Le Monde, 20/03/2007:
La mobilisation anti-EPR, organisée dans cinq villes - Rennes, Toulouse, Lyon, Strasbourg et Lille - par le réseau Sortir du nucléaire, a connu un réel succès en rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes, samedi 17 mars. Portant des drapeaux proclamant " Stop EPR ", les manifestants ont réclamé l'arrêt des travaux sur l'EPR à Flamanville (Manche) et la fermeture des vieilles centrales, notamment de Fessenheim.
Plusieurs candidats à la présidentielle
avaient fait le déplacement, notamment Dominique Voynet
à Toulouse et Olivier Besancenot à Rennes. "
Pour nous l'EPR est inutile, car on est en surproduction d'électricité,
et il est dangereux ", a déclaré le candidat
de la LCR. La candidate des Verts a, elle, critiqué "
la mollesse " et l'imprécision des positions des candidats
de gauche sur le thème de l'EPR et leur a demandé
de s'engager fermement contre le projet. Mme Voynet veut convaincre
Ségolène Royal qu'" une des premières
mesures à prendre si elle est élue " doit être
l'arrêt de la construction de l'EPR.
20/03/2007 - Après le feu vert de l'Autorité de sûreté nucléaire, plus rien ne s'oppose à la construction du réacteur de troisième génération EPR à Flamanville, décision qui doit être validée par décret publié au "Journal officiel". Mais élection présidentielle oblige, les antinucléaires ont réuni plusieurs dizaines de milliers d'opposants au projet ce week-end dans plusieurs villes.
Francis Sorin, directeur du pôle information de la Société française d'énergie nucléaire
Oui : " Maintenir notre savoir-faire et notre leadership "
Trois principaux arguments justifient la réalisation du réacteur EPR. Il s'agit tout d'abord de préparer le renouvellement de notre parc nucléaire dont plusieurs dizaines de réacteurs pourraient être mis hors service entre 2017 et 2025. C'est entre le tiers et la moitié de notre capacité de production d'électricité qui est en jeu. Si la France décide de continuer de recourir au nucléaire, il est essentiel, avant de se lancer dans une production en série, d'avoir l'expérience d'une "tête de série" pendant deux ou trois ans. C'est tout l'objectif du réacteur de 1600 MWe de Flamanville. Ensuite, ce réacteur, plus performant et à la sécurité renforcée, est l'un des nouveaux moyens de production dans le cadre du plan d'investissement de 30.000 MWe prévu pour l'horizon 2015 afin de répondre à la croissance de la demande. Les énergies renouvelables s'y taillent d'ailleurs la part du lion (22.000 MWe) mais il est illusoire de croire qu'elles puissent, à elles seules, être une réponse aux besoins, notamment pour l'industrie. D'autant que le coût du KWh nucléaire restera nettement inférieur, y compris avec le traitement des déchets, à la solution alternative au gaz, dont les prix mondiaux ne peuvent que croître dans les années à venir. Enfin, l'EPR permet à la France de se maintenir au plus haut niveau mondial dans le domaine des réacteurs nucléaires avancés à un moment où de nombreux pays, comme les États-Unis ou la Chine, ont décidé de relancer leurs investissements. L'intérêt de notre pays est de maintenir son savoir-faire et son leadership dans ce secteur de haute technologie et de haute concurrence.
Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire
Non : " Le seul pays où l'on feint de croire que le nucléaire est incontournable "
La nouvelle centrale de Flamanville n'est justifiée ni du point de vue économique, ni pour garantir notre indépendance énergétique. Avec un inves t i s sement égal de 3,3 milliards d'euros, notre étude démontre que l'on pourrait parvenir à une production équivalente de près du double en mixant économies d'énergies - les gisements sont considérables, notamment dans le bâtiment - et les énergies renouvelables. Et ceci en créant dix à quinze fois plus d'emplois. Car il convient de souligner que la filière nucléaire est peu créatrice d'emplois. Flamanville ne représente ainsi que 300 emplois pérennes. Il faut également souligner que l'EPR est une technologie du passé et présente les mêmes défauts en termes de rendement, de traitement des déchets et de sécurité que les centrales actuelles. Pire, sa forte capacité ajoute de nouveaux problèmes de gestion ou de transport. Pourquoi relancer ce programme qui n'apporte rien, alors même que la France est déjà en excédent de production électrique par rapport à ses besoins ? Mais sur le fond, c'est bien le développement du nucléaire que nous remettons en cause car il ne répond en rien aux défis énergétiques qui se présentent. Il est faux de croire que le nucléaire est incontournable : seule la France feint de le croire. Le nucléaire ne représente que 2 % de l'énergie consommée dans le monde et 17% en France, ce qui signifie que la France consomme pratiquement autant de pétrole et de gaz que les grandes économies. Le nucléaire ne répond donc pas à la question de l'indépendance énergétique. La priorité devrait être donnée à la chasse aux gaspillages.
Encart - Par Eric Benhamou (La Tribune)
En attendant la quatrième génération
Au moment où les opposants au nucléaire tentent de se faire entendre dans un pays où 80 % de l'électricité proviennent de l'atome, le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, inaugure la construction d'un réacteur expérimental à Caradache. Un nouvel outil de recherche fondamental dont la mission principale est de préparer les réacteurs de quatrième génération d'ici à 2040.Malgré l'échec retentissant du surgénérateur SuperPhénix, fermé en 1997, les chercheurs planchent sur de nouveaux systèmes à neutrons rapides qui permettraient de produire cent fois plus d'électricité avec la même quantité d'uranium, tout en recyclant ses déchets. En attendant ce miracle, il faut prendre une décision sur l'avenir des 58 réacteurs existants, dont la durée de vie a déjà été prolongée. L'EPR, qui ne fait qu'améliorer les systèmes existants, est clairement une solution de transition.Mais il aurait pu provoquer enfin un réel débat public sur les questions nucléaires. L'opinion européenne, globalement rétive à l'atome, reste peu ou mal informée sur les questions énergétiques. Certes, les politiques ont enfin pris conscience des enjeux du réchauffement climatique.Mais rien, ou si peu, sur les atouts et les dangers du nucléaire, sur les formidables gisements d'économies d'énergies qui peuvent être mis en valeur. Finalement, le débat est une fois de plus occulté. C'est sans doute le principal talon d'Achille du nucléaire.
Libération, 19/03/2007:
Manif anti-EPR à Rennes, Lyon, Lille, Toulouse et Strasbourg
La manifestation anti- EPR ? organisée samedi dans cinq villes de France par le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations ? a donné lieu à une mobilisation soutenue pour dénoncer les réacteurs de troisième génération et exiger la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes (Fessenheim, Tricastin, Le Blayet et Bugey). Le plus grand rendez-vous a eu lieu dans l'Ouest, en partie grâce à la proximité de Flamanville (Manche), endroit choisi par Areva pour implanter le premier réacteur pressurisé européen.
A Rennes
Chèques géants et coiffe bigoudène
Une foule enjouée, déterminée (40 000 d'après
les organisateurs, quatre fois moins selon la police) donne aux
rues de Rennes une dominante jaune soleil pétant. Ponchos
bouton d'or, gilets de sauvetage, cirés... tout est bon.
Question antinucléaire, les Bretons ont quelques acquis
de lutte têtue : Le Pellerin et Le Carnet en Loire-Atlantique,
Plogoff dans le Finistère. Il y a des barbus et des mamans
tapant sur des boîtes de conserve, un faux Père Noël
pour un jeu de mots : «L'EPR Noël est une ordure»,
un type en costume de lapin blanc, des percussionnistes et un
Olivier Besancenot, des monocyclistes et des joueurs de bombarde,
des amoureux et des fanfares, des photos d'enfants irradiés
et des chèques géants affichant le coût du
réacteur : 3,3 milliards d'euros. «Faut pas rater
la présidentielle pour avoir une discussion très
sérieuse sur le nucléaire, dit Annette, une retraitée
de Granville. Même si c'est pot de terre contre pot de fer.
EDF, Areva n'arrêtent pas de mentir. Dans la zone de Cherbourg,
le nucléaire, c'est un tabou. L'emploi sert de chantage,
et les gens préfèrent ne pas savoir si leur môme
a une leucémie.» La punkette surmontée d'une
coiffe bigoudène en carton se repère plus que Corinne
Lepage. Mais où est Bové ? Porte-parole de la Confédération
paysanne, François Dufour, détaille un mot d'excuse
: «La fin de semaine a été rude. José
m'a appelé ce matin du Larzac, du fond de son lit où
il grelottait.» Une grippe. Le député Vert
Yves Cochet sera le seul animal politique connu à prendre
la parole à l'issue du défilé.
A Lyon
Pessimisme côté candidats
Place Bellecour, à Lyon, Michèle Rivasi appelle
dans le micro Ségolène Royal à «résister
aux pronucléaires». L'ancienne députée
socialiste de la Drôme (aujourd'hui membre des Verts) et
fondatrice de la Criirad, commission de recherche et d'information
indépendantes sur la radioactivité, est venue dénoncer
l'EPR de Flamanville et aussi mettre en garde contre le projet
Suez d'un EPR sur le site de la centrale nucléaire de Tricastin,
au sud de Montélimar. Les quelque 6 000 manifestants venus
de la région Rhône-Alpes, mais aussi d'Auvergne et
du sud de la France, applaudissent. Le long cortège jaune
se dirige ensuite vers le siège régional d'EDF,
protégé par un important dispositif policier. Pierre,
un instituteur de 50 ans, est descendu des monts du Lyonnais.
Il est plutôt pessimiste. Aucun des candidats ayant une
chance de gagner les présidentielles n'est selon lui «prêt
à engager un vrai débat sur la question».
A Lille
«On avance à reculons»
A Lille, les manifestants (2 000 à 3 000) sont un peu moins
nombreux, mais la foule tout aussi colorée. Des vélos
fleuris, avec klaxons à poire, lestés de chariots
remplis d'enfants, de provisions, de tracts. Partout du jaune.
Boléros fluo de cyclistes, jonquilles ou forsythias aux
boutonnières, parapluies et faux bidons radioactifs jaunes.
Partout des enfants, dont Pierre, 12 ans, qui a créé
sa pancarte : «EPR, éternelle pollution radioactive».
