Le Monde du 25 juillet 1997 a publié un article étonnant, même si plus rien ne peut vraiment nous surprendre dans ce domaine. Il apparaît en effet que 41 stations de "télénivométrie", qui permettent à EDF de mesurer l'épaisseur de neige l'hiver, contiennent une source de césium 137, émettrice de rayons gamma. La Crii-Rad, le laboratoire indépendant qui a procédé à des contrôles d'irradiation sur plusieurs télénivomètres dans le parc naturel des Ecrins, à proximité d'un refuge, celui de Cézanne, et dans le massif du Dévoluy, à Jas-la-Selle, a relevé "un débit de dose de 112 microsieverts par heure, soit plus de 500 fois le bruit de fond ambiant". A un mètre de distance, le niveau atteint encore "1,7 microsievert par heure", soit huit fois et demie la radioactivité naturelle.
Une famille pique-niquant au pied de la station pourrait recevoir une dose de rayonnement inacceptable (un dixième de la limite annuelle de 1000 microsieverts), fixée par la réglementation européenne pour l'an 2000. Et on imagine la dose d'exposition s'il prenait à certains l'envie de camper sur place.
EDF s'est bien évidemment voulue rassurante en affirmant qu'il faudrait 150 pique-niques sans être collés à la station pour atteindre la limite annuelle autorisée (l'innocuité de l'installation serait ainsi démontrée !).
EDF a assuré que durant la période estivale, "les sources radioactives sont systématiquement enlevées en moyenne montagne et le seront aussi à l'avenir, dans les zones d'altitude plus difficiles d'accès et où la période d'enneigement se prolonge plus longtemps" et a admis avoir failli à son "devoir d'information" en ne disposant que des panneaux peu explicites au sommet de ses télénivomètres : "Etude de la neige. Ne pas stationner à moins de six mètres".
La Crii-Rad a saisi les ministères de la Santé et de l'Environnement, certaines balises étant situées sur des versants ou à proximité de refuges ou de parkings extrêmement fréquentés.
Une promenade en montagne a permis à l'auteur de ces lignes de constater qu'à la fin du mois d'août, près du refuge Napoléon, dans le col de l'Izoard, au-dessus de Briançon, la source avait bien été retirée dès le lendemain de la publication des articles dans la presse régionale (les agents d'EDF étant passés, comme d'habitude, en hélicoptère). Mais rien n'avait changé dans le panonceau de mise en garde, qui présentait la même formulation déficiente. Il va de soi que même les gérants du refuge n'avaient jamais été informés jusque-là de la nature radioactive du dispositif, situé à une centaine de mètres du bâtiment, et à une dizaine de mètres d'un chemin de randonnée. Ils avaient cru que le panneau demandait simplement de ne pas perturber les appareils de mesure. La transparence pour le lobby nucléaire, c'est comme pour les vitres, quand la présence de la radioactivité ne se remarque pas dans le paysage.
Col de l'Izoard, 26 août 1997.
Lettre d'information du Comité
Stop
Nogent-sur-Seine n°77,
juillet/septembre 1997.