On peut lire dans le rapport scientifique d'activité
2002 de l'IRSN (chapitre 1 article 4 sur le risque hydrogène,
page 28, http://www.irsn.fr)
[...] " le risque hydrogène se définit comme
la possibilité d'une perte de l'intégrité
du confinement du réacteur ou de ses systèmes de
sûreté à la suite d'une combustion de l'hydrogène
émis pendant la dégradation du coeur. Plusieurs
phénomènes concourent à cette émission
d'hydrogène au cours de l'accident. Lors de la phase de
dégradation du coeur en cuve, la production d'hydrogène
est due principalement à l'oxydation du zirconium des gaines
et des structures des éléments combustibles et,
dans une moindre mesure, à l'oxydation des métaux
présents dans la cuve, le coeur fondu du réacteur,
ou corium, peut être fragmenté au contact de l'eau
ou dispersé dans l'enceinte de confinement lors de la phase
de percement de la cuve et il subit alors une seconde phase d'oxydation.
L'interaction entre le corium et le béton du radier de
l'enceinte de confinement est à nouveau susceptible de
conduire à la production d'hydrogène. Enfin, la
radiolyse de l'eau est une autre source potentielle d'hydrogène
mais elle est peu importante et intervient à long terme
".
Suite à une rupture du circuit primaire et la montée
en température du coeur par insuffisance du refroidissement,
l'hydrogène produit dans le coeur est libéré
dans l'enceinte. Il peut alors, selon sa quantité dans
l'air, s'enflammer à une vitesse de propagation de l'ordre
du mètre par seconde, ou de plusieurs centaines de m/s
(déflagration), ou de plusieurs milliers de m/s (détonation).
Ces explosions peuvent entraîner la rupture de l'enceinte
de confinement.
Le système actuel de prévention d'explosions est
basé sur l'inflammation forcée de l'hydrogène
avant qu'il n'atteigne des taux susceptibles de former des mélanges
déflagrants ou détonants. Mais on peut douter de
son efficacité au contact de la forte concentration en
vapeur d'eau. D'ici 2007, EDF devra équiper ses installations
de recombineurs catalytiques (platine et palladium sur alumine,
une quarantaine par réacteur), mais la capacité
de ce procédé est limitée à l'absorption
de 0,3 gramme d'hydrogène par seconde par recombineur ;
valeur compatible avec une petite rupture du circuit primaire
de quelques centimètres de diamètre seulement. D'autres
procédés sont à l'étude comme l'injection
de gaz inertants dans l'enceinte (hélium) ou l'aspiration
des gaz de l'intérieur de l'enceinte, mais ne pourront
être mis en service que sur des installations de nouvelles
générations, pas sur les tranches existantes. L'IRSN
reconnaît, très modestement d'ailleurs, que pour
ces réacteurs (page 29) " l'évaluation du
risque a été effectuée de façon pragmatique.
En effet, elle a essentiellement consisté à estimer
les conséquences sur le confinement du chargement (quasi
statique) résultant d'une déflagration (lente),
ce problème étant considéré comme
inéluctable en cas d'accident grave alors que l'occurrence
d'une déflagration rapide ou d'une détonation dans
une enceinte de REP reste incertaine. Il a ainsi été
montré que, en considérant une quantité d'hydrogène
dans l'enceinte équivalente à celle qui proviendrait
de l'oxydation de la partie des gaines entourant le combustible,
le pic de pression résultant de la combustion d'une telle
quantité d'hydrogène atteint des valeurs proches
de la limite d'étanchéité estimée
des enceintes et qu'en conséquence le maintien d'une étanchéité
suffisante ne peut, dans une telle situation, être garanti,
qu'il s'agisse des enceintes des paliers 1450, 1300 ou encore
900 MWe ".