Dossier : " Agrément du laboratoire "
Infos complémentaires : http://www.criirad.com...
En 1986, la naissance de la CRIIRAD a provoqué
des bouleversements dans le paysage nucléaire français.
En effet, en se dotant d'un laboratoire d'analyse spécialisé,
notre association a mis fin au quasi monopole qu'exerçait
le SCPRI en matière de contrôle de la radioactivité
dans l'environnement.
Etant donné le niveau de désinformation
pratiqué par ce service pendant la crise de Tchernobyl,
la naissance de notre laboratoire a constitué un grand
progrès pour tous ceux qui souhaitaient faire effectuer
des analyses ou des études en toute indépendance
par rapport à l'Etat et aux exploitants.
Ayant ainsi la possibilité de conduire ses propres investigations,
la CRIIRAD a fréquemment mis en défaut les contrôles
officiels ou révélé des pollutions que les
industriels auraient préféré continuer à
cacher. Notre laboratoire est vite devenu gênant mais la
qualité des ses analyses n'ayant pu être mise en
défaut, les attaques ont fait long feu.
Depuis le milieu des années 90, il obtient régulièrement
le certificat de compétence technique délivré
par le ministère de la Santé à toutes les
structures qui réussissent les épreuves d'intercomparaison.
C'est un élément important car bien souvent les
industriels ou l'Administration cherchent des prétextes
pour empêcher notre laboratoire de réaliser les études.
En l'occurrence, ils ne peuvent mettre en doute nos analyses ou
objecter que notre laboratoire n'est pas sur la liste du JO et
ne peut donc participer.
Ne pouvant attaquer notre association sur son
travail scientifique, le lobby nucléaire a changé
de tactique.
En conditionnant la délivrance de l'agrément à
des engagements contraires à l'éthique de la CRIIRAD,
il serait facile de la piéger :
- soit elle acceptait le marché et elle entrait ainsi dans le rang, perdant tout ce qui fait sa spécificité ;
- soit elle refusait et son laboratoire perdait son agrément ce qui allait nécessairement l'affaiblir, et peut-être la faire couler.
Les promoteurs du projet ont eu l'habileté de le dissimuler sous un habillage attractif : la création d'un réseau national de mesure de radioactivité dans l'environnement comportant les résultats de tous les laboratoires agréées. Toutes les données seraient consultables sur les sites Internet des 2 services officiels concernés : la DGSNR (direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection) et l'IRSN (institut de radioprotection et de sûreté nucléaire). Le projet serait ainsi perçu par les médias comme une avancée en matière de pluralisme et de transparence.
Résumé succinct des arguments sur lesquels le Conseil d'Administration a fondé sa décision.
- Le chantage est un procédé indigne : y céder, c'est y participer. La CRIIRAD doit le dénoncer haut et fort et s'opposer ouvertement à ceux qui le pratiquent.
- Pour pouvoir obtenir l'agrément, la CRIIRAD devrait s'engager au préalable à adresser ses résultats de mesure aux services officiels en leur accordant l'autorisation de les exploiter. Il s'agit des résultats extraits de leur contexte, c'est-à-dire des études qui leur confèrent leur véritable signification. L'arrêté ne donne aucune garantie sur les utilisations qui seront faites et n'ouvre aucune possibilité de recours. La CRIIRAD ne peut se dessaisir ainsi de ce qui fait l'essence et la valeur de son travail. Il n'est pas question qu'elle laisse les services officiels vider ses études de leur substance ou utiliser ses résultats pour cautionner ses propres conclusions.
- Les agréments doivent être délivrés sur la base de critères exclusivement scientifiques. Telle était l'exigence qui avait présidé à leur instauration en 1988. Un pays démocratique n'a pas besoin d'un agrément politisé. Si ce n'est plus possible en France, le laboratoire de la CRIIRAD ira le chercher à l'étranger.
- La CRIIRAD ne peut accepter de collaborer avec les services qui gèrent le réseau : la DGSNR et l'IRSN. Tant que ces organismes affirmeront que les faibles doses n'ont aucun impact sur notre santé, ce qui est contraire à l'état des connaissances ainsi qu'aux bases mêmes de la radioprotection, il n'est pas question de participer à leurs projets. Cela reviendrait à dire que leurs manquements ne sont pas si graves et que ce sont des partenaires acceptables.
- Les travaux de la CRIIRAD ont mis en évidence un certain nombre d'anomalies dans les contrôles radiologiques officiels. Les doses et les risques associés sont souvent sous-évalués. Si la DGSNR souhaite réellement améliorer les choses, il serait plus efficace d'apporter des correctifs à ces dysfonction-nements plutôt que de créer un réseau fait de mesures disparates et sorties de leur contexte.
- La CRIIRAD est parfois alertée par des particuliers ou des salariés dont il faut protéger l'anonymat afin qu'il ne soient pas victimes de mesures de rétorsion. Avec les obligations que fixent l'arrêté, cela ne serait plus possible. Et le danger serait d'autant plus important que les exploitants siègent aux différents comités du réseau DGSNR.
- La CRIIRAD doit rester un contre-pouvoir sans lien de subordination avec l'Etat. Les risques auxquels elle s'expose sont le prix à payer pour le maintien de son intégrité.
- Soyons positifs : depuis sa création, la CRIIRAD est régulièrement en butte à des menaces mais elle n'a jamais cédé. Ses travaux dérangent et il faut s'attendre à des réactions. C'est plutôt bon signe. Le jour où elle sera encensée par le lobby nucléaire, c'est là qu'il faudra s'inquiéter.