Le Figaro, 15 décembre 2005:
La défaillance technique concerne toutes les centrales EDF de 900 MW et devrait être réparée avant avril 2006.
Les moteurs de pompes de refroidissement de secours en cas d'accident des 34 centrales nucléaires EDF de 900 MW ne sont pas en conformité. En cas de fuite sur le circuit primaire de ces réacteurs, il faudrait installer des pompes mobiles au bout de plusieurs dizaines d'heures afin de garantir le bon refroidissement du réacteur. Cet «écart de conformité» n'empêcherait pas «en cas de nécessité» la mise en oeuvre du refroidissement d'un réacteur, souligne EDF. Les modifications nécessaires seront réalisées «d'ici à la fin mars 2006».
L'Autorité de sûreté nucléaire, qu'EDF a informée, a classé cette anomalie en événement générique (commun à plusieurs centrales) de niveau 2 sur l'échelle [médiatique] Ines de gravité des incidents nucléaires, graduée de 0 à 7.
Une autre anomalie
«La défaillance reconnue ce jour, venant s'ajouter à celle des circuits de recirculation, jette un grand doute sur la possibilité de refroidir le coeur d'un réacteur en situation accidentelle, par exemple à la suite d'un séisme», estime de son côté le réseau Sortir du nucléaire. Une autre anomalie générique de niveau 2, constatée en janvier 2004, sur l'obturation des filtres par lesquels passe l'eau du circuit primaire des 58 réacteurs français, n'a en effet toujours pas été résorbée. Les modifications qui devaient être mises en oeuvre à partir de 2005 ont concerné pour l'instant seulement 3 sites (Gravelines, Fessenheim et Dampierre) sur 58. «Les tuyauteries pourraient se briser et les morceaux boucher les circuits de circulation de l'eau», explique Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.
«Il est certain que ce sont des défaillances qui se cumulent et qui ne sont pas anodines, reconnaît Martial Jorel, responsable de la direction de la sûreté des réacteurs à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). C'est un problème sur lequel nous avons alerté EDF depuis longtemps et qui ne correspond pas uniquement à une amélioration de la sûreté. C'est pourquoi EDF s'est engagé à procéder aux modifications rapidement et a préféré, pour y procéder, ne pas attendre les visites décennales qui auront lieu à partir de 2008 pour les centrales de 900 MW».
Caroline de Malet
14/12/2005
Double défaillances des circuits
de secours de 34 réacteurs nucléaires
Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande
à l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) de prendre ses responsabilités (voir lettre ci-dessous)
et de décider de la fermeture conservatoire des 34 réacteurs
de 900 MW :
Blayais (Gironde, 4 réacteurs), Chinon (Indre-et-Loire, 4 réacteurs), Saint-Laurent-les-Eaux (Loir-et-Cher, 2 réacteurs), Dampierre (Loiret, 4 réacteurs), Gravelines (Nord, 6 réacteurs), Fessenheim (Haut-Rhin, 2 réacteurs), Bugey (Ain, 4 réacteurs), Cruas (Ardèche, 4 réacteurs), Tricastin (Drôme, 4 réacteurs). [Suite]
14/12/2005 - Des
moteurs de pompes de refroidissement à utiliser en cas
d'accident dans une centrale nucléaire ne sont pas en conformité
et seront modifiés dans les mois à venir, a annoncé
mercredi EDF dans un communiqué.
Cet "écart de conformité", qui porte sur
les roulements des moteurs, "n'a aucune conséquence
sur le fonctionnement" des centrales et n'empêcherait
pas "en cas de nécessité" la mise en oeuvre
du refroidissement d'un réacteur, a souligné EDF
dans son texte.
Les modifications nécessaires seront réalisées
"d'ici fin mars 2006".
L'anomalie décelée concerne les réacteurs
de 900 mégawatts, soit 34 des 58 réacteurs exploités
dans les centrales françaises.
L'Autorité de sûreté nucléaire a indiqué
de son côté qu'elle avait classé cet incident
au niveau 2 sur l'échelle de gravité des incidents
et accidents nucléaires (Ines), graduée de 0 à
7, "compte tenu de son impact potentiel sur la sûreté
des installations". L'Autorité de sûreté
précise, dans un communiqué, qu'elle examine les
propositions d'EDF pour remédier à cette anomalie
et "décidera si EDF doit mettre en oeuvre des actions
complémentaires".
Selon le Réseau Sortir du nucléaire, qui revendique
quelque 720 associations membres, cette défaillance, qui
s'ajoute à celle constatée il y deux ans sur les
circuits de recirculation, "jette un grand doute sur la possibilité
de refroidir le coeur d'un réacteur en situation accidentelle,
par exemple suite à un séisme". "Or, plus
encore que le reste du temps, c'est bien en situation accidentelle
que les systèmes de sécurité doivent fonctionner",
souligne le réseau anti-nucléaire dans un communiqué.
Sortir du nucléaire
relève que "les réacteurs vont fonctionner
avec, au mieux, un seul système fiable" et que "c'est
après trente ans de fonctionnement (...) qu'EDF s'aperçoit
du problème".