Sud-Ouest, 6/3/2009:
Le décalage du programme s'accompagne d'une révision à la baisse du nombre de faisceaux laser prévus
Peut-être faudra-t-il un jour rebaptiser
« patience » le futur laser géant Mégajoule,
pièce maîtresse du programme de simulation des essais
nucléaires. Invoquant des considérations budgétaires,
le Commissariat à l'énergie atomique, maître
d'oeuvre de ce gigantesque projet développé au Barp
(Gironde), vient d'annoncer un nouveau glissement dans le calendrier
de l'opération.
Le Mégajoule ne sera en principe livré qu'en 2014,
alors que jusqu'à ces dernières semaines l'échéance
était officiellement fixée à 2012. Si ce
nouveau calendrier est respecté, l'équipement ne
commencera à devenir opérationnel que plus de dix
ans après le début de la construction du bâtiment
destiné à l'abriter, et près de deux décennies
après l'annonce officielle du lancement du programme.
Armes de dissuasion
Le Mégajoule a pour but de provoquer dans une enceinte hyperconfinée, et pendant un laps de temps infinitésimal, un phénomène de fusion thermonucléaire susceptible de dégager des conditions de pression et de température analogues à celles qui règnent au coeur du Soleil.
En l'absence d'essais en vraie grandeur, auxquels la France a renoncé, cet outil a pour but de valider les calculs des concepteurs des têtes nucléaires des missiles stratégiques, et de s'assurer de la pérennité de nos armes de dissuasion. Décidé en 1995, le projet est pharaonique. En euros 2007, l'investissement prévu alors était estimé à 2,7 milliards d'euros, soit plus de deux fois l'équivalent des deux premières tranches du tramway de Bordeaux. Près d'une moitié de cette somme aurait déjà été dépensée selon Pierre Bouchet, directeur du Cesta, l'établissement CEA du Barp, qui accueille cet énorme instrument. Le groupe Bouygues a déjà livré l'an dernier le gros oeuvre de la cathédrale de béton de 300 mètres de haut et de 50 mètres de long, destinée à accueillir les chaînes laser et la chambre d'expérience, vers lesquelles ce concentré de lumière surpuissant convergera pour provoquer la fusion recherchée.
Lot d'impondérables
Lors du lancement officiel du programme, les hauts responsables du CEA évoquaient une entrée en fonction en 2005. L'échéance a ensuite glissé très rapidement vers 2009-2010, avant de s'établir à 2012. Mais, depuis quelque temps déjà, les observateurs avaient le sentiment que ce calendrier revu ne serait pas tenu. Ne serait-ce que parce que la construction de cet énorme bâtiment a donné lieu à son lot d'impondérables. La société Cegelec, chargée des courants forts, a dû par exemple recruter des centaines d'intérimaires étrangers pour s'efforcer de rattraper son retard.
Au-delà de ces aléas techniques, plusieurs indices donnaient à penser que le CEA lui-même avait commencé à tracer une croix sur l'échéance 2012. En effet, plusieurs fournisseurs d'équipements de haute technologie n'ont toujours pas été désignés pour cet organisme. Tel est le cas par exemple pour le travail de traitement anti-reflet Solgel des milliers d'optiques (miroirs, lentilles, etc.) qui seront utilisées par cet outil. Et pourtant, le CEA a laissé s'accomplir la construction de la petite usine destinée à accueillir cette activité sur la zone d'entreprise Laseris 1, qui jouxte le chantier du Mégajoule.
Le bâtiment Solgel n'est pas le seul à devoir rester partiellement ou totalement inoccupé pendant quelque temps sur cette zone d'activité gérée par la société d'économie mixte Route des lasers, au sein de laquelle le Conseil général de la Gironde joue un rôle moteur.
Deux autres édifices, destinés l'un pour partie à la Cilas - filiale d'EADS - et l'autre à la PME francilienne Quantel, resteront pour partie sans affectation pendant au moins plusieurs mois. La société de services Elyo, filiale de GDF-Suez, se substituera provisoirement aux occupants désignés ou attendus pour payer le loyer à leur place. Et, dans ces conditions, la zone d'activité Laseris 1, qui emploie aujourd'hui une centaine de personnes au lieu des 250 initialement prévues pour ce début 2009, fait un peu figure de vaisseau fantôme.
Le décalage du programme s'accompagne d'une révision à la baisse de son volume, puisque le CEA a décidé de ne déployer que 176 faisceaux laser au lieu des 240 initialement prévus.
Équipementiers inquiets
Ces modifications et ces attentes préoccupent les équipementiers. Christophe Goepfert, directeur du développement de la Cilas, rappelle ainsi que ce glissement pénalise l'entreprise, dont le Mégajoule devait initialement représenter une partie importante des recettes dès 2008 et 2009. Il espère que la nouvelle donne sera compatible avec les impératifs économiques de l'entreprise, tout en soulignant que pendant la phase de montage des équipements celle-ci n'emploiera sans doute pas plus d'une vingtaine de salariés au Barp au lieu des 35 initialement envisagés.
Pierre Bouchet, patron de l'établissement
girondin du CEA, tempère les inquiétudes en faisant
valoir que le principe du Mégajoule n'est pas remis en
cause, que les travaux d'équipement vont se poursuivre
: 600 à 700 salariés travailleront encore dans les
mois qui viennent sur le chantier, alors que l'effectif du CEA,
également chargé de l'architecture des têtes
nucléaires des missiles, pourrait atteindre encore un millier
de personnes. Il n'en reste pas moins que l'accouchement du laser
géant aura vraiment été très long.
Les Echos, 18/12/2007:
Déjà occupée pour une bonne partie, la zone d'activités Laseris, créée pour accueillir notamment les sous-traitants du futur laser géant, va doubler de surface.
DE NOTRE CORRESPONDANT À BORDEAUX.
