Des nouvelles du Bélarus

Youri Bandajevsky est venu en France !
Surprise ! Une dépêche AFP nous a appris l'arrivée de Youri Bandajevsky et de sa femme Galina à Clermont-Ferrand le 21 avril dernier alors qu'il était attendu à l'assemblée générale de la CRIIRAD à Valence la semaine suivante. Une bourse lui a été attribuée par la Région Auvergne comme « Professeur invité » pour travailler pendant 1 an au CHU de Clermont-Ferrand, sur invitation d'un groupe d'universitaires et de médecins. Rappelons que Clermont-Ferrand est jumelée à Gomel et Youri Bandajevsky a été nommé citoyen d'honneur de la ville pendant qu'il était en relégation. Il est en relation avec un Professeur de ce CHU depuis les années 90, M. Laurent Gerbaud, qui a préfacé son livre « Philosophie de ma vie. Journal de prison » (éd. Jean-Claude Gawsewitch).

Apparemment il y a eu des tractations entre l'ambassadeur de France à Minsk M. Chmelewsky et les autorités du Bélarus pour avancer la date d'autorisation de sa sortie hors du Bélarus.
Afin de trouver une solution moins précaire que la bourse de un an la CRIIRAD a lancé un appel au Président de la République, M. Chirac, afin d'obtenir la création pour Youri Bandajevsky d'un poste permanent de « Professeur des Universités » qui ne peut être décrété que par le gouvernement. Ceci assurerait sa stabilité matérielle et psychologique et la possibilité de poursuivre ses travaux au Bélarus dans le laboratoire CRIIRAD-Bandajevsky. (Voir www.criirad.org pour les lettres à Chirac). En effet Youri Bandajevsky désirerait continuer à coopérer avec la CRIIRAD (il a un contrat de travail depuis novembre 2005 et sa femme Galina depuis juin 2005). Les dernières démarches administratives pour la création du laboratoire de recherches bio-médicales CRIIRAD-Bandajevsky dont le nom est « Laboratoire de recherches scientifiques sur l'Écologie et la Santé » ont été effectuées le 10 mars dernier. La réponse définitive des autorités du Bélarus -acceptation ou rejet- devrait être donnée prochainement.

A Paris, la librairie Jonas a invité Youri Bandajevsky à participer à la soirée publique de présentation du livre de Wladimir Tchertkoff, « Le crime de Tchernobyl. Le goulag nucléaire » (éd. Actes Sud).

La réunion de Minsk au sujet de la pectine.
Rappelons que la pectine est une macromolécule qui fait partie des fibres alimentaires formant des gels en présence d'eau et cette propriété est utilisée dans les confitures, les gelées de fruits. Outre les fruits (pommes, citrons etc. on utilise aussi certaines algues, des betteraves etc. C'est un « entérosorbant » : le gel formé dans l'intestin emprisonne des métaux lourds, des radionucléides, (voire le cholestérol), ce qui permet leur élimination par les voies naturelles. Des études expérimentales animales ont été effectuées par Y. Bandajevsky sur différents entérosorbants et publiées en anglais dès 1995 ; celle sur un composé à base de pectine (« Pectopal ») publiée en 1997 montrait son rôle positif en favorisant la désorption du Cs137 sans affecter le métabolisme global. Différentes pectines sont utilisées en Ukraine, en Russie pour faire diminuer la charge corporelle en radionucléides et c'est de la pectine de pomme (« Vitapect ») qui est donnée par l'institut BELRAD aux enfants des zones contaminées du Bélarus (il y a environ 500 000 enfants dans ces régions). Parmi les milliers de données du Pr. Nesterenko, directeur de BELRAD celles obtenues lors des séjours en sana des enfants des zones contaminées prouvent d'une façon indiscutable la diminution de l'activité spécifique des enfants (leur contamination en Cs137 exprimée en Bq/kg du poids du corps) après une cure de Vitapect qui s'avère plus efficace que la seule alimentation en nourriture « propre » (Nesterenko et al Swiss Med. Weekly 2004, 134 :224-227). De plus des effets positifs sont observés sur le système cardiovasculaire (G. Bandazhevskaya et al, ibid. p. 725-739).

Quel est donc le problème ?
Il faut savoir que les projets européens de financement de certains programmes d'aide aux habitants de l'ex-URSS -dits projets TACIS- doivent désormais être avalisés par un Comité d'approbation du programme CORE. Or la pectine est violemment attaquée par le Pr. Lengfelder (Institut Otto Hug, Allemagne) et par le Dr Kapitonova, ancienne élève de Bandajevsky qui l'a remplacé à la tête de l'institut de médecine de Gomel. Le premier a reproché à la pectine d'éliminer les oligo-éléments, la seconde entonne le discours officiel : les doses liées à la contamination interne sont trop faibles pour avoir un effet et donc c'est inutile de donner de la pectine. Suite à ces attaques, les projets de Vassily Nesterenko ont été refoulés en juin dernier, en particulier un projet en partenariat avec l'association française des enfants Tchernobyl-Bélarus et le centre de recherches allemand de Juelich. (C'est étrange, le Pr. Lengfelder est considéré comme étant antinucléaire en Allemagne, Autriche)

