La Provence, 1/11/2009:
Les incidents survenu le mois dernier au Centre d'énergie atomique de Cadarache (découverte de plusieurs kilos de plutonium [Rappel: 1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer !] dans des caissons) ont animé le colloque sur "les risques sanitaires du nucléaire", organisé à Marseille par le réseau Sortir du nucléaire (840 associations). "Les risques sanitaires existent en cas d'accident, mais aussi dans le fonctionnement normal d'un site nucléaire qui rejette des polluants chimiques et radioactifs très toxiques", affirme Isabelle Taitt, co-responsable du réseau. "Ces rejets sont légaux car ils répondent à des normes internationales, mais pas légitimes car ils sont un problème pour la santé", ajoute Roland Desbordes, président de la Criirad, Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité. Les militants demandent une "révision des normes", une "interdiction des rejets", voire pour certains "l'abandon du nucléaire", qui produit 78% de l'électricité française.
28/10/2009 - Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel Vauzelle, a indiqué mercredi qu'il demanderait "la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la transparence dans l'industrie et la sécurité nucléaires" après des incidents sur le site de Cadarache.
M. Vauzelle, également député, a annoné dans un communiqué qu'il déposerait "dans les prochains jours une proposition de résolution sur le bureau de l'Assemblée nationale, visant à obtenir la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la transparence dans l'industrie et la sécurité nucléaires".
Il demande d'"ores et déjà au gouvernement un point précis sur la situation des sites nucléaires qui concernent Provence-Alpes-Côte d'Azur", poursuit le communiqué.
Après la constatation d'écarts importants entre la quantité de plutonium récupérée et celle préalablement estimée au sein de l'atelier de technologie du plutonium (ATPu), le CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône) a fait état dimanche d'une rétention d'uranium supérieure à la limite autorisée dans une autre structure en cours d'assainissement.
"Cet incident particulièrement grave rappelle une nouvelle fois que le nucléaire est une industrie sensible, qui expose notre région et ses habitants à des risques majeurs nécessitant une vigilance toute particulière", réagit Michel Vauzelle, estimant que "les autorités compétentes ont le devoir de rassurer les citoyens dans la plus grande transparence".
L'élu demande donc au gouvernement "d'informer les élus et la population très précisément sur la situation des différents sites nucléaires qui présentent un risque pour notre région, son environnement et ses habitants".
La rétention d'uranium, signalée jeudi par le CEA à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), devrait atteindre 10 kg dans une cellule blindée de 130 mètres cubes de la Station de traitement, d'assainissement et de reconditionnement (STAR), soit 6 kg de plus que la limite autorisée.
L'ASN avait classé au niveau 2 de l'échelle Ines (qui en compte 7) l'incident de l'ATPu signalé début octobre.
25/10/2009 - Le réseau "Sortir du nucléaire" a prédit de "nombreuses autres mauvaises surprises" à venir sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), dans un communiqué publié dimanche.
Ce collectif d'associations réagissait à l'annonce par le Commissariat à l'Energie atomique (CEA) qu'un dépôt d'uranium enrichi supérieur à la limite autorisée avait été retrouvé sur son site de Cadarache dans une cellule destinée à traiter des combustibles issus de réacteurs nucléaires.
Cette constatation survient peu après la décision de l'Autorité de Sûreté nucléaire de classer au niveau 2 de l'échelle [médiatique] Ines (qui en compte 7) un incident survenu également à Cadarache concernant des stocks sous-évalués de plutonium dans une installation ayant eu pour activité principale la production de combustible MOX pour les réacteurs nucléaires.
"Il est important que les citoyens, en particulier les habitants de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), sachent que le site de Cadarache contient de nombreuses autres installations nucléaires dont la plupart sont obsolètes et réservent assurément de très mauvaises surprises", affirme "Sortir du nucléaire".
"La problématique est assurément la même dans divers autres sites, et en particulier dans les autres sites nucléaires +monstrueux+ que sont Marcoule (Gard), Tricastin (Drôme/Vaucluse) et La Hague (Manche)", ajoute le réseau d'associations.
Selon lui, le CEA, Areva et EDF ont construit en France, depuis 50 ans, "d'innombrables installations nucléaires qui sont aujourd'hui dans un grave état de délabrement, qui contiennent des quantités souvent indéfinies de diverses matières nucléaires, et qui font courir le risque de graves accidents nucléaires".
