Train de déchets nucléaires
bloqué : relaxe pour 5 militants écologistes
17/12/03 - Le
tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe a relaxé mercredi
cinq militants écologistes qui ont comparu en novembre
pour "entrave à la circulation" d'un train de
déchets nucléaires dans la région.
Le ministère public avait requis des peines d'amende de
600 euros à l'encontre de chacun des prévenus, ouvrant
la possibilité à un sursis partiel pour l'un d'eux,
au chômage.
Les cinq prévenus, Dominique Plancke, conseiller régional
Vert du Nord-Pas-de-Calais, Ludovic Coupin, conseiller municipal
Vert, Julien Lecaille et Emmanuel Cau, militants Verts, et Kevin
Polez, journaliste indépendant, avaient dénoncé
"un procès politique".
La justice leur reprochait d'avoir entravé la circulation
d'un train de déchets nucléaires dans la nuit du
19 au 20 février à Sepmeries (Nord).
Ils avaient reconnu leur présence "pour une mission
d'observation citoyenne", visant à informer la population
sur les dangers liés au transport de déchets nucléaires,
mais ils avaient nié avoir eux-mêmes arrêté
le train.
"C'est une victoire pour nous. Après ce procès,
des maires de l'Avesnois ont demandé au sous-préfet
à être informés du passage de ces trains dans
la région, ce qui va exactement dans le sens de notre action",
a déclaré Dominique Plancke.
Des peines d'amendes requises contre cinq
militants antinucléaire
AVESNES-SUR-HELPE 19/11/03 - Des peines d'amendes de 600 euros et un sursis partiel
ont été requises mercredi après-midi par
le procureur du tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe (Nord)
à l'encontre de cinq militants antinucléaire, dont
quatre Verts, poursuivis pour avoir arrêté illégalement
en février 2003 un train transportant des déchets
nucléaires.
Le procureur Fabienne Roze a réclamé 600 euros d'amende
auprès de quatre Verts, donc deux élus nordistes,
et une peine d'amende assortie d'un sursis partiel pour le cinquième
militant, en raison de son statut de chômeur. Le délit
d'arrêt sera rendu le 17 décembre.
Les prévenus ont été accueillis sous les
applaudissements d'une centaine de personnes à leur sortie
du tribunal correctionnel. Une manifestation de soutien avait
été organisée pour soutenir les cinq militants
poursuivis pour "entrave à la circulation d'un train
transportant des matières radioactives".
Les quatre Verts, Dominique Plancke, 46 ans, conseiller régional
et conseiller municipal de Lille, Emmanuel Cau, 36 ans, Julien
Lecaille, 28 ans, et Ludovic Coupin, 34 ans, conseiller municipal
d'Hellemmes, près de Lille, avaient été interpellés
dans la nuit du 19 au 20 février. Les quatre militants
se trouvaient à Sepmevies, à 20km d'Avesnes-sur-Helpe,
et à 1.500 mètres de la voie ferrée où
avait été stoppé le train par le déclenchement
d'un signal lumineux d'urgence de la SNCF.
Devant le tribunal, les militants ont réaffirmé
qu'ils n'avaient pas arrêté le train. "J'étais
sur place pour une mission d'observation et d'information"
a indiqué à la barre Dominique Plancke. Kevin Polez,
24 ans, le cinquième militant, qui n'avait pas été
interpellé sur place par la gendarmerie, a expliqué
qu'il opérait ce soir-là "un travail journalistique
bénévole" pour le site d'information indépendant
Indimédia.
Les militants antinucléaire ont rappelé leur volonté
de dénoncer le danger et le manque de transparence entourant
la circulation des convois de déchets nucléaires
en France. Cité comme témoin par les prévenus,
Yves Cochet, ancien ministre de l'Environnement, a soutenu cette
"action légitime de communication et d'information
de nos concitoyens". "Les transports sont un maillon
extrêmement faible du nucléaire", a-t-il ajouté.
Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau "Sortir
du Nucléaire", qui était également cité
comme témoin, a renchéri: "depuis que nous
menons des actions, nous avons démontré qu'un seul
militant était capable d'arrêter un train".
"Ces militants sont des empêcheurs de tourner en rond,
qui informent les citoyens", a plaidé Me Emmanuel
Riglaire, l'avocat lillois des cinq prévenus. "Ce
dossier est vide. Il n'y a aucun acte matériel qui les
met objectivement en cause. Ils ont contribué à
la parfaite information de la population".
Au cours du procès, où a été évoqué
par la défense le danger d'actes terroristes contre ces
convois, Mycle Schneider, consultant indépendant, spécialiste
de l'énergie nucléaire, a rappelé que quatre
conteneurs de ce type de convois correspondaient en fait à
l'équivalent de la catastrophe de Tchernobyl.
Défilé de soutien pour cinq militants
anti-nucléaires jugés à Avesnes-sur-Helpe
AVESNES-SUR-HELPE 19/11/03 - Deux cents personnes ont manifesté mercredi
entre la gare et le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe
(Nord) leur soutien à cinq militants et élus Verts
jugés pour avoir tenter de bloquer en février un
train de déchets nucléaires.
A l'appel notamment de Greenpeace France, des Verts et de la Confédération
paysanne, les manifestants ont réclamé l'abrogation
de l'arrêté du 24 juillet dernier qui impose le secret-défense
sur les transports de matières radioactives.
Plusieurs députés, dont les Verts Noël Mamère
et Yves Cochet, des députés européens français
et belges étaient venus manifester leur soutien aux prévenus,
dénonçant un "procès indécent".
Noël Mamère a assuré que les Verts allaient
poursuivre leurs actions "pour informer la population des
passages de déchets radioactifs dans leurs villes et leurs
campagnes". "Cette attaque contre des militants responsables
est inadmissible", a-t-il dit.
L'un des prévenus, Dominique Plancke, conseiller municipal
de Lille et conseiller régional, a dénoncé
un "procès politique, procès de la répression
contre le milieu associatif et syndical".
"Le plus important est de faire comprendre à la population
que cette loi (sur le secret-défense) est scandaleuse et
ne permet plus l'information des populations des régions
traversées par des convois dangereux (...) Si un jour un
de ces convois se renverse, est victime d'un accident ou est attaqué,
personne ne saura que faire. Les pompiers, la police, les maires
ne sont pas informés en raison du secret-défense",
a-t-il dit.
Quatre militants écologistes, dont deux élus, et
un journaliste indépendant comparaissent devant le tribunal
correctionnel pour avoir entravé le passage d'un train
de déchets nucléaires en février dernier
à Sepmeries (Nord).
Les cinq prévenus ont été interpellés
dans la nuit du 19 au 20 février à proximité
de la voie ferrée. La SNCF a déposé plainte
pour entrave à la circulation ayant occasionné des
retards sur le réseau ferroviaire.
Depuis deux ans, la région Nord-Pas-de-Calais est régulièrement
traversée par des trains de quatre ou cinq tonnes de déchets
nucléaires qui proviennent souvent d'Allemagne ou d'Italie
et se rendent en Ecosse, au centre de traitement de Sellafield,
ou en France, au centre de retraitement de La Hague.
Communiqué de presse du 17/11/03
Blocage des trains atomiques franco-allemand : le Réseau Sortir du nucléaire apporte son soutient aux inculpés.
Quatre militants et un journaliste indépendant comparaîtront mercredi 19 novembre devant le tribunal d'Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, pour « entrave à la circulation », parce qu'ils sont soupçonnés d'avoir provoqué l'arrêt du convoi de déchets radioactifs dans la nuit du 19 au 20 février dernier.
Le même jour, Daniel Michel, de Nancy est convoqué devant le tribunal de Homburg en Allemagne dans la région de la Sarre pour avoir, lors d'une action internationale le 29 août 2001, bloqué un train en s'enchaînant sur les rails avec un militant allemand.