Le périmètre d'activités industrielles situé à proximité immédiate du futur laser Mégajoule va prochainement s'étendre. La société d'économie mixte Route des Lasers, pilotée par le Conseil général de la Gironde et qui assure la construction et la gestion des bâtiments de cette zone d'activités, a décidé d'en doubler la superficie, qui devrait ainsi passer à près de 40 hectares pour faire face aux besoins actuels et futurs des entreprises liées de près ou de loin à l'équipement et à la maintenance du futur laser géant.
Le Mégajoule, installé sur la commune du Barp, à mi-distance de Bordeaux et d'Arcachon, aura pour mission de réaliser à une échelle infinitésimale des réactions de fusion thermonucléaire permettant de valider les calculs réalisés par les spécialistes des armes atomiques du CEA. L'immense bâtiment destiné à abriter cet équipement sera achevé dans le courant de l'année prochaine, mais ne représente qu'une fraction du budget de plus de 2 milliards consacrés à cet outil. Compte tenu de leur fragilité et des impératifs extrêmes de propreté inhérents à cet équipement, certains de ses composants ne pourront être assemblés qu'à proximité immédiate du Mégajoule. C'est à cette fin qu'a été réalisée la zone Laseris 1. La SEM Route des Lasers, qui s'est acquittée de cette tâche, regroupe autour du conseil général de nombreuses collectivités (conseil régional, Communauté urbaine de Bordeaux) ainsi que la Caisse d'Epargne, le Crédit Agricole et certaines entreprises privées comme Elyo. La SEM a pour vocation de rester propriétaire de ces bâtiments, qu'elle loue à leurs utilisateurs.
La SEM a déjà construit quelque 28.000 mètres carrés, dont 4.000 de salles blanches sur cette zone du Barp, où des équipementiers sont déjà installés. Sagem assemble ainsi sur le site des éléments des chaînes laser, qui commencent à être installés dans un des quatre halls. Un autre bâtiment, qui sera notamment occupé par la société Silas, est en cours d'achèvement, ainsi que l'unité de traitement anti-reflets des optiques par la société Solgel pour laquelle le CEA est toujours en négociations ardues avec des prestataires potentiels. Des bâtiments de stockage, de bureaux et d'utilités (traitements de fluides) ont également été identifiés, tout comme les locaux de l'Institut Lasers et Plasmas (ILP), qui servira de trait d'union entre le monde de la recherche académique et le Mégajoule pour l'utilisation à des fins civiles des équipements du Barp.
A ce jour, les deux tiers de la zone Laseris 1 sont occupés ou en voie d'occupation. Compte tenu des demandes reçues, la SEM s'est portée acquéreur de 18 hectares supplémentaires auprès du CEA. Dans le même temps, une autre zone, un peu plus éloignée du Mégajoule, va être aménagée pour accueillir entre autres une résidence hôtelière et une crèche. Le Mégajoule, dont le chantier a pris un peu de retard, doit théoriquement être achevé en 2010, mais il lui faudra sans doute plusieurs années pour fonctionner à pleine capacité.
Il existe une étroite relation entre la politique américaine et française dans le domaine des armements nucléaires, entre la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) d'une part et la continuation du programme de recherche militaire d'autre part. La signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été associée dès l'origine à la possibilité de continuer des essais en laboratoire. Si l'acceptation du CTBT signifie l'arrêt des explosions souterraines, il serait hasardeux d'en déduire une élimination prochaine des arsenaux nucléaires. En réalité, il s'agit bien «d'un marchandage avec le diable» car si pour le pays qui n'appartiennent pas au club des 5 puissances nucléaires, cela signifie bien l'arrêt du tout programme militaire, en revanche pour les Etats du «club nucléaire», cette signature a été associée à l'acceptation de recherches en laboratoire. Cela signifie donc le maintien des armes existantes, éventuellement le développement d'un nouveau type d'armes nucléaires.
En réalité il est juste d'affirmer que le programme SS & M aux Etats-Unis (1) et Mégajoule en France (2) relancent une nouvelle course aux armements nucléaires. Il ne s'agit pas moins d'assurer la pérennité des armes atomiques pour les vingt, vingt-cinq ans à venir. Selon une interprétation restrictive, le CTBT doit arrêter la prolifération verticale et horizontale et donc «toute expérimentation nucléaire». Malheureusement, peu de gens se soucient de la compatibilité des programmes militaires SS & M et Mégajoule avec une volonté réelle de bannir les armes nucléaires dans un proche avenir.
Voici les principales raisons qui s'opposent à la poursuite des essais en laboratoire et notamment à la construction du laser Mégajoule qui est la pièce maîtresse du programme de simulation lancé par la France après l'abandon des essais atomiques à Mururoa.
I) Le programme Mégajoule comme le projet américain violent l'esprit et les intentions et par certains aspects, la lettre même du CTBT et en conséquence, mettent en péril l'entrée en vigueur et le respect du Traité. Celui-ci peut être perçu par certaines nations - c'est le cas de l'Inde et du Pakistan à l'heure actuelle -, comme un moyen de maintenir la suprématie des pays à technologie avancée et empêcher les autres pays d'y avoir accès. Les expériences qui impliquent des micro-explosions thermonucléaires (NIF aux USA et Mégajoule en France) ainsi que la manipulation de matériaux radioactifs sensibles (plutonium, uranium 235 enrichi, etc.) peuvent difficilement être conciliables avec l'option zéro du CTBT.
2) Le programme Mégajoule planifie la
conception et le renouvellement de têtes nucléaires,
plus sûres et plus fiables, soit par de simples modifications
des composants des armes existantes, soit par une optimisation
de leurs performances. La sincérité des Etats nucléaires
à s'engager de bonne foi vers l'élimination à
terme des armes nucléaires peut être sérieusement
mise en doute.