25/10/2009 - Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a annoncé dimanche qu'un dépôt d'uranium enrichi supérieur à la limite autorisée avait été retrouvé sur son site de Cadarache (Bouches-du-Rhône) dans une cellule destinée à traiter des combustibles issus de réacteurs nucléaires.
Dans le cadre d'un bilan de la rétention de matière dans les installations faisant l'objet d'assainissement, le CEA a constaté une rétention d'uranium légèrement enrichi (enrichissement inférieur à 1,65%) de 10 kg dans la cellule blindée C1 de l'installation STAR (station de traitement, d'assainissement et de reconditionnement, soit un écart de 6 kg avec la limite autorisée fixée à 4 kg.
"Cette cellule a servi entre 1994 et 2006 à conditionner une vingtaine de tonnes de combustibles usés issus de la filière UNGG (Uranium Naturel Graphite Gaz) pour leur permettre d'entrer dans une filière de gestion des déchets nucléaires", indique le communiqué.
L'incident qui, assure le CEA, n'a entraîné à "aucun moment" de risques pour le personnel, la population avoisinante, ou l'environnement, a été signalé jeudi à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Le CEA a proposé de classer cet incident au niveau 1 sur une échelle [médiatique] spécifique qui en compte sept (Ines).
Le Figaro, 22/10/2009:
Auditionnée mercredi à l'Assemblée, l'Autorité de sûreté nucléaire a livré le dossier à la justice.
L'incident survenu dans l'enceinte de l'ancien Atelier de technologie du plutonium (ATPu) basé à Cadarache continue de faire des vagues. «C'est une affaire sérieuse que l'ASN (l'Autorité de sûreté nucléaire) a traité avec sérieux», a souligné Marie-Pierre Comets, commissaire de l'ASN, lors de son audition par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale.
Le 5 octobre dernier, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et Areva ont informé l'ASN que les quantités de poudre de plutonium déposées à l'intérieur de l'ATPu étaient cinq fois plus importantes que celles initialement calculées par ses ingénieurs avant le démantèlement (39 kg au lieu de 8 kg). Le CEA avait fait ce constat dès le mois de juillet dernier, mais, contrairement à la réglementation, il a attendu trois mois et demi avant d'en avertir l'ASN.
L'ASN a classé cet incident au niveau 2 de l'échelle Ines, qui en compte 8, et a immédiatement décidé de stopper toute opération de démantèlement. En effet, le plutonium est une matière radioactive qui présente un risque de réaction en chaîne en présence d'eau ou de produits hydrogénés (risque de criticité). Un risque imprévisible et difficile à contrôler, sans impact sur l'environnement mais qui, en revanche, peut mettre en danger la vie du personnel.
Or, dans l'une des boîtes à gants de l'ATPu avec lesquels les employés du CEA mélangeaient les poudres d'uranium et de plutonium pour fabriquer du Mox, les inspecteurs de l'ASN et les experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont évalué la masse de plutonium à près de 10 kg. Il aurait suffi de 11 kg pour qu'un accident de criticité puisse se produire.
Mercredi, l'ASN a été auditionnée à l'Assemblée nationale. Les députés, qui ont fait part de leur inquiétude, devraient entendre prochainement les industriels mis en cause - le CEA et Areva. Ils pourraient lancer une commission d'enquête parlementaire. «Cette affaire révèle une erreur d'appréciation, une série de dysfonctionnements et un manque de réactivité de la part du CEA qui aurait pu entraîner une réaction catastrophique», a estimé Serge Grouard, député UMP du Loiret.
Le voile n'est pas levé
L'affaire est aussi entre les mains de la justice. L'ASN a adressé le procès-verbal du retard d'information du CEA au procureur de la République d'Aix-en-Provence qui a ouvert une enquête préliminaire. Le dossier est complexe et les explications de l'ASN n'ont pas levé le voile. Beaucoup de questions restent en suspens. Comment le CEA a-t-il pu sous-évaluer les dépôts de plutonium dans de telles proportions ? Pourquoi n'a-t-il pas averti immédiatement l'ASN ?
