On apprenait le 27 janvier dernier l'appel
à la grève pour le 6 février de l'intersyndicale
EDF du secteur "thermique à flamme" suite aux
décisions de la direction EDF de fermer définitivement
5 centrales du parc des 250 MW du thermique classique jugées
non rentables dont 3 en région Ile-de-France. La direction
d'EDF a reçu les délégués syndicaux
le jour de la grève : il leur aurait été
annoncé que "250 millions d'euros seraient débloqués
pour rénover des tranches de production d'électricité
obsolètes et qu'un site potentiel serait étudié
pour la construction d'une centrale thermique moderne".
Il faut croire que les "communicants" d'EDF ne sont
pas à la hauteur car annoncer la fermeture de ces 5 centrales
juste avant la tenue prochaine de ce qui devrait être un
débat national sur l'énergie c'était quand
même un peu gros. Mais cette annonce directoriale de "rénovation"
du parc et de construction d'une centrale moderne s'apparente
à une manuvre pour noyer le poisson et ne peut se concrétiser
dans les faits que si elle est relayée par une volonté
politique.
Rappelons que depuis des années nous dénonçons
le but avoué d'EDF qui est de démanteler ce parc
pour nous engluer dans le nucléaire car on ne peut sortir
rapidement du nucléaire qu'à l'aide du thermique
classique et nous répétons : Mettre fin au danger
nucléaire n'est pas un problème technique mais politique
qui dépend de l'exigence de la population vis-à-vis
de ses élus.
Aujourd'hui avec un parc nucléaire surdimensionné,
les centrales du thermique classique (essentiellement charbon
et fioul, peu de gaz) ne servent essentiellement qu'à assurer
les pointes de consommation et une installation qui n'est appelée
à fonctionner que quelques heures par an est vulnérable
du point de vue de sa maintenance. La puissance installée
du parc thermique à flamme EDF qui était de 17,6
GW en 1997 était de 16,2 GW fin 2002. Le but avoué
dans les documents internes EDF est d'abaisser par paliers la
puissance exploitée à 10 GW dans la décennie
à venir avec démantèlement d'une bonne partie
des installations mises hors exploitation (comme ont été
démantelées Pont-sur-Sambre et Richemont).
Il est difficile d'obtenir actuellement des informations précises
(et qui peuvent fluctuer avec la plus ou moins grande détermination
des personnels concernés à défendre leur
emploi). On ne peut que se référer à des
documents EDF anciens comme celui de janvier 1997 qui indiquait
un parc de 16 sites de production. On s'aperçoit que parmi
les 5 centrales thermiques visées dernièrement dont
les noms ont été donnés on trouve Montereau,
Champagne sur Oise et Vaires sur Marne. Ce document indiquait
pour les deux premiers "site à bon potentiel pour
du charbon dans le futur".
Cela fait quelques années déjà qu'il est
question du site de Gardanne en Provence pour y installer une
deuxième tranche à lit fluidisé circulant
car ces installations LFC ont fait leurs preuves tant à
Carling (Lorraine) qu'à Gardanne et il a été
dit qu'EDF s'y opposait vigoureusement. [C'est la SNET (société
nationale d'électricité et de thermique) issue des
Charbonnages de France qui gère Gardanne et Carling et
2 autres sites de production].
On ne le répètera jamais assez tant qu'il est encore
temps : il faut défendre l'intégrité de tout
le thermique à flamme existant, le moderniser, le développer.
En complément, le développement des turbines à
gaz ne peut qu'être bénéfique.
Ne pas s'opposer à la fermeture des centrales à
charbon et fioul c'est accepter la continuation de l'énergie
nucléaire avec ses risques d'accident grave.
17 février 2003
Au 19 mars (dépêche AFP) M. Roussely n'avait pas pris de décision concernant la fermeture des 5 sites tout en indiquant "qu'il s'agissait d'un scénario possible". Il fait des promesses aux syndicats concernant la rénovation de tranches du palier 250 MW (Le Havre, Blénod, La Maxe) et 600 MW (Le Havre et Cordemais), et annonce le lancement de deux études de faisabilité sur une tranche de cycle combiné (électricité+gaz) et sur une tranche charbon propre. Mais ça fait des années qu'on en parle de cette centrale à charbon propre... Et on ne fait que continuer à en parler.