Le témoignage d'un expert de l'AIEA
est publié dans le livre de Steve Weissman et Herbert Krozney
" The Islamic Bomb " publié en 1981 par
Times Books (New York).
Roger Richter, inspecteur américain de l'AIEA pour la surveillance
des installations nucléaires d'Israël, de l'Inde,
du Pakistan et de l'Irak a témoigné devant le Comité
des relations extérieures du Sénat des Etats-Unis.
Il a expliqué la façon dont les inspecteurs de l'AIEA
devaient effectuer leurs contrôles :
" "Le rôle de l'inspecteur est limité à vérifier seulement le matériel déclaré par la France et l'Irak" "Nous n'avons pas l'autorisation de chercher du matériel non déclaré. Notre travail est de vérifier que la balance comptable entre les matériels déclarés est correcte. Nous ne sommes même pas autorisés à vérifier dans les autres installations [non déclarées] si l'Irak n'a pas rempli ses obligations vis-à-vis du TNP, et à faire un rapport à l'AIEA que le matériel en infraction avec les garanties se trouve dans ces installations"
Comme Richter l'explique, les inspections et les procédures de balance comptable pourraient éventuellement permettre de détecter toute diversion d'uranium hautement enrichi. Mais elles manqueraient probablement de remarquer toutes tentatives de produire du plutonium en chargeant le cur du réacteur Osirak avec une couverture d'uranium naturel.
"L'AIEA ne recherche pas les opérations clandestines" a rappelé l'ancien inspecteur aux Sénateurs. "L'AIEA, en fait effectue des missions de comptabilité".
Malgré cela l'Irak imposa son veto sur les inspections et n'autorisa que des inspecteurs en provenance de l'URSS, de Hongrie et de France, celle-ci étant en train de lui fournir le réacteur Osirak.
Ensuite, les inspecteurs furent limités à trois inspections par an et devaient prévenir plusieurs semaines à l'avance s'ils voulaient visiter les installations qui étaient en fait soumises à des garanties.
Les Irakiens pouvaient et suggéraient des dates différentes, ce qui leur donnait toute possibilité de cacher toutes opérations illicites. "Puisque tout le réacteur pouvait être vidé en quelques jours de tout spécimen de cible d'uranium, les inspecteurs se trouvaient en face d'une situation où toutes les preuves d'irradiations illicites pouvaient être dissimulées avant qu'ils n'arrivent pour vérifier l'inventaire déclaré des combustibles".
L'AIEA et le gouvernement US ont critiqué le témoignage de Richter en arguant que des négociations avec l'Irak étaient toujours en cours et que les problèmes qu'il soulevait étaient en voie de résolution.
Mais durant notre enquête nous avons entendu les mêmes critiques du système des garanties, de la bouche d'anciens fonctionnaires de l'AIEA ou d'anciens experts (...). Cependant aucun n'a fait part publiquement de ses critiques un peu comme les dentistes qui ne médisent pas en public à l'égard d'un autre dentiste.
Roger Richter a contrevenu aux règles du club, et fut licencié sans ménagement de son travail à l'AIEA dix jours après qu'il eut lui-même démissionné. "
Note de Stop Nogent
Ce témoignage montre bien les
limites du traité de non prolifération (TNP). Les
contrôles de l'AIEA ne sont efficaces que pour les pays
qui ne veulent pas se doter d'armements nucléaires. Pour
les autres, sous contrôle de l'AIEA et qui n'ont pas l'intention
actuellement de fabriquer des bombes, la technologie du nucléaire
civil peut être détournée à des fins
militaires. Quant aux pays qui respectent actuellement le TNP
et qui possèdent la technologie du nucléaire civil
ils ont les moyens et les matériaux pour réaliser
rapidement des bombes s'ils le désirent. Le TNP finalement
ne garantit pas grand-chose.
JLP-RB