Autre question essentielle : le risque de criticité était-il réel ? Difficile à savoir pour l'heure. Le CEA assure que non. Comme l'exige la réglementation, en effet, toutes les modalités de démantèlement de l'ATPu prévoient de nombreuses marges de sécurité. L'ASN et l'IRSN s'accordent pourtant pour dire que ces marges ont été dangereusement grignotées à l'ATPu. L'autorisation de démantèlement d'une installation nucléaire suit toujours le même parcours.
Les procédures sont proposées par l'industriel lui-même, vérifiées ensuite par les experts de l'IRSN et autorisées au final par l'ASN. Elles sont calculées par le logiciel Cristal mis au point conjointement par l'IRSN, le CEA et Areva, qui intègre toute une série de données sur le risque de criticité et des expériences internationales.
21/10/2009 - Des responsables de l'Autorité de Sureté nucléaire (ASN) ont expliqué mercredi, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, n'avoir été informés "oralement" par le Commissariat à l'Energie atomique (CEA) que le 1er octobre d'une sous-estimation de la quantité de plutonium dans un atelier du site de Cadarache (Bouches-du-Rhône).
L'administrateur général du CEA Bernard Bigot avait assuré le 16 octobre devant la presse qu'une "déclaration par voie téléphonique auprès de l'ASN régionale de Marseille" avait été faite en juin.
La "première information orale" a été donnée "le 1er octobre", et le CEA a effectué une "déclaration écrite le 6 octobre", ce qui a entraîné une inspection le 9 octobre, a résumé Marie Comets, commissaire de l'ASN, devant la Commission nationale du développement durable et de l'aménagement du territoire.
"C'est lors de cette inspection" que "nous avons appris que le CEA était au courant depuis juin" de cette sous-évaluation des résidus de plutonium au sein de l'Atelier de Technologie du Plutonium (ATPu), "d'où le procès verbal dressé et transmis au procureur", a-t-elle ajouté.
Lors du démantèlement des 150 premières "boîtes à gants", des enceintes confinées où était fabriqué du combustible MOX, 22 kilos de résidus de plutonium ont été collectés, selon le CEA, qui estime qu'à terme il pourrait y avoir 39 kg de plutonium dans les boîtes à gants, au lieu des huit kg estimés.
L'ATPu a fait "l'objet d'une quinzaine d'inspection au cour des trois dernières années", a précisé le commissaire à l'ASN Marc Sanson, devant les parlementaires. Pour estimer la quantité de résidus de plutonium restant dans les boîtes à gants, on devait se limiter à une "inspection visuelle", parfois "difficile à cause des coins et recoins", compte tenu de l'équipement restant dans ces enceintes "qu'on ne peut pas déplacer", a-t-il reconnu.
Mediapart, 18/10/2009:
Dans la cour du château de Cadarache (Bouches-du-Rhône), ce vendredi 15 octobre, nappes blanches et verres à champagne sont dressés pour fêter les cinquante ans de ce centre de recherche du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), créé par décret le 14 octobre 1959.
Mais, suite à l'incident sur le site révélé le 15 octobre par l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), Christine Lagarde, ministre de l'économie, et Christian Estrosi, ministre chargé de l'industrie, se sont décommandés la veille, prétextant des «obligations professionnelles» en région parisienne.
Et la visite, prévue de longue date, des installations nichées sur une colline boisée tourne à l'exercice de communication et de justification. «On improvise», sourit Patrick Cappe de Baillon, chargé des relations presse du CEA. L'incident porte sur la découverte dans un atelier de technologie du plutonium (Atpu), en cours de démantèlement depuis mars 2009, de 22 kilogrammes de plutonium, sous forme de poussières accumulées pendant ses quarante d'exploitation, alors que le CEA n'en attendait que 8 kilogrammes. Arrêté depuis 2003, cet atelier fabriquait, à partir de plutonium usagé, du combustible Mox pour les réacteurs nucléaires. [Rappel: 1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer !]
Seule la moitié des 300 boîtes à gants étanches où était manipulé le plutonium, ayant été à ce jour assainies, le CEA estime que la quantité totale de plutonium pourrait s'élever à 40 kilogrammes. Connue depuis le mois de juin par le CEA, cette «surcharge» n'a été transmise par écrit à l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) que le 6 octobre. Retard qui témoigne, selon l'ASN, d'une «mauvaise culture de sûreté».