Lors de la négociation du Traité de non-prolifération
(TNP), les Etats non nucléaires renonçaient à
l'arme nucléaire avec en contrepartie deux engagements:
- premièrement, les États nucléaires s'engageaient
à aider les Etats renonçant à ces armes à
acquérir les technologie nucléaires (article IV)
- deuxièmement, les Etats nucléaires promettaient
de négocier la fin de la course aux armes nucléaires
et l'élimination de leurs arsenaux nucléaires (article
VI)
Ces deux engagements ont été réaffirmés
en 1995 au moment d'étendre indéfiniment la durée
du Traité de non-prolifération. Conformément
à l'article VI la signature par les Etats nucléaires
du CTBT en 1996 devait impliquer la poursuite de la réduction
de leur stock d'ogive nucléaires avec le but ultime d'éliminer
totalement et définitivement les armes nucléaires.
Ces engagements ont été rappelés solennellement
par la Cour Internationale de Justice de la Haye dans l'Avis qu'elle
rendit le 8 juillet1996. A l'unanimité, la Cour a décidé
que l'interprétation de l'article VI implique «qu'il
doit exister l'obligation de poursuivre de bonne foi les négotiations
qui devront aboutir à une conclusion conduisant à
un désarmement nucléaire sous tous ses aspects et
ceci sous un strict et réel contrôle international».
Pendant la guerre froide, le TNP a été
pratiquement vidé de sa substance par les 5 puissances
nucléaires. Pour lutter contre la prolifération
d'armes de destruction massive (on pense aussi aux armes chimiques
ou bactériologiques), elles ont pris l'option de pérenniser
l'arme nucléaire et donc d'assurer sa maintenance et son
renouvellement, ceci en contradiction avec l'article VI du TNP.
Aux États-Unis, le «Green Book», déclassifié
en 1996, décrit en détail comment le programme SS
& M facilitera la maintenance des armes nucléaires
et également la refabrication d'un nouveau type d'armes.
Nous sommes bien loin de la première étape souhaitée
une force stratégique nucléaire résiduelle
certes, mais de dissuasion uniquement, maintenue en l'état
avec des modifications minimales, tout en préparant une
élimination totale des armements nucléaires suivant
un calendrier précis.
3) Le programme Mégajoule complique l'organisation des vérifications relatives aux réductions effectives d'armements par la construction de nouveaux laboratoires et l'adoption d'équipements à double usage (générateurs à rayons X, ordinateurs massivement parallèles...).
4) Le laser Mégajoule peut également activer la conception d'armes nucléaires de quatrième génération du fait du lien étroit créé entre les laboratoires de recherche et leurs applications militaires potentielles. Ainsi, les recherches sur l'antimatière ou sur l'hydrogène métallique (probablement l'explosif le plus puissant qu'il soit possible de concevoir) seraient possibles grâce au laser Mégajoule. Cette simple possibilité constitue une véritable provocation pour les États de faible niveau technologique. Une gestion civile du laser Mégajoule ne changerait pas la nature du problême car les liens entre recherche civile et militaire subsisteraient. En cas de difficulté, il est clair qu'un arbitrage trancherait en faveur des militaires.
5) Le Mégajoule accentuera le phénomène de militarisation de la science or ces nouveaux laboratoires, dans un contexte de désarmement, devraient eux aussi être reconvertis. Ce phénomène nous éloigne un peu plus de la mise en oeuvre d'une réduction mondiale du niveau d'armement.
6 On ne peut plus exclure la possibilité que les programmes américains et français entraînent la fuite d'informations sensibles sur les armes nucléaires et rendent donc encore plus cruciaux les problèmes de prolifération qui constituent l'un des plus grands dangers pour l'humanité.
7) Si la raison essentielle justifiant la construction du laser Mégajoule est «d'attirer les scientifïques de très haut niveau» (3) alors il faut mettre ces meilleurs cerveaux au service de la communauté internationale pour contrôler le processus de désarmement nucléaire. De ce point de vue, l'expertise et la compétence des scientifiques français seraient des atouts indéniables dans la réussite d'un désarmement universel et contrôlé. L'Union européenne pourrait renforcer diplomatiquement cette position qui représenterait alors une alternative au niveau mondial à l'attitude nord-américaine.
8) Il ne faut pas oublier que certains militaires se comptent au nombre des opposants au laser Mégajoule. Ils souhaitent une autre orientation stratégique prenant en compte le nouveau contexte post-guerre froide. Les conflits actuels exigent des forces de maintien de la paix au niveau régional. Dans les guerres civiles qui ensanglantent notre planète, les armes de destruction massive ne sont pas d'une grande utilité. Ainsi, les marins n'hésiteront pas à choisir un quatrième sous-marin nucléaire ou un second porte-avions, capable de projeter une force opérationnelle à l'autre bout du monde, plutôt qu'un «Méga-joujou-le» aussi inutile que coûteux.
La fin de la guerre froide offre une chance
historique à l'humanité de se débarrasser
des armes nucléaires. Depuis la signature du TNP et dit
CTBT, il faut reconnaître que quelque chose de fondamental
a changé. L'existence et l'ampleur des programmes SS &
M américain et Mégajoule en France viennent contredire
les efforts en faveur d'un désarmement global et démontrent
le profond mépris du lobby nucléaire à l'égard
des opinions publiques. A terme, ces programmes compromettent
une politique de non-prolifération. Certes les traités
internationaux sont nécessaires, mais à trop se
focaliser sur cet unique aspect, on risque d'oublier que la réduction
des stocks d'armes nucléaires détenus par les grandes
puissances est le seul moyen de parvenir à leur élimination.
Le réseau Abolition 2000 qui rassemble plus de 1000 associations
au niveau mondial, veut promouvoir un véritable désarmement
nucléaire, à l'instar des conventions interdisant
désormais les armes chimiques et bactériologiques.
