tchernobyl aux Açores". Il s'agit du naufrage d'un navire contenant des sources radioactives au large des Açores. Nous en avons parlé dans la précédente Lettre du Comité Stop-Nogent. Qu'est-ce que cela veut dire un "mini Tchernobyl" ? 1/10e, 1/100e ? Combien de personnes a-t-on évacuées ? Ici il s'agirait plutôt de poissons. Là encore Tchernobyl est pris en référence en dehors de toute prise en compte des effets dramatiques de cette catastrophe. Tchernobyl c'est redoutable, mais doit-on redouter un "mini Tchernobyl" ?
L'article de Charlie Hebdo se sert de Tchernobyl comme unité de mesure " () à quelques jours d'un transfert maritime de déchets vitrifiés de la France vers le Japon. Et cette fois, la radioactivité représentera plus de 150 fois celle de Tchernobyl ". Notons en passant que si ce transport du retour des déchets japonais est aussi dangereux il serait prudent de les stocker chez nous. Mais alors ce serait peut-être 200 Tchernobyl qui en résulteraient. On aurait le choix entre un 200 Tchernobyl ou un 150 Tchernobyl !
Ceux qui usent de Tchernobyl comme d'une balance devraient consacrer une partie de leur temps libre à se renseigner sur les conséquences réelles de cette catastrophe. Ce serait un minimum de respect et de décence vis-à-vis des populations qui vivent au quotidien les conséquences de ce 26 avril 1986.
Hiérarchiser les différents dangers de l'industrie nucléaire est une nécessité pour la crédibilité d'un discours antinucléaire.