Aussi l'autorité de contrôle a-t-elle classé le 15 octobre, après une visite de contrôle, l'incident au niveau 2, sur une échelle [médiatique] Ines qui en compte 7. «Nous ne nous attendions pas à ça, reconnaît Patrick Cappe de Baillon. Nous pensions que l'ASN allait classer au niveau 1.» L'ASN a également suspendu le démantèlement de l'atelier en question.
17/10/2009 - Les différentes autorités du nucléaire français semblaient vendredi se renvoyer la balle sur leur responsabilité dans le retard mis pour signaler un surplus non-contrôlé de plutonium sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône).
"C'est un mauvais procès que de dire qu'il y a eu trois mois de retard dans la déclaration", a affirmé vendredi sur place l'administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) Bernard Bigot, qui recevait la presse pour fêter les 50 ans du site. "Cette matière n'a jamais été perdue, jamais été ignorée", s'est-il défendu.
L'affaire a gâché l'anniversaire de Cadarache, l'un des principaux sites nucléaires français où sont expérimentés les réacteurs des générations futures. Deux ministres attendus, ainsi que le préfet, ont préféré ne pas se déplacer, ont indiqué des responsables sur place.
Le CEA assure avoir signalé sans délai la sous-estimation de la quantité de résidus de plutonium dans un atelier en démantèlement et renvoie la responsabilité du retard dans la déclaration à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a classé mercredi cet incident au niveau 2 de l'échelle [médiatique] internationale INES, un niveau de gravité qui n'est que rarement atteint (un cas en mars, aucun cas en 2008).
"Il y a bien eu une déclaration par voie téléphonique auprès de l'ASN régionale de Marseille de 7 minutes et demi en juin. Je l'ai fait vérifier hier", a affirmé M. Bigot.
"Généralement, les autorités administratives indépendantes lorsqu'elles sont amenées à porter un jugement, écoutent les différentes parties. J'en suis sûre, elles n'ont pas écouté le CEA", a encore assuré le patron de ce grand organisme de recherche civil et militaire.
Contactée, l'ASN n'avait pas répondu à ces accusations en milieu d'après-midi, vendredi.
Quant au risque d'accident, "c'est évident qu'on était loin des limites", a déclaré le directeur du site de Cadarache, Serge Durand, surpris que l'ASN ait demandé l'arrêt des opérations de démantèlement.
Inauguré en 1964, l'Atelier de technologie du plutonium (ATPu) a produit 345 tonnes de combustible Mox, mélange de plutonium et d'uranium, depuis 1986. Au cours de cette période, des poussières radioactives se sont accumulées dans des recoins totalement inaccessibles, à l'intérieur de 450 "boîtes à gants" ou compartiments étanches servant à manipuler le combustible, a expliqué M. Durand.
Environ 150 boîtes à gants, soit un tiers du total, avaient été démantelées en juin, lorsque les responsables ont constaté que les résidus de plutonium atteignaient 22 kg, au lieu des 8 kg qu'ils avaient prévus de trouver répartis dans les 450 boîtes à gants.
Au total, les dépôts pourraient, selon une nouvelle estimation du CEA, s'élever à 39 kg au sein de l'ATPu en cours de démantèlement depuis mars.
Selon M. Bigot, l'oubli de l'ASN de Marseille "révèle le caractère modeste de l'écart" par rapport aux normes de sûreté en vigueur.
Pour qu'une réaction nucléaire se produise en présence d'eau, qui contient de l'hydrogène, il aurait fallu que 11 kgs de plutonium se trouvent dans une seule boîte à gants, selon Thierry Charles, directeur de la sûreté de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
De son côté, le parquet d'Aix-en-Provence a décidé l'ouverture d'une enquête préliminaire sur la base du procès-verbal dressé par l'ASN et décidera "plus tard de suites à lui donner".
16/10/2009 - Le parquet d'Aix-en-Provence a ouvert une enquête préliminaire, saisi du procès-verbal que lui a fait parvenir l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la suite de l'incident survenu sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
"Nous avons été saisis du PV de l'ASN, nous l'examinons et déciderons plus tard des suites à lui donner", a-t-on indiqué de même source.
L'ASN a décidé mercredi de classer au niveau 2 de l'échelle [médiatique] Ines (qui en compte 7) un incident survenu sur le site de Cadarache concernant des stocks sous-évalués de plutonium, reprochant en particulier au CEA d'avoir attendu le 6 octobre pour signaler officiellement cette sous-estimation connue depuis juin.