Alors que la future Constitution européenne promet de garantir le droit pour chaque citoyen à un environnement propre, le Réseau Sortir du nucléaire dénonce la criminalisation de personnes qui, à travers leurs actions de résistance non-violente, éclairent les citoyens sur la contamination de l'environnement par les transports nucléaires.
Le Réseau exprime son soutien aux inculpés dont l'action légitime dénonce l'incommensurable irresponsabilité des pouvoirs publics. Il est en effet criminel de laisser se poursuivre ce trafic nucléaire sur rails et sur route : risques d'accident ou d'attentat, dissémination de la radioactivité, exposition des personnels roulant à la contamination radioactive.
Ces militants ont fait leur devoir en participant à la lutte contre la contamination de la planète et en refusant d'hypothéquer la vie et la santé des populations : chaque citoyen européen doit pouvoir vivre dans un environnement propre.
Un fonds de solidarité aux inculpés est ouvert.
Contact presse : Stéphane Lhomme 06.64.100.333
Communiqué de Presse de Corinne Lepage et CAP21 du 17/11/03
Corinne LEPAGE et CAP21 à AVESNE sur Helpe
Pour défendre le droit à l'information des citoyens
CAP21 et Corinne Lepage, par leur présence
à la manifestation en faveur de diverses personnes qui
doivent comparaître devant le tribunal correctionnel d'AVESNE
sur Helpe pour entrave à la circulation d'un train transportant
des matières radioactives, entendent protester contre le
secret défense qui frappe maintenant l'ensemble des activités
nucléaires en FRANCE dont les activités civiles
de fabrication d'électricité et de transport de
déchets.
Selon eux et sur ces activités spécifiques, le secret
défense constitue :
- Une atteinte évidente au droit à l'information
de nos concitoyens et donc à la démocratie.
- Une mesure inéfficace pour se protéger d'éventuelles
attaques de terroristes organisés.
Il ne s'agit pas de couvrir d'éventuelles actions illicites
ou dangereuses mais de permettre de lever la chappe de plomb que
certains tentent de faire peser sur la réflexion, l'action
et l'expression d'avis divergeants en France et de restaurer le
dialogue entre les Français et le pouvoir pour tous les
actes et toutes les décisions soit, concernant des risques
majeurs soit engageant la qualité de leur vie pour aujourd'hui
et pour demain.
La démocratie en France à tout à gagner de
la transparence et de l'information de la population sur des sujets
aussi sensibles.
La Voix du Nord 16/11/03
Convois nucléaires : le monde du
silence
Depuis le 24 juillet dernier, la loi a restreint les possibilités
d'information sur le passage des convois nucléaires. Mais
alors que quatre écologistes vont être jugés
mercredi à Avesnes pour avoir voulu gêner ces trains,
les maires de l'Avesnois pestent eux contre l'absence de données
sur ces transports. L'Etat ne leur dit... rien.
A l'heure où le tribunal d'Avesnes-sur-Helpe va juger,
mercredi, quatre écologistes dont un conseiller régional
des Verts , pour « entrave à la liberté
de circuler d'un train de matières radioactives »,
le 19 février dernier à Sepmeries, le transport
nucléaire est contesté en Sambre-Avesnois. Et le
débat porte non pas sur le choix de la politique énergique,
mais plutôt sur la liberté d'informer.
La nuit, chaque mois depuis deux ans, des trains spéciaux
contenant, outre deux compartiments de CRS, plusieurs «
castors », wagons prévus pour le transport de déchets
nucléaires, arrivent d'Allemagne. A destination de La Hague,
ils transitent par la Sambre-Avesnois sur l'artère du nord-est,
qui passe par Anor, Fourmies, Avesnes-sur-Helpe, Aulnoye-Aymeries.
Les plus gros de ces convois transportent autant de déchets
que ce que produit une centrale nucléaire toute entière.
Le tout au milieu des trois cents trains quotidiens de fret et
de voyageurs que voit passer cet axe, l'un des plus chargés
de France. Des convois ferroviaires nucléaires circulent
et traversent donc les communes de Sambre-Avesnois et seules les
forces de l'ordre en sont informées. Pour le reste...
