Document CRIIRAD
A l'aube du XXème siècle, ni
les agriculteurs, ni les consom-mateurs n'avaient à se
soucier des pollutions radioactives. En 1945, les bombardements
d'Hiroshima et Nagasaki mar-quèrent le début de
la course à l'armement nucléaire. Puis, l'atome
civil prit son essor avec la construction de centaines de réacteurs
électronucléaires.
Pour mettre au point leur armement, 5 Etats (USA, URSS, RU, F
et Chine) ont fait exploser plus de 400 bombes atomiques
dans l'atmosphère. Ces essais ont provoqué une contamination
généralisée qui n'a pas épargné
notre territoire. Tout comme les retombées de Tchernobyl
ne se sont pas arrêtées à nos frontières.
S'ajoutent à ces pollutions, les apports chroniques des
installations nuclé-aires. Qu'elles soient civiles
ou militaires, elles disposent d'autorisations pour rejeter leurs
effluents radioactifs dans l'air, les fleuves et les mers. Il
faut également tenir compte de l'héritage du passé
et notamment des mines d'uranium.
Heureusement pour nos cultures, en dehors des milieux forestiers,
le sol retient assez fortement la plupart des polluants radioactifs
et les plantes restent relativement épargnées. Quoi
qu'il en soit, dès lors que de la radioactivité
artificielle est présente dans les cultures de telle ou
telle région, la situation est analysée comme une
pollution car :
Si du plutonium ou du cobalt 60 sont détectés
dans des poireaux ou des tomates, il va falloir rechercher l'origine
du problème, évaluer les risques et demander des
comptes aux responsables. De plus, grâce aux démarches
conduites par la CRIIRAD en 1998-2001, la réglementation
française stipule que tout ajout de radioactivité
dans les aliments est strictement interdit.
Certes, des limites de contamination dite " acceptable
" ont été fixées aux niveaux nationaux
et internationaux. Mais elles ne s'appliquent qu'en situation
post accidentelle et sur une durée limitée.
Face à l'urgence, on tolère la consommation
d'aliments contaminés, à condition qu'ils ne dépassent
pas les limites (au-delà, ils doivent être éliminés
et les producteurs indemnisés). La consommation de ces
aliments dits faiblement contaminés n'est pas sans risque
aussi doit-elle doit durer le moins longtemps possible (cf. les
études du Pr Bandajevsky sur les incorporations chroniques
de césium 137).
Les projets élaborés au cours de ces dernières années sous l'impulsion du lobby nucléaire, vont complètement changer la donne. La norme ne sera plus l'absence de pollution mais une contamination décrétée acceptable par les autorités. Deux projets, établis au plus haut niveau, sont en passe d'être adoptés : l'un émane de la Commission du Codex alimentarius, l'autre de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR).
1/ La Commission du Codex Alimentarius est une émanation de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l'organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO). A la demande de l'agence internatio-nale de promotion du nucléaire civil (AIEA), elle est sur le point d'adopter une norme autorisant l'importation et l'exportation des denrées alimentaires contaminées. L'autorisation sera délivrée sans limitation de temps et sans lien avec un accident, sous la seule réserve que le taux de polluants soit inférieur à certains seuils : de 1 becquerel par kg (Bq/kg) pour les produits les plus radiotoxiques comme le plutonium et jusqu'à 10 000 Bq/kg pour les produits suppo-sés les moins radiotoxiques comme le tritium.
2/ La CIPR est
une instance internationale de référence. Les recommandations
qu'elle publie servent de base à l'élaboration des
textes qui régissent notre protection contre les rayonnements
ionisants. Son projet pour 2005 recom-mande l'instauration de
" seuils d'exclusion " en dessous desquels la
contamination des déchets, matériaux, objets ou
aliments ne serait plus prise en compte. Officiellement, ils
ne seront plus radioactifs et nous n'en seront plus protégés.
Ils seront purement et simplement exclus du système
de radioprotection. Du lait à 90 becquerels d'iode
131 par litre pourra être librement commercialisé
et utilisé sans restriction pour l'alimentation des enfants,
y compris des nourrissons ! Tans pis pour l'irradiation de leur
thyroïde et pour leur développement !
Pour faire accepter leurs projets, la CIPR et la Commission du
Codex affirment que les risques sont négligeables. C'est
totalement FAUX. Les calculs montrent en effet que les niveaux
de risque induits par ces projets sont inacceptables, de 100
fois à plus de 10 000 fois supérieurs au
niveau de risque dit négligeable.
Si personne ne bouge, nous sommes condamnés,
à court terme, aux aliments radioactifs. Ni les producteurs
ni les consommateurs ne pourront plus s'y opposer puisque cette
contamination sera devenue légale.
Il reste peu de temps mais rien n'est encore perdu. Au cours des
12 dernières années, grâce au soutien de la
population, la CRIIRAD a fait échouer plusieurs projets
similaires. Tout dépend de l'importance de la mobilisation
!
La Commission de Recherche et d'Information
Indépen-dantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) a
été créée au lendemain de Tchernobyl
en réaction à la désinformation pratiquée
par les autorités. C'est à la fois : 1/ une association à but non lucratif, agréée pour la protection de l'environnement, qui travaille sur les questions relatives à la radioactivité et au nucléaire. 2/ un laboratoire spécialisé dans les pollutions radioactives, disposant de la certification technique et de l'agrément du ministère de la Santé pour les mesures dans l'environnement et les diagnostics radon. Information complète dans la brochure " Les dossiers de la CRIIRAD " (48 p.) disponible à : CRIIRAD, 471 avenue V. Hugo 26000 Valence contre 6,5 euros (frais d'envoi compris). Tel. 04 75 41 82 50. |