L'ambassadeur de France au Belarus, M. Chmelewsky a demandé une expertise à l'IRSN, notre Institut de radioprotection et sûreté nucléaire supposé être devenu « indépendant » après que l'IPSN ait été englobé avec l'OPRI -ex SCPRI de Pellerin- pour former l'IRSN. Il « a sollicité l'IRSN pour engager une évaluation pluraliste de l'efficacité de la pectine et l'opportunité de son usage dans les territoires contaminés par les retombées radioactives consécutives à l'explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl ». L'IRSN a pondu un rapport extrêmement négatif vis-à-vis de la pectine (www.irsn.fr) et une réunion contradictoire a eu lieu à l'ambassade de France à Minsk le 17 mai, organisée par M. Chmelewsky.
Youri Bandajevsky est retourné à Minsk pour cette réunion.
A cette réunion contradictoire assistaient, entre autres, d'un côté Lengfelder, Jourdain (co-auteur du rapport de l'IRSN), un expert du CEA, de l'autre Nesterenko, Bandajevsky, Michel Fernex et un spécialiste ukrainien de la pectine le Pr. Korzum. La CRIIRAD avait demandé à assister à la réunion mais cela a été refusé. A la demande de Nesterenko, Galina Bandajevskaya qui a travaillé à BELRAD sur la santé des enfants et l'influence de la pectine, a assisté à la réunion. Le Pr. Michel Fernex a présenté une critique magistrale du rapport IRSN en pointant ses insuffisances et ses contradictions.

Le rôle négatif de l'IRSN
Vingt ans après Tchernobyl les auteurs du rapport de l'IRSN sur la pectine s'érigent en donneurs de leçons de « Science », avec un S. Il faut faire d'autres études mais avec leurs protocoles, les seuls valables à leurs yeux. Ils sont d'une arrogance incroyable alors qu'ils omettent de signaler les études de Bandajevsky qui étaient connues de l'IPSN dès 1996, ils omettent les études de N. Gres sur l'élimination du plomb, l'apport des données récentes de Nesterenko et son équipe de BELRAD, des études importantes russes et ukrainiennes dont celles de Korzum.
Le césium 137 dans le corps des enfants, leurs problèmes de santé leur importent finalement assez peu, ce qui compte c'est d'avoir une « manip propre », avec de la pectine bien pure, sans additifs. Pendant ce temps, que les enfants souffrent ne semble pas les faire souffrir.

Il est indéniable que la pectine de pomme Vitapect élaboré par BELRAD (Vitapect 2 est enrichi en vitamines, en bêta carotène, acide folique, potassium, zinc et sélénium) fait baisser la charge en césium 137 chez les enfants sans altérer le taux des oligo-éléments. Les examens cardiologiques avant et après prise de pectine montrent une amélioration avec la baisse du taux de Cs137 dans le corps (exposé de G. Bandajevskaya au colloque de Lyon-Charbonnières, 1er avril 2005).

Au Bélarus il y a dans certaines zones du Strontium 90 et même un peu de plutonium que certains composés pectiques éliminent mieux qu'un chélatant spécifique utilisé au CEA en cas de contamination accidentelle des travailleurs). La pectine élimine les métaux lourds or des métaux lourds il y en a aussi : une bonne partie du plomb déversé par hélicoptère dans le coeur du réacteur après le 26 avril 1986 s'est vaporisé et est retombé en Biélorussie méridionale, là où les habitants auraient dû être évacués en 1986 -ce qu'avait demandé Nestérenko- mais ne l'ont pas été. Ils auraient dû être évacués plus tard avec le programme élaboré par le soviet de Biélorussie en 1989. Ces auteurs du rapport de l'IRSN de 2005 et l'IPSN de 1989 ont-ils protesté contre l'intrusion de Pellerin en tant qu'expert OMS en juin 1989 en Biélorussie et en Ukraine, qui, par ses « conseils » a contribué à réduire le nombre d'habitants à évacuer en critiquant les scientifiques biélorusses et ukrainiens qui réclamaient une meilleure protection des habitants ?

Aux dernières nouvelles l'IRSN et son rapport négatif auraient été mis en difficulté, les effets bienfaisants de la pectine (et de Vitapect) reconnus. A suivre

Redisons que l'évacuation, vers des zones propres et dans de bonnes conditions, des habitants des zones les plus contaminées serait évidemment la meilleure solution, mais personne ne l'envisage alors que Loukachenko facilite l'installation en zone évacuée de Russes venant des régions du Caucase. Que rester en zone contaminée implique une alimentation contaminée en particulier le lait des enfants, mais aussi le gibier, les baies sauvages et les champignons beaucoup plus appréciés traditionnellement que chez nous. Qu'il est difficile de préparer de la nourriture « propre » à partir d'aliments contaminés même si certaines cuissons favorisent partiellement l'élimination du Cs137. Qu'il ne faudrait pas utiliser le bois de la forêt ou la tourbe. Qu'il faudrait ne pas arroser son jardin privé avec les eaux usées, avoir dans chaque maison ou village un « site de stockage de déchets »

Donner de la pectine aux enfants ce n'est pas la panacée, c'est un palliatif mais c'est un palliatif indispensable dans la situation présente pour les enfants d'aujourd'hui dont certains ont plus de 300 Bq/kg en Cs 137 dans le corps alors qu'au-delà de 20-30 Bq/kg les effets sur la santé commencent à les handicaper. Ce sont ces enfants qui nous importent, qu'ils puissent vivre, grandir, devenir adulte...

L'utilisation de la pectine à long terme peut éventuellement s'avérer poser problème, mais pour l'instant on n'en est pas à donner de la pectine pendant 10 ans à un même enfant. Pour l'instant il s'agit déjà d'avoir les fonds pour assurer les cures de pectine aux enfants de plus de 3 ans des régions les plus contaminés en césium 137. Parrainer les enfants et les aider à partir en sana où ils ont de la nourriture « propre » est bien sûr complémentaire.

Des études sont nécessaires pour évaluer l'influence de la pectine chez les femmes enceintes, les ftus et les nouveaux-nés. C'est pourquoi il est important que Youri Bandajevsky puisse faire des expérimentations animales et c'est bien ce qui est envisagé avec la CRIIRAD.

Bella Belbéoch, mai 2006.

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