Harcèlement textuel : un peu d'histoire :


Comment le gouvernement français envisageait la gestion des déchets nucléaires en 1979.

Patrick Lagadec dans son livre " Le risque technologique majeur " (Collection Futuribles, Pergamon Press, 1981, page 439) rapporte, sous le titre " Three Mile Island vu de France " [1979] :
"Le Premier Ministre (Monsieur Raymond Barre) aura la tâche difficile de faire entendre aux Français qu'ils ne doivent pas se laisser aller à des états d'âme : c'était au Club de la Presse, quelques jours après l'accident.
Flora Lewis : il se pose en Allemagne un problème qui est au fond plus grave et beaucoup plus difficile à résoudre que celui de la technique des centrales, c'est celui des déchets. On n'en a jamais parlé en France. Qu'allez-vous faire de vos déchets ? Où allez-vous les mettre ? En effet, plus on produit de l'électricité atomique, et plus il y a de déchets.
M. Barre - Eh bien, Madame, jusqu'ici nous avons résolu le problème des déchets sans que cela provoque de drames, et nous continuerons à le faire.
Flora Lewis - Où les mettez-vous ?
M. Barre - On les met en divers endroits".

Que serait-il advenu si on avait mis ces déchets nulle part ?
Harcèlement textuel : un peu d'histoire :

 

Comment un ministre de l'industrie voyait les déchets nucléaires

C'était le 25 juin 1991 à l'Assemblée Nationale pendant la discussion du projet de loi sur " l'élimination des déchets radioactifs ".
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre délégué à l'industrie et au commerce extérieur, déclare au cours de la discussion du projet de loi :
"Le volume n'est pas considérable. Je me suis permis de vous amener, dans une petite boîte tout à fait étanche (M. le ministre présente à l'Assemblée un petit objet cylindrique qui tient dans le creux d'une seule main), quelque chose qui représente, en vitrifié, l'équivalent des déchets correspondant à la quantité d'uranium...
M. Jean-Claude Lefort. C'est dangereux !
M. le ministre délégué à l'industrie et au commerce extérieur. ...nécessaire pour fournir une famille moyenne française en électricité, de 1956 à 2000 (...)".
Monsieur Strauss-Kahn avec sa petite boîte a bien appris la leçon de Pierre Pellerin, alors Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants. Celui-ci déclarait quelque temps après l'accident de Three Mile Island à propos de " La querelle nucléaire vue par la Santé publique " :
"L'un des arguments les plus fréquemment avancés contre l'énergie nucléaire est celui de ses déchets radioactifs qui " engageraient notre responsabilité morale vis-à-vis des générations futures ". Voici la réalité : si toute l'énergie produite en l'an 2000 était d'origine nucléaire, le retraitement des combustibles nucléaires ne produirait pas un volume de déchets de haute activité supérieur, par habitant et par an, à celui d'un cachet d'aspirine. En dix ans, plus de 99% de leur radioactivité disparaît du fait de la décroissance".
Qui pourrait s'effrayer de ce centième de cachet d'aspirine ?
P. Pellerin concluait : "L'opposition à l'énergie nucléaire ne peut être le fait que d'ignorants et d'imposteurs".