L'ASN a ordonné l'arrêt des travaux de démantèlement de cette installation baptisée ATPu qui a eu pour activité principale la production de combustible MOX pour les réacteurs nucléaires. Son activité industrielle a été arrêtée en 2003 et elle était en cours de démantèlement depuis mars 2009.
16/10/2009 - Le réseau Sortir du nucléaire a déposé une plainte en justice vendredi à la suite de la révélation de la présence d'une quantité plus importante que prévu de résidus de plutonium sur le site du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
Cette plainte, dont une copie est parvenue à l'AFP, a été déposée auprès du procureur du Tribunal de grande instance de Marseille pour "exploitation en non-conformité à la réglementation d'une installation nucléaire de base et mise en danger délibérée de la vie d'autrui".
L'Atelier de technologie du plutonium (ATPu) où les dernières estimations font état de la présence de 39 kgs de résidus, contre 8 kilos avant le mois de juin, est une installation nucléaire de base du site du CEA à Cadarache.
Le Réseau sollicite l'ouverture d'une enquête préliminaire afin que soit recherchée "la quantité exacte de plutonium stockée sur le site et dans quelles conditions", "les raisons pour lesquelles l'exploitant a tardé à alerter l'autorité de contrôle" et "si la vie d'autrui et notamment des travailleurs présents sur le site a pu être mise en jeu".
De son côté, le parquet d'Aix-en-Provence a ouvert vendredi une enquête préliminaire pour examiner le procès-verbal de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et décider "plus tard" des suites à donner à l'affaire.
L'ASN a classé l'incident de Cadarache, dont elle a dit n'avoir eu connaissance que le 6 octobre, au niveau 2 de l'échelle [médiatique] internationale INES, qui en compte 7. Le niveau 2 n'avait été atteint qu'une fois cette année lors de la contamination, au mois de mars, d'un travailleur à Toulouse au cobalt 60. Aucun incident de ce niveau ne s'est produit en France en 2008.
L'administrateur général du CEA Bernard Bigot a pour sa part assuré vendredi que la présence en plus grande quantité que prévu des résidus de plutonium avait bien été signalée au bureau de l'ASN de Marseille dès le mois de juin.
15/10/2009 - Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a réclamé mercredi "la transparence la plus complète" après qu'on ait découvert dans un atelier en cours de démantèlement au CEA de Cadarache que la quantité de plutonium entreposé avait été fortement sous-estimée. L'incident, qui aurait été caché plus de trois mois, a été classé au niveau 2 de l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Dans un communiqué, M. Borloo "regrette profondément qu'un tel délai se soit écoulé entre la découverte de cette situation et sa déclaration". "Cette transparence et cette exigence de sécurité sont les conditions incontournables de la fourniture d'électricité d'origine nucléaire. Elles seront respectées", promet-il.
"Nous estimons que la découverte à Cadarache de plusieurs kilos de plutonium ayant échappé à tout inventaire constitue une des situations les plus graves et les plus critiques que l'on ait pu rencontrer dans une installation nucléaire depuis longtemps. C'est tout simplement hallucinant" a réagi le responsable de la campagne énergie/nucléaire de Greenpeace France, Yannick Rousselet. "Uranium de retraitement abandonné en Russie, kilos de plutonium oubliés à Cadarache: comment l'industrie nucléaire ose-t-elle prétendre qu'elle gère ses déchets ?" s'interroge l'organisation écologiste dans un communiqué.
Le CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône) est l'un des neuf centres de recherche du Commissariat à l'énergie atomique.
Exploité par Areva, cet atelier de technologie du plutonium (ATPu), "qui est à l'arrêt définitif et en cours de démantèlement depuis début 2009", précise le ministère de l'Ecologie, "avait pour activité principale la production de combustible MOX pour des réacteurs nucléaires" mais son démantèlement avait été décidé "car le niveau de sûreté ne correspondait plus aux exigences attendues aujourd'hui".