Autour, des anars, des Verts, des réseaux de citoyens,
des marchands de panneaux solaires. Sur scène, devant le
palais des Beaux-Arts, quelqu'un explique qu'un réseau
régional «de scientifiques et de citoyens réfléchit
à trouver les solutions concrètes de sobriété
énergétique» pour échapper à
l'EPR , un projet qui, selon lui, est aussi dans les cartons pour
la centrale de Gravelines. L'étude alternative de l'association
Virage Energie est attendue pour 2008. Rue du Molinel, la manif
démarre en marche arrière «pour montrer qu'avec
l'EPR on avance à reculons». Olivier, cheminot, imagine
des «tuiles solaires sur tous les toits du Nord-Pas-de-Calais
pour se passer d'une bonne partie de la centrale de Gravelines.
C'est vraiment pas le nucléaire ou la bougie».
A Toulouse
Voynet tape sur la gauche
A Toulouse, temps ensoleillé, bon état de la pelouse
de la prairie des Filtres, arbitrage policier correct. Jeu engagé
mais classique. Dominique Voynet a apprécié le rassemblement
de plusieurs milliers de personnes sur la rive gauche de la Garonne.
Tout juste arrivée de Béziers, où elle participait
le matin à une manifestation pour la langue d'oc, la candidate
des Verts s'est glissée discrètement dans la manifestation,
sans prise de parole préalable. L'EPR de Flamanville serait
un enjeu majeur de cette campagne présidentielle, explique-t-elle,
si seulement y étaient abordés les débats
de fonds qui induisent les choix de société : «J'ai
le sentiment que les candidats passent au contraire leur temps
à répondre aux convocations des groupes de pression
et à leur faire des promesses.» Elle se désole
surtout de l'état de la gauche face à la question
de Flamanville. Seule Ségolène Royal s'est engagée
à un moratoire, compte-t-elle : «Le PCF de Marie-George
Buffet reste muet sur le chapitre.» La gauche dans son ensemble
est de toute façon, selon elle, frappée d' «atonie
et d'aboulie», sans voix et sans volonté face à
la politique nucléaire d'EDF. La manifestation inondait
le Pont-Neuf et les quais de la Garonne.
A Strasbourg
Couchés place de la République
A Strasbourg, drapeaux et casaques orange pour les uns, robes
noires, coiffes alsaciennes et masques à tête de
mort pour les autres. Les militants de Bure Stop et ceux de Stop
Fessenheim étaient les plus visibles dans un rassemblement
qui a réuni 2 100 (selon la police) à 5 000 personnes
(selon les organisateurs). Les premiers s'opposent depuis huit
ans, dans la Meuse, à la construction d'un site pilote
d'enfouissement de déchets nucléaires. Les seconds
se battent depuis trente ans pour la fermeture de la centrale
nucléaire alsacienne, la plus vieille de France. Le collectif
a interrogé à ce sujet les candidats à la
présidentielle. Et, parmi les éligibles, en a retiré
«un élément de confiance vis-à-vis
de Ségolène Royal», reconnaît Alain
Schaffhauser, membre fondateur. La candidate PS s'est aussi engagée
à fermer Fessenheim «si les conditions le permettent».
Les militants ont retenu l'engagement.
Présent dans la foule, Antoine Waechter, qui n'a pas réuni
le nombre de parrainages requis pour postuler à la présidentielle,
se dit en revanche prêt à faire confiance à
François Bayrou : «Nous en sommes au stade de l'hypothèse.
Elle reste à vérifier», précise le
président du Mouvement écologiste indépendant
(MEI), figure historique de l'écologie politique et tenant
du «ni droite ni gauche». Pourtant, sur le sujet du
jour, c'est tout vu. «La première chose que nous
a dite Bayrou, c'est que le nucléaire n'était pas
négociable», reconnaît-il. Les Verts et la
LCR, leurs porte-parole Yann Wehrling et Alain Krivine, des partisans
de José Bové, la CGT et des anarchistes, Greenpeace
et Droit au logement, ainsi que quelques Allemands, achevaient
de colorer un défilé qui a fait, deux heures durant,
le tour du centre-ville. Les manifestants se sont ensuite couchés
place de la République, entre la préfecture et les
tentes des Don Quichotte, pour trois minutes de die in, toutes
sirènes hurlantes.
Ouest-France, 18/03/2007:
Hier, à Rennes, 20 000 manifestants, venus du Grand Ouest, ont défilé contre le futur réacteur EPR de Flamanville. Une mobilisation dans la tradition antinucléaire de l'Ouest.
Combien de manifestants à Rennes ? 20
000 ? 40 000 ? Une certitude : le cortège a marqué
les esprits.
Le Malouin Joseph s'est mis debout sur la balustrade. Fièrement
coiffé d'un chapeau mexicain que l'on croirait sorti des
malles d'une opérette, il harangue le cortège sur
un air de Charles Trénet : « Qu'est-ce qu'on attend
pour la planète ? Y'a du soleil. Et y'a du vent. Il faut
penser à nos enfants ! » Hier après-midi,
à Rennes, ils ont été des milliers à
y penser. Combien exactement ? Sur ce sujet, police et organisateurs
ont une nouvelle fois joué un air d'accordéon :
près de 10 000 manifestants selon les forces de l'ordre
; 40 000 selon le collectif « Stop EPR ». Plus probablement
20 000.
Sur les quais, à l'affiche du nouveau film d'Alexandra Leclère, « Le prix à payer », Nathalie baille tant le cortège s'étire. D'un bout à l'autre, il défile durant près d'une heure. Pas de doute, la mobilisation contre le futur réacteur EPR de Flamanville, qui devrait être mis en service en 2012, a drainé des manifestants de l'ensemble du grand Ouest : de Bretagne, de Normandie, des Pays de la Loire (Mayenne), mais aussi de La Rochelle, de Tours... « C'est normal. Il y a tout de même une longue tradition anti-nucléaire dans l'Ouest », rappelle le député des Verts, Yves Cochet, évoquant les manifestations de Plogoff, à la fin des années 70. Plusieurs personnalités ont également fait le déplacement. Olivier Besancenot est très entouré. « La clé du succès est la question de l'emploi. Il faut qu'on puisse rallier à notre cause les salariés d'EDF. Cela commence un peu. Emploi et environnement ne s'opposent pas », assure le candidat de la LCR à la présidentielle. Jean-Claude Pierre, du réseau Cohérence, en veut pour preuve l'exemple allemand. De l'autre côté du Rhin, où la dernière centrale devrait cesser sa production en 2023, « 175 000 emplois ont déjà été créés dans le secteur des énergies renouvelables », annonce-t-il.
A quelques pas de là, Corinne Lepage est également venue. L'ancienne ministre de l'Environnement, tout en étant fermement opposée au nucléaire, maintient son ralliement à François Bayrou, pourtant moins tranché sur cette question. « Il souhaite relancer un débat sur le nucléaire en France. Il reste, en tout cas, très ouvert et convaincu de l'intérêt des énergies renouvelables », assure-t-elle. « Vous avez vu José Bové ? », questionne une manifestante, appareil photo à la main. Parmi les personnalités annoncées, le leader altermondialiste est en fait le seul absent de la journée. Selon les versions, le candidat à la présidentielle serait, soit grippé, soit éprouvé par sa récente recherche effrénée de parrainages.
Qu'à cela ne tienne. Dans le défilé, les arguments contre le réacteur de Flamanville vont bon train. « Pour Areva, il ne s'agit que d'une vitrine commerciale qui lui permettra de vendre d'autres réacteurs en Inde ou en Chine » , assure Didier Anger du collectif « EPR : non merci ».
Quatre autres défilés hier après-midi, à Lille, Strasbourg, Lyon et Toulouse ont réuni plusieurs milliers de manifestants, 10 000 selon la police, plus de 20 000 selon les organisateurs. À Toulouse, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, se tenait en tête du cortège. Elle a fustigé « la mollesse » des candidats de gauche sur le nucléaire.
Nord Eclair, 18/03/2007:
La journée de mobilisation contre le réacteur nucléaire de troisième génération, organisée samedi à Lille, Toulouse, Rennes et Strasbourg, a réuni entre 20 000 et 60 000 militants antinucléaires, dont plus de 2 000 à Lille.
S'ils considèrent le sujet qui les a
poussés à crier leur inquiétude dans les
rues des villes de France comme évidemment crucial, les
militants antinucléaires ont cependant le sens du spectacle.
Au gré du flot rythmé par les percussions des batucadas,
on peut ainsi voir passer un Jacques Chirac caricaturé
faisant l'apologie du nucléaire, un missile dans une main,
une boîte « EPR » dans l'autre.
« Énergie préhistorique ruineuse »
Plus loin dans le cortège, une bande de clowns rigolards
se balade avec des parapluies déchirés. «
On les a testés : en cas d'accident nucléaire, on
vous promet, il n'y a pas de problème », expliquent-ils.
Du côté de Greenpeace, on a fait dans le théâtral
pour dénoncer ce que l'association écologiste désigne
comme une « énergie préhistorique ruineuse
», détournant ainsi le sigle de l'Européen
Pressurized Reactor (EPR), le réacteur nucléaire
de troisième génération dont la construction
est prévue à Flamanville (Manche). C'est une troupe
d'hommes de Cro-Magnon maniant le gourdin qui défile derrière
les banderoles its-not-too-late.com.
Les rangs des Verts, particulièrement fournis pour cette
manifestation, ont été renforcés par des
militants venus de tous les départements au nord de Paris.
Face au nucléaire, les Verts refusionnent et les scissions
se dissolvent d'elles-mêmes...
Soudain, lorsque le gros des troupes parvient sur la Grand-Place
de Lille, une sirène retentit, assourdissante. C'est un
faux accident nucléaire.
Tous les manifestants se couchent sur le sol, d'autres virevoltent
autour d'eux pour marquer les contours des « cadavres ».
La pétition a recueilli 630 000 signatures. En tête,
les « vélorutionnaires » manifestent, juchés
sur leur selle. Pour beaucoup d'entre eux, cette manifestation
n'est que la première étape d'une longue marche
qui doit les emmener jusqu'à Bruxelles, en fin de semaine
prochaine. « Nous serons une centaine au départ aujourd'hui,
mais au total, une cinquantaine ira jusqu'à Bruxelles »,
explique Cécile Dubart, l'une des organisatrices «
logistiques » de la marche.
À leur arrivée à Bruxelles, les militants
marcheurs ont prévu de pousser les portes des institutions
européennes pour apporter la pétition contre l'EPR
qui compte aujourd'hui environ 630 000 signatures. « Mais
les gens peuvent continuer de signer en ligne ! », insiste
les militants. Le but est de parvenir à dépasser
le stade symbolique, au plan européen, du million de signatures.
