Extrait d'Infos Dieppoises, 22 novembre
2002:
[Photos rajoutées par Infonucléaire]
Jacky Bonnemains, président de l'association écologiste Robin des Bois, n'a pas manqué l'occasion d'évoquer « l'affaire Bayard » de Saint-Nicolas-d'Aliermont et a sans conteste jeté un froid dans l'assistance.
Les ateliers de fabrication... et d'application de peintures radioluminescentes
au radium, ou au tritium sur des cadrans et des aiguilles d'horlogerie
« Il s'agit d'une usine dont l'activité
était la fabrication de réveils matins et de cadrans
pour l'aviation et où il était fait usage de peintures
luminescentes contenant des produits radioactifs : radium
et tritium. Après la liquidation de l'entreprise par le
tribunal de commerce d'Eu Le Tréport, c'est seulement après
une longue série de procédures administratives que
l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(Andra) intervient sur le site. L'opération révèle
la présence d'une contamination au radium tant à
l'intérieur, qu'à l'extérieur des locaux,
l'Andra décide alors d'effectuer des travaux d'assainissements
», rappelle-t-il, avant d'ajouter avec virulence :
« A l'issue des travaux, de nombreux déchets industriels
sont restés disséminés sur l'ensemble du
site.
Compte tenu de l'enclavement de celui-ci en zone pavillonnaire et de l'intrusion fréquemment constatée d'une population sensible, notamment des enfants et des adolescents, la situation est intenable », s'agite-t-il.
.
Vue actuelle des bâtiments de l'ancienne usine des réveils
Bayard à Saint-Nicolas d'Aliermont (Seine Maritime).
Le sous préfet de Dieppe, Louis Michel Bonté lui
répond par l'action en s'engageant à ce que «
des barrières de protection soient réinstallées
autour du site ».
D'autres photos des bâtiments sont disponibles sur le site web www.thomas-boivin.fr
De son côté, Paul Caron, adjoint au maire de Saint-Nicolas et président de la commission locale d'information (CLI) de Paluel et Penly jusqu'en mars 2001 demande « que tout soit rasé pour la construction d'un parking poids lourds. » « Des précautions particulières sont à prévoir lors de la phase de démantèlement des bâtiments. Les opérations doivent impérativement s'accompagner d'un suivi radiologique et de mesures particulières pour la protection des travailleurs », répond Jacky Bonnemains."
Paris-Normandie,
7 janvier 1994:
Saint-Nicolas-d'Aliermont
- les grands moyens contre le radium
Quelques exemples de cadrans lumineux:
Réveil de voyage Timex, mesure
en nombre de coups par minute à environ 2,5 cm.
Réveil de voyage Phillips fabriqué en Corée
en 1957, mesure à environ 2,5 cm.
Pendule électrique (japonaise ou chinoise), mesure bien
en face à 2,5 cm jusqu'à 5 037 coups par minute!
Extrait du journal de la Criirad,
Trait d'Union n°39, février 2008, lire: "Signalisation
facultative et peu explicite !".
Extrait de Sciences et Avenir n°180, février
1962.
Les ravages [de la radioactivité
dans l'industrie] se manifestent pour la première fois
chez des ouvrières américaines qui appliquent sur
des cadrans de montres une substance lumineuse au radium qui avait d'ailleurs déjà fait une victime :
en effet, en 1915, Sabin von Sochocky, un médecin américain
peintre du dimanche, a mis au point cette peinture lumineuse qui,
selon lui, « convient particulièrement à
la représentation des clairs de lune ou des scènes
hivernales ; je suis convaincu qu'un jour un grand artiste
se fera un nom... en peignant des tableaux uniques, particulièrement
beaux dans le noir ou la pénombre ». Cette joie
esthétique ne lui sera pas accordée : il meurt
en 1928, à l'âge de quarante cinq ans, d'un empoisonnement
au radium. Néanmoins, il assistera avant sa mort au désastre
que cause son succès commercial.
Von Sochocky a fondé en 1915 la Radium Luminous Material
Company, dans le New Jersey, et monté une affaire florissante
de décoration de cadrans de montres. On trouve parmi ses
autres produits des interrupteurs, des crucifix et des tableaux de bord pour les avions de la
Première Guerre mondiale.
