Aujourd'hui Le Maroc, 4/1/05:

Ahmed Zarouf : "Alger possède l'arme chimique"

Le député de Taounate (MP), ancien colonel de la Gendarmerie royale, M.Zarouf estime que l'Algérie est en passe de se doter de l'arme nucléaire. Et que par conséquent, le silence marocain est inquiétant.

ALM : Pensez-vous que l'Algérie est, effectivement, en passe de se doter de l'arme nucléaire?

Ahmed Zarouf : Bien évidemment. Vous savez, cela fait trois ans, environ, je ne cesse de répéter au ministre des Affaires étrangères, au ministre délégué chargé de l'Administration de la Défense nationale et aux différentes délégations européennes et américaines qui visitent notre pays, que l'Algérie a la ferme intention de se doter de l'arme nucléaire.
Mieux encore. L'Algérie a déjà en sa possession l'arme chimique et l'arme biologique. Aujourd'hui, elle est en train de finaliser son programme nucléaire. Mais une opacité totale caractérise ce dossier. Je trouve étrange que les autorités européennes et américaines, qui prétendent clairement vouloir éradiquer la prolifération des armes de destruction massive, ne font absolument rien contre l'Algérie.

Quand avez-vous discuté de cela avec les Européens et les Américains?
A plusieurs reprises. La dernière fois, c'était lors d'une rencontre à Marrakech relative à la question du Sahara marocain. J'ai souligné que cette région est devenue un pôle d'insécurité, où le grand banditisme est de mise et où l'islamisme politique se développe de manière grave. J'ai tout le temps été le seul à monter au créneau. Et je suis content que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) s'intéresse à ce qui se passe dans les deux Centrales nucléaires algériennes.

Quelle a été la réaction des responsables marocains quand vous avez soulevé la question?
Ils n'ont pas réagi. C'était lors d'une réunion de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Chambre des représentants. J'ai soulevé la question de l'armement nucléaire algérien, à deux reprises, avec Abderrahman Sbaï, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Administration de la Défense nationale. Même chose avec Mohamed Benaïssa et Taïeb Fassi Fihri. En fait, je ne comprends pas leur silence. Peut-être qu'ils pensent que c'est de la surenchère de ma part. Mais j'ai plutôt l'impression qu'ils sont tout simplement mal informés. En tout cas, c'est un laxisme inquiétant.

Vous affirmez que l'Algérie possède déjà l'arme biologique et chimique. Sur quoi vous basez-vous pour avancer cela?
Je me base sur des rapports établis par des services de renseignements marocains et étrangers. Ces rapports font clairement état de ce fait. En outre, je vous rappelle que la presse marocaine a déjà publié des informations selon lesquelles les Etats-Unis accusaient l'Algérie de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Si tel est le cas, le Maroc doit-il se sentir visé par la volonté algérienne de se doter de l'arme atomique?
Il suffit de jeter un coup d'il sur la carte pour le savoir. L'Algérie ne peut utiliser cette arme que contre le Maroc.

Mais qu'exigez-vous, exactement, des autorités marocaines dans cette affaire?
Il faut, à mon avis, commencer par dénoncer les visées algériennes. Lancer un cri d'alarme, tous azimuts, est un moyen d'attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur les dangers qui menacent la stabilité de la région de l'Afrique du Nord.

Justement, comment interprétez-vous le silence des puissances comme l'Europe et les Etats-Unis?
Je commencerais par les Etats-Unis. Premièrement, les intérêts américains dans le secteur pétrolier en Algérie sont primordiaux. D'ailleurs, James Baker est le conseiller de toutes les compagnies américaines installées en Algérie. C'est ce qui explique son attitude à l'égard du Maroc dans l'affaire du Sahara.
Deuxièmement, l'Europe observe toujours une attitude de discrétion. Tant que l'affaire n'a pas éclaté au grand jour, et qu'il n'y a pas de prémices inquiétants comme des essais par exemple, les Européens préfèrent ne pas intervenir.

Abdelmohsin EL HASSOUNI

 

 

L'Algérie soumise à des pressions pour accepter l'inspection de ses réacteurs nucléaires

ALGER (7 mars 2004) - L'Algérie est soumise depuis des semaines à de "discrètes" mais "insistantes" pressions américaines pour accepter des visites inopinées des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans ses deux réacteurs nucléaires Nour et Salam, a rapporté dimanche le quotidien "Liberté".
"Tous les responsables américains qui ont visité récemment, l'Algérie ont abordé le sujet avec les autorités algériennes", précise le journal, citant des sources anonymes à Paris. Il ajoute que "le président Bush qui fait de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires sa principale priorité ne soupçonne pas l'Algérie de vouloir se doter de l'arme atomique".
Les deux réacteurs algériens situés à Ain Oussara (250 km au sud d'Alger) "sont capables d'enrichir l'uranium et de produire entre trois et cinq kilos de plutonium par an", selon cette même source.
Depuis quelques mois, les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis se sont nettement améliorées, à la faveur de la lutte contre le terrorisme, comme le montre la dernière opération qui a permis à l'armée algérienne, aidée par des experts américains, de neutraliser dans le sud algérien des éléments du Groupe salafiste pour la prédiction et le combat (GSPC), qui acheminaient un convoi d'armement pour réactiver les maquis au nord du pays.
Les autorités américaines, qui n'ont pas confirmé ni infirmé cette collaboration entre l'armée algérienne et des experts américains, ont cependant démenti dernièrement, par le biais de leur ambassade à Alger, l'information selon laquelle Washington envisageait de construire une base militaire dans le sud du pays. Cette base aurait pour objectif d'effectuer ponctuellement des opérations antiterroristes dans la région du Sahel, où sont réfugiés des éléments d'Al-Qaïda.