L'Union de Reims, 18/03/2007:
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants,
60.000 selon les organisateurs, 20.000 selon la police, ont réclamé
hier dans cinq villes de France l'abandon du projet de réacteur
nucléaire de troisième génération
(EPR) à Flamanville. « C'est une mobilisation historique,
comparable aux manifestations antinucléaires des années
70 », s'est félicité Stéphane Lhomme,
porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire.
Cette mobilisation à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg
constitue un « avertissement » aux candidats à
l'élection présidentielle, a-t-il estimé.
« Il y a un rejet massif de la population de tout projet
de nouveau réacteur nucléaire », a-t-il affirmé.
« Evidemment c'est un avertissement aux candidats à
l'élection présidentielle. Ceux qui ne se prononceront
pas contre l'EPR perdront des centaines de milliers de voix. »
La plus grosse mobilisation a eu lieu à Rennes, avec 40.000
manifestants, selon les organisateurs, 10.000 selon la police.
L'ambiance festive a dominé dans les cinq manifestations
auxquelles avaient notamment appelé les associations antinucléaires,
les Verts et la LCR.
En France, l'énergie nucléaire assure 78 % de la
production d'électricité contre 16 % dans le monde
et 32 % en Europe. L'EPR est destiné à prendre le
relais d'une partie des 58 réacteurs actuels, pour la plupart
mis en service dans les années 1980. Pour ses concepteurs,
un consortium franco-allemand Siemens/Framatome-ANP (Areva), l'EPR
permettra une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication
des systèmes de sûreté et une moindre production
de déchets, ce que contestent les antinucléaires
qui y voient une technologie déjà obsolète.
Les partisans du nucléaire font aussi valoir son taux d'émission
pratiquement nul de gaz à effet de serre (GES) à
l'heure où l'UE s'engage dans la lutte contre changement
climatique.
Le Dauphiné Libéré, 18/03/2007:
La direction régionale d'EDF protégée
par les gardes-mobiles. Au départ de la manifestation place
Bellecour, hier à Lyon, l'information a circulé
parmi les organisateurs. "Quand on a déposé
le parcours, on avait eu l'autorisation de manifester devant EDF
pour déposer nos boîtes de conserves siglées
du symbole anti-nucléaire, on apprend aujourd'hui que les
règles du jeu ont changé". Malgré ce
contretemps, l'ambiance était au rendez-vous. Les quelque
6 000 manifestants - 4 000 selon la police, 8 000 selon les organisateurs
- étaient venus de loin: du Var, du Vaucluse, mais aussi
du Puy-de-Dôme ou de la Nièvre. Sans parler des autres
manifestations organisées en France (au total 60 000 personnes
auraint défiler hier).
En fait à quelques semaines des élections, les antinucléaires
veulent entrer dans la campagne. Ils dénoncent notamment
le manque de transparence, de débat autour d'un sujet aussi
important. Michèle Rivasi, ancienne présidente de
la CRIIRAD, la première à avoir mis en lumière
les effets en France de la catastrophe de Tchernobyl, considère
que le nucléaire doit faire l'objet d'un débat:
" J'encourage Ségolène à résister
aux pro-nucléaires, et j'espère que Corinne Lepage
sera un relais pour dénoncer l'EPR auprès du candidat
qu'elle soutient ".
Le Bien Public, 18/03/2007 :
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont réclamé hier dans cinq villes de France l'abandon du projet de réacteur nucléaire de 3e génération (EPR) à Flamanville.
C' est une mobilisation historique (60 000
manifestants selon les organisateurs, 20 000 selon la police),
comparable aux manifestations antinucléaires des années
1970, s'est félicité Stéphane Lhomme, porte-parole
national du réseau Sortir du nucléaire.
Cette mobilisation à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg
constitue un « avertissement » aux candidats à
l'élection présidentielle, a-t-il estimé.
« Il y a un rejet massif de la population de tout projet
de nouveau réacteur nucléaire. Les candidats qui
ne se prononceront pas contre l'EPR perdront des centaines de
milliers de voix », a-t-il affirmé.
Oui, aux alternatives
La plus grosse mobilisation a eu lieu à Rennes, avec 40
000 manifestants, selon les organisateurs, 10 000 selon la police.
Le cortège a défilé dans une ambiance joyeuse
avec musique et danses, aux cris de « Non, non, non à
l'EPR, oui, oui, oui aux alternatives ». « Pour nous
l'EPR est inutile, car on est en surproduction (d'électricité),
et il est dangereux », a déclaré le candidat
de la LCR, Olivier Besancenot, présent dans le cortège.
Egalement présente dans la manifestation, l'ancienne ministre
de l'Environnement Corine Lepage, récemment ralliée
à François Bayrou, a jugé l'EPR « inutile
».
« L'intérêt de l'EPR est purement commercial
dans une optique de privatisation du secteur énergétique,
qui veut faire de la France le fournisseur exclusif de l'Europe
en nucléaire », a-t-elle affirmé.
L'ambiance festive a dominé dans les cinq manifestations
auxquelles avaient notamment appelé les associations antinucléaires,
les Verts et la LCR. Les mêmes mots d'ordre ont été
repris par les manifestants souvent déguisés ou
vêtus de tuniques jaunes : « Pour des alternatives
au nucléaire, stop au réacteur EPR », ou encore
« ni civil, ni nucléaire, sortons, sortons du nucléaire
».
A Strasbourg, les manifestants ont observé un « die
in » de trois minutes sur une place du centre-ville, intégralement
recouverte de corps allongés « en hommage à
Tchernobyl, Hiroshima et Nagasaki ».
En France, l'énergie nucléaire assure 78 % de la
production d'électricité contre 16 % dans le monde
et 32 % en Europe.
L'EPR est destiné à prendre le relais d'une partie
des 58 réacteurs actuels, pour la plupart mis en service
dans les années 1980.
Pour ses concepteurs - un consortium franco-allemand Siemens/Framatome-ANP
(Areva) - l'EPR permettra une meilleure utilisation du combustible,
une démultiplication des systèmes de sûreté
et une moindre production de déchets, ce que contestent
les antinucléaires qui y voient une technologie déjà
obsolète.
Les partisans du nucléaire font aussi valoir son taux d'émission
pratiquement nul de gaz à effet de serre (GES) à
l'heure où l'Union européenne s'engage dans la lutte
contre changement climatique.
Le Figaro, 18/03/2007:
Nicolas Sarkozy (UMP). Pour le candidat UMP, le nucléaire est clairement « l'énergie du futur ». Devant la Fondation Hulot, il avait estimé que « nous n'avons pas d'autre alternative propre pour fournir une énergie de masse ». Le programme législatif de l'UMP préconise d'ailleurs le maintien et le renouvellement du parc nucléaire. Autre originalité : Nicolas Sarkozy aborde la question de la transmission de cette technologie. Lors d'une conférence de presse sur la politique internationale, il a proposé à l'Algérie « avant d'autres états », un accès au nucléaire civil en échange de partenariats gaziers. Nicolas Sarkozy est enfin favorable à l'EPR.
Ségolène Royal (PS). « La France ne pourra pas se passer du nucléaire, mais nous devons en premier lieu limiter sa place dans la consommation énergétique », a déclaré la candidate socialiste, qui a pris devant Nicolas Hulot l'engagement de « ramener la part de l'électricité d'origine nucléaire à 50% d'ici 2017 ». Elle s'est également engagée par écrit à « refaire le débat sur la construction de l'EPR ».
François Bayrou (UDF). Le leader centriste préconise un « maintien maitrisé et transparent du nucléaire civil ». La transparence est aussi son maître-mot sur le dossier des nouveaux réacteurs. « Les conditions du débat public sur l'EPR n'ont pas été satisfaisantes », écrit-il.
Jean-Marie Le Pen (FN). « Il faut encourager la recherche en vue d'obtenir un nucléaire propre et sûr », estime le président du FN, tout en s'engageant à « maintenir notre effort de production d'énergie nucléaire ». Il s'engage en faveur des réacteurs de nouvelle génération et de la recherche sur la fusion.
Marie-George Buffet (PCF). Personnellement, la candidate communiste penche pour « un nucléaire propre, sécurisé, durable et surtout 100% public ». Mais elle promet d'organiser un « débat citoyen » sur le sujet « tranché par un référendum ». Elle se déclare favorable aux nouveaux réacteurs EPR et ITER.
Dominique Voynet (les Verts). « Je propose une loi de sortie programmée du nucléaire et l'abandon des projets ruineux et sans avenir (EPR et ITER) », martèle la candidate écologiste. Le programme des Verts précise cet objectif : Voynet fixe la fermeture de toutes les centrales au plus tard en 2030.
Olivier Besancenot (LCR). La ligne du candidat trotskyste est claire : s'il est élu, il « engagera l'arrêt immédiat du nucléaire militaire et la reconversion programmée du nucléaire civil ».
José Bové (mouvement altermondialiste). Pour lui, « le débat est ouvert ». Son programme préconise un moratoire immédiat sur la construction de nouveaux réacteurs, suivi d'un « débat national sur la politique énergétique » engagé dans la première année de son mandat, tranché par un référendum qui devra choisir entre « une sortie progressive du nucléaire ou maintien d'un nucléaire sécurisé ». Moins de nuances sur l'EPR : il a prévenu qu'il pourrait appeler à « démonter des pylônes pour empêcher » la construction du réacteur.
Philippe de Villiers (MPF). Le candidat souverainiste veut « sortir du tout-pétrole et du tout-nucléaire », sans plus de précisions. Quant à l'EPR, il demande un "moratoire jusqu'à la résolution du problème des déchets" nucléaires.
Frédéric Nihous (CPNT). Le candidat des chasseurs n'évoque pas de sortie du nucléaire. Son programme préconise la « promotion des énergies renouvelables de façon complémentaire à l'énergie nucléaire ». Il est « pour le maintien de cette énergie propre qui nous garantit l'indépendance énergétique ». De même, il est favorable à la construction de l'EPR.
Arlette Laguiller (LO). Sans s'étendre sur le nucléaire, la candidate d'extrême gauche veut « un pôle public de l'énergie renationalisé, en y incluant toutes les autres sources d'énergie y compris le pétrole, le charbon et les énergies renouvelables ». Sur l'EPR, elle a répondu aux associations qu'elle ne pouvait se prononcer de façon « aussi péremptoire et limitée sur le projet ».
Gérard Schivardi (soutenu par le PT).