L'objectif de ce réseau mondial est d'obtenir, d'ici l'an
2000, un plan et un calendrier de désarmement nucléaire.
Ce réseau demande l'arrêt des recherches sur les
armes nucléaires, l'arrêt des expériences
en laboratoire et l'inspection internationale de tous les sites
sensibles ainsi que la fermeture définitive des bases souterraines,
notamment celle du Nevada Test Site aux USA en particulier.
Abolition 2000 est donc un défi lancé au SS &
M et au Mégajoule.
Nous sommes à un tournant historique, l'histoire du 21ème
siècle n'est pas encore écrite. A nous de prendre
la plume. A nous d'inscrire dans le temps, la paix des générations
à venir.
(1) SS & M: Stockpile Stewardship and Management Program (programme américain de recherche pour l'armement nucléaire). Ce programme prévoit pour 2003 l'installation de lasers de forte puissance, le NIF (National Ignition Facility), pour créer de micro-explosions thermonucléaires en laboratoire.
(2) Mégajoule installation prévue en France en 2010 de 240 faisceaux lasers de puissance analogue au NIF américain. Actuellement, la LIL (Ligne d'intégration Laser) est en phase d'achèvement au Barp (fin des travaux en 2001) et correspond à une étude de faisabilité du Mégajoule avec seulement 8 faisceaux.
(3) Propos de Daniel Verwaede, directeur du programme de simulation au CEA recueilli par Silvestre Huet. Libération. 17 décembre 1997.
Collectif Stop Essais,
Maison Jean Monnet
71250 Mazille.
Gazette du Nucléaire n°173/174, mai 1999.
www.silicon.fr, mardi 20 décembre 2005:
Le Commissariat à l'énergie atomique a sélectionné les serveurs Novascale de Bull pour simuler l'arme nucléaire. Premier en Europe et second dans le monde
Tera10, le supercalculateur que le CEA a commandé
à Bull, devra atteindre à sa livraison à
la mi 2005 la puissance supérieure à 60 teraflops.
Ce qui en fera le supercalculateur le plus puissant d'Europe.
Destiné à la Direction des applications militaires
(DAM) du CEA au centre de Bruyères-le-Châtel (Essonne),
Tera10 sera dédié aux simulations des étapes
de fonctionnement d'une arme nucléaire, une démarche
stratégique pour leur fiabilité depuis l'abandon
définitif des essais réels en 1995.
Avec 60 teraflops annoncés, Tera10 occupera la première
place des supercalculateurs en Europe et la seconde dans le monde,
après Blue Gene/L d'IBM (70 teraflops) et derrière
Columbia de Silicon Graphics (51,82 teraflops).
Tera10 sera un 'cluster' de 544 nuds de calculs fournis
par des serveurs Novascale de 8 processeurs Intel Montecito, l'Itanium
de nouvelle génération, interconnectés via
un réseau de très haute performance QSNet II.
La capacité de traitement sera fournie par 8.704 processeurs
et 27 Tera octets en mémoire. 56 serveurs d'entrée/sortie
Novascale assureront le stockage de 1 Peta octets de données
sur disques. L'ensemble communiquera avec une bande de 100 Go/s
et sera motorisé par un noyau Linux.
Mais cette puissance initiale n'est qu'une étape préliminaire.
Bull et ses partenaires évoquent plusieurs centaines de
teraflops pour 2010.
Sud-Ouest, 25/4/2005:
Serge Durand, directeur du Centre d'essai atomique (CEA) du Barp en Gironde, a débattu mercredi avec les militants de l'association Tchernoblaye
C'est une première : un dialogue a eu lieu mercredi entre Serge Durand, directeur du CEA-CESTA où s'édifie le laser Mégajoule et l'association Tchernoblaye, dont la dénomination dit assez l'opposition au nucléaire. La rencontre avait lieu au TEE (terrain d'expérimentation extérieur) annexe du CESTA, dont les 900 hectares sont à cheval sur les communes de Lugos (Gironde) et Saugnac-et-Muret (Landes).
Cet emplacement est utilisé depuis plusieurs décennies par le CEA-CESTA qui, bien avant de lancer le laser Mégajoule, était déjà en charge de l'architecture des têtes nucléaires des missiles. L'établissement girondin du CEA y dispose d'équipements permettant de simuler les diverses contraintes violentes (foudre, chute d'hélicoptère, incendie) auxquelles peuvent être confrontés ses engins. Il y a procédé à des « tirs froids », ce qui dans la terminologie maison désigne l'explosion de charges contenant des métaux lourds - y compris l'uranium appauvri - à l'exclusion bien sûr des matières fissiles utilisées dans les bombes atomiques. Il y a aussi pratiqué à trois reprises entre 1984 et 1985 des lâchers d'hexafluorure d'uranium contenant de l'uranium faiblement radioactif. Autant d'éléments qui ont déclenché les questionnements et les accusations de Tchernoblaye.
Transparence. Devant une poignée de
militants antinucléaires et en présence de plusieurs
élus locaux, ainsi que du sous-préfet d'Arcachon,
Serge Durand s'est efforcé de jouer la carte de la pédagogie
et de la transparence.
Il a rappelé que les « tirs froids » n'avaient
pas eu lieu depuis près de dix ans, il a affirmé
que les lâchers d'hexafluorure d'uranium avaient donné
lieu à l'époque à des mesures établissant
que le niveau de radioactivité ne dépassait pas
le seuil naturel (1) au-delà d'un rayon de 220 mètres.
Il a indiqué que quelque 600 m3 de terre « très
faiblement radioactive » avaient été dégagés
en 2001 du terrain avant d'être stockés provisoirement
sur le site principal du Barp, puis expédiés dans
la décharge de l'ANDRA (2) à Morvilliers (Yonne).
