Une partie du comité " Stop-Nogent
" a décidé de manifester afin de montrer son
désaccord avec le " Rézo " le 17 janvier
2004 à Paris contre le nucléaire.
Nous portions une banderole avec la phrase suivante :
Lorsque je marchais sous cette banderole, ou à l'occasion dela distribution de tracts, j'ai été plusieurs fois l'objet de questions ou de condamnations, bref de réactions.
J'ai pu noter une confusion fondamentale entre
le Court Terme et le Long Terme, le rêve et la réalité
(encore une fois).
A priori j'ai rejoint ce comité car il distingue bien le
Court Terme du Long Terme. Il n'oublie pas le Long Terme, néanmoins
ses réflexions visent à trouver des solutions à
Court Terme pour " sortir " du nucléaire le plus
vite possible, au risque d'agacer.
En fait je suis conscient de la survenue possible d'une catastrophe
nucléaire n'importe quand et qu' il faut tout faire pour
l'éviter. Je suis conscient que le remplacement du nucléaire
par des centrales thermiques avec des combustibles fossiles ne
résoudra pas les problèmes écologiques à
Long Terme (épuisement des ressources naturelles dénoncé
depuis au moins 1972, importation, etc) mais j' estime que l'humanité
aura encore le temps ( ?) d'y réfléchir une fois
le nucléaire (et donc la possibilité d'une catastrophe
qui arrêterait le temps) abandonné.
Les verts :
Dans cette confusion Court Terme / Long Terme nous trouvons les
" Verts ". D'un côté on parle de "
réalisme " et on s'allie au Parti socialiste avec
comme résultat une régression du mouvement écologiste
dégoûté par les gesticulations de quelques
Verts pour obtenir des " maroquins " de ministres ou
autres postes d'élus ; d'un autre côté on
met en avant le rêve d'une société où
l'homme est en paix avec la nature et produit de l'électricité
avec des ressources renouvelables (hydraulique, éoliennes,
solaires, etc) sans évoquer vraiment les conséquences
sur le genre de vie actuel de nos contemporains, autre qu'un recours
à un bruitage de campagne en arrière fond.
Or aujourd'hui, l'hydraulique ne couvre que 12 % des besoins et
les autres renouvelables, seulement 0,4 %. Même si on couvrait
toute la France des 110 000 éoliennes nécessaires
-en théorie- pour remplacer les centrales nucléaires,
cela ferait 1 éoliennes tous les 5 km2 et on n'arriverait
pas vraiment au but recherché, à cause de la faiblesse
du rendement de l'éolien (trois fois moins que les centrales
nucléaires), de la nécessité de sources centralisées
et puissantes de production d'électricité pour faire
tourner certaines production (sidérurgie par exemple) et
surtout de la rareté du vent dans certains endroits. Quant
au solaire il ne satisferait que les besoins domestiques à
la campagne et surtout il faudrait stocker l'électricité
obtenue dans des batteries en plomb, générant ainsi
de la pollution chimique.
Bref, les Verts se veulent réalistes quand il s'agit de
prendre des maroquins ou des postes d'élus, mais utopistes
quand il s'agit de faire rêver la " foule sentimentale
", pour qu'elle vote pour les experts de la politique.Ils
n'évoquent la sortie du nucléaire que sur le Long
Terme et avec des solutions du LongTerme.
Sans nul doute il faudra recourir essentiellement aux énergies
renouvelables sur le Long Terme, mais entre le Court Terme et
le Long Terme il peut y avoir le risque d'une catastrophe nucléaire
et surtout la nécessité de convaincre nos contemporains
que la société " productiviste " a fait
son temps, et que voici venu le temps de la " décroissance
" Combien de personnes sont capables aujourd'hui d'imaginer
un au-delà à la société actuelle autre
que des fantasmes de " retour à la terre " ???
Des libertaires :
Dans cette confusion entre le Court Terme et
le Long Terme nous trouvons aussi quelques libertaires, du moins
ceux qui n'ont pas rejoint le " rézo ".. Nous
ne voyons pas très concrètement comment fonctionnera
leur société, mais ils sont nos " alliés
objectifs " puisqu'ils sont eux aussi pour l'arrêt
immédiat du nucléaire. Mais quand on leur demande
comment on va remplacer le nucléaire, la plupart rejettent
le passage obligé par les énergies fossiles. Ils
préfèrent imaginer possible de passer directement
à une société dominée par le "
renouvelable ", alors que c'est aujourd'hui mathématiquement
impossible.
Quand le comité parle d' " arrêt immédiat
", il laisse quand même aux employés d'EDF/GDF
le temps de faire quelques réglages, d'arrêter les
exportations, de redémarrer les centrales au charbon (EDF
exigeant par exemple, une période de 18 mois pour réactiver
les centrales en arrêt garanti pluriannuel par exemple),
de former des employés pour qu'ils puissent se déployer
dans les nouvelles centrales, etc physiquement toutes les capacités
existantes actuelles couplées à un arrêt des
exportations devraient permettre d'arrêter le nucléaire
et d'assurer une production d'électricité peut-être
équivalente à 60 % de celle d'aujourd'hui (70 %
en 1997) (voir R&B. Belbeoch " Il faut sortir de l'impasse
nucléaire avant la catastrophe. C'est possible " de
Roger et Bella Belbéoch (1997).
Mais avec les libertaires il s'agit de passer directement
au tout renouvelable, sans même préciser en combien
de temps, mais apparemment rapidement ! sous-entendant un changement
radical de culture, qu ne serait plus ni productiviste, ni accumulatrice.
Quand je vois les Verts comme les Libertaires refuser le recours
aux centrales thermiques au fuel et au charbon, j'ai l'impression
que c'est parce qu'ils n'ont pas compris, pas mesuré, perdus
qu'ils sont dans l'idéologie. Et j' enrage lorsque je vois
que nos adversaires, eux, ont compris : lorqu'EDF ferme les centrales
thermiques au charbon pour rendre inéluctable le remplacement
des centrales nucléaires par des centrales nucléaires.
par exemple.
Je me sens obligé de disperser une partie de mes critiques
sur eux plutôt que d'essayer de convaincre en dehors de
ce groupe. Convaincre la population est une tâche hors de
ma portée et de celle du Comité, il vaut mieux recréer
un mouvement antinucléaire vraiment antinucléaire
pour peser sur les corps intermédiaires et sur le pouvoir
et in fine sur la population, plutôt que de perdre son temps
à convaincre des gens qui ont déjà accepté
le lancement du programme nucléaire en 1974.Il faut une
nouvelle vision du monde dans nos rangs pour mieux avancer hors
de nos rangs.
JLP