Fred Pearce, dans la revue New Scientist du 2 août 1997, rend compte d'une étude publiée dans la dernière parution de Science of the Total Environment (vol. 201, p. 235), qui donne le résultat des analyses sur 3300 dents enlevées à des enfants et des adolescents au cours de soins dentaires dispensés dans toute la Grande-Bretagne. Il apparaît que dans un rayon de 75 kilomètres autour de la centrale de Sellafield (Windscale), le niveau de contamination atteint 7 millibecquerels, descend à 5 mBq entre 75 et 225 km, et à 3 mBq au-delà. Cette répartition montrerait que la contamination à partir de Sellafield s'étend à tout le territoire national.
Le plutonium n'existe pratiquement pas à l'état naturel et l'usine de retraitement de Sellafield en serait la source unique dans ce pays.
D'après Nick Priest qui a effectué cette étude quand il était à la tête du département de recherche biomédicale de l'AEA Technology de Harwell, ce plutonium trouvé dans les dents des enfants vient "presque certainement" de particules émises directement dans l'atmosphère à partir de cette usine, une partie de ce plutonium pouvant néanmoins provenir des rejets de l'usine en mer d'Irlande, par l'intermédiaire des embruns rejetés sur la côte.
Ces particules pénètrent par les poumons, passent dans la circulation sanguine avant de s'accumuler dans les os, les dents et le foie.
Priest, qui travaille maintenant à la Middlesex University's School of Environment Science, souligne que le plutonium ne compte que pour un millième de l'ensemble des matières radioactives auxquelles le corps humain est exposé. Il pense que les effets sanitaires du plutonium de Sellafield sont probablement éclipsés par l'exposition à d'autres sources comme les émissions naturelles de radon ou les retombées des essais atomiques dans l'atmosphère.
Chris Rose, directeur de campagne de Greenpeace Royaume Uni est moins optimiste : il rappelle qu'il n'existe aucune côte aussi contaminée que celle du nord-ouest de l'Angleterre et du sud-ouest de l'Ecosse, en dehors de certaines parties du nord de la Russie.
Le plutonium retrouvé par les chercheurs dans les dents des enfants du Royaume Uni provient d'émissions survenues au cours des 15 ou 20 dernières années. Priest pense que les résultats auraient été beaucoup plus élevés dans une période antérieure, étant donné l'incendie qui a touché le site en 1957 (quand il s'appelait encore Windscale!), et les rejets de routine plus élevés dans les années 1970 qu'aujourd'hui.
British Nuclear Fuel (équivalent britannique de la Cogéma), qui gère l'usine de Sellafield, a critiqué cette étude parce qu'elle ne prend pas en compte la probabilité d'un biais statistique".
(Nous avons fait suivre cette information à l'association Les mères en colère de La Hague : une étude analogue en France sur les dents des enfants serait du plus haut intérêt).
Lettre d'information du Comité
Stop
Nogent-sur-Seine n°77,
juillet/septembre 1997.