Sur l'EPR, il n'a pas fait connaître son point de vue. De
même, aucune référence au nucléaire
ou à la politique énergétique n'apparaît
sur son site officiel.
Le Journal du Dimache, 18/03/2007:
« Une mobilisation historique! » s'est enflammé hier Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire et du collectif Stop EPR. Plus de 60.000 personnes selon les organisateurs, 20.000 selon la police, ont défilé hier dans cinq villes de France contre le projet de réacteur nucléaire de troisième génération (EPR) à Flamanville, dans la Manche. Des manifestations organisées à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg qui envoient, aux yeux des associations de défense de l'environnement, un « avertissement» aux candidats à l'élection présidentielle. « Ceux qui ne se prononceront pas contre l'EPR perdront des centaines de milliers de voix! » a mis en garde Stéphane Lhomme.
Les manifestants avaient répondu à l'appel de dizaines d'associations antinucléaires et écologistes ou de partis comme les Verts et la LCR. A Rennes, qui a connu la plus forte mobilisation (40.000 manifestants selon les organisateurs, 10.000 selon la police), les politiques qui avaient rejoint le cortège ont également donné de la voix. « L'EPR est inutile car on est en surproduction [d'électricité], et il est dangereux! » a déclaré le candidat de la LCR, Olivier Besancenot. Corinne Lepage, l'ancienne ministre de l'Environnement récemment ralliée à François Bayrou, a jugé ce nouveau réacteur « inutile », dénonçant son caractère « purement commercial dans une optique de privatisation du secteur énergétique ». Quant à la candidate des Verts, Dominique Voynet, qui défilait en tête du cortège à Toulouse, elle s'est dite « révoltée par la mollesse» de la gauche. «Nous souhaitons non seulement l'arrêt de l'EPR, mais aussi une prise de position très ferme de la part de nos partenaires de gauche. En 1997, le Parti socialiste et le Parti communiste avaient convenu qu'il ne fallait pas faire cette machine. Franchement, on a reculé », a-t-elle estimé. Jeudi, Ségolène Royal proposait, comme François Bayrou, une remise à plat de la réflexion sur ce projet. Nicolas Sarkozy, de son côté, a fait valoir que les seules énergies renouvelables ne sauraient remplacer le nucléaire.
E. C. (avec AFP)
Le Républicain Lorrain, 18/03/2007:
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé hier dans cinq villes de France contre la construction du réacteur EPR à Flamanville, dans la Manche, et contre la relance du nucléaire.
La mobilisation contre la construction du réacteur
EPR à Flamanville (Manche) et la relance du nucléaire
a rassemblé hier des dizaines de milliers de personnes
dans cinq villes de France. La principale manifestation a rassemblé
entre 35 000 et 40 000 personnes, selon les organisateurs, 10
000 selon la police, dans les rues de Rennes. Le réseau
Sortir du nucléaire, qui coordonne le Collectif Stop EPR,
annonçait une participation de 9 000 personnes à
Lyon, entre 5 000 et 10 000 à Toulouse, ainsi que 4 000
manifestants à Lille et Strasbourg.« Il s'agit d'une
mobilisation historique », a déclaré Stéphane
Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire.
« Nous sommes au moins deux fois plus nombreux qu'à
la manifestation anti-EPR du 15 avril 2006 à Cherbourg.
On est du niveau des mobilisations bretonnes anti-nucléaires
des années 70 ».
Quatre-vingt associations et partis politiques avaient appelé
à défiler contre le projet de construction du premier
Réacteur pressurisé européen (EPR) français,
un réacteur utilisant à la fois uranium et plutonium,
censé améliorer sécurité et rentabilité.
Le collectif Stop EPR entendait faire pression sur les candidats
à la présidentielle, dont certains ont rejoint les
cortèges, comme Olivier Besancenot (LCR) à Rennes
ou Dominique Voynet (Verts) à Toulouse. Le permis de construire
de l'EPR de Flamanville a été délivré
en août 2006. EDF anticipe ainsi un renouvellement de son
parc de centrales à l'horizon 2020. Les manifestants rennais,
pour la plupart habillés en jaune, couleur de ralliement
du mouvement, ont vivement protesté contre l'opportunité
de cette construction et contre la relance du programme nucléaire
français en général. « Les travaux
de construction sont prévus après les élections
présidentielle et législatives, on est dans une
situation où le match n'est pas encore terminé »,
a estimé Didier Anger, responsable de la coordination interrégionale
anti-EPR. « Durant cette campagne, nous avons fait bouger
les lignes, avec les positions de Ségolène Royal
et celle de François Bayrou qui parlent désormais
de pause », a-t-il ajouté. « Nous souhaitons
désormais une promesse de suspension des travaux ».
Présent dans le cortège sous les couleurs de la
LCR, Olivier Besancenot a avancé que « l'EPR est
inutile, il est le symbole de ce que le lobby nucléaire
en voie de privatisation essaie d'organiser à l'échelle
européenne : des autoroutes de l'énergie. C'est
avant tout du business alors que nous sommes déjà
en surproduction ».
Corinne Lepage, ex-candidate à la présidentielle,
s'est elle déclarée « opposée à
l'EPR mais pas au nucléaire en général. On
ne met pas 3,5 milliards d'euros dans un projet pour quelque 300
emplois alors qu'on pourrait investir massivement pour créer
des milliers d'emplois autour des énergies renouvelables",
a estimé la dirigeante du mouvement Cap 21. «Avec
les 3,5 milliards d'euros que coûte cette machine, on peut
créer à peu près 15 fois plus d'emplois dans
les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique
qu'à Flamanville» soulignait Dominique Voynet, présente
dans le cortège de Toulouse et désireuse d'inciter
les principaux candidats «à se positionner sur ce
dossier pour lequel il y a simplement un peu de béton qui
a été coulé».
L'Alsace, 18/03/2007:
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants -60 000 selon les organisateurs, 20 000 selon la police- ont réclamé hier dans cinq villes de France l'abandon du projet de réacteur nucléaire de troisième génération (EPR) à Flamanville. « C'est une mobilisation historique, comparable aux manifestations antinucléaires des années 70 », s'est félicité Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire. Cette mobilisation à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg constitue un « avertissement » aux candidats à l'élection présidentielle, a-t-il estimé.
La Voix du Nord, 18/03/2007:
Soixante mille manifestants dans toute la France, dont quelque quatre mille à Lille, pour dénoncer la construction d'un réacteur nucléaire (EPR) en Basse-Normandie
14 h, sur la place de la République
à Lille. Ça sent la merguez un peu trop cuite et
les enceintes crachent un son quasiment inaudible, mais le sourire
est de rigueur. Ambiance bon enfant. Gérard a fait le déplacement
depuis l'Oise en compagnie de son ami Kader. « Le nucléaire
n'est pas la solution d'avenir au niveau des énergies,
assure le quadra, qui a revêtu pour l'occasion une blouse
de chirurgien. Avec les trois milliards d'euros que va coûter
la construction de l'EPR, on pourrait créer des milliers
d'emplois. »
La petite Émilie, elle, ne parle pas encore. Du haut de
ses 15 mois, elle n'a pas forcément encore d'avis sur le
nucléaire, mais son papa, Thomas, parle pour elle : «
Tout cela fait partie de choix de vie. Émilie n'a pas envie
du nucléaire. » La facilité avec laquelle
le bébé descend son biberon de lait est, pour les
parents, originaires de Marchiennes, l'assurance qu'ils ont fait
le bon choix en venant manifester contre la construction du réacteur
nucléaire EPR en Basse-Normandie. Comme eux, quatre mille
personnes (soixante mille sur l'ensemble du territoire national)
ont battu le pavé lillois, hier après-midi, à
l'invitation du collectif Stop EPR. Un rassemblement aussi festif
que revendicatif qui, à un mois de l'élection présidentielle,
avait pour but de rappeler que l'avenir énergétique
de la France se devait d'être décidé par tous
les Français et pas simplement par le lobby pro-nucléaire.
« Des alternatives existent », a-t-on répété,
hier après-midi, dans les rangs d'un cortège bigarré.
Le Télégramme de Brest, 18/03/2007:
Plusieurs dizaines de milliers de personnes
ont défilé, hier, dans cinq villes de France contre
la construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche)
et la relance du nucléaire. La principale manifestation
a rassemblé entre 35.000 et 40.000 personnes, selon les
organisateurs, 10.000 selon la police, dans les rues de Rennes.
Le réseau « Sortir du nucléaire », qui
coordonne le Collectif Stop EPR, annonçait une participation
de 9.000 personnes à Lyon, entre 5.000 et 10.000 à
Toulouse, ainsi que 4.000 manifestants à Lille et Strasbourg.
« Une mobilisation historique ». « Il s'agit
d'une mobilisation historique », a déclaré
Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau
« Sortir du nucléaire ». « Nous sommes
au moins deux fois plus nombreux qu'à la manifestation
anti-EPR du 15 avril 2006, à Cherbourg. On est du niveau
des mobilisations bretonnes antinucléaires des années
70 . » Quatre-vingt associations et partis politiques avaient
appelé à défiler contre le projet de construction
du premier Réacteur pressurisé européen (EPR)
français, un réacteur utilisant à la fois
uranium et plutonium, censé améliorer sécurité
et rentabilité. Le Collectif Stop EPR entendait faire pression
sur les candidats à la présidentielle, dont certains
ont rejoint les cortèges, comme Olivier Besancenot (LCR)
à Rennes ou Dominique Voynet (Verts) à Toulouse.
Rallier les politiques. Le permis de construire de l 'EPR de Flamanville
a été délivré en août 2006.
EDF anticipe ainsi un renouvellement de son parc de centrales
à l'horizon 2020. Les manifestants rennais, pour la plupart
habillés en jaune, couleur de ralliement du mouvement,
ont vivement protesté contre l'opportunité de cette
construction , ainsi que contre la relance du programme nucléaire
français en général. « Les travaux
de construction sont prévus après les élections
présidentielle et législatives, on est dans une
situation où le match n'est pas encore terminé »,
a estimé Didier Anger, responsable de la coordination interrégionale
anti-EPR. « Durant cette campagne, nous avons fait bouger
les lignes, avec les positions de Ségolène Royal
(rouvrir le débat) et celle de François Bayrou,
qui parle désormais de pause », a-t-il ajouté.
« Nous souhaitons désormais une promesse de suspension
des travaux . »
Dernières nouvelles d'Alsace, 18/03/2007:
Entre 20 et 60 000 personnes, selon les sources,
ont manifesté hier dans cinq villes de France dont Strasbourg
(voir en page Région 1) pour réclamer l'abandon
du projet de réacteur nucléaire de troisième
génération (EPR), prévu à Flamanville.