Tout en se montrant satisfaits de ce dialogue,
les militants antinucléaires n'ont pas été
totalement rassurés pour autant. Certains se demandaient
pourquoi il avait fallu tant de temps pour évacuer cette
terre, aussi faiblement radioactive soit-elle.
Par ailleurs, Stéphane Lhomme, animateur de Tchernoblaye,
a souhaité que des expertises indépendantes soient
faites tant sur le TEE qu'au Barp. Il a exprimé le voeu
qu'elles soient confiées à l'organisme indépendant
CRII-RAD et financées par les collectivités locales
et l'Etat.
Serge Durand n'a pas émis d'objection de principe à ces revendications, pas plus que le sous-préfet d'Arcachon. Et après avoir ainsi discuté avec les militants, il leur a fait visiter ce vaste espace fort rarement ouvert à l'extérieur. Si de toute évidence les convictions respectives n'ont pas été ébranlées, le dialogue aura prévalu sur l'anathème tout au long de ce débat inédit.
(1) Seuil de radioactivité décelable
hors de toute source artificielle
(2) Agence nationale des déchets radioactifs
21/4/2005 - Le directeur du CEA-Cesta a assuré jeudi, au Barp, qu'aucun lâcher d'hexafluorure d'uranium n'a été fait sur ce site du Commissariat à l'énergie atomique, à l'ouest de Bordeaux, où se construit le Laser Mégajoule (LMJ), un des dispositifs français de simulation des essais nucléaires. "Il n'y a jamais, jamais eu de lâchers d'hexafluorure d'uranium", a insisté le directeur, Serge Durand, en marge d'une visite du chantier du LMJ par le secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, Frédéric de Saint-Sernin. Mercredi, l'assocation bordelaise anti-nucléaire Tchernoblaye avait évoqué de tels lâchers, en dénonçant une possible contamination du sol. "Il règne une certaine opacité sur ce sujet", a souligné jeudi le président de cette association, Stéphane Lhomme, qui continue de réclamer un moratoire du chantier. Le directeur du CEA-Cesta a admis des essais de tirs au Barp, "avec des explosifs et des métaux de remplacement au matériau nucléaire". Cependant, "on a nettoyé tout le périmètre où les explosions ont eu lieu", a assuré Serge Durand.
20/4/2005 - L'association
anti-nucléaire bordelaise "Tchernoblaye" a demandé
mardi une "expertise indépendante" sur la contamination
éventuelle d'un site du commissariat à l'énergie
atomiqueà Saugnac-et-Muret, à cheval sur les Landes
et la Gironde. Selon Tchernoblaye, le site où sont réalisés
des tests de sécurité a servi à des lâchers
d'hexafluorure d'uranium ce qui a pu entraîner de possibles
contaminations du sol.
Le président de l'association, Stéphane Lhomme,
a rencontré mercredi le directeur du CEA-Cesta à
Saugnac-et-Muret, en présence de maires des communes voisines
pour discuter de cette question.
Le CEA-Cesta a accepté le principe d'une expertise indépendante,
a indiqué Serge Durand, le directeur du CEA-Cesta.
L'hexafluorure d'uranium, qui résulte de la transformation
des concentrés reçus des mines d'uranium, est nécessaire
à l'enrichissement en vue de la fabrication du combustible
nucléaire, selon le site internet d'Areva.
Le CEA-Cesta admet que des lâchers ont été
effectivement réalisés entre 1984 et 1987 pour "analyser
la diffusion des gaz". "Bien sûr, on a pris toutes
les précautions et on avait toutes les autorisations",
a assuré M. Durand. "Les mesures environnementales
faites dans la terre montrent des traces d'uranium dix fois inférieures
à celles qu'on a dans l'eau de mer", a affirmé
M. Durand.
Selon lui, "un organisme extérieur sera mandaté
pour l'expertise dans le cadre de la commission d'information
sur le laser Mégajoule",
un des dispositifs français de simulation des essais nucléaires
construit au Barp, auquel Tchernoblaye est opposé.
Au Barp (Gironde) ont aussi été réalisés
des lâchers d'hexafluorure d'uranium. "Avec les travaux
pharaoniques du Mégajoule, on remue de la terre potentiellement
contaminée, en profondeur", selon Tchernoblaye.
L'association s'interroge sur les conséquences sur la santé,
notamment pour les travailleurs qui participent à la construction
du Laser Mégajoule, et demande un moratoire sur les travaux.
Sud-Ouest, 26/2/2005:
L'association antinucléaire rappelle
que des expériences à l'uranium ont eu lieu sur
une annexe du Commissariat à l'énergie atomique
et demande la transparence sur cette affaire.
L'association antinucléaire girondine TchernoBlaye se rappelle
au bon souvenir du Commissariat à l'énergie atomique
(CEA) dans un communiqué : l'établissement CEA-CESTA
du Barp, où se construit en ce moment le laser Megajoule,
a entreposé pendant plusieurs années des terres
faiblement radioactives. Celles-ci provenaient d'une annexe du
centre, implantée sur 900 hectares, à cheval sur
Belin-Beliet et Saugnac-et-Muret (Landes).
Présent au Barp depuis 1965, le CESTA conçoit les
têtes nucléaires de la force de dissuasion, sans
que jamais les matières susceptibles de déclencher
une réaction de fission nucléaire (uranium enrichi,
plutonium) n'entrent sur son site. Mais les têtes destinées
à accueillir ces matières doivent être capables
de supporter toutes sortes de contraintes. Et leurs capacités
détoniques (explosives) doivent être vérifiées.
Pour ce faire, le CESTA dispose de l'annexe de Saugnac-et-Muret.
