30/10/2009 - La commission des services publics du Maryland a autorisé vendredi la cession par Constellation Energy Group à EDF d'une participation dans sa filiale nucléaire, mais sous plusieurs conditions.
L'une d'elles est un paiement ponctuel de 110,5 millions de dollars aux usagers de la société de services aux collectivités de Baltimore. La commission exige également de Constellation qu'il injecte $250 millions de capitaux dans sa filiale Baltimore Gas and Electric (BGE) et qu'il prenne des mesures de précaution pour BGE s'il lui arrivait d'être confronté à des problèmes budgétaires.
Constellation a accepté en décembre de vendre près de la moitié de son activité dans le nucléaire à EDF pour $4,5 milliards. Cet accord venait en rompre un précédent passé avec MidAmerican Energy Holdings, une société de Warren Buffett, qui avait renfloué la société, victime d'une crise de liquidités, en septembre.
Constellation et EDF espéraient éviter de passer par la procédure de la commission mais les autorités de tutelle avaient décidé en juin que Constellation avait besoin de son feu vert avant de procéder à la vente.
La commission a enfin demandé aux deux sociétés de lui faire savoir d'ici au 6 novembre si elles avaient l'intention de mener à bien la transaction. Constellation et EDF ont dit qu'ils examinaient la décision de la commission. Constellation a également annoncé ce vendredi un bénéfice net de $137,6 millions au troisième trimestre contre une perte de $225,7 millions un an auparavant.
Les Echos, 28/9/2009:
Vendredi, la commission de service public du Maryland a annoncé qu'elle voulait de nouveau auditionner les représentants d'EDF et de Constellation pour leur projet de coentreprise dans le nucléaire. Son verdict est attendu autour du 16 octobre.
Premier dossier du futur patron d'EDF : l'opération, annoncée en décembre dernier, visant à acheter la moitié des actifs nucléaires de Constellation. Dix mois plus tard, ce projet d'acquisition de 4,5 milliards de dollars, qui visait d'abord à protéger le partenaire américain d'EDF des griffes de Warren Buffett, est toujours en stand-by. Voudra-t-il le mener à bien ?
Si l'électricien a reçu l'essentiel
des autorisations et espère obtenir bientôt celle
du régulateur nucléaire NRC, la commission de service
public du Maryland, l'Etat où se trouve Constellation,
continue de lui chercher des poux dans la tête. Vendredi,
après deux semaines d'auditions, cette commission a annoncé
qu'elle allait inviter de nouveau les représentants d'EDF
et de Constellation à défendre leur projet. Elle
est toujours censée rendre son verdict autour du 16 octobre.
Des concessions importantes
Cette instance s'inquiète du risque « d'une potentielle influence substantielle » du groupe français sur Baltimore Gas and Electric (BGE), filiale de Constellation. Elle redoute qu'EDF vienne siphonner cette activité régulée - et donc ses usagers - pour financer les investissements dans le nucléaire.
EDF et Constellation n'avaient pas prévu une telle résistance de l'Etat du Maryland et encore moins l'intrusion de la commission de service public dans le processus. Les risques sont gros. Cette dernière pourrait imposer à l'électricien français des concessions importantes en termes financier et de gouvernance. Dans sa volonté de protéger l'entité régulée, elle pourrait par exemple imposer des dotations au capital ou des règles de distribution de dividende contraignantes, voire la nomination d'administrateurs indépendants supplémentaires.
Le groupe français, par ailleurs actionnaire de Constellation à hauteur de 8,5 %, n'est pas prêt à accepter n'importe quelle condition. S'il estime inacceptables celles imposées par la commission, il envisage non seulement de suspendre l'opération, mais aussi d'annuler son projet de réacteur nucléaire sur le site de Calvert Cliffs. Sa stratégie internationale, jusqu'à présent, repose en effet sur l'idée que le nouveau nucléaire doit être financé par le nucléaire existant. L'abandon de l'opération pourrait coûter plusieurs centaines de millions de dollars à EDF et Constellation.
