C'est en 1974 que la nucléarisation
massive de la France a été décidée
par le gouvernement Messmer. Les technocrates de l'Etat étaient
en plein délire : 200 réacteurs prévus sur
50 sites en quelques décennies.
Dans les Annales des Mines de janvier 1974 (une revue très
respectée !) le professeur Pellerin et son adjoint Moroni
(qu'on retrouvera en 1986 au moment de Tchernobyl) donnaient leur
vision de la sûreté nucléaire.
L'article commençait par déterminer la cause de
« l'inquiétude du public, la confusion entre énergie
nucléaire et explosifs nucléaires et la crainte
des effets génétiques d'autre part».
Pour mettre un terme « à ce danger social pour le
développement de l'énergie nucléaire »
ces "responsables" se réfèrent à
un vieux rapport de l'Organisation mondiale de la santé,
(OMS, n°151, 1958) intitulé « Questions de santé
mentale que pose l'utilisation de l'énergie atomique à
des fins pacifiques ».
Ces "responsables" mentionnaient trois points importants
de ce rapport de l'OMS et insistaient sur leur « opportunité
» :
« - de ne pas développer de façon excessive les mesures de sécurité dans les installations nucléaires afin qu'elles ne provoquent pas une anxiété injustifiée.
- de convaincre les autorités qu'il n'entre pas dans le rôle des savants de prononcer des jugements de caractère psychologique ou moral sur des problèmes scientifiques.
- d'inciter les savants à mieux saisir la portée exacte et les conséquences de leurs déclarations. »
Ainsi, Pellerin, le responsable de notre radioprotection
exhortait les techniciens de l'énergie nucléaire
à ne pas exagérer les mesures de sécurité
dans les installations nucléaires.
On a beaucoup insisté sur les mensonges de Pellerin après
Tchernobyl. Mais en réalité, il faut réaliser
que c'est son incompétence qu'il fallait dénoncer.
N'est-ce pas sur ce critère d'incompétence que ce
personnage a été choisi et mis en place par les
nucléo-technocrates et les politiciens de droite et de
gauche dès les années 60 ?
D'une façon générale, dans l'administration
française il faut être « souple », l'incompétence
est le critère majeur d'évaluation. La compétence
et son expression dans les ministères et les organismes
d'Etat conduit inévitablement à la « mise
au placard », une fin de carrière prématurée.
C'est sur l'incompétence que l'Etat français recrute
ses serviteurs.
R. B. mars 2006.
Brève
« Personne ne met sérieusement
en doute le principe selon lequel la fonction de la culture de
masse est de soutenir le moral des gens, et il est évident
que personne, parmi la masse des spectateurs, ne voit d'inconvénient
à ce que l'on soutienne son moral. A une époque
où la condition normale du citoyen est un état d'anxiété,
l'euphorie envahit notre culture comme le large sourire d'un idiot
»
Robert Warshow Partisan Review, février 1948, cité dans "Le crime à l'écran, une histoire de l'Amérique" Michel Ciment, oct. 2002.