Les accidents radiologiques survenus avec des générateurs électriques de rayonnements ionisants

Dès la découverte des rayonnements X en 1895 par Conrad Roentgen on a observé, dans les mois qui suivirent, des brûlures radiologiques graves. Ces irradiations aiguës ou chroniques entraînèrent également des cancers cutanés au niveau des lésions.

Le premier cancer radioinduit signalé dans la littérature médicale remonte à 1902 soit 7 ans après la découverte du rayonnement X produit par des électrons qui s'arrêtent dans de la matière après avoir été accélérés dans un champ électrique.

Les radiologues et les chirurgiens furent les premières victimes professionnelles.

En 1922, le Dr Ledoux évaluait à une centaine le nombre de radiologues décédés des suites de leurs irradiations professionnelles.

C'est en 1931, que le physicien Van de Graaff met au point le premier accélérateur d'électrons. La commercialisation de ces types d'appareils a surtout commencé en 1946. Elle concerne trois grandes familles d'application:

- la recherche fondamentale et appliquée (analyse de matériaux),
- la stérilisation (aliments et matériel chirurgical) et le "greffage" des matières plastiques,
- les irradiations médicales.

Les accidents dans le monde le domaine médical

La radiothérapie a entraîné plusieurs surexpositions graves de malades traités pour des affections cancéreuses.

C'est ainsi qu'entre 1985 et 1987, il y a eu aux Etats-Unis cinq accidents graves en trois ans d'intervalle avec le même type d'appareil (accélérateur THERAC 25).

Ces irradiations accidentelles sont consécutives à des erreurs qui ont consisté à délivrer des doses de rayonnements X pénétrants, débordant très largement les territoires visés, en lieu et place de la dose localisée délivrée par des électrons.

Sur les cinq malades traités, il y a eu un cas d'incapacité grave (atteinte de la motricité du bras lors d'un traitement du cancer du sein) et quatre décès dont deux sont directement liés au surdosage très important.

Plus récemment, en décembre 1990, un accident grave est survenu dans un hôpital espagnol à Saragosse qui utilisait un accélérateur linéaire d'électrons du type "SAGITTAIRE" dont 32 modèles sont utilisés dans le monde.

Par suite d'un mauvais dépannage, 27 malades ont reçu des doses 3 à 7 fois supérieures à celles attendues. Elles ont en outre été délivrées sur des zones plus étroites que celles visées car le défaut de réglage de l'appareil entraînait à la fois une augmentation d'énergie et une localisation importante du faisceau d'électrons.

Les informations obtenues à la suite de cette très importante série de surexpositions graves ne permettent pas de connaître le nombre total de décès ni ceux directement occasionnés par le surdosage (évalué à une douzaine environ).


La recherche et le domaine industriel

Les irradiations dues à des accélérateurs d'électrons ont souvent entraîné des brûlures radiologiques sévères localisées. Elles sont liées à des interventions sur des appareils dont la source émettrice d'électrons est réputée "coupée" tandis que la haute tension accélératrice est maintenue.

C'est notamment le cas d'accidents survenus en 1960 à Albuquerque (USA) où des brûlures multiples ont été occasionnées à un technicien et en 1963 à Saclay (France) où deux techniciens ont eu une irradiation des mains.

Un accident plus grave est par contre survenu en 1965 à Rockford (USA) ou comme à Forbach, un technicien a été irradié par un faisceau d'électrons de 10 MeV après être entré par le passage "au-dessus du convoyeur".

Des doses très élevées ont été reçues au niveau du pouce (2 400 grays) et au pied (110 à 290 grays). Elles ont entraîné des lésions très graves et occasionnent des douleurs devenues progressivement intolérables.

La victime a dû subir une amputation de la main droite (5 mois après l'accident) et de la jambe droite (6 mois après).

Jean-Claude ZERBIB,
Ingénieur en radioprotection.