Voici les positions des candidats à la présidentielle
sur ce dossier.
Nicolas Sarkozy (UMP) souhaite « le maintien de l'option
nucléaire pour des raisons de compétitivité
et écologiques ».
Marie-George Buffet (PCF) prône « le développement
des énergies renouvelables », mais est « favorable
à la poursuite de l'effort sur l'énergie nucléaire
».
Jean-Marie Le Pen (Front national) est de même favorable
à la poursuite de la filière nucléaire et
prévoit de « programmer les filières de 3e
et 4e génération ».
Frédéric Nihous (Chasse Pêche Nature et Traditions)
est, « à l'heure ou l'on parle réchauffement
climatique, pour le maintien de cette énergie propre »
qui « nous garantit l'indépendance énergétique
».
Ségolène Royal (PS) vient de confirmer, dans un
courrier au réseau Sortir du nucléaire, qu'elle
« engagerait le débat » sur l'ensemble du dossier
énergétique et sur l'EPR, si elle est élue.
Hier sur France 5 samedi, François Hollande, premier secrétaire
du PS, a déclaré que « si cet EPR peut être
une solution, nous la prendrons ».
François Bayrou (UDF), dans une lettre adressée
à Sortir du nucléaire, juge qu'« il est temps
que la filière nucléaire soit transparente. Les
conditions du débat public sur l'EPR n'ont pas été
satisfaisantes ».
Philippe de Villiers (MPF) demande un « moratoire jusqu'à
la résolution du problème des déchets »
nucléaires.
Arlette Laguiller (LO) a une position nuancée : «
Je ne saurais me prononcer de façon aussi péremptoire
et limitée sur le projet de construction de l'EPR ».
Olivier Besancenot (LCR) est contre ce « projet coûteux
porté par de grands groupes dont les objectifs de rentabilité
financière sont évidents ».
Dominique Voynet (Verts) juge l'EPR « dangereux et basé
sur des techniques proliférantes ».
L'altermondialiste José Bové avait prévenu
qu'il pourrait appeler en dernier recours à « démonter
des pylônes » pour « empêcher »
la construction de l'EPR à Flamanville.
PARIS (18/03/2007 ) - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer les réacteurs de troisième génération de type EPR et demander la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes.
A cinq semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les défilés organisés à Lille, Lyon, Toulouse, Strasbourg et Rennes avaient aussi pour but d'interpeller les prétendants à l'Elysée sur l'avenir de l'énergie nucléaire.
Selon le réseau Sortir du nucléaire, la manifestation "historique" de samedi, "digne des plus grands rassemblements des années 1970", a rassemblé 62.000 personnes au total.
Les manifestants "ont clairement démontré qu'ils ne voulaient pas de relance du nucléaire en France. Ils doivent être entendus", écrit l'organisation dans un communiqué.
A Strasbourg, la manifestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes - 2.100 selon la police, 5.000 d'après les organisateurs - entre fanfare, batterie de tambour et orchestre de la CGT.
Le porte-parole des Verts, le Strasbourgeois Yann Wehrling, celui de la LCR, Alain Krivine, et le président du Mouvement écologique indépendant, l'Alsacien Antoine Waechter, participaient à la manifestation.
Un gigantesque "die in" (les manifestants se couchent par terre pour simuler une hécatombe) a marqué, toutes sirènes hurlantes, la traversée de la place de la République où se dresse la préfecture.
Aux pancartes "nucléaire non merci" répondaient les panneaux "Atomkraft nein danke", en moins grand nombre que d'habitude, la mobilisation allemande souffrant sans doute de l'abandon programmé de l'énergie nucléaire outre-Rhin.
Le gros des troupes était fourni par les militants des collectifs "Stop Bure", qui se battent, aux confins de la Lorraine et de Champagne-Ardennes, contre la construction d'un centre expérimental d'enfouissement de déchets nucléaires et par les membres du collectif "Stop Fessenheim".
VOYNET À TOULOUSE
Déguisés en alsaciennes à tête de mort, ces derniers ont comme premier objectif la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France.
Des dizaines de milliers de personnes - plus 30.000 selon les organisateurs -, se sont rassemblées à Rennes.
"On est surpris par l'ampleur du défilé. C'est une très grosse réussite", a déclaré un porte-parole de Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, qui se trouvait sur place.
Selon lui, "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs".
Le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations, demande la fermeture en priorité de quatre centrales anciennes qu'il juge dangereuses : Fessenheim, Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain).
A Toulouse 3.500 personnes selon police, 5.000 selon les organisateurs, sont parties des bords de la Garonne en direction de la place du Capitole. La candidate des Verts à la présidentielle, Dominique Voynet, était en tête de cortège.
Les manifestants réclament "un plan de sortie du nucléaire avant un drame comme Tchernobyl", a dit Stéphane Lhomme.
Le réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) a été conçu et développé par Areva NP, société commune de Areva et Siemens AG. Les objectifs affichés de l'EPR sont d'améliorer la sûreté et la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée.
Pour ses détracteurs, l'EPR est dangereux, coûteux et aggrave le problème des déchets radioactifs.
M6.fr, 17/03/2007:
Mobilisés contre le projet d'EPR, les
anti-nucléaries sont descendus dans les rues de Rennes,
Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg samedi. En cause : le réacteur
de 3ème génération qui doit être construit
à Flamanville, dans la Manche. 60.000 opposants à
ce projet selon les organisateurs, 20.000 selon la police : "une
mobilisation historique, comparable aux manifestations anti-nucléaires
des années 70" selon Stéphane Lhomme, porte-parole
national du réseau Sortir du nucléaire.
En pleine campagne électorale, les manifestants ont interpellé
les candidats à l'élection présidentielle.
A Rennes, les antinucléaires ont reçu le soutien
d'Olivier Besancenot de la LCR et de Corinne Lepage, récemment
ralliée à l'UDF François Bayrou.
A Toulouse, c'est Dominique Voynet, qui avait répondu à
l'appel lancé par le collectif "STOP EPR", en
prenant la tête du défilé. La candidate des
Verts réclame l'abandon du projet de réacteur, qu'elle
juge ruineux, inutile et dangereux.
17/03/2007 - Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi dans cinq villes de France contre la construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche) et la relance du nucléaire. La principale manifestation a rassemblé entre 35.000 et 40.000 personnes, selon les organisateurs, 10.000 selon la police, dans les rues de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Le réseau "Sortir du nucléaire", qui coordonne le Collectif Stop EPR, annonçait une participation de 9.000 personnes à Lyon, entre 5.000 et 10.000 à Toulouse, ainsi que 4.000 manifestants à Lille et Strasbourg.
"Il s'agit d'une mobilisation historique", a déclaré à l'Associated Press Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau "Sortir du nucléaire". "Nous sommes au moins deux fois plus nombreux qu'à la manifestation anti-EPR du 15 avril 2006 à Cherbourg. On est du niveau des mobilisations bretonnes anti-nucléaires des années 70".
Quatre-vingt associations et partis politiques avaient appelé à défiler contre le projet de construction du premier Réacteur pressurisé européen (EPR) français, un réacteur utilisant à la fois uranium et plutonium, censé améliorer sécurité et rentabilité. Le Collectif Stop EPR entendait faire pression sur les candidats à la présidentielle, dont certains ont rejoint les cortèges, comme Olivier Besancenot (LCR) à Rennes ou Dominique Voynet (Verts) à Toulouse.
Le permis de construire de l'EPR de Flamanville a été délivré en août 2006. EDF anticipe ainsi un renouvellement de son parc de centrales à l'horizon 2020.
Les manifestants rennais, pour la plupart habillés en jaune, couleur de ralliement du mouvement, ont vivement protesté contre l'opportunité de cette construction ainsi que contre la relance du programme nucléaire français en général.
"Les travaux de construction sont prévus après les élections présidentielle et législatives, on est dans une situation où le match n'est pas encore terminé", a estimé Didier Anger, responsable de la coordination interrégionale anti-EPR. "Durant cette campagne, nous avons fait bouger les lignes, avec les positions de Ségolène Royal et celle de François Bayrou qui parle désormais de pause", a-t-il ajouté. "Nous souhaitons désormais une promesse de suspension des travaux".
Présent dans le cortège sous les couleurs de la LCR, Olivier Besancenot a avancé que "l'EPR est inutile, il est le symbole de ce que le lobby nucléaire en voie de privatisation essaie d'organiser à l'échelle européenne: des autoroutes de l'énergie. C'est avant tout du business alors que nous sommes déjà en surproduction".
Pour le candidat LCR à l'élection présidentielle, "il faut associer les travailleurs de l'énergie à ce combat pour arrêter l'EPR et sortir du nucléaire, dans le cadre d'un vrai service public de l'énergie qui investit dans les énergies renouvelables telles que le solaire ou l'éolien".
Corinne Lepage, ex-candidate à la présidentielle, s'est elle déclarée "opposée à l'EPR mais pas au nucléaire en général". "On ne met pas 3,5 milliards d'euros dans un projet pour quelque 300 emplois alors qu'on pourrait investir massivement pour créer des milliers d'emplois autour des énergies renouvelables", a martelé la dirigeante du mouvement Cap 21, ralliée à François Bayrou.
Elle a rappelé que le candidat de l'UDF "s'est prononcé pour un nouveau débat sur l'EPR et sur un rééquilibrage des crédits de recherche entre nucléaire et énergies renouvelables". "Je souhaiterai qu'il aille encore plus loin", a-t-elle conclu.
A Toulouse, près de 5.000 personnes, 3.200 selon la police, ont défilé, avec dans leurs rangs la candidate des Verts Dominique Voynet.
"Avec les 3,5 milliards d'euros que coûte cette machine, on peut créer à peu près 15 fois plus d'emplois dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique qu'à Flamanville", a-t-elle souligné, incitant les principaux candidats "à se positionner sur ce dossier pour lequel il y a simplement un peu de béton qui a été coulé".
Venu de Bordeaux pour cette journée de mobilisation, Guillaume Vincent, 30 ans, membre du Comité de candidature de José Bové se désolait de ne "rien voir de concret en matière de développement durable et d'énergies renouvelables au niveau politique". Et de rejeter "l'argument de la réduction des émissions des gaz à effet de serre en faveur du nucléaire", car "on oublie les déchets radioactifs et les risques".
PARIS (17/03/2007) - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer les réacteurs de troisième génération de type EPR et demander la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes.
