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Centrale nucléaire de nogent :
futur site de stockage
de ses combustibles irradiés ?

 

Telle est la question que l'on peut actuellement se poser. Au début était le mégalomaniaque projet nucléaire français, avec un parc de 100, voire 200 réacteurs, ses usines de retraitement des combustibles irradiés, le combustible récupéré qu'on replacerait dans les réacteurs, le plutonium que l'on surgénérerait pour fabriquer plus de combustible qu'on en consomme tout en produisant de l'électricité, multipliant ainsi les modestes réserves uranifères de la planète, les déchets nucléaires qu'on incinérerait par transmutation. Grandiose ! mais totalement délirant.

Après 60 milliards de francs de dépenses, non compris les coûts d'études (cf. : rapport de la Cour des Comptes), l'équivalent d'un an de production d'électricité en 12 années de fonctionnement très aléatoire, Superphénix, clé de voûte de ce programme, vient d'être abandonné. On a certes accordé une victoire politique aux écolos, c'est moins déplaisant que d'avouer un gigantesque " bide " technologique et financier ; mais EDF, notre électricien national aujourd'hui à vocation de grande entreprise internationale, ne pouvait plus faire cohabiter ce boulet qu'est devenu Superphénix et ses ambitions internationales.

On peut aussi utiliser le plutonium récupéré du retraitement pour fabriquer du combustible Mox, mélange d'uranium appauvri et de 6 % de plutonium. Mais cela augmente significativement le prix du kilowattheure ainsi produit, et diminue d'autant la compétitivité d'EDF.

Dans la pratique, 2500 tonnes sur les 12000 tonnes de combustible irradié par EDF dans ses centrales nucléaires ont été retraités, soit 20 % (cf. : La Recherche, octobre 97). Si notre électricien national, en solidarité pour la Cogéma et le lobby nucléaire, déclare ne pas remettre en cause l'option du retraitement, la réalité est qu'il ne retraite plus ou quasiment plus, par pur réalisme économique.

Donc, les combustibles irradiés sont transportés (dans les conditions que l'on vient de découvrir) des piscines des réacteurs aux piscines des usines de retraitement de la Hague où ils pataugent dans l'attente d'une décision. On peut aussi se poser la question de ce que deviendrait la France, voire l'Europe, si un quelconque groupuscule terroriste, ou simplement un salarié de l'usine en situation de trouble psychologique momentané, faisaient sauter cette usine. D'après le contenu du site, on peut estimer la catastrophe à la libération totale ou partielle d'une quantité de combustible équivalente à celle d'un millier de réacteurs.

Piscine pour piscine, certains pensent qu'il vaudrait mieux laisser ces combustibles sur les sites des centrales, ce qui éviterait les aléas des transports, et l'hyperconcentration de radionucléides à la Hague. Et c'est ainsi qu'à l'évidence, nous verrons prochainement surgir des demandes d'extension pour les piscines des réacteurs, afin d'y stocker provisoirement les combustibles irradiés, dans l'attente d'une solution ultérieure. Mais en France, on sait ce que provisoire veut dire ! Et Nogent-sur-Seine (comme les autres sites nucléaires), de devenir un centre provisoire de longue durée de ses propres et toxiques déchets, imposés aux populations riveraines sans consultation ni consentement.

 
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