Tout cela se vend fort bien. A son usine d'Orange, dans le New Jersey, il emploie deux cent cinquante ouvrières.
L'usine d'Orange en 1920.
Celles-ci travaillent dans une vaste salle commune éclairée par de très hautes fenêtres, qu'elles appellent « l'atelier ». Le travail n'est pas particulièrement pénible et il règne une franche camaraderie, surtout pendant les années de guerre. Certaines jeunes femmes trouvent la peinture si jolie qu'elles s'amusent à se peindre les dents pour les faire briller dans le noir.
Les ouvrières tracent des divisions horaires sur les cadrans. Après avoir plongé leur pinceau dans la peinture jaune vif, elles ont l'habitude de le sucer pour l'épointer. Chaque fois qu'elles portent cette peinture à leur bouche, elles avalent une [petite] quantité [...] de radium. A la fin de 1924, le médecin départemental du New Jersey est convaincu que le radium est la cause d'une étrange épidémie qui s'est déclarée à l'atelier et a fait déjà neuf victimes. Les examens effectués par le praticien indiquent qu'au lieu de traverser le corps, le radium s'est logé dans les os qu'il a progressivement rongés en émettant des particules nocives alpha et bêta.
Un grand
nombre d'ouvrières travaillent dans cet atelier à
Ottawa, Illinois, en 1925. Les cadrans peints et la peinture contenant
du radium sur leurs bureaux suggèrent qu'une grande quantité
de rayons gamma doit avoir été présente en
permanence. Ainsi, chacune doit avoir reçu une dose externe
due à la peinture et aux cadrans peints en plus de la dose
interne (radium ingéré).
La taille de l'industrie des cadrans lumineux dans les années
1920 peut être estimée par le nombre d'entreprises
achetant des composés lumineux provenant de l'U.S. Radium
Corporation et de la Radium Chemical Company... près
de 120 entreprises ont acheté de la peinture lumineuse.
Cinq ouvrières de l'usine d'Orange
attaquent leur employeur en dommages et intérêts
(voir les
coupures de Presse). Il faut transporter jusqu'à la
barre de malheureuses infirmes dont les mâchoires ou la
colonne vertébrale sont rongées par le mal et les
jambes atrophiées.
Un cas grave de "mâchoire au Radium".
Pendant le procès, au printemps de 1927, il y a de nouveaux décès. Les ouvrières deviennent « la légion maudite ». L'affaire prend une dimension internationale. De Paris, Marie Curie leur fait parvenir un message de sympathie et le magazine Time, qui vient de naître, déclare « La presse recueille les cinq jeunes mourantes dans son ample giron.
Le récit de leurs tortures arrache les larmes. » Les plaignantes réclament 1 200 000 dollars, mais elles finissent par accepter un accord à l'amiable chacune reçoit la somme de 10 000 dollars, plus 600 dollars de pension annuelle.
Extrait de "Les barons de l'atome", Peter Pringle - James Spigelman, le Seuil, 1982.
Kit
d'aiguilles au radium.
L'U.S. Radium Corporation a vendu un produit appelé Undark, une peinture pour cadran à usage général.
"Pour ceux qui ont envie d'expérimenter Undark ou qui souhaitent éclairer des éléments à la maison, nous fabriquons le "UNDARK Radium Illuminating Set". Il contient une petite quantité matière lumineuse UNDARK au radium, de luminosité moyenne, adaptable à la plupart des applications..." Le prix du kit UNDARK est de 3 $.
Une publicité des années 1930 ou 1940.
Un ameçon luminescent (1909, Pontiac, Michigan).
Un "publi-rédactionnel" sur les peintures luminescentes:
La Science et la Vie n°137, de novembre 1928.
Et une publicité pour les peintures Luna dans ce même magazine de 1928:
La peinture "Luna" était probablement produite par la firme américaine Standard Chemical Company.
Des kits de réparation pour cadrans lumineux des années 40:
"Nite-Write,
1940's vintage watch hands & dial repair kit. The kit
includes two colors of radium filling compound. One green
& one cream. They glow... very nicely. There
are two tins & a small copper spatula."