A cinq semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les défilés organisés à Lille, Lyon, Toulouse, Strasbourg et Rennes avaient aussi pour but d'interpeller les prétendants à l'Elysée sur l'avenir de l'énergie nucléaire.
Selon le réseau Sortir du nucléaire, la manifestation "historique" de samedi, "digne des plus grands rassemblements des années 1970", a rassemblé 62.000 personnes au total.
Les manifestants "ont clairement démontré qu'ils ne voulaient pas de relance du nucléaire en France. Ils doivent être entendus", écrit l'organisation dans un communiqué.
A Strasbourg, la manifestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes - 2.100 selon la police, 5.000 d'après les organisateurs - entre fanfare, batterie de tambour et orchestre de la CGT.
Le porte-parole des Verts, le Strasbourgeois Yann Wehrling, celui de la LCR, Alain Krivine, et le président du Mouvement écologique indépendant, l'Alsacien Antoine Waechter, participaient à la manifestation.
Un gigantesque "die in" (les manifestants se couchent par terre pour simuler une hécatombe) a marqué, toutes sirènes hurlantes, la traversée de la place de la République où se dresse la préfecture.
Aux pancartes "nucléaire non merci" répondaient les panneaux "Atomkraft nein danke", en moins grand nombre que d'habitude, la mobilisation allemande souffrant sans doute de l'abandon programmé de l'énergie nucléaire outre-Rhin.
Le gros des troupes était fourni par les militants des collectifs "Stop Bure", qui se battent, aux confins de la Lorraine et de Champagne-Ardennes, contre la construction d'un centre expérimental d'enfouissement de déchets nucléaires et par les membres du collectif "Stop Fessenheim".
VOYNET À TOULOUSE
Déguisés en alsaciennes à tête de mort, ces derniers ont comme premier objectif la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France.
Des dizaines de milliers de personnes - plus 30.000 selon les organisateurs -, se sont rassemblées à Rennes.
"On est surpris par l'ampleur du défilé. C'est une très grosse réussite", a déclaré un porte-parole de Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, qui se trouvait sur place.
Selon lui, "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs".
Le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations, demande la fermeture en priorité de quatre centrales anciennes qu'il juge dangereuses : Fessenheim, Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain).
A Toulouse 3.500 personnes selon police, 5.000 selon les organisateurs, sont parties des bords de la Garonne en direction de la place du Capitole. La candidate des Verts à la présidentielle, Dominique Voynet, était en tête de cortège.
Les manifestants réclament "un plan de sortie du nucléaire avant un drame comme Tchernobyl", a dit Stéphane Lhomme.
Le réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) a été conçu et développé par Areva NP, société commune de Areva et Siemens AG. Les objectifs affichés de l'EPR sont d'améliorer la sûreté et la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée.
Pour ses détracteurs, l'EPR est dangereux, coûteux et aggrave le problème des déchets radioactifs.
Libération, 17/03/2007:
Bernard Salha, directeur de l'ingénierie
nucléaire à EDF. «Il y a trois raisons de
construire l'EPR de Flamanville pour 2012. D'abord, il faut préparer
l'avenir en gardant ouverte l'option nucléaire pour permettre
le renouvellement du parc de production lorsqu'il arrivera en
fin de vie. Ensuite, contribuer à la sécurité
de l'approvisionnement au-delà de 2012. Enfin, l'EPR sera
une vitrine du savoir-faire d'EDF dans un contexte où la
technologie nucléaire sera amenée à jouer
un rôle de plus en plus important dans de nombreux pays
pour réduire les émissions de gaz à effet
de serre. Si l'EPR de Flamanville est ainsi indispensable, la
question de construire une série de réacteurs de
ce type ne se pose pas encore. Nos réacteurs ont été
conçus pour quarante ans au moins, et leur moyenne d'âge
(environ vingt ans), permet de repousser à 2015-2020 une
telle décision. Mais, pour pouvoir la prendre le moment
venu, il faut disposer d'un modèle qui aura été
éprouvé suffisamment longtemps auparavant. EDF a
la responsabilité de se préparer aux scénarios
à moyen et long terme d'évolution de la consommation
d'électricité par une stratégie industrielle
robuste et flexible. A cet effet, nous travaillons sur la maîtrise
de la demande d'électricité et sur le développement
des énergies renouvelables : nous allons investir trois
milliards d'euros en éolien. Le nucléaire, dans
un cadre de contraintes sur les émissions de CO2, constitue
un élément décisif d'une telle stratégie.»
Contre
Bernard Laponche, polytechnicien, ancien du CEA et expert en politiques
énergétiques. «Qu'apporte une nouvelle centrale
dans la situation énergétique française ?
Rien. Les produits pétroliers représentent 50 %
de la consommation d'énergie finale, l'électricité,
21 %. Le nucléaire, et a fortiori l'EPR, ne résout
rien en matière d'indépendance énergétique,
d'économies d'énergie et de politique des transports.
Sans compter que nous sommes déjà en surproduction
d'électricité en France. Nous exportons 16 % des
576 milliards de kilowattheures produits chaque année,
alors que l'on conserve les déchets et les risques sur
le territoire. Faut-il s'équiper d'un réacteur supplémentaire
pour l'exportation ? L'EPR est un réacteur de troisième
génération, le dernier modèle des réacteurs
à eau pressurisée ayant équipé le
programme français des années 70. Il n'est pas issu
d'une nouvelle technologie et présente les mêmes
inconvénients que ses prédécesseurs. Il n'est
pas intrinsèquement sûr, produit à peine 10
% de déchets en moins et dispose d'un faible rendement.
De plus, il est basé sur une technologie proliférante
(son combustible, le Mox, est un mélange d'uranium et de
plutonium). L'EPR est une erreur de politique industrielle car
il existera bientôt de nouveaux modèles plus sûrs
et d'un meilleur rendement. Il est donc mal indiqué s'il
faut poursuivre le nucléaire, ce dont je ne suis, par ailleurs,
pas convaincu.»
Sylvestre HUET, Laure NOUALHAT
17/03/2007 - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants -60.000 selon les organisateurs, 20.000 selon la police-- ont réclamé samedi dans cinq villes de France l'abandon du projet de réacteur nucléaire de troisième génération (EPR) à Flamanville.
"C'est une mobilisation historique, comparable aux manifestations anti-nucléaires des années 70", s'est félicité Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire. Cette mobilisation à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg constitue un "avertissement" aux candidats à l'élection présidentielle, a-t-il estimé.
"Il y a un rejet massif de la population de tout projet de nouveau réacteur nucléaire", a-t-il affirmé. "Evidemment c'est un avertissement aux candidats à l'élection présidentielle. Ceux qui ne se prononceront pas contre l'EPR perdront des centaines de milliers de voix".
La plus grosse mobilisation a eu lieu à Rennes, avec 40.000 manifestants, selon les organisateurs, 10.000 selon la police. Le cortège a défilé dans une ambiance joyeuse avec musique et danses, aux cris de "Non, non, non à l'EPR, oui, oui, oui aux alternatives".
"Pour nous l'EPR est inutile, car on est en surproduction (d'électricité), et il est dangereux", a déclaré le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, présent dans le cortège.
Egalement présente dans la manifestation, l'ancienne ministre de l'Environnement Corine Lepage, récemment ralliée à François Bayrou, a jugé l'EPR "inutile". "L'intérêt de l'EPR est purement commercial dans une optique de privatisation du secteur énergétique, qui veut faire de la France le fournisseur exclusif de l'Europe en nucléaire", a-t-elle affirmé.
L'ambiance festive a dominé dans les cinq manifestations auxquelles avaient notamment appelé les associations anti-nucléaires, les Verts et la LCR. Les mêmes mots d'ordre ont été repris par les manifestants souvent déguisés ou vêtus de tuniques jaunes: "pour des alternatives au nucléaire, stop au réacteur EPR", ou encore "ni civil, ni nucléaire, sortons, sortons du nucléaire".
A Strasbourg, les manifestants ont observé un "die-in" de trois minutes sur une place du centre ville, intégralement recouverte de corps allongés "en hommage à Tchernobyl, Hiroshima et Nagasaki".
Outre M. Besancenot, deux candidats à la présidentielle ont exprimé leur opposition à l'EPR: l'altermondialiste José Bové, et Dominique Voynet (Verts). Ségolène Royal (PS) et François Bayrou (UDF) ont souhaité une remise à plat de la réflexion. En revanche, Nicolas Sarkozy (UMP) a fait valoir que les seules énergies renouvelables ne sauraient remplacer le nucléaire.
Dominique Voynet s'est dite "révoltée par la mollesse" des candidats de gauche à la présidentielle. "En 1997, le Parti socialiste, le Parti communiste avaient convenu qu'il ne fallait pas faire cette machine. Franchement, on a reculé", a-t-elle estimé
En France, l'énergie nucléaire assure 78% de la production d'électricité contre 16% dans le monde et 32% en Europe.
L'EPR est destiné à prendre le relais d'une partie des 58 réacteurs actuels, pour la plupart mis en service dans les années 1980.
Pour ses concepteurs -un consortium franco-allemand Siemens/Framatome-ANP (Areva)- l'EPR permettra une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets, ce que contestent les anti-nucléaires qui y voient une technologie déjà obsolète.
Les partisans du nucléaire font aussi
valoir son taux d'émission pratiquement nul de gaz à
effet de serre (GES) à l'heure où l'UE s'engage
dans la lutte contre changement climatique.
Ouest-France, 17/03/2007:
Ce samedi, cinq rassemblements sont organisés dans différentes villes, dont Rennes, contre la construction du réacteur EPR à Flamanville.
Les antinucléaires font monter la pression politique autour du projet de réacteur EPR (1) dans la Manche. Ce samedi à 14 h, à Toulouse, Lille, Strasbourg, Lyon, Toulouse et Rennes, des rassemblements vont mobiliser un millier d'associations du « Collectif Stop EPR ». Après avoir rassemblé 25 000 personnes à Cherbourg en avril 2006, les opposants « poursuivent la mobilisation pour peser sur les candidats à l'élection présidentielle », indique François De Beaulieu de l'association Bretagne Vivante. José Bové, Olivier Besancenot (LCR), Yves Cochet (Les Verts) et Corinne Lepage (Cap 21) sont annoncés samedi à Rennes.