Rappel: Le Monde, 6/10/2004: L'usine de Cadarache peut-elle traiter le plutonium américain
alors qu'elle est jugée "vulnérable"aux
séismes ? C'est ce qu'aura à juger le Conseil d'Etat,
qui a été saisi, vendredi 1er octobre, par l'association
environnementale Tchernoblaye. Celle-ci base son argumentation
sur le fait que l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN, précédemment Direction de la sûreté
nucléaire DSIN) demande depuis 1995 la fermeture
de l'atelier ATPu (Atelier de technologie du plutonium) de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) en raison de sa faible capacité
de résistance aux séismes. Or la région
est sujette à des tremblements de terre importants, atteignant
le degré 8 sur l'échelle MSK, et dont la périodicité
est de l'ordre du siècle. Le dernier séisme important
s'y est produit en 1913. Dans son rapport d'activité de
2002, l'ASN résume la situation : l'ATPu, dans lequel
doit être traité le plutonium américain,
est "une installation relativement ancienne, située
près d'une faille sismiquement active, la faille de la
Durance. La tenue des structures de l'ATPu n'a pas été
démontrée en cas de séisme." Hervé Kempf |
Le CEA Cadarache a informé l'ASN le 6 octobre que les dépôts de plutonium dans les boîtes à gants, qui permettent d'accéder de façon sécurisée à une enceinte de confinement dans laquelle est mise en oeuvre de la matière nucléaire, avaient été sous-évalués, explique l'Autorité. "Evalués à environ 8kg pendant la période d'exploitation de l'installation, les dépôts récupérés à ce jour sont, selon le CEA, de l'ordre de 22kg et le CEA estime que la quantité totale pourrait s'élever à près de 39kg", précise l'ASN.
Greenpeace rappelle par la voix de Yannick Rousselet que c'est "une matière si dangereuse qu'elle doit être réglementairement mesurée au gramme près", et s'étonne "qu'on découvre dans un vieil atelier fermé depuis six ans de quoi faire environ cinq bombes nucléaires". [Rappel: 1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer !]
Après inspection, l'ASN a décidé lundi de classer l'événement au niveau 2 de l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires (échelle INES) qui en comporte 7. Elle a aussi décidé de suspendre toutes les opérations de démantèlement dans l'installation qui ne pourront reprendre sans son accord.
Trois jours après le signalement par le CEA, une inspection de l'installation a eu lieu le 9 octobre. Or, celle-ci "a permis de confirmer que le CEA avait connaissance de l'incident depuis le mois de juin 2009", selon l'ASN.
"L'incident n'a eu aucune conséquence", assure l'ASN, mais la "sous-estimation de la quantité de plutonium avait conduit à réduire fortement les marges de sécurité destinées à éviter un accident de criticité dont les conséquences potentielles pour les travailleurs peuvent être importantes". Le risque de "criticité" est celui d'une réaction nucléaire en chaîne quand trop de matière fissile est rassemblée au même endroit.
De fait l'ASN considère que "l'absence
de détection de cette sous-estimation pendant la période
d'exploitation de l'installation, ainsi que la déclaration
tardive de cet événement à l'ASN, révèlent
une lacune dans la culture de sûreté de l'exploitant
et de l'opérateur industriel de l'installation".
Le Point, 15/10/2009:
La sécurité des sites nucléaires revient sur le devant de la scène. Mercredi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a décidé de classer au niveau 2 (sur 7) de l'échelle [médiatique] Ines un "incident" survenu sur un site du Commissariat à l'énergie atomique de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. L'arrêt des travaux sur cette installation en cours de démantèlement a été également ordonné.
Cette décision intervient après que le CEA a signalé à l'ASN, le 6 octobre, un problème constaté lors d'opérations d'assainissement de son atelier de technologie du plutonium (ATPu), exploité par Areva et à l'arrêt depuis 2003, situé à Cadarache. Le CEA a affirmé avoir repéré des dépôts de plutonium supérieurs à ses prévisions lors du démantèlement de boîtes à gants, enceintes étanches dans lesquelles est stockée de la matière nucléaire. La division de Marseille de l'Autorité a alors procédé à une "inspection le vendredi 9 octobre afin d'analyser cet incident". Puis, elle a demandé une expertise de la situation à l'Institut de radioprotection et de sécurité nucléaire et son appui technique. Celui-ci lui a rendu son avis mercredi. Selon les conclusions de l'Autorité, les dépôts "évalués à environ 8 kg pendant la période d'exploitation de l'installation" étaient en fait "de l'ordre de 22 kg" et le CEA "estime que la quantité totale pourrait s'élever à près de 39 kg".
