Le nucléaire ne serait-il pas une technique
de trop où des scientifiques auraient prôné
un humanisme discutable?
Faire de la science une philosophie pour résoudre les problèmes
de lhumanité (notamment sur laspect matériel)
est préoccupant. En coopérant et travaillant pour
le civil, cette science sert les intérêts du complexe
militaro-industriel, le civil comme le militaire étant
tous deux des valeurs sûres du nucléaire. Cette nouvelle
production de lénergie électrique a pu se
développer grâce à une stratégie de
lobby (le corps des Mines) dans les méandres dun
monde secret, avec ladhésion de tous les courants
politiques qui ont gouverné la France depuis 1945. La propagande
du nucléaire affirme sans ambages : "lélectricité
produite est sans risques, propre et inépuisable".
Qui plus est, le nucléaire induit une société
sécuritaire et militaire. A partir des années 1970,
le programme nucléaire sest construit comme une industrie
à part entière, pour assurer lindépendance
énergétique qui sest imposée de fait
(cf. choc pétrolier de 1973). Puis vers les années
1990, EDF a présenté le prix du kilowattheure comme
essentiel à la consommation tout azimut en justifiant le
nucléaire. Elle valorise sans scrupules le chauffage électrique
afin dêtre un concurrent incontournable. Propagande
et publicité à quel prix! EDF sut
parfaitement utiliser les médias. Le problème des
déchets a été minimisé. Lenfouissement
est un vieux problème qui hélas commence "à
faire son trou" : Bure dans la Meuse. Quant à
la production nucléaire, elle continua sa fuite en avant
de plus belle. Cest sa présence, sa complexité
industrielle, ses problèmes graves de fonctionnement, ses
rejets intempestifs dans latmosphère qui posent question
sur le risque majeur. Hier la vie dune centrale était
de 30-35 ans, aujourdhui cest 40, voire 60 ans :
cest de la "turpitude majeure".
Porter à la connaissance de tous, les incidents, les erreurs,
la critique sur le complexe militaro-industriel, relève
de la réflexion de quidams qui, par leur pugnacité,
ont réussi, malgré les obstacles, à mener
la contradiction sur la place publique. Accessible grâce
à un travail associatif datant des années 1970/80;
luttes et résistances dont certain(e)s acteurs(trices),
depuis les années 1990, ont cependant été
gagné(e)s par lidée dune sortie différée
du nucléaire (au bout de 25 ans). Linformation a
du mal à atteindre le grand public malgré des avancées
dans ce domaine. Aujourdhui, lavantage est au lobby
nucléocrate qui ne cesse de vendre, à bon compte,
les vertus du nucléaire comme étant le Salut de
lhumanité. Ce salut qui serre les rangs des apprentis-sorciers
sublimant le progrès technique, et donnant limage
dune maîtrise qui pourtant pose problème.
Est-il possible denvisager autre chose, une alternative
qui rassemble toutes les initiatives qui puissent arrêter
immédiatement le nucléaire?
Cest bien plus quune objection!.. Cest un changement
absolu et sans complexe, qui nattend pas le nombre des années.
Le collectif Stop nucléaire, sortie immédiate
du nucléaire, dont Stop Nogent fait partie, est
un mouvement radical et pacifique qui ne veut "consacrer"
qui que ce soit ou quoi que ce soit.
Retenir lidée du charbon nest pas une stupidité
ni un retour vers un passé faste, marqué par un
lourd tribut humain. Aujourdhui, les conditions et les méthodes
de travail ont assurément bien évolué. Les
centrales thermiques au charbon ont acquis un degré de
performance tant dans la combustion quau niveau des gaz
résiduels, selon des normes établies et plus quacceptables
pour lenvironnement. Les réserves représentent
3 à 400 ans dexploitation que lon pourrait
prolonger nettement plus en établissant des économies
dénergie renforçant un sens réel des
responsabilités. Quant aux énergies renouvelables,
elles ne pourront quavoir un rôle marginal.
Ce projet nest pas quune vue de lesprit mais
essentiellement le résultat dune réflexion
globale prenant la mesure dun processus qui par sa finalité,
risque de nous atteindre gravement et pour un bon bout de temps.
Le collectif Stop nucléaire propose et agit pour
que le devenir soit aujourdhui le départ dune
réalité qui verra peut-être le jour pour que
le nucléaire soit un mauvais souvenir.
Victor Aruttel