Tchernoblaye rappelle ainsi que le CEA a procédé,
dans les années 80, à des lâchers de substances
sous forme gazeuse radioactives et demande des explications sur
ces expériences. « Il semble bien que l'objectif
de ces lâchers consistait à mieux comprendre le comportement
de l'hexafluorure d'uranium rejeté sous forme gazeuse dans
l'atmosphère. » Pour le président Stéphane
Lhomme, il s'agit donc aujourd'hui d'attirer l'attention «
sur les problèmes de santé dont pourraient être
victimes les riverains du CESTA » et de demander, par courrier,
aux conseils général et régional «
de prendre toutes les mesures en leur pouvoir pour établir
la transparence la plus totale sur cette affaire ».
Métal lourd. Pour certaines de ces expériences,
le CESTA utilisait en effet de l'uranium
naturel ou appauvri, et donc faiblement radioactif, ce qui
explique la présence de terres renfermant une dose de radioactivité.
Par ailleurs, à deux ou trois reprises en 1986 et 1987,
le site a été utilisé à la demande
d'Eurodif,
société franco-allemande spécialisée
dans l'enrichissement de l'uranium. Il s'agissait de comprendre
le comportement sous forme gazeuse de l'hexafluore d'uranium,
substance utilisée pour le transport d'uranium. Ces essais
nécessitaient des conditions atmosphériques très
spéciales, et notamment l'absence totale de vent. En l'occurrence,
ce n'était pas tant la dimension radioactive de l'uranium
qui était en question, que sa toxicité physico-chimique
: comme le plomb ou le mercure, l'uranium est un métal
lourd. Ces lâchers d'hexafluorure ne se sont plus reproduits
depuis une quinzaine d'années.
600 mètres cubes de terres faiblement radioactives accumulées
au cours de ces années ont été recueillies
et acheminées en 2000 au Barp, où elles ont été
stockées, avant d'être transférées
sur le site de l'ANDRA (Agence nationale des déchets radioactifs)
en Champagne. Et des mesures effectuées par le CEA à
Saugnac-et-Muret en 2001 révélaient un taux de radioactivité
très nettement inférieur aux normes admises.
25/2/2005 - L'association
antinucléaire bordelaise "TchernoBlaye" a demandé
vendredi "la transparence la plus totale" sur des expériences
menées par le Commissariat à l'énergie atomique
(CEA) consistant en des lâchers de substances sous forme
gazeuse radioactives, selon l'association, dans les années
1980 en Gironde. Dans des courriers adressés au Conseil
régional d'Aquitaine et au Conseil général
de Gironde, dont copie a été transmise à
l'AFP, Tchernoblaye dénonce des lâchers d'hexafluorure
d'uranium que le CEA-Cesta - le Centre d'études scientifiques
et techniques d'Aquitaine, situé sur la commune du Barp
- a effectués en 1986 et 1987. Selon l'association, "il
semble bien que l'objectif de ces lâchers consistait à
mieux comprendre le comportement de l'hexafluorure d'uranium rejeté
sous forme gazeuse dans l'atmosphère". L'hexafluorure
d'uranium, qui résulte de la transformation des concentrés
reçus des mines d'uranium, est nécessaire à
l'enrichissement en vue de la fabrication du combustible nucléaire,
selon le site internet d'Areva. L'association reconnaît
l'ancienneté des lâchers mais s'interroge sur de
possibles contaminations, a indiqué à l'AFP son
président, Stéphane Lhomme. Entendant "attirer
l'attention sur "les problèmes de santé dont
pourraient être victimes les riverains du Cesta (...)",
Tchernoblaye demande aux deux institutions "de prendre toutes
les mesures en (leur) pouvoir pour établir la transparence
la plus totale sur cette affaire". La commune du Barp doit
accueillir le futur Laser Mégajoule (voir plus bas : Pourquoi
il faut stopper le laser Mégajoule), un des dispositifs français
de simulation des essais nucléaires, auquel Tchernoblaye
est opposé. Le CEA, contacté par l'AFP, n'a pu être
joint immédiatement.
Communiqué TchernoBlaye du jeudi 24 février 2005:
Si le Mégajoule lui-même ne semble pas représenter de danger direct pour les riverains, de sérieux doutes subsistent concernant les expériences menées par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) dans le centre nucléaire du CESTA, qui existe depuis 1965, et qui accueille aujourd'hui le chantier du Mégajoule.
Ainsi, au moins deux lâchers d'hexafluorure d'uranium (UF6) à l'air libre ont eu lieu : "autour d'avril 1986" (50kg) et le 10 avril 1987 (146 kg). Le compte-rendu du Comité central d'hygiène et sécurité de CEA (CCHSC) du 11 mars 1987 note que "les tirs radioactifs répandent de l'uranium sur le sol; dans l'eau et dans l'air" et que "les lâchers d'UF6 ont certainement laissé des traces"
Incroyable : "L'objectif de ces lâchers consistait à "mieux comprendre" le comportement de l'hexafluorure d'uranium (UF6) rejeté sous forme gazeuse dans l'athmosphère" ! Les riverains ont donc servi de cobayes pour les expériences du CEA !
Par ailleurs, d'après le compte-rendu du CCHSC du 20 octobre 1971, des "tirs froids" ont eu lieu, "mettant quelquefois en oeuvre des substances radioactives (probablement de l'uranium naturel et de l'uranium enrichi), associés à des explosifs chimiques" (...) "Les tirs ont lieu, suivant leur puissance et leur nature, soit sur le centre même, soit sur le centre d'expérimentation extérieure." Ce dernier est situé à 25 km au sud du Barp, à Saugnac-et-Muret (33).
Enfin, l'inventaire 2000 de l'Andra (Agence nationale des déchets radioactifs) note que 600 m3 de terres contaminées à l'Uranium 238 ont été conditionnées et entreposées dans un hangar en 2000 et que "les évolutions à moyen et long terme de la migration des polluants ont été évaluées" : on est donc en droit de craindre des contaminations qui ne sont pas supprimées par leur simple "évaluation" !
