Dans la série des " fausses bonnes
idées ", après les biocarburants qui vont nous
affamer, la pile à hydrogène serait pour nombre
d'experts scientistes la solution du futur.
C'est sans compter sur les nombreux aléas dissimulés.
Ce gaz a le fâcheux inconvénient de passer au travers
le métal, ce qui pose un énorme problème
de stockage. Libéré à l'air libre, cet ultra-léger
monte dans les hautes couches de l'atmosphère où
il s'associe à l'oxygène pour former de la vapeur
d'eau. L'humidification de la stratosphère interfère
avec les réactions chimiques qui assurent le renouvellement
de la couche d'ozone protectrice contre les UV.
Dans l'hypothèse d'un développement massif de cette
énergie en substitution du pétrole, les fuites d'hydrogène
viendraient s'ajouter aux perturbations des CFC et aggraver les
problèmes de santé et d'environnement liés
à la destruction de la couche d'ozone stratosphérique.
L'information critique sur l'hydrogène, publiée
il y quelques années par la revue Science, n'a pas eu l'écho
souhaitable dans les médias ; elle va à contre-sens
des délires scientistes et des affairistes des milieux
industriels et financiers.
En 2003, le gouvernement Bush a doté de fortes subventions
de recherches pour ce mode de propulsion et à destination
des industriels de l'automobile ; ceci au détriment du
programme de son prédécesseur qui visait de façon
plus pragmatique à réduire la consommation des voitures
américaines d'un facteur 3 ou 4.
En outre, la production d'hydrogène nécessite l'électrolyse
de l'eau, ce qui consomme énormément d'électricité.
Il faut 5 kWh pour produire 1 m3 de ce gaz à pression atmosphérique,
lequel ne restitue seulement qu'une énergie de 1,8 kWh
dans une pile à hydrogène. Si l'on prend aussi en
compte l'énergie nécessaire à la liquéfaction
pour en permettre le transport et le stockage, le bilan énergétique
est alors nul. Les énergies renouvelables ne pourraient
assurer cette production, pas plus que le nucléaire dont
les réserves d'uranium sont estimées par le CEA
à 40 Gtep (milliards de tonnes d'équivalent pétrole)
; c'est-à-dire presque rien. Dans la réalité,
la production d'hydrogène est le plus souvent issue de
réactions chimiques à partir du méthane ou
du charbon.
Au final, la production de carburants de synthèse à
partir du charbon ou de lignite (3400 Gtep de réserves)
semble être la solution la plus réaliste, tout comme
ces combustibles sont actuellement la seule solution objectivement
envisageable pour assurer une sortie du nucléaire.
Claude Boyer