Pour la Criirad - Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité -, cette méconnaissance des quantités de plutonium stockées est "très grave" et "très inquiétante". Son directeur de laboratoire, Bruno Chareyron, y voit trois types de problèmes. D'abord, le risque de prolifération nucléaire induit par ce manque de maîtrise. Il rappelle que quatre kilos de plutonium suffisent à produire une bombe nucléaire artisanale et, diffusés avec un aérosol, pourraient servir à polluer un territoire donné [1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer !]. Ensuite, le risque d'un accident de "criticité", une réaction nucléaire potentiellement mortelle, qui se déclenche toute seule lorsqu'une "masse critique" de plutonium est atteinte. Cette quantité dépend des conditions de stockage, notamment de "la répartition géométrique" et "l'humidité". Enfin, un risque en termes de radioprotection que cet écart fait courir au personnel, voire aux populations alentour. Le problème est suffisamment grave pour que l'ASN soumette la reprise des opérations de démantèlement à son "accord préalable".
Indignations ministérielles
L'autorité de contrôle s'élève aussi contre le décalage entre le signalement de l'incident par le CEA, le 6 octobre, et la connaissance du problème depuis le mois... de juin. "Ce délai est tout à fait inacceptable", a commenté Laurent Kueny, chef de la division de Marseille de l'ASN. Contacté par l'AFP, le CEA a expliqué avoir déclaré l'incident en octobre, préférant "attendre d'avoir une vision globale des stocks" de matière. "Nous sommes de bonne foi dans cette affaire", a plaidé Henri Maubert, un porte-parole du CEA. 82 tonnes de plutonium sont stockées sur les sites nucléaires en France, selon l'inventaire réalisé par l'Agence pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Du côté ministériel, les réactions sont virulentes. L'incident est "scandaleux" et "inadmissible" a jugé, jeudi, la secrétaire d'État chargée de l'écologie, Chantal Jouanno. "Il est totalement anormal que sur cette filière, que l'on dit extrêmement contrôlée, on découvre que la comptabilité est mal tenue, qu'on ne sait pas exactement combien il y a (de plutonium) et surtout qu'on en soit informé si tardivement", a-t-elle affirmé sur RTL. "On va voir qui est responsable de quoi et ça permettra de savoir s'il faut que des têtes tombent", a-t-elle ajouté. Le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, s'est montré plus modéré. Il a estimé que l'exigence de transparence devait être "absolue en matière de sûreté nucléaire" et a regretté "profondément" qu'un tel délai se soit écoulé entre la découverte de cette situation et sa déclaration". "Cette transparence et cette exigence de sécurité sont les conditions incontournables de la fourniture d'électricité d'origine nucléaire. Elles seront respectées", a-t-il martelé dans un communiqué.
Concrètement, la directrice de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Marie-Claude Dupuis, sera entendue mercredi prochain par l'Assemblée nationale. Celle-ci a bien l'intention d'apporter un éclairage sur la question des déchets nucléaires, mais précise que l'Andra n'a pas de lien avec l'incident de Cadarache. Et de préciser que son institution n'a la charge que de trouver des solutions ultimes de stockage pour les déchets nucléaires qui ne peuvent être réutilisés, ce qui n'est pas le cas du plutonium du site de Cadarache... Le PS et les Verts ont réclamé une commission d'enquête parlementaire.
Marc Vignaud
7/10/2009 - Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a annoncé mercredi que des dépôts de matière nucléaire supérieurs à ses prévisions avaient été retrouvés lors d'opérations d'assainissement de son atelier de technologie du plutonium à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
Selon le CEA, cet incident, intervenu sur cet atelier à l'arrêt depuis juin 2008, "n'a pas entraîné de dépassement des valeurs limites de sûreté" et est sans "conséquence pour le personnel et l'environnement". Le Commissariat propose de le classer au niveau 1 sur une échelle spécifique qui en compte sept (Ines).
Lors du démantèlement des boîtes à gants, sortes d'enceintes étanches, "nous avons retrouvé un dépôt de matière plus important que celui qu'on avait estimé, à des endroits complètement inaccessibles au moment de l'exploitation de l'atelier", a expliqué un porte-parole de l'établissement. L'écart a été signalé mardi à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).