Retour

Tokai-Mura
Ça n'arrive qu'aux autres !

Quelques accidents de « criticité » auxquels nous avons échappé ces dernières années

Les quelques incidents (ci-après) publiés officiellement dans le bulletin-minitel de la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires (non-exhaustif), démontrent bien que l'accident de Tokai-Mura n'est pas un accident japonais dû à une soi-disant médiocrité de la culture de sûreté des nucléaristes nippons en relation avec le productivisme du secteur privé de cette industrie. Bien de chez nous, de pareils errements de nos techniciens atomistes, imbus de leur infaillibilité et d'une industrie à presque 100 % d'État, ont bien failli nous faire connaître les mêmes malheurs.


7 février 1995
Romans-sur-Isère (Drôme)

Dépassement de la quantité d'uranium autorisée dans un récipient de l'usine FBFC. Lors d'une intervention sur une presse de pastillage, la quantité d'oxyde d'uranium présente dans un récipient de cet équipement a dépassé de façon significative la valeur autorisée (30kg au lieu de 17). La presse de pastillage est l'un des équipements utilisés pour la fabrication des combustibles pour les réacteurs nucléaires.
Elle permet de mettre la poudre d'oxyde d'uranium sous forme de pastilles cylindriques. Une intervention a été effectuée à la suite d'une panne sur cette presse. Lors des essais de fabrication réalisés par les agents d'intervention après la réparation, des pastilles ont été pressées. Elles ont été versées dans un récipient autorisé à contenir, en fonctionnement normal, 17 kg d'oxyde d'uranium (pour prévenir le risque de criticité).
Lorsque les agents de fabrication ont repris l'installation, ils ont constaté que le récipient contenait 30 kg de pastilles...


26 juin 1998
Cadarache (Bouches-du-Rhône)

Laboratoire d'étude et de fabrication de combustibles avancés (LEFCA) du CEA. Non respect des consignes concernant le risque de criticité. Le 17 juin, un dépassement de la masse de matière fissile autorisée a été constaté dans un alvéole du magasin d'entreposage. Le LEFCA est un laboratoire qui réalise des études de base sur le plutonium, l'uranium et les actinides et manipule leurs composés sous toutes les formes en vue d'applications aux combustibles des réacteurs nucléaires. Les activités du laboratoire sont arrêtées depuis l'incident du 27 juillet 1997. Cet incident classé au niveau 2 de l'Échelle INES par la DSIN, avait révélé des anomalies dans la gestion des matières nucléaires (présence de plutonium dans un emballage censé contenir uniquement de l'uranium), et avait conduit le CEA à entrepris un inventaire des matières présentes dans ses magasins de stockage. L'un des principaux risques dans cette installation est la criticité, situation dans laquelle une quantité suffisante de matière fissile est réunie dans une disposition propre à produire une réaction nucléaire incontrôlée. Au LEFCA, la sûreté en ce qui concerne ce risque est notamment assurée par la limitation de la masse de matière fissile présente dans les alvéoles d'entreposage et les cellules d'expérimentation. Au cours de cet inventaire général des matières radioactives, un dépassement des limites de masse (920 g pour une limite de 750 g) a été constaté dans un des magasins de stockage...


19 mai 1998
La Hague (Manche)
COGEMA - Usine UP2 - Atelier NPH

Manutention d'un panier de combustible usé dans des conditions non conformes aux règles générales d'exploitation (RGE). Le 19 mai, lors d'une opération de contrôle de combustibles dans la piscine de l'atelier NPH, des déplacements d'un panier d'entreposage de combustible usé ont été effectués pour procéder à différentes inspections sur le combustible. Ces déplacements ont été entrepris alors que le couvercle de ce panier était déposé, sans qu'ait été mise en oeuvre la procédure d'intervention exceptionnelle prescrite en pareil cas par les RGE. Les combustibles usagés sont placés en piscine en attendant leur retraitement. Ils sont stockés et manipulés au moyen de paniers munis de couvercles pour pallier tout risque de criticité...


4 mars 1999
CEA/Cadarache (Bouches-du-Rhône) Réacteur Masurca (INB n°39)

Augmentation de la réactivité, lors d'une étape de chargement du coeur, supérieure à la valeur limite imposée. Le 4 mars, l'une des étapes du chargement du coeur du réacteur MASURCA a conduit à une augmentation de réactivité dépassant la valeur limite imposée par les règles générales d'exploitation d'environ 5 %... ... La réactivité d'un coeur, comme l'écart à la criticité d'un coeur, sont des paramètres qui caractérisent l'évolution de la population des neutrons ou plus exactement l'évolution du nombre de fissions d'une génération de neutrons à l'autre...

Retour