La "demi-vie" de l'Uranium 238 étant de 4,5 milliards d'années (!!!), la question se pose : dans combien de siècles sera-t-il sans danger d'habiter près du Barp ?
Lettre au Président du Conseil Régional
d'Aquitaine
(la même a été expédiée au Pdt
du Conseil Général de la Gironde)
Jeudi 24 février 2005
Association TchernoBlaye
c/° cinéma Utopia
5 pl Camille Jullian
33000 Bordeaux
à M. Le Président du
Conseil Régional d'Aquitaine
Objet : santé des riverains du site du Commissariat à l'énergie atomique du Barp
Monsieur le Président,
vous soutenez l'installation du Laser Mégajoule en Gironde, sur le site du CEA-CESTA du Barp. L'objet de ce courrier n'est pas de débattre du bien fondé de cette position*, mais d'attirer votre attention sur les problèmes de santé dont pourraient être victimes les riverains du Cesta, dont le nombre est d'ailleurs croissant.
Si le Mégajoule lui-même ne semble pas représenter de danger direct* pour les riverains, de sérieux doutes subsistent concernant les expériences menées par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) dans le centre nucléaire du CESTA, qui existe depuis 1965, et qui accueille aujourd'hui le chantier du Mégajoule.
Ainsi, au moins deux lâchers d'hexafluorure d'uranium (UF6) à l'air libre ont eu lieu : "autour d'avril 1986" (50kg) et le 10 avril 1987 (146 kg). Le compte-rendu du Comité central d'hygiène et sécurité de CEA (CCHSC) du 11 mars 1987 note que "les tirs radioactifs répandent de l'uranium sur le sol; dans l'eau et dans l'air" et que "les lâchers d'UF6 ont certainement laissé des traces"
Il semble bien que "L'objectif de ces lâchers consistait à "mieux comprendre" le comportement de l'hexafluorure d'uranium (UF6) rejeté sous forme gazeuse dans l'athmosphère" ! Les riverains ont donc servi de cobayes pour les expériences du CEA.
Par ailleurs, d'après le compte-rendu du CCHSC du 20 octobre 1971, des "tirs froids" ont eu lieu, "mettant quelquefois en oeuvre des substances radioactives (probablement de l'uranium naturel et de l'uranium enrichi), associés à des explosifs chimiques" () "Les tirs ont lieu, suivant leur puissance et leur nature, soit sur le centre même, soit sur le centre d'expérimentation extérieure." Ce dernier est situé à 25 km au sud du Barp, à Saugnac-et-Muret (33).
Enfin, l'inventaire 2000 de l'Andra (Agence nationale des déchets radioactifs) note que 600 m3 de terres contaminées à l'Uranium 238 ont été conditionnées et entreposées dans un hangar en 2000 et que "les évolutions à moyen et long terme de la migration des polluants ont été évaluées" : on est donc en droit de craindre des contaminations qui ne sont pas supprimées par leur simple "évaluation" ! La "demi-vie" de l'Uranium 238 étant de 4,5 milliards d'années (!!!), il est légitime de se poser des questions quant au fait d'habiter dans le Sud-ouest de la Gironde.
Nous vous demandons de prendre toutes les mesures en votre pouvoir pour établir la transparence la plus totale sur cette affaire : par exemple en vous faisant remettre par le CEA les documents relatifs aux expériences mentionnées, et en missionnant un laboratoire indépendant pour vérifier l'éventualité d'une contamination et/ou d'un danger pour les riverains.
Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de croire, M. le Président, à notre engagement pour la protection de la santé, de l'environnement, et de la démocratie.
Pour l'association
Le Président
Stéphane Lhomme
* Nous nous permettons néanmoins de
vous rappeler notre opposition totale au Mégajoule dont
la finalité - la mise au point des bombes atomiques - ne
saurait être excusée par les prétextes mis
en avant, et qui ne sont d'ailleurs même pas justifiés
:
- la recherche civile : un peu de temps d'utilisation du mégajoule
sera concédée par les militaires... pour faire bon
effet
- la dissuasion : les bombes atomiques des USA n'ont pas empêché
le 11 septembre 2001...
- le développement économique : avec les mêmes
sommes, il serait possible de créer et pérenniser
beaucoup plus d'emplois avec une réelle utilité
sociale : éducation, culture, santé, énergies
renouvelables, etc.
1 Informatique, le 21/12/2004:
C'est le français Bull qui a été retenu, le 7 décembre dernier, pour fournir au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) un nouveau supercalculateur destiné à simuler les effets d'une bombe atomique. Une décision prise « alors que quatre concurrents se trouvaient en short-list » , précise Jean Gonnord, chef du projet Simulation numérique et informatique du CEA.
L'ordinateur est annoncé comme le plus puissant d'Europe, grâce à une capacité de traitement supérieure à 60 téraflops (soixante mille milliards d'opérations par seconde).
Une double innovation
Technologique, d'abord. Depuis 2001, le CEA disposait d'un supercalculateur Compaq (aujourd'hui HP) de 5 téraflops, le plus puissant à cette époque. La machine embarquait la technologie Alpha, développée par Digital avant de tomber dans l'escarcelle de Compaq.
Aujourd'hui, la technologie dualcore d'Intel permet, pour la première fois, de disposer de deux processeurs sur une seule puce. En outre, Bull a conçu un Asic spécifique, capable de relier entre eux jusqu'à 16 processeurs.
L'autre innovation concerne le choix de la politique logicielle. « Auparavant, les logiciels employés étaient propriétaires. Aujourd'hui, nous travaillons en open source. C'est l'introduction du petit pingouin dans tout le système [le chef de projet veut bien sûr parler de Linux, NDLR] », ajoute Jean Gonnord, avec humour.
Confidentialité
Le CEA se retranche derrière une clause de discrétion absolue, signée concurremment par le fournisseur et le client, pour ne pas dévoiler le prix du superordinateur. Mais il précise que son financement est assuré par le programme Simulation, qui garantit la pérennité de la force de dissuasion française après l'arrêt des essais nucléaires grandeur nature.
Ce programme s'achèvera en 2010 avec l'ajout d'une troisième et dernière machine. Les physiciens du CEA prévoient d'atteindre alors une puissance de plusieurs centaines de téraflops, et d'être toujours au « top » de la puissance de feu.
Pierre-Antoine Merlin
------> Les essais nucléaires ne sont plus nécessaire
------> Le CEA : sa raison d'être, la bombe son
alibi, la recherche
Le Monde, 11/12/04:
La machine fonctionnant à 60 téraflops servira à la simulation nucléaire Le CEA fait appel à Bull pour fabriquer son nouveau supercalculateur.
La surprise est à la hauteur de l'événement.
Le CEA a choisi Bull comme constructeur de son nouveau supercalculateur
affecté au programme de simulation
des armes nucléaires. Le fabricant
d'ordinateurs français, rescapé d'une succession
de difficultés si longue que ses péripéties
ne défraient même plus la chronique, ressurgit soudain
dans un domaine où l'on ne l'attendait plus : le calcul
scientifique. "Nous sommes très fiers d'avoir gagné",
déclare Gérard Roucairol, directeur scientifique
de Bull, qui assure que cette victoire ne doit rien à des
contingences nationalistes. "Nous nous sommes battus à
armes égales, assure M. Roucairol. L'Etat ne peut
mettre en danger la crédibilité de sa simulation
pour faire plaisir à Bull..."
Au centre de Bruyères-le-Châtel (Essonne), Daniel
Verwaerde, directeur des armes nucléaires au CEA, confirme
que le choix de l'entreprise française résulte d'une
procédure classique d'appel d'offres. [...]
BORDEAUX (24 septembre 2003) - A un jet de pierre du bassin d'Arcachon en Gironde,
le CEA a entamé le gigantesque chantier du LMJ (laser megajoule)
qui, pour un investissement de 1,2 milliard d'euros sur 15 ans,
deviendra à la fin de la décennie le laser le plus
puissant au monde.
Le LMJ qui permettra d'étudier en laboratoire les processus
physiques intervenant dans l'étape finale du fonctionnement
d'une arme nucléaire, est l'un des outils-phares du pôle
défense du CEA sur lequel se fonde la politique française
de dissuasion. (voir plus
bas : Pourquoi il
faut stopper le laser Mégajoule)
Pour l'heure, on ne visite que son prototype à l'échelle 1, le LIL (Ligne d'Intégration Laser) qui sera fin 2003 le laser le plus puissant d'Europe en terme d'énergie délivrée. Il pourra reproduire le processus physique de la fusion impliqué dans le fonctionnement d'une charge thermonucléaire.
Le futur LMJ, sur le site du CESTA (centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine) sera hébergé dans une salle de plus de 300 mètres, où tiendrait une Tour Eiffel couchée... Elle sera occupée par 30 chaînes laser de chacune 8 faisceaux, soit 240 faisceaux en tout qui concentreront leur énergie sur une microbille de quelques millimètres.
Les dimensions du dispositif ont été calculées pour que les faisceaux puissent délivrer, en quelques milliardièmes de seconde, une énergie de 1,8 MJ dans une cavité contenant une minuscule capsule de deutérium et de tritium. Une quantité suffisante pour provoquer la fusion de ces deux isotopes d'hydrogène et obtenir 10 fois plus d'énergie que le laser n'en aura apporté.
"La prouesse n'est pas de produire une énergie de 1,8 MJ, ce qui représente 430 kcal (ou l'équivalent de l'énergie contenue dans dix pots de yaourts à 0%) mais de la déposer de façon très spécifique, sur la microbille", explique Serge Durand directeur du CESTA .
"Son utilisation par des chercheurs du civil devrait représenter environ 20% du total", selon Serge Durand, qui cite des applications potentielles variées: "physique des lasers, astrophysique, géophysique, physique des conditions extrêmes".
Tout comme le LMJ, le supercalculateur Tera (cinq mille milliards d'opérations par seconde) installé en Ile de France, a vocation à servir également la recherche civile.
Les deux outils ont été développés dans le cadre du programme Simulation, mené par la direction des applications militaires (DAM) du CEA, qui selon son directeur Alain Delphuech, "représente un effort financier de 5,1 milliards d'euros sur 15 ans".
Située dans les sous-sols du centre CEA à Bruyères-le-Châtel (Essonne), la machine Tera, livrée par Compaq en 2001, reproduit par le calcul le fonctionnement d'une arme nucléaire, dans un local de 60 mètres par 60. Un univers où la présence humaine est quasi-inexistante. D'impressionnantes rangées d'armoires grises abritent 2 560 processeurs parallèles et un réseau de connexion ultra-rapide dans un ronflement de ventilateurs. Tera, derrière lequel se cache la "matière grise" d'un millier de chercheurs, travaille à partir des données acquises lors des 6 derniers essais (1995 et 1996) et décrit les étapes physiques à l'oeuvre dans une arme.
"Le niveau de prédiction des modèles doit pouvoir compenser l'absence des essais qui seuls permettaient des validations en vraie grandeur", souligne François Robin, responsable du projet Tera.
Dans le cadre de l'ouverture à la communauté des chercheurs, Tera a déjà fait gagner un temps précieux aux bioinformaticiens, engagés notamment dans le décryptage de génomes.
Et dans le domaine des sciences de la Terre, Tera est par exemple utilisé pour calculer les conséquences des ondes sismiques sur la géologie.