Les "experts" considèrent que l'accident le plus grave qui puisse être imaginé (accident maximal de référence) serait un accident entrainant la fusion du coeur... Aussi un "palliatif" a été imaginé. Il est prévu de faire chuter la pression dans le bâtiment réacteur en faisant sortir les gaz en passant à travers un filtre grossier constitué de lits de sable, sable destiné à piéger entre autres, une partie des iodes. Ce sont les fameux filtres à sable en cours d'installation. L'exploitant serait alors contraint de dépressuriser l'enceinte de confinement en libérant la vapeur fortement radioactive à l'air libre au travers de ces filtres que seule la France utilise et qui font sourire la communauté internationale des experts de sûreté nucléaire, tant leur efficacité est contestable. C'est, en quelque sorte, comme si l'enceinte de confinement n'était d'aucune utilité pour ce type d'accident.
Espérons qu'aucun responsable de site n'aura à prendre la décision de les utiliser..., et il est à craindre que ces filtres s'avèrent inutiles si le scénario se développe trop rapidement (destruction de l'enceinte) sans lui laisser le temps d'en référer à sa hiérarchie.
Ce scénario de relâchement hors de l'enceinte de confinement de radioélements après mise en oeuvre du filtre à sable envisage entre 3 et 5% de la quantité de radioéléments libérée lors de la catastrophe de Tchernobyl. Les conséquences d'un tel scénario d'accident conduisent à un rejet radioactif sur la base duquel sont élaborés les plans d'urgence (PUI/PPI)...
D'une manière plus générale il avait été décidé, dès 1981, d'étudier et de mettre à la disposition des opérateurs des procédures ULTIMES, appelées U, leur permettant, par des moyens simples, de limiter les conséquences des accidents. La centrale ayant fait l'objet des méthodes habituelles de conception, il s'agit pour ce faire d'utiliser aussi simplement que possible les dispositions existantes.
Extrait de: Approche française
en matière d'accidents graves et de problématique
du terme source, J. Bussac - F. Cogné - J. Pelcé,
2/6/86:
"Les procédures U visent à
couvrir la totalité des situations. Ces procédures
en effet sont fondées, non sur des séquences identifiées
a priori, mais sur la caractérisation et la reconnaissance
des états possibles de refroidissement du coeur et sur
les modes d'intervention permettant de "restaurer la fonction
de sûreté" défaillante pour "amener
l'installation dans un état sûr".
Les procédures U actuellement définies sont les
suivantes:
- U1 Secours par tout moyen encore disponible
pour éviter la dégradation du coeur ou, en cas de
dégradation, maintenir le coeur confiné dans la
cuve
- U2 Conduite à tenir en cas de
défaut d'isolement de l'enceinte de confinement
- U3 Mise en oeuvre de moyens mobiles
extérieurs pour suppléer à la défaillance
éventuelle à moyen terme de l'ensemble des systèmes d'injection de secours
et d'aspersion de l'enceinte; autres types de secours également
envisagés
- U4 : Dans le cas des réacteurs de 1300 MWe en cours
de construction (paliers P4 et P'4), possibilité d'éviter
tout relâchement direct via le dispositif de drainage au
sein du béton du radier sous les puits de cuve
- U5: Possibilité de rejets contrôlés
et filtrés au moyen d'un système de filtration spécial
(gain sur les rejets de l'ordre d'un facteur 10, à l'exception
des gaz rares)."
Le Monde, 30/8/90:
Des inspections de sûreté ont montré que les filtres à sable de six centrales nucléaires françaises étaient mal montés (ils doivent retenir [une partie de] la radioactivité en cas d'incident). La première anomalie a été découverte à Tricastin (réacteur n°1, le 30 juin). Trlcastin 2, Chinon B 3, Golfech 1, Penly 1 et Cattenom 3 présentent la même erreur de montage. Selon EDF, "cette anomalie pourrait mettre en évidence la défaillance du contrôle de qualité sur les centrales concernées au moment du montage des filtres à sable et la nécessité d'améliorer encore les conditions d'essai de qualification après l'installation d'un nouveau système". Une commission spéciale devrait être créée.