5/5/2009 - Le producteur américain d'électricité Constellation Energy est resté dans le rouge au premier trimestre, sous l'effet de provisions exceptionnelles, mais a assuré que son rapprochement avec le français EDF dans le nucléaire suivait le calendrier prévu. "Le processus d'approbation de notre société commune dans le nucléaire avec EDF avance régulièrement. (....) Nous espérons toujours finaliser cette transaction au troisième trimestre", a indiqué le groupe. EDF avait conclu en décembre un accord avec Constellation Energy pour acquérir la moitié de ses activités nucléaires pour 4,5 milliards de dollars. Sur les trois premiers mois de l'année, Constellation Energy a perdu 123,5 millions de dollars, alors qu'il avait été bénéficiaire de 145,7 millions de dollars un an plus tôt. Il avait perdu 1,4 milliard au quatrième trimestre. Le groupe de Baltimore (Maryland, est des Etats-Unis) a expliqué pour l'essentiel ces nouvelles pertes par le coût de la rupture avec son concurrent MidAmerican, une société de l'investisseur Warren Buffett, avec lequel il avait prévu de fusionner avant de se faire séduire par EDF. Le groupe prévoit toutefois de dégager un bénéfice par action, tant au titre de l'année en cours, que de la suivante, selon son communiqué.
Enviro2b.com, 14/5/2008:
Alors que le pétrole flambe et que l'objectif est de réduire les émissions polluantes dues aux centrales au charbon par exemple, l'atome possède certains atouts qui pourraient séduire les Américains. Pour le quotidien américain "Wall Street Journal" paru lundi, "la construction d'une nouvelle génération de centrales nucléaires est actuellement à l'étude aux Etats-Unis.
Mais, la valse des prix est inquiétante". Selon le journal, une centrale nucléaire coûte entre 5 et 12 milliards de dollars, soit deux à quatre fois plus que les estimations faites il y a quelques mois.
Vers une forte hausse de l'électricité. Le quotidien américain craint que la hausse du coût des centrales nucléaires, qui fait suite notamment à l'augmentation du prix du ciment, de l'acier et du cuivre, et à un manque de main d'oeuvre qualifiée et spécialisée dans l'atome, entraine une forte hausse du prix de l'électricité au pays de l'Oncle Sam.
Le "Wall Street Journal"
a précisé si la marge d'exploitation des 104 réacteurs
nucléaires actuellement en service aux Etats-Unis était
bénéficiaire, ceci était du au fait que la
majorité d'entre eux ont été vendus aux opérateurs
à un prix inférieur à leur coût initial
de construction.
Le Monde, 16/9/05:
Anne Lauvergeon, la présidente du groupe nucléaire Areva, nourrit de grandes ambitions pour "son" EPR, le réacteur à eau pressurisée dit de "troisième génération". Elle a franchi une étape importante en annonçant, jeudi 15 septembre, la création d'une société commune avec la compagnie d'électricité américaine Constellation Energy. Baptisée UniStar Nuclear, elle sera chargée de "lancer commercialement aux Etats-Unis le premier parc de réacteurs de nouvelle génération" , dont le premier pourrait être mis en service en 2015.
Sur le marché américain (mais aussi chinois), le groupe français est en concurrence avec la technologie de General Electric et le réacteur AP1000 de Westinghouse Electric, société américaine aujourd'hui mise en vente par le groupe public britannique British Nuclear Fuels (BNFL). Une concurrence féroce qui a convaincu les dirigeants d'Areva que le meilleur moyen d'assurer un avenir américain à l'EPR - de la certification à l'exploitation - était une alliance avec un grand électricien local.
UniStar permettra ainsi de développer des joint-ventures entre Constellation, d'autres entreprises du secteur de l'énergie et tous les acteurs de la filière nucléaire.
Constellation (12,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires) n'a pas encore officiellement annoncé la construction de nouveaux réacteurs, mais a clairement indiqué que son choix se portera sur l'EPR. Areva lui livrera alors l'îlot nucléaire (le coeur du système), le contrôle-commande et le premier chargement de combustible.
