Nombre de journalistes et de politiciens ont
fait dans le dénigrement nippon. C'est aller vite en besogne
pour un accident qui pose encore tant de problèmes de compréhension
aux véritables spécialistes en criticité.
Quoi qu'il en soit, les accidents graves n'étant jamais
identiques, si par malheur un accident de criticité arrivait
en France il ne ressemblerait certainement pas à celui
de Tokai-Mura.
L'année dernière, lors du colloque sur la sûreté
nucléaire organisé par la DSIN, le directeur local
de Radio-France Cherbourg, pris la main dans le sac à
raconter des âneries, trouvait l'échappatoire en
justifiant que 81 % des journalistes étaient issus d'une
formation littéraire et ne comprenaient rien aux communiqués
trop techniques du lobby atomiste, pas plus qu'à ceux des
antinucléaires. Ce faisant, ils publient donc l'information
sans rien y comprendre, en toute infiabilité. La démocratie
étant basée sur l'information de tous, afin que
chacun puisse se faire sa propre opinion, la désinformation
par couardise participe activement à la régression
du savoir et de la société. Le bon peuple a les
journalistes, les politiciens, les leaders associatifs et syndicaux
qu'il mérite.
Dans une société où chacun tend à
échapper à l'anonymat de son inexistence par le
« paraître » d'une expression pour ne rien dire,
le bruit de fond dans la communication est devenu si intense,
que ceux qui ont encore quelque chose à dire ne sont plus
entendus. Il devient dès lors urgent de fonder pour eux
l'Association de ceux qui n'ont rien à dire et qui ont
le courage de se taire.
Tokai-Mura : un tel accident est-il possible en France ? La question n'est pas pertinente. Tous les
accidents nucléaires graves ont chacun leur originalité
et prennent les responsables à l'imprévu. |