L'écho des tours, le journal d'information du centre nucléaire de Nogent-sur-Seine, consacre, dans son numéro de janvier 1998, deux pleines pages à " L'énergie éolienne dans le vent ". Pour un écho d'une centrale nucléaire on aurait préféré que ces pages soient consacrées à ce qui se passe dans la centrale, aux incidents, aux problèmes posés par les contrats d'intérim et leurs conséquences sur la sûreté des réacteurs, aux visites inopinées des inspecteurs de la sûreté nucléaire (au fait, lors de ces visites " inopinées " ces inspecteurs ont-ils un badge d'entrée permanente ou doivent-ils attendre au poste de garde qu'on veuille bien leur donner l'autorisation d'entrer), etc. L'éolienne vient à point pour faire diversion.

Il n'est pas dit dans cette publication qu'EDF a l'intention de remplacer les deux réacteurs de Nogent par des éoliennes. La " ferme " d'éoliennes de Dunkerque est citée en exemple. Prenons donc ces éoliennes comme référence. En 1996, d'après " Elecnuc, les centrales dans le monde, 1997 " publication du CEA, la centrale de Nogent-sur-Seine, avec ses deux réacteurs, a produit 16,8 térawattheures (1 Twh = 1 milliard de kilowattheures). Les éoliennes de Dunkerque ont, plein vent, une puissance de 300 kW. Avec une efficacité annuelle de 20 % il faudrait 32 000 éoliennes de ce type pour remplacer les deux réacteurs de Nogent et il faudrait les disposer au moins sur 8000 km. S'il est nécessaire de stocker l'électricité quand il n'y a pas assez de vent on peut doubler ce nombre.

Comment interpréter ce goût subit pour les éoliennes ? Il faut être dans le vent et montrer qu'EDF se préoccupe activement de ces énergies renouvelables non polluantes qui font fantasmer les écolos. Cela évite aux nucléocrates de parler des actions de protestation dans les centrales électriques classiques à charbon et fioul qu'EDF veut démanteler, comme à Blénod, ou des grèves de mineurs comme à Gardanne qui protestent contre la fermeture programmée des mines en France. La politique du lobby nucléaire d'EDF c'est la mise à l'arrêt définitif de la plupart des installations thermiques classiques (non nucléaires) afin de rendre la continuation du programme nucléaire inéluctable.

Ces éoliennes, dont EDF décore ses publications, ne sont qu'un leurre pour faire passer sa politique nucléaire, allonger au maximum la durée de vie des réacteurs existants et préparer l'opinion pour renouveler son parc nucléaire vers 2010.

Le message est clair : " Foutez-nous la paix, on les construira vos éoliennes ".