Le monde du silence est encore devenu plus opaque cette année.
Devant la multiplication des actes visant à ralentir ou
arrêter ces trains pas comme les autres, le ministère
de l'Economie a pris un arrêté « relatif à
la protection du secret de la défense nationale dans le
domaine et la protection et du contrôle des matières
nucléaires », Date de l'arrêté, le 24
juillet dernier... Il stipule que « les renseignements,
procédés, objets, documents, données informatisées
ou fichiers relatifs aux transports des matières nucléaires
présentent un caractère de secret de la Défense
nationale ». Autrement dit, rien ne doit plus filtrer
ni être diffusé sur ces convois ferroviaires
radioactifs sous peine de poursuites judiciaires.
Une mesure qui, on s'en doute, a fait réagir de nombreuses
associations écologistes ou citoyennes. Pas uniquement.
Car les maires concernés par le passage de ces trains dans
leurs communes sont aussi agacés et montent au créneau.
« Je ne suis jamais informé de ce genre de choses;
les élus sont mis en dehors, remarque ainsi le maire d'Anor,
Jean-Luc Pérat. C'est aberrant car lorsque qu'une tempête
se profile avec des vents de 120 km/h, je reçois au moins
25 télécopies en mairie. J'ai l'impression qu'il
y a deux poids, deux mesures, sachant que, dans les deux cas,
il y va de la sécurité de la population ».
Et d'ajouter: « S'il arrive un accident, je ne sais pas
ce que je fais. J'appelle les sapeurs-pompiers mais ils ne sont
pas formés pour intervenir, alors ? C'est pourtant du devoir
de l'Etat d'informer les élus, même de façon
confidentielle, c'est évident pour ces transports sensibles;
c'est une question de morale ».
Des propos qui font écho à ceux de Michel Coupillaud,
maire de Saint-Hilaire : « En cas de problèmes, j'irai
sur place sans savoir ce que je dois faire ». Lui aussi,
comme ses collègues d'Avesnes-sur-Helpe, Alain Poyart,
de Dompierre, Daniel Dursent, et d'Aulnoye-Aymeries, Bernard Baudoux,
trouve « anormal » de ne pas être informé
sur les dates de passage. « Tout comme sur les garanties
de sécurité », ajoute l'édile de la
cité cheminote, qui a déjà écrit au
préfet dans ce sens. Devant l'absence d'informations, M.
Poyart en est réduit à espérer « que
les trains sont sous sécurité », même
s'il n'est pas certain pour autant qu'il faille « ameuter
la population ». « Tous les maires doivent être
unanimes et se serrer les coudes pour, au moins, être au
courant », affirme catégorique M. Dursent. C'est
d'ailleurs au nom de cette information qu'il « cautionne
l'action des militants écologistes puisqu'ils ont le mérite
d'ouvrir le débat ». Une solidarité que partage
M. Baudoux qui « n'accepte pas qu'on juge des gens qui se
battent pour une cause noble, d'intérêt national
» : « Ça devient une habitude de condamner
des militants comme Bové ou les syndicalistes CGT d'Aulnoye-Aymeries
». Mais attention, loin de lui l'idée de se prononcer
pour ou contre le nucléaire.
Qui contrôle les convois ?
Les maires relégués sur la voie de garage, donc.
Mais alors, qui contrôle l'information sur le passage de
ces convois nucléaires ? Pour notre région, c'est
la préfecture de la zone de défense Nord de Lille.
Où l'on justifie la méthode employée : «
Plus on multiplie les sources d'information, plus on multiplie
les risques d'interventions illégales sur les convois ».
La feuille de route de ces convois est transmise par le ministère
de l'Intérieur. L'avant-veille de leur passage des réunions
avec toutes les administrations concernées ou assimilées
ont lieu. Seuls ces mêmes services (police, gendarmerie,
Douanes, sécurité civile...) sont informés.
Ils doivent sans doute croiser les doigts pour qu'il n'y ait jamais
d'accident...
B. F. et L. M.