"Un parc d'au moins quatre EPR -1 600 MW chacun- pourrait être initialement installé sous l'égide d'UniStar Nuclear" , précise Areva. Opérateur du futur parc, Constellation en détiendrait les licences d'exploitation. Dominique de Villepin, le premier ministre, a salué "un succès pour la France et pour l'entreprise Areva, qui témoigne de la qualité de nos technologies et des relations franco-américaines" .
Le groupe français reconnaît que l'implication financière de Constellation reste, pour le moment, "limitée au développement des activités commerciales" . Areva et son partenaire américain ont attendu le vote définitif de la loi sur l'énergie, le 29 juillet, pour pousser leur avantage. Début mai, Constellation avait déjà demandé à l'autorité de sûreté nucléaire américaine (la NRC) d'inclure l'EPR dans son programme de certification, qui devrait durer plusieurs années. Puis l'administration Bush avait accepté que l'EPR puisse bénéficier, comme ses concurrents américains, de l'assurance fédérale couvrant les constructeurs des 6 premiers réacteurs contre les risques d'un changement réglementaire.
Depuis 1978, aucune tranche n'a été commandée aux Etats-Unis, marqués par l'accident dans la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie) en mars 1979. Le pays dispose d'un parc de 104 réacteurs assurant 21 % de sa production électrique. La durée de vie d'une soixantaine d'entre eux a été ou va être prolongée, et Areva a obtenu près de la moitié du marché des grands composants remplacés (couvercles de cuve, générateurs de vapeur...).
Mais George Bush veut aller au-delà et plaide pour une véritable relance du nucléaire. "Plus d'énergie nucléaire rendra notre nation plus sûre et moins polluante. Il est temps pour ce pays de commencer à nouveau à construire des centrales nucléaires" , déclarait le président américain, le 22 juin, lors d'une visite de la centrale de Calvert Cliffs (Maryland). Le choix du lieu n'est pas un hasard, puisque ce site est exploité par Constellation Energy. Les experts notent cependant que c'est la compétitivité du nucléaire par rapport au charbon et au gaz qui décidera de l'ampleur de sa relance aux Etats-Unis.
La Chine est l'autre marché prioritaire d'Areva, qui attend pour les prochains mois le choix de Pékin pour la construction de 4 réacteurs. Le numéro 1 mondial du nucléaire espère aussi décrocher la tranche supplémentaire que la Finlande pourrait annoncer.
Jean-Michel Bezat
Le Monde, 13/5/05:
Areva vient de marquer un point aux Etats-Unis, où le groupe français a de grandes ambitions. Le producteur d'électricité Constellation Energy a demandé à l'autorité de sûreté nucléaire américaine, le 4 mai, d'inclure l'EPR (réacteur de troisième génération) dans son programme de certification. C'est une porte qui s'ouvre, au moment où l'administration Bush affirme sa volonté de relancer le nucléaire dans un pays qui n'a pas construit de centrales depuis les années 1970. (Lire: "La leçon de Harrisburg")
Areva, numéro un mondial de l'industrie nucléaire, a déposé le 24 mars un dossier auprès de la Commission de régulation nucléaire (NRC). La compagnie de Baltimore (Maryland) juge que l'option EPR est "viable" et son soutien est le bienvenu, même s'il est encore prématuré, pour elle, de prendre une décision d'achat.
Construire un EPR outre-Atlantique marquerait une étape capitale dans le développement d'Areva. Jusqu'à présent, le groupe occupe des segments de marché américain où il est seul à retraiter du plutonium (le Mox) et où il jouit d'une réputation d'excellence dans la fabrication de composants pour la prolongation de quarante à soixante ans de la durée de vie des centrales américaines ou pour le stockage des déchets (projet Yucca Mountain). Areva y réalise déjà 20 % de son chiffre d'affaires.
Sa présidente, Anne Lauvergeon, multiplie donc les contacts avec l'administration et le monde de l'énergie. "L'EPR convient très bien au marché américain" par sa taille, sa puissance (1 600 MW) et sa sûreté, assure-t-elle : ce serait le seul réacteur capable de résister à l'attaque d'un avion (non, non et non!). Un argument de poids face aux concurrents, General Electric et Westinghouse.
Areva aimerait construire un premier EPR entre 2010 et 2015, après ceux déjà été commandés en Finlande et en France. Et peut-être ceux que choisira la Chine, qui doit désigner, courant 2006, la ou les sociétés retenues pour la construction de quatre nouveaux réacteurs.
Jean-Michel Bezat
Lire: "Nucléaire : la double manipulation" et "EPR: il est urgent d'attendre"
28/4/2005 - Le président George W. Bush et les responsables républicains au Congrès ont fait du nucléaire l'un de leurs grands chevaux de bataille pour réduire la dépendance énergétique grandissante des Etats-Unis mais cette volonté est confrontée à d'énormes obstacles financiers, réglementaires et politiques.
Si le nucléaire génère encore un cinquième des besoins en électricité des Etats-Unis avec 103 réacteurs, aucune centrale n'a été construite depuis l'accident de Three Mile Island (Pennsylvanie, est) en 1979, qui a créé une suspicion durable dans le public.
Revenant à la charge mercredi, alors que la flambée des prix de l'essence commence à entamer sa popularité, le président Bush a affirmé "qu'un approvisionnement en énergie plus sûr aux Etats-Unis doit inclure davantage de nucléaire".
"Le nucléaire fournit environ 20% de l'électricité du pays sans pollution atmosphérique ni émission de gaz à effet de serre", a-t-il insisté devant le groupement des petites et moyennes entreprises américaines.
M. Bush a rappellé que son administration avait lancé en 2001 un programme baptisé: "Energie Nucléaire 2010" doté d'une enveloppe de 1,1 milliard de dollars visant à construire de nouvelles centrales d'ici la fin de la décennie.
Mais ces propositions, comme l'ensemble du projet présidentiel pour réduire la dépendance énergétique des Etats-Unis, sont toujours bloquées au Sénat. Seule la Chambre des représentants où la majorité républicaine est plus importante, a déjà voté ces mesures.
Sans de véritable réforme des procédures complexes et interminables d'octroi de permis d'exploitation pour de nouveaux réacteurs nucléaires et en l'absence d'un site centralisé de traitement des déchets radioactifs, l'industrie nucléaire à peu de chance de connaître un nouvel essor, selon les experts du secteur.
A ces obstacles déjà importants, s'ajoute celui du coût élevé de construction d'une centrale estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars.
"Le programme proposé par l'administration ne répond pas à l'ensemble des défis auxquels nous sommes confrontés", a déclaré cette semaine devant une commission du Sénat, Michael Wallace, directeur général de Constellation Group, un important producteur d'électricité.
"L'administration devra réussir à faire passer au Congrès un ensemble d'incitations suffisamment importantes pour relancer l'industrie du nucléaire car le vrai problème est économique", selon Pietro Nivola, spécialiste de la politique de l'énergie à la Brookings Institution, un institut privé de recherche.
L'industrie insiste aussi pour que la loi dite Price-Anderson, qui plafonne les dommages payés par les industriels en cas d'accident nucléaire, soit étendu aux futures centrales.
Certains analystes comme Jerry Taylor du CATO Institute, centre de recherche privé, jugent insuffisant l'accroissement de la demande d'électricité pour encourager la construction de centrales nucléaires.
Selon lui, les compagnies électriques préfèrent construire des centrales plus petites et moins chères fonctionnant au gaz naturel pour satisfaire les poussées saisonnières de la demande.
En outre, contrairement au charbon, la combustion du gaz naturel ne produit pas d'oxyde de carbone qui contribue au réchauffement atmosphérique, permettant aux industriels de plus aisément se conformer à la législation fédérale qui limitent ces émissions.
Environ 50% de l'électricité proviennent de centrales au charbon aux Etats-Unis où les réserves sont estimées à plus de 250 ans.
Mais le recours croissant au gaz naturel fait monter les prix de cette source d'énergie longtemps bon marché et augmente la dépendance des approvisionnements extérieurs.
Les Etats-Unis verront passer leurs importations pétrolières de 55% à 68% en 2025 contre 37% en 1980. Au total, ils dépendront de l'étranger pour 38% de tous leurs besoins énergétiques en 2025, selon les projections officielles.