25 juin 2001
Le GSIEN proteste solennellement contre la décision du Conseil dEtat du 23 avril 2001 qui autorise "lentreposage" par la Cogéma de 199 900 tonnes doxyde duranium appauvri sur le site de Bessines.
Cette décision nous atterre pour de nombreuses raisons. En voici quelques-unes :
1) Le Conseil dEtat bafoue les lois de
la physique en estimant que dans le calcul de lactivité
de luranium à "entreposer" on ne doit tenir
compte que des "têtes de série" alors que
ce stockage est en réalité un stockage dun
mélange doxydes dUranium 238, de Thorium 234,
de Protactinium 234, dUranium 235, de Thorium 231 et dUranium
234. Lapplication des lois de la physique transformerait
le site d "entreposage", considéré
par Cogéma et le Conseil dEtat comme une Installation
Classée pour la Protection de lEnvironnement (ICPE),
en une Installation Nucléaire de base (INB) aux règles
de sûreté plus strictes.
Dautre part Cogéma admet la présence dUranium
236 comme impureté. Celle-ci ne peut provenir que duranium
issu du retraitement avec pour conséquence la présence
possible de produits hautement radiotoxiques (produits de fission
et actinides (américium, plutonium, etc).
2) En considérant luranium appauvri
comme une "matière première" le Conseil
dEtat ouvre la voie à la prolifération autorisée,
dans le domaine public, de déchets industriels toxiques.
En effet, cest au moment même où lAdministrateur
Général du CEA annonce larrêt des études
en recherche et développement de lenrichissement
par laser de luranium, car cette méthode "est
difficile à mettre en uvre et a un avenir commercial
incertain" que le Conseil dEtat change les définitions
antérieures du déchet ultime alors que la loi du
15 juillet 1995 indiquait clairement pour celui-ci "il nest
plus susceptible dêtre traité dans les conditions
du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou
par réduction de son caractère polluant ou dangereux".
Voilà qui sapplique parfaitement à loxyde
duranium appauvri de Bessines car Cogéma envisageait
de réenrichir luranium appauvri par laser.
3) Toutes les estimations de dose de la Cogéma ont été faites sur la base de la limite annuelle de 5 millisievert. Il est pour le moins surprenant, alors que le décret du 8 mars 2001 instaure la limite de 1 millisievert, que le Conseil dEtat statue après la parution du décret en indiquant que le délai de transposition [de la directive EURATOM du 13 mai 1996] nétait pas encore expiré à la date de larrêt attaqué.
4) Létude de sûreté est quasi-inexistante
Ainsi, dans cette décision basée sur des critères scientifiques complètement erronés on ne voit nulle part apparaître le souci de protéger la population mais celui de protéger lindustriel Cogéma ! Ceci est inadmissible. De surcroît, lassociation ADEPAL, actant contre Cogéma, doit payer une amende de 20 000 francs à la dite entreprise. De qui se moque-t-on ?
GSIEN, Groupement de Scientifiques pour
lInformation sur lEnergie Nucléaire
2, rue François Villon 91400
ORSAY
(Tél.: 01 60 10 03 49) (Fax : 01 60 14 34 96)
ADEPAL, Association pour la Défense de lEnvironnement du Pays Arédien et du Limousin.