Un travail pionnier.
Youri Bandajevsky, professeur à l'institut médical
de Grono, a été nommé à 33 ans Recteur
de l'Institut de médecine de Gomel nouvellement créé
en 1990 dans une des régions du Bélarus (ex-Biélorussie)
les plus contaminées par les retombées de Tchernobyl
et désertée par le personnel médical. Sous
sa direction l'Institut a rapidement formé des médecins
dans de nombreuses disciplines. Parallèlement des recherches
de première main, au sein même de la population,
ont été menées sur les conséquences
sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl. La pluridisciplinarité
a permis d'avoir une vue d'ensemble des pathologies et dérèglements
fonctionnels. Le bilan sanitaire est sévère,
surtout chez les enfants, (Gazette Nucléaire
197/198, mai 2002, Lettre d'information
du Comité Stop-Nogent n°91/92, mars-juin 2002 et n° 96/97, janvier-avril 2003).
Deux particularités :
1) à l'examen habituel clinique complété
par des actes spécialisés, des tests biochimiques,
Bandajevsky a associé la mesure directe par spectrométrie
gamma du nombre de désintégrations par seconde (becquerels
Bq) révélant la contamination chronique irradiant
en permanence l'organisme de l'intérieur. Les études
montrent l'action nocive de la contamination interne chronique,
surtout due au césium 137 (Cs137), via l'alimentation
et qui s'ajoute à l'irradiation externe par les dépôts
radioactifs sur le sol. La nourriture est contaminée car
lorsque la terre est contaminée cela se répercute
sur toute la chaîne alimentaire, dont le lait ce qui peut
conduire à des charges corporelles élevées
chez les enfants, nocives pour la santé. Ainsi il a été
trouvé que la fréquence des anomalies cardiologiques
des électrocardiogrammes augmente proportionnellement à
l'activité spécifique (la concentration du corps
en Cs137 exprimée en Bq/kg du poids de l'enfant). Quand
la concentration est élevée, des états pathologiques
irréversibles peuvent s'installer alors que, d'après
les modèles utilisés par les experts internationaux
en radioprotection, les doses calculées sont faibles. Il
en est de même des opacités du cristallin dont le
nombre augmente avec la concentration en Cs137 etc.
2) Des examens histologiques pratiqués par Bandajevsky
tant par autopsie d'adultes et d'enfants que par expérimentation
animale montrent que, contrairement à ce qui est admis,
la répartition du Cs137 est très hétérogène
dans l'organisme, il se concentre dans les organes et tissus
vitaux (cur, reins, glandes endocrines). Il détériore
les membranes cellulaires ce qui perturberait tous les processus
métaboliques et conduirait à des troubles fonctionnels
et pathologiques. Par expérimentation animale Bandajevsky
a étudié le rôle de quelques entérosorbants
dans le but d'éliminer le césium 137 sans créer
d'effets secondaires nocifs.
1999 : après avoir critiqué publiquement
la façon dont le ministre de la santé a conduit
les recherches sur la santé après Tchernobyl et
la façon dont l'argent a été dépensé,
Bandajevsky a été arrêté le 13 juillet
1999. Le 18 juin 2001 il est condamné sans preuves par
un tribunal militaire à 8 ans de détention à
régime sévère, pour de soit disant pots de
vins qu'il aurait reçus pour l'inscription d'étudiants.
Il a été considéré comme prisonnier
d'opinion par Amnesty International et les protestations pour
sa libération ont démarré dès octobre
1999. Nous vous avons tenu au courant de toutes les péripéties
de ces années noires -la prison, la relégation,
séparées par une année en attente du procès
où, rattaché au personnel de BELRAD par le Pr. Nesterenko,
il a rédigé des monographies. Sa volonté
de poursuivre ses recherches l'a sauvé du désespoir.
Entre temps ses travaux ont commencé à être
publiés dans des revues occidentales grâce au Pr.
Michel Fernex.
Après deux amnisties le Pr. Youri Bandajevsky a été
libéré le 5 août dernier. Il est encore sous
contrôle policier pendant 6 mois, il peut circuler au Bélarus
mais pas hors des frontières. Il n'a pas le droit d'exercer
de responsabilités pendant 5 ans. Pour poursuivre ses recherches
sur l'incorporation de produits radioactifs, sur les mécanismes
des dérèglements menant aux pathologies et sur les
possibilités d'y remédier, il a demandé à
travailler avec la CRIIRAD qui a lancé le projet de création
au Bélarus du laboratoire biomédical CRIIRAD-Bandajevsky,
momentanément dirigé par Galina Bandajevskaya. Il
devait payer une amende correspondant à 13 800 euros bien
que n'ayant jamais reconnu sa culpabilité. La CRIIRAD a
payé l'amende en avançant l'argent.
- Participer au remboursement
de l'amende (reçu fiscal)
- Aider à la fondation du laboratoire CRIIRAD-Bandajevsky
par « briques » de 50 euros (reçu fiscal
pour les «co-fondateurs»).
CRIIRAD, 471 av. Victor Hugo, 26000 Valence.
www.criirad.org
- contact@criirad.org