«Dangereux»
« Le choix de construire ce réacteur inutile est politique et non énergétique », estime Didier Anger, coordonnateur du collectif normand « EPR non merci ». Il dénonce « l'aspect coûteux du projet. Avec les 3,3 milliards d'euros, on pourrait créer 11 à 15 fois plus d'emplois dans le Grand Ouest en développant les économies d'énergies et les énergies renouvelables ». Alors qu'Areva vante un réacteur protecteur de l'environnement, les opposants « dénoncent l'aspect dangereux de ces rejets, les risques d'accidents et d'attentats ». Une étude menée par un expert britannique pour Greenpeace, le classe même parmi « les plus dangereux du monde ».
Autant d'arguments que rejettent l'industrie nucléaire et les partisans de l'atome. Pour eux, l'EPR est « plus fiable, plus sûr et plus économique ». « Sortir du nucléaire serait pour la France un recul stratégique, économique et environnemental. La France a tout intérêt à entreprendre, sans tarder, sa construction », défend la SFEN (Société française d'énergie nucléaire), une association constituée de chercheurs, d'ingénieurs, de médecins et d'enseignants travaillant principalement dans le nucléaire.
Le projet est dans les cartons d'Areva et d'EDF depuis plusieurs années. Pour justifier cet investissement, Areva explique « qu'en 2020, 14 des plus anciens réacteurs auront 40 ans ou plus. En 2025, ce sera le cas de 34 autres ». Le parc actuel en compte 58. L'EPR constituerait donc, pour Areva, la meilleure réponse pour leur remplacement. Il permettrait aussi, selon le groupe, de répondre à la croissance de la demande d'électricité prévue. « Cette avance technologique donne à Areva une position de leader mondial avec de nouvelles perspectives d'exportation, notamment en Asie et en Finlande. » Un EPR a été vendu aux Finlandais qui connaissent toutefois quelques soucis pour le construire.
Un trou de 600 000 m3 à Flamanville
À Flamanville, « les travaux préliminaires ont démarré et se déroulent selon nos prévisions », explique Philippe Leignel, directeur de l'aménagement du site pour EDF. Le « trou » devant accueillir les fondations du réacteur « est actuellement creusé à 70 % ». D'autres travaux de terrassement et de creusement de galeries sous-marines doivent débuter fin avril. « 250 personnes travaillent sur le chantier, elles doivent être 600 à la fin de l'année. Les premiers bétons seront coulés en décembre. »
Parallèlement au chantier, une dizaine d'enquêtes publiques sont en cours dans le Cotentin. Et, le 16 février, l'Autorité de sûreté nucléaire a émis un avis favorable au projet de décret de création du réacteur. Décret que le Premier ministre doit signer prochainement. Dominique de Villepin et Jacques Chirac avaient annoncé la construction du réacteur avant même d'engager les procédures de débat public et d'enquête publique.
(1) European pressurized reactor.
Jean-Pierre BUISSON.
Journal du Dimanche, 17/03/2007:
Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi après-midi dans les rues de Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon et Toulouse pour s'opposer à la construction de réacteurs troisième génération de type EPR. Ils souhaitaient ainsi interpeller les candidats à la présidentielle sur ce sujet.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi après-midi à Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg pour protester contre la construction du réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) prévue à Flamanville dans la Manche et pour la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes. Ils répondaient à l'appel du collectif Stop-EPR, qui rassemble 760 associations dont le réseau Sortir du nucléaire, Greenpeace, Agir pour l'environnement, les Amis de la terre, le WWF et le réseau Action climat.
Dominique Voynet et Olivier Besancenot avec les antis
A quelques semaines des élections, les manifestants cherchaient par leur action à interpeller les candidats et les pousser à prendre des positions fermes sur la question. Dominique Voynet (Verts) et Olivier Besancenot (LRC) sont venus grossir les rangs des anti-nucléaires. L'ex-candidate Corinne Lepage, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, et le député vert Yves Cochet étaient aussi présents.
A Rennes, Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, a rappelé que "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs".
Les positions des présidentiables
Parmi les candidats à la présidentielle, José Bové, Philippe de Villiers (MPF), comme Dominique Voynet et Olivier Besancenot, ont déjà fait part de leur opposition à la construction de l'EPR de Flamanville. Ségolène Royal (PS) et François Bayrou (UDF) se sont prononcés pour une remise à plat de la réflexion, tandis que Nicolas Sarkozy (UMP) et Jean-Marie Le Pen (FN) préconisent la poursuite du nucléaire pour des raisons de compétitivité.
Les partisans de l'EPR mettent en avant son taux d'émission de gaz à effet de serre pratiquement nul. Conçu pour une durée de vie minimale de 60 ans, l'EPR est destiné à prendre le relais d'une bonne partie des 58 réacteurs actuels, dont la plupart ont été mis en service dans les années 1980. En 2005, l'énergie nucléaire assurait 78% de la production d'électricité en France, contre 16% dans le monde et 32% en Europe.
Anne LE GAL
Le Monde, 16/03/2007:
Portrait: Stéphane Lhomme, l'agité du nucléaire
Libération, 16/03/2007:
Ségolène Royal « La décision de lancer l'EPR a été prise par le gouvernement actuel, dans des conditions d'analyse et de débat contestables. Au Parlement, aucune étude d'impact n'a été présentée. Lors du débat public, la question « à quoi sert l'EPR ? » n'a jamais été posée clairement. Aucune justification précise n'a été apportée, non plus, au choix géographique de Flamanville, et aux 150 kilomètres de lignes THT qui en ont découlé. Un débat tronqué ne peut servir de base à une décision aussi lourde sur le plan structurel et budgétaire (3,3 milliards d'euros). Je souhaite donc engager, rapidement, un débat sur la question de l'avenir énergétique de notre pays et mobiliser les citoyens ainsi que les acteurs économiques sur trois objectifs : consommer moins d'énergie, développer de manière plus volontariste des filières d'énergies renouvelables et examiner l'avenir de l'énergie nucléaire. »
Nicolas Sarkozy « Le parc de production nucléaire français est à mi-vie : il serait irresponsable vis-à-vis des générations futures de ne pas préparer son remplacement par des centrales plus performantes, produisant moins de déchets et encore plus sûres. En effet, même si l'Europe tenait en 2012 l'objectif d'avoir réduit de 8% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, elle ne serait toujours pas sur la pente de la réduction par 4 de ses émissions en 2050. Dans la plupart des pays d'Europe, et notamment en Grande-Bretagne avec l'ambitieux projet de loi récemment soumis à la concertation par Tony Blair, c'est donc le retour du nucléaire qui se prépare. Il est clair que notre génération ne relèvera ni le défi du changement climatique, ni celui de la sécurité de ses approvisionnements énergétiques, ni celui de la compétitivité de son industrie sans des efforts massifs sur les deux terrains de l'efficacité énergétique et des modes de production d'électricité écologiquement et économiquement les plus performants : renouvelables et nucléaires. Nous devons faire flèche de tous bois et sortir des postures dogmatiques ou contradictoires. »
François Bayrou « Si nous voulons atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, nous ne pouvons nous priver du nucléaire. Mais nous devons poursuivre la réflexion sur l'EPR, pour être certains que la mise en place de ce nouveau réacteur est la bonne solution technologique. Je considère par ailleurs qu'il doit y avoir un rééquilibrage des dépenses de recherche au profit des énergies renouvelables. »
Marie-George Buffet « Je me prononce pour un programme ambitieux de recherche, d'expérimentation et de production de toutes les énergies renouvelables avec comme ambition d'aller vers 25% des besoins d'ici 2020. Mais je n'oppose pas ce programme avec la nécessité d'avoir un nucléaire propre et sécurisé.Il n'y a pas de sources d'énergies idéales. Il faut miser sur la complémentarité et la diversification énergétique si nous voulons répondre aux défis de la planète: réchauffement climatique, effet de serre, accès à l'énergie, développement durable... Il n'y a pas de solution dans le tout nucléaire mais il n'y a pas de solution sans le nucléaire. Dans ce cadre, je suis convaincue que l'EPR et les générateurs de la 4ème génération pour la fission, ITER pour la fusion, pourront y contribuer.Le nucléaire et la politique énergétique font débat.Celui ci doit être mené dans la plus grande transparence et soumis à référendum. »
Dominique Voynet « Je partage, vous le
savez, votre point de vue. La construction de l'EPR nous fera
prendre encore dix années de retard - dix de plus ! - sur
une autre politique énergétique, ambitieuse et réaliste,
fondée sur les énergies renouvelables et l'efficacité
énergétique. Ce serait pourtant indispensable, si
l'on veut à la fois lutter efficacement contre les bouleversements
climatiques et préparer l'ère de « l'après-pétrole
». En Allemagne, Angela Merkel a confirmé la sortie
du nucléaire décidée par le précédent
gouvernement sous l'impulsion des Verts ; en Finlande, le chantier
du prototype EPR a pris deux ans de retard, alourdissant du même
coup la facture pour AREVA - et pour le contribuable français
; partout dans le monde, on a compris que la stratégie
énergétique de demain ne passera par le nucléaire
. Et, en France, on choisirait d'investir 3 à 4 milliards
d'euros, peut-être plus, dans une machine obsolète
et, qui plus est, inutile ? Je ne m'y résous pas, et je
manifesterai demain, à Toulouse, avec des dizaines de milliers
de personnes dans toute la France, pour le dire.
J'ajoute qu'en termes d'emploi, l'option nucléaire n'est
pas non plus une bonne opération. L'EPR à Flamanville,
ce serait 300 emplois permanents, selon les chiffres d'EDF. Avec
la même somme, on peut créer 15 fois plus d'emplois
dans les énergies renouvelables. »
Olivier Besancenot «Tout à fait d'accord avec cette remarque. Les gouvernements successifs et le lobby nucléaire ont toujours esquivé tout débat public et refusé de mettre les moyens pour la recherche sur d'autres alternatives pour, ensuite, prétendre que le nucléaire était la seule solution. Si on avait consacré aux économies d'énergie (isolation thermique des logements, par exemple) et à la recherche sur les énergies renouvelables les sommes consacrées au nucléaire, on aurait sûrement trouvé des solutions alternatives au nucléaire ! »
Libération, 16/03/2007:
Les manifestants du 17 mars font fausse route: ce n'est pas du nucléaire qu'il faut sortir, mais du triptyque tout-fossile charbon-pétrole-gaz
Par Francis Sorin directeur à la Société française d'énergie nucléaire (www.sfen.org ).
