Comme si transformer les vaches en carnivores
ne suffisait pas, voilà qu'on apprend au détour
de l'inventaire des déchets radioactifs que les ruminants
ont brouté du radium jusque dans les années 60.
Après la vache toile, la vache irradiante ?
Il faut en fait se replacer dans le contexte de l'après
guerre où l'on prêtait à l'élément
radioactif découvert par Pierre et Marie Curie force vertus,
telle la jouvence. Le radium
fut mis à toutes les sauces. Dans les aliments pour bétail,
dans des crèmes cosmétiques, dans des eaux minérales,
et jusque dans des suppositoires [lire:
Le scandale des potions au radium]. On trouve
encore des émanateurs de radium chez des ferrailleurs ou
des antiquaires. L'association écologiste Robin des Bois
a mis la puce à l'oreille de l'Andra sur ces déchets
exotiques et l'agence entend bien affiner son inventaire de ce
côté.
L'année dernière, Robin des Bois avait attiré
l'attention de l'Andra sur les usines désaffectées
d'engrais phosphatés. Le phosphate naturel contient de
l'uranium à très faible dose mais celui ci s'accumule
dans les canalisations des usines. Quand les tuyauteries sont
démantelées, elles peuvent ainsi entrer dans la
catégorie des déchets radioactifs. Au rayon des
curiosités ionisantes, on trouve aussi des paratonnerres au radium et à l'américium.
Environ 50 000 ont été commercialisés en
France jusqu'en 1985. L'Andra organise
le ramassage progressif de ces déchets pas comme les autres.
Fabrice Nodé-Langlois,
4 juillet 1996.