OUEST-FRANCE 29/10/02
Vers un contrôle européen du nucléaire

- Bruxelles pour une coopération renforcée sur les déchets radioactifs

- Le lobby nucléaire soupçonné d'entrisme à la Commission

 

Réseau "Sortir du nucléaire" Communiqué de presse du 28 octobre 2002

Succès du rassemblement européen à Strasbourg le 20 octobre 2002 : 10 000 manifestants pour la sortie du nucléaire !

Le Réseau "Sortir du nucléaire", fédération de 650 associations, se félicite de la grande réussite du rassemblement européen "Sortons de l'âge du nucléaire" qu'il a organisé le dimanche 20 octobre à Strasbourg. De la Roumanie à l'Irlande en passant par la Finlande et la Suisse, quinze pays européens étaient représentés. 10 000 citoyens (dont beaucoup de jeunes) venus de toute l'Europe et de toute France ont manifesté dans une excellente ambiance pour dire "Non à un nouveau programme de centrales nucléaires" (*). Un signal fort a été lancé au monde politique, par des femmes et des hommes, citoyens, soucieux de leur avenir et de celui des générations futures.

Chacun est aujourd'hui convaincu qu'un puissant mouvement citoyen pour la sortie du nucléaire est en marche.

Symbole de laccumulation des déchets nucléaires et de leur nocivité pendant des milliers dannées, une énorme pyramide de boites de conserve recouvertes du logo radioactif a été dressée devant le Parlement européen. Une immense chaîne humaine a encerclé les institutions européennes, suivi d'un "die-in" très émouvant : 10 000 personnes se sont couchées sur le sol pour simuler les conséquences d'une catastrophe nucléaire. Une imposante manifestation dans les rues de Strasbourg suivie de prises de paroles des délégations étrangères, a conclu cette journée.

La quasi totalité des télés (TF1, France 2, France 3, Canal +, Arte, M6, ...), radios (France Info, France Inter, Europe 1, RTL ...) et agences de presse ont couvert l'évènement. De longs reportages sont notamment passés aux journaux télévisés de 20 h. La presse écrite régionale a elle aussi très largement rendu compte du rassemblement.

Cette journée de mobilisation a été suivie le lendemain par une longue et intéressