Préambule
Avant d'étudier le laboratoire et son
activité, je voudrais préciser quelques points.
Plusieurs options étaient possibles (et le restent encore)
en ce qui concerne le problème des déchets.
Le choix ou non du retraitement change les analyses car cela modifie
les quantités et les emballages à traiter, même
si le choix reste, in fine, un stockage en couches géologiques
profondes.
De plus il n'est pas évident que le stockage profond soit
la bonne solution, c'est la solution retenue actuellement mais
rien ne prouve que cette voie soit la bonne.
Pour le stockage en profondeur (et les autres aussi d'ailleurs),
l'eau est le vecteur du transfert de la radioactivité.
Lorsque l'eau atteindra le site profond, elle sera l'agent de
l'altération, puis de la détérioration, tout
d'abord des emballages et ensuite des déchets eux-mêmes.
L'eau chargée des radioéléments pourra regagner
les eaux de surface après des processus lents mais inéluctables.
Le risque présenté par cette eau dépendra,
alors, de la nature des éléments radioactifs et
de leur activité résiduelle.
En l'état des connaissances, le stockage profond soulève
de multiples problèmes avec de multiples facettes tels
que:
- des aspects scientifiques et techniques,
- des aspects économiques,
- le besoin de règles.
La phase laboratoire souterrain est, de fait, la dernière
phase des processus d'études du stockage des déchets.
On doit se souvenir que tout d'abord il faut faire des études
sur échantillon puis sur petits sites. La mise en place
des laboratoires souterrains se fera sur un site ou des sites,
a priori, propices et considérés comme aptes au
stockage.
Le laboratoire, sa nécessité, son apport aux problèmes des déchets
Il y a nécessité à développer
des techniques de gestion des déchets qui minimisent le
retour des radioéléments dans la biosphère.
Le stockage en couches géologiques profondes que doit tester
le laboratoire est-il suffisamment bien défini ?
Il n'est pas aisé de répondre à cette question.
L'analyse des divers documents montre la complexité du
sujet.
l'IPSN a étudié différents milieux à
l'aide de petites unités dénommées LEMI (Laboratoires
d'Etudes Méthodologiques et Instrumentales, nous reviendrons
sur ces petites unités). Ces études menées
depuis plus de 10 ans n'ont pas encore permis de disposer de modèles
vraiment fiables permettant d'étudier un terrain. La géologie
nous renseigne bien sûr le passé d'une région
mais elle a du mal à nous prédire le futur.
Il n'est pas encore évident que le meilleur choix soit
celui de l'enfouissement profond. En effet le suivi des déchets
enrobés et installés dans une galerie dont l'accès
n'est plus possible, une fois le bouchage du site effectué
reste un point difficile. Cette solution peut être valable,
éventuellement pour le court terme mais si on décèle
une pollution que fera-t-on ? Si on est en cours de remplissage,
l'accès aux galeries sera peut-être encore possible
avec des robots. Si on est en phase terminale, on pourra suivre
la pollution mais on ne pourra pas intervenir sur le site. Le
site, une fois fermé on ne pourra que déplorer la
pollution.
Il faut être conscient que, probablement on parviendra à
assurer la sécurité des populations sur des décennies
mais au-delà de quelques centaines d'années les
prévisions deviennent très incertaines.
Le laboratoire est, donc, une inélégante solution
pour éviter de se poser les questions de fond:
1) Ayons le courage de nous poser des questions sur notre consommation
d'énergie et limitons notre production de déchets,
2) Ayons aussi le courage de prendre la solution d'entreposage
des déchets pour assurer leur surveillance et éviter
de polluer irrémédiablement le sous-sol.
Il est souvent affirmé que des laboratoires sont indispensables
pour la recherche
- de matrices de déchets présentant la plus grande
résistance possible à l'eau pour réduire
les transferts de produits radioactifs,
- de surconteneurs résistants à l'eau et retardant
la destruction des colis,
- de la meilleure roche d'accueil - argile, sel, granite, schistes-,
- de procédés d'obturation des galeries pour éviter
qu'elles ne constituent des failles dans le confinement.
Ces études pourraient être faites avec les LEMI.
Certaines ont d'ailleurs été menées, il faudrait
faire des bilans avant de se lancer sur des échelles plus
grandes.
Le dernier point est qu'il manque encore une règle du jeu
bien définie pour étudier un site profond. Le Centre
Manche a permis de mettre sur pied une Règle Fondamentale
de Sûreté pour les sites de surface. Cette RFS n'existe
toujours pas pour les sites profonds ce qui ne facilite pas la
recherche d'une solution. La publication d'une règle très
générale sur le sujet n'a pas clarifiée la
situation mais laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.
Analyses des résultats de l'IPSN avec les LEMI
L'IPSN a mené de nombreuses études sur le problème de l'efficacité des barrières géologiques vis-à-vis de la migration des déchets radioactifs. En 1992 une évaluation de ces études a été présentée au Comité Scientifique de l'IPSN.
1) Evaluation 1992
La majeure partie des travaux portaient sur
le granite, une seule était sur l'argile au LEMI de Tournemine.
Les rapporteurs s'interrogeaient sur l'ensemble des études
en notant l'absence de travail de synthèse, l'absence de
comparaison avec des travaux internationaux.. Ils déploraient
également que les études se bornent à accumuler
des résultats sans faire apparaître les acquis et
les manques.
Voici l'intégralité de leurs recommandations :
"L'objectif majeur des travaux réalisés
dans les LEMI semble être de développer un savoir
faire méthodologique et instrumental. Il paraît
donc essentiel, qu'à la fin de chaque opération,
soient tirées les leçons de l'expérience
de façon à bien souligner les acquis et les questions
laissées en suspens. En outre, une étude bibliographique
devrait être entreprise systématiquement avant toute
étude de terrain de façon à montrer en quoi
le travail proposé est original et comment il fait avancer
les connaissances.
La lecture de l'ensemble de ces travaux donne l'impression qu'un
grand effort a été fait pour élaborer les
éléments d'un puzzle mais que personne ne s'est
soucié de l'assemblage des différents morceaux du
puzzle. Certes le rapport Goguel " a le mérite d'énoncer
un certain nombre de règles permettant de définir
le cadre d'une étude de stockage profond. Mais qui se soucie
de montrer comment les travaux effectués dans les LEMI
permettent effectivement de répondre aux questions posées
par l'application de ces règles ? Il nous semble qu'un
document de synthèse sur les résultats acquis serait
nécessaire, ne serait-ce que pour faire le point
sur ce que l'on sait faire aujourd'hui et ce que l'on ne sait
pas faire. Ce travail de synthèse devrait d'ailleurs intégrer
les résultats obtenus sur les autres sites expérimentaux
à l'étranger de façon à préciser
la stratégie à suivre pour le futur.
Un moyen très efficace, et peut-être le seul, de
montrer qu'un travail de recherche est solide est de le publier
dans des revues à comité de lecture. Les rapporteurs
font leur travail, et la qualité des études s'en
trouvent presque toujours nettement accrue."
2) Synthèse 1994
Ces recommandations sévères ont
abouti à un travail de synthèse présenté
en février 1994 dont je vais tirer quelques extraits. L'auteur
(Jean Claude Barescut) part du principe:
"une solution ne pourra être acceptable que si l'on
peut prouver que son impact radiologique et les contraintes qu'elle
impose aux populations actuelles et futures sont insignifiants."
Il en conclut:
"Une démonstration à ces échelles
de temps et d'espaces [durée de vie le million d'années
et perte d'efficacité sur quelques milliers d'années]
ne peut reposer sur des expériences en vraie grandeur.
Le recours à la modélisation est obligatoire pour
faire une synthèse entre les expériences partielles
et pour assurer les nécessaires transpositions d'échelles
d'espace et de temps. "
Il ajoute que la responsabilité de la conception et
de la mise en oeuvre des stockages est du ressort des exploitants
et que la mission de l'IPSN est de conseiller les pouvoirs publics
et d'évaluer les arguments des exploitants.
En conséquence l'IPSN doit développer ses moyens
d'expertise et en particulier maîtriser la modélisation.
Un point important est le suivant
"Si les travaux sur la barrière géologique
sont privilégiés actuellement c'est que tous les
spécialistes s'accordent pour juger que c'est l'alternative
la plus avancée et le passage obligé pour tout mode
d'élimination... Les travaux seront réorientés,
si nécessaires, en fonction de l'avancée éventuelle
de solutions nouvelles ou du retour en grâce de solutions
examinées autrefois." (souligné par le
GSIEN)
Modélisations
Les modélisations ont été établies avec différents résultats physiques
1) La complexité des couplages
La migration des produits radioactifs
est gouvernée par les mouvements de l'eau dans le sol.
C'est un problème d'hydraulique mais vont intervenir aussi
la dilatation de la roche, les colmatages chimiques, les effets
thermiques, les mouvements tectoniques.
2) La perméabilité en milieu
fracturé
"On arrive à établir
quelques liaisons entre les grands mouvements subis par les massifs
mais on est loin de pouvoir prédire la perméabilité
d'un massif à partir de son histoire."
" Il y a d'ailleurs un problème de fond pour l'exploration
d'un site de stockage potentiel car on ne peut se permettre de
truffer le sol de forages d'exploration. "
3) L'effet thermo-hydro-mécanique
"Le principal problème
des milieux fissurés est sans doute le chauffage par les
déchets. "
" Il est impossible de représenter le réseau
de fractures réelles mais les conclusions qualitatives
sont sans ambiguïté : de larges fissures et un soulèvement
du sol de quelques dizaines de cm sont à attendre d'un
stockage type. Cela peut conduire à réduire la charge
chauffante (espacement des colis, refroidissement préliminaire)
ou à le placer plus en profondeur."
4) La chimie
"Le rassemblement des données existantes est un vaste travail mené à l'échelle internationale. La mesures des constantes manquantes, surtout lorsqu'elle doit se faire en laboratoire "chaud "ne progresse que très lentement. "
5) La géoprospective
Pour le stockage profond on mise sur
" Un des critères de choix d'un site est justement
d'éliminer les sites où ces effets [variation
du niveau des mers, séismes, érosion, etc. ] sont
envisageables... bien qu'on ne peut se contenter de considérer
que les conditions externes resteront fixes."
Validation des modèles
Après cette revue des modélisations il aborde un
point difficile, la validation des modèles.
"Trois voies s'ouvrent à nous pour valider
les modèles. Le travail sur échantillon en laboratoire,
le travail sur site [l'IPSN a appelé ses sites LEMI
mais pour ne pas créer une confusion avec les laboratoires
de l'ANDRA, ils seront dénommés sites d'études]
en tentant de maîtriser les conditions expérimentales.
Et enfin le travail sur le terrain dans des cas où la maîtrise
des conditions est quasi nulle."
"le laboratoire est essentiel pour analyser les roches, mesurer
les perméabilités, la conduction thermique"
en un mot pour mettre en évidence les paramètres
essentiels aux modèles.
En ce qui concerne le travail sur site citons notre auteur:
"Dès lors que l'on aborde des phénomènes
où joue une variabilité spatiale, le travail sur
le terrain devient indispensable. C'est également nécessaire
pour être sûr qu'il n'y a pas de phénomènes
ayant échappé au travail de laboratoire. Le travail
sur terrain est indispensable pour valider les modèles
de circulation.
Il y a une nuance importante entre deux types de laboratoires.
Les premiers servent à la validation et à la progression
des connaissances. On peut mettre dans cette catégories
les études sur sites de l'IPSN... Une deuxième catégorie
est celle pour laquelle on a tendance à réserver
la dénomination - laboratoire souterrain -. Ce type
de laboratoire, normalement de dimensions représentatives
d'un stockage est avant tout destiné à vérifier
qu'un site déterminé est apte au stockage. On élimine
donc a priori tout emplacement pour lequel on a un doute sur son
aptitude future. En principe, ne serait-ce que pour
des questions de coûts, on devrait être sûr
de disposer de modèles et techniques nécessaires
avant d'entreprendre ce type de construction... En pratique, la
phase d'exploration préliminaire offre encore des possibilités
de validation. "
Ainsi il est rappelé "Du point de vue scientifique
la limite est floue. La différence est dans la finalité
: les premiers sont consacrés à l'avancement des
sciences et techniques alors que les seconds, comme le médiateur
le rappelle souvent sont des reconnaissances de sites et pourront
se transformer en stockage s'il se confirme qu'ils sont adaptés.
"
Toute la question est là : Sont-ce des véritables
reconnaissances de sites et se retirera-t-on d'un de ces sites
s'il s'avère inadéquat. Une claire réponse
à une telle question clarifierait le débat.
Ce rapport nous présente un bilan sur Fanay et les
milieux fissurés dans le granite. Il reste encore beaucoup
de travail avant d'avancer dans la modélisation, en particulier
sur la circulation de l'eau en milieu fissuré. On a une
connaissance au point de forage et on ne sait pas du tout raccorder
les forages entre eux.
Les milieux argileux (Mol en Belgique et Tournemine) sont présentés
reposant sur le fait que "La perméabilité
de l'argile est si basse qu'elle peut être considérée
comme nulle. Le problème est donc comme pour le granite
de prouver que des circulations ne peuvent court-circuiter l'argile
saine. "
Voici les conclusions
"C'est à l'exploitant de choisir
sa stratégie de protection et il est clair que s'il estime
que sa démonstration peut se passer de faire appel aux
propriétés protectrices de certains sous-systèmes,
il a tout intérêt à cibler ses efforts sur
les autres. Plus il arrivera à affiner ses marges sur les
phénomènes qu'il prend en compte, plus il aura de
latitude pour prendre de marge sur les phénomènes
incertains. Par exemple, on a indiqué que la fracturation
des milieux granitiques posait encore quelques problèmes
de part la difficulté de repérer les fissures conductrices
et à garantir qu'il ne s'en ouvrira pas d'autres. Il n'est
pas impossible que des études ultérieures ne montrent
que cette crainte est exagérée mais une façon
de tourner la difficulté pourrait être de se reposer
plus sur les qualités du colis de déchets (c'est
l'option suédoise) ou de ses barrières ouvragées.
L'exploitant peut aussi éviter la difficulté en
préférant les milieux sédimentaires multicouches.
L'exploitant n'est en fait soumis qu'à l'obligation
de résultats et non de moyens. Quels que soient ses choix,
il devra faire la preuve incontestable de l'efficacité
de sa solution."
"Au stade où en sont les études il est
donc sans doute trop tôt, aussi bien pour l'exploitant que
pour l'IPSN, pour trop restreindre les domaines d'étude.
L'exploitant a des projets importants, en particulier ceux demandés
par la loi. L'IPSN doit optimiser son effort en se préparant
à évaluer les propositions des exploitants mais
aussi en justifiant sa compétence d'expert. Il faut, pour
cela que ses modèles et leurs utilisateurs aient fait la
preuve de leur validité pour les uns, de leur compétence
pour les autres. Toutes ces raisons justifient que ce domaine
clé bénéficie d'une attention soutenue et
soit l'occasion de collaborations internationales autour de la
modélisation et des activités de validation associées.
"
Travaux de l'IPSN
Comment ce rapport se traduit-il dans
les activités de l'IPSN ? Voici un aperçu de son
programme pour 1995
Stockages profonds
- études des transferts en
milieu argileux
Il faut comprendre en laboratoire les mécanismes de
circulation de l'eau dans ce milieu très imperméable.
L'approche passe par l'étude d'autres modes de transport
que ceux liés à la perméabilité (diffusion
et vérification des modes de transfert)...
- modélisation de l'influence des phénomènes
géochimiques sur la circulation des radionucléides
dans le milieu profond.
Il faudra approfondir la compréhension du couplage
des phénomènes chimiques aux phénomènes
hydrologiques et thermiques.
- modélisation des transferts dans
la biosphère
L'effort doit porter sur l'intégration des connaissances
radioécologiques, utiles dans le cas de l'impact des stockages
de déchets, avec en particulier deux aspects : assimilation
par les végétaux et les animaux, définition
des biosphères de référence à une
échelle de temps inhabituelle...
- étude des transferts en milieu fissuré
Le granite est le meilleur exemple pour ce type de milieu.
On sait actuellement décrire les fractures, mais on ne
connaît pas leur comportement sous sollicitation thermomécanique...
- modélisation de la probabilité d'extension de la calotte glacière et modélisation de l'érosion.
En guise de conclusion
Il y a eu une mise
à plat des programmes, des résultats. Beaucoup de
travaux sont en cours:
IL EST URGENT D'ATTENDRE car aucune conclusion ne se dégage
et il reste beaucoup à faire pour cerner l'ensemble du
problème du stockage des déchets.
L'ANDRA devrait s'inspirer des travaux de l'IPSN pour se définir
une stratégie à la mesure du problème.
Le CEA puis l'IPSN ont fourni un effort pour étudier le
stockage des déchets mais d'une part la plupart des études
ont porté sur le stockage en surface et sur le stockage
profond. Beaucoup de voies n'ont pas été explorées
par conviction intime des acteurs ou par manque de moyens. Le
laboratoire souterrain, tel qu'il est défini par l'ANDRA,
est une étape ultime. Il n'est pas actuellement possible
de faire un tel choix.
Qu'apporte le laboratoire
à ces résultats ?
Peut-on exploiter les résultats des LEMI pour définir
un laboratoire ?
Dans l'état actuel du
dossier il est prématuré de songer à un laboratoire
puisque, comme le souligne le rapport de l'IPSN le choix du site
doit être quasiment un choix définitif. Le
laboratoire ne pourrait valider que des modélisations et
des études déjà très avancées.
Ce n'est pas le cas, il est donc préférable de continuer
des études avec des LEMI pour valider les études
de laboratoire. Il ne faut pas précipiter le stockage en
profondeur. Il faut assurer un entreposage sûr, effectuer
des recherches sur les emballages, s'assurer de leur tenue. Les
transferts dans les plantes et les animaux doivent être
continués en particulier avec les résultats de Tchernobyl.
De même les dernières études de la CIPR, de
l'AIEA doivent être prises en compte pour évaluer
l'impact d'un site. C'est en cours mais le travail est complexe
car certains termes comme celui des facteurs de transfert restent
incertains.
D'autre part une consultation des populations est indispensable,
consultation ouvrant les dossiers et permettant les questionnements.
Pourtant à la dernière réunion du CSSIN (Conseil
Supérieur de Sûreté et d'Information Nucléaire)
d'octobre l'ANDRA a présenté son programme.
Quatre départements se sont dégagés suite
à la médiation du député Christian
Bataille.
L'ANDRA mène des études pour établir la géométrie
possible des sites. Des études sont en cours pour vérifier
l'écoulement des eaux. On essaie aussi d'évaluer
la stabilité des sites pressentis et leurs ressources naturelles
pouvant entraîner une intrusion ultérieure.
Dans la Meuse: 2 forages profonds sont prévus. Un est réalisé, l'autre est programmé en décembre 1994.
Dans le Gard : un forage profond de 885m a été réalisé à Marcoule.
Dans la Vienne : 11 forages entre 300 et 600 m dans le granite sont programmés pour 1994.
Si le travail en laboratoire
et sur site avaient permis l'élaboration de modèles
et une compréhension de tous les phénomènes
on pourrait être à la phase laboratoire. Ce n'est
pas le cas.
Les LEMI ont permis, après de nombreux efforts, de pointer
le manque de modélisation, le manque de bilan. Il s'est
dégagé une série d'expériences à
réaliser en petits sites avant toute autre approche. L'IPSN
a un programme cohérent, qu'elle le réalise.
L'idée d'un laboratoire n'a pas de cohérence scientifique
c'est juste un moyen de faire croire que le problème des
déchets a une solution. Le problème reste entier.
Il est illusoire avec un problème à autant de variables
d'imaginer qu'une réalisation taille 1 va améliorer
la compréhension, Il vaut mieux tester chaque paramètre
et seulement ceux ci fixés passer à une réalisation
industrielle.
l'ANDRA peut et même doit mener des études conjointement
avec l'IPSN ou seule mais le programme qu'elle a présenté
au CSSIN est prématuré. Il est loin d'être
certain que l'on doive stocker en profondeur, l'apport d'un laboratoire
à ce sujet ne paraît pas décisif. Par contre
l'étude en petits sites est mieux adaptée pour définir
les paramètres, pour fixer des variables.
Les LEMI peuvent servir à la compréhension des phénomènes
c'est donc une voie à explorer et finaliser. Par contre
la mise en route d'un énorme laboratoire est une aberration
en l'état des connaissances.
La Gazette Nucléaire n°139/140, janvier 1995.