Les associations écologistes ayant appelé
à manifester ce samedi pour «stopper l'EPR»
(european pressurized reactor) et «sortir du nucléaire»
se trompent de combat. La menace environnementale à laquelle
la planète est confrontée n'est pas radioactive,
elle est carbonée. Ce ne sont pas les becquerels qui assombrissent
l'horizon, mais les gaz à effet de serre. Chaque molécule
de CO2 rejetée dans l'atmosphère va y rester un
siècle, «fabriquant» dès aujourd'hui
le climat que connaîtront nos petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Pour conjurer cette menace qui risque de bouleverser les équilibres
naturels de la biosphère et d'altérer notre environnement
de façon irréversible, ce n'est pas du nucléaire
qu'il faut «sortir», mais du tout-fossile.
C'est la prévalence du triptyque charbon-pétrole-gaz,
fournisseur de 85 % de l'énergie mondiale et premier responsable
de l'aggravation de l'effet de serre, qui doit être impérativement
contrecarrée. En évitant le rejet de plus de 2 milliards
de tonnes de CO2 par an (1), le nucléaire peut et doit
jouer un rôle déterminant dans cette oeuvre de salubrité
climatique, au côté des énergies renouvelables
qui ne sont pas, à elles seules, à la hauteur de
l'enjeu.
En refusant de reconnaître au nucléaire sa capacité
à diminuer l'effet de serre, les manifestants du 17 mars
refusent une évidence. Comme si l'antinucléarisme
sans nuance de leur discours s'était transformé
au fil du temps en un dogme immuable, irréductible à
tout aggiornamento. Cela les conduit à développer
une argumentation qui n'apparaît guère crédible
car fondée principalement sur une caricature et un voeu
pieux :
? La caricature, c'est celle qu'ils tracent de l'énergie
nucléaire, portrait diabolisé en complet déphasage
avec la réalité... comme si les enseignements tirés
après quarante ans d'utilisation du nucléaire en
France n'étaient d'aucun poids ! Tout indique pourtant
que notre pays ? qui ne possède ni pétrole, ni gaz,
ni charbon ? tire de réels avantages de l'utilisation du
nucléaire. En produisant plus des trois quarts de l'électricité
nationale, le nucléaire nous protège, dans ce secteur
stratégique, des crises, des embargos, des «chocs
de prix» risquant d'affecter les marchés internationaux
des énergies fossiles. Il nous garantit une électricité
à des coûts modérés et stables sur
le long terme. Ses performances de sûreté sont remarquables,
supérieures à celles des énergies fossiles.
Il sait gérer ses déchets et ne rejette pas de CO2.
Enfin, le nucléaire est une des rares industries de pointe
où la France est leader mondial. Cela nous vaut des exportations
de l'ordre de 5 à 6 milliards d'euros annuels, ce qui représente
un poste bénéficiaire important de notre balance
commerciale.
Sans nier les risques potentiels et les contraintes liés
au nucléaire, il n'est pas correct, pour la pertinence
du débat, d'occulter l'aspect positif du bilan. En les
ignorant systématiquement, en diabolisant le nucléaire
par des slogans caricaturaux, les manifestants du 17 mars font
peut-être de la propagande efficace (de leur point de vue),
mais en tout cas de la mauvaise information.
? Le voeu pieux, c'est de fixer aux énergies renouvelables
un objectif hors de leur portée en proclamant qu'elles
pourront remplacer le nucléaire pour fournir à la
France l'essentiel de son électricité. Aucune analyse
sérieuse ne valide une telle hypothèse qui, en l'état
actuel des technologies et en l'absence de grands sites hydrauliques
susceptibles d'être aménagés, apparaît
complètement illusoire.
Voilà pourquoi la construction à Flamanville d'un
premier réacteur de nouvelle génération,
l'EPR, apparaît pleinement justifiée. En plus de
l'électricité qu'il produira, cet EPR permettra
de tester le nouveau «produit», étape indispensable
avant de lancer sa construction en série, vers 2015-2020,
pour remplacer nos réacteurs les plus anciens. Ainsi pourra-t-on
préparer dans les meilleures conditions l'avenir technique
et industriel de notre parc nucléaire et garantir la continuité
de notre approvisionnement en électricité... sans
C02.
(1) Soit environ 10 % des rejets anthropiques mondiaux de CO2... et 20% des tonnages qu'il faudrait économiser (selon le GIEC).
Politis, 15/03/2007:
L'heure est à la mobilisation pour les opposants aux cinquante-huit réacteurs nucléaires implantés dans l'Hexagone. Car la construction du dernier-né de la fratrie, le « réacteur à eau pressurisée » (EPR en anglais) de Flamanville, dans la Manche, est sur les rails. Bien décidé à stopper le projet, dont les travaux ont commencé en juillet 2006, le collectif Stop EPR (http://www.stop-epr.org ) organise une grande mobilisation nationale le 17 mars, à 14 h, dans les villes de Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon et Toulouse. « Cassons le verrou de l'EPR pour empêcher la relance du nucléaire en France », exhorte le collectif, qui en profite pour tordre le cou aux arguments distillés par les pro-nucléaire.
Ainsi, selon lui, la France n'a pas besoin d'un nouveau réacteur nucléaire : « Elle produit déjà davantage d'électricité qu'elle n'en consomme. Plus de 16 % de l'électricité, soit la production de dix réacteurs nucléaires, est exportée à perte à l'étranger. » Fustigeant l'absence de véritable consultation publique sur le projet, Stop EPR rappelle qu'« avant le débat public sur l'EPR, EDF avait déjà décidé de sa construction ». « Aussi dangereux que les réacteurs nucléaires actuels », l'EPR est sujet aux accidents. Il produit des déchets nucléaires et des rejets radioactifs, et reste vulnérable aux attentats. « Il n'y a toujours pas de solution à ces risques », insiste le collectif.
L'argument de la création d'emploi, carte maîtresse dans l'argumentaire des pro-EPR, est lui aussi démonté. Les 3,3 milliards d'euros que coûtera le réacteur « pourraient être utilisés pour produire autant d'électricité avec les énergies renouvelables et créer quinze fois plus d'emplois ». Autre dommage collatéral, le réacteur « va accaparer une grande part des investissements liés à l'énergie et tuera donc dans l'oeuf toute véritable politique de sobriété énergétique et de développement massif des énergies renouvelables ». Autant de bonnes raisons pour sortir les banderoles le 17 mars.
15/03/2007 - Les organisations de défense de l'environnement appellent samedi à défiler dans cinq villes de France pour interpeller les candidats à la présidence sur le projet d'EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération à Flamanville (Manche), qu'elles jugent "inutile et dangereux". Les manifestants, qui entendent peser sur le débat électoral à cinq semaines du premier tour de la présidentielle, doivent se retrouver à 14H00 à Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse à l'appel du collectif Stop-EPR, qui regroupe près d'un millier d'associations dont le Réseau Sortir du nucléaire, Greenpeace, Agir pour l'environnement, les Amis de la terre, le WWF et le Réseau Action climat.
Pour le collectif, "les candidats à la présidence doivent s'engager dès maintenant à abandonner le projet EPR qui marquerait la relance du nucléaire pour les cent prochaines années". La construction de la nouvelle centrale, sur laquelle l'Autorité de sûreté nucléaire a rendu début mars un avis favorable, doit débuter en décembre 2007. Les ONG reprochent à l'Etat d'être prêt à investir dans l'EPR au minimum 3,3 milliards d'euros alors que, selon Greenpeace, "la France n'en a pas besoin pour satisfaire sa consommation d'énergie".
L'altermondialiste José Bové,
Dominique Voynet (Verts) et Olivier Besancenot (LCR) ont exprimé
leur opposition au projet. Ségolène Royal (PS) et
François Bayrou (UDF) ont déploré l'absence
de véritable débat sur le projet et souhaité
une remise à plat de la réflexion, comme Nicolas
Hulot qui souhaite un moratoire. En revanche, Nicolas Sarkozy
a fait valoir que les seules énergies renouvelables ne
sauraient remplacer le nucléaire. En France, l'énergie
nucléaire assure 78% de la production d'électricité
(en 2005), contre 16% dans le monde et 32% en Europe.
Selon l'Eurobaromètre 2007 qui mesure les humeurs des citoyens
européens, 61% d'entre eux souhaitent que cette part diminue,
et 59% des Français.
L'EPR, conçu pour une durée de vie minimale de 60 ans, est destiné à prendre le relais d'une bonne partie des 58 réacteurs actuels, dont la plupart ont été mis en service dans les années 1980. Il doit permettre de faire le lien avec la future gérénation (la quatrième) qui ne sera prête qu'à partir de 2030. Pour ses concepteurs - un consortium franco-allemand Siemens/Framatome-ANP (Areva) - l'EPR permettra une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets, ce que contestent les anti-nucléaires qui y voient une technologie déjà obsolète.
Les partisans du nucléaire font aussi valoir son taux d'émission pratiquement nul de gaz à effet de serre (GES) à l'heure où l'UE s'engage dans la lutte contre changement climatique en se fixant une réduction de 20% de ses GES d'ici 2020. "Si l'on considère qu'un quart de l'humanité n'a pas accès à l'électricité, comment pourra-t-on à la fois augmenter la production d'énergie et réduire les émissions de CO2 (le dioxyde de carbone émis en quantité par les énergies fossiles, pétrole et charbon surtout)?", interroge Bertrand Barré, professeur émérite à l'Institut des Sciences et techniques nucléaires et président du Conseil International des Sociétés Nucléaires.
Reste que "la part des énergies renouvelables a constamment baissé ces dernières années en France, alors qu'elle a augmenté dans les pays qui reposaient auparavant sur le fossile", note Gaétan Fauvet de l'Observatoire des énergies renouvelables. A l'inverse, "chez nos voisins européens, le chiffre d'affaires des renouvelables a atteint près de 40 mds d'euros en 2005 et double tous les trois ans", souligne Yannick Jadot, de Greenpeace.
Le Télégramme de Brest, 15/03/2007:
Nicole Jaquin et deux autres militants du réseau
sortir du nucléaire devaient quitter Quimper pour Rennes
à vélo, vers 13 h hier, afin de participer à
la manifestation anti-EPR rennaise prévue samedi. Les militants
envisageaient une halte à Brennilis, hier soir, à
proximité de la centrale en cours de démantèlement.
L'association Sortir du nucléaire de Cornouaille lance
d'ailleurs une souscription publique destinée à
« financer une contre-expertise indépendante afin
de contribuer à faire la lumière sur la contamination
radioactive » de l'ancienne installation nucléaire.
Le coût de l'étude a été évalué
hier par Nicole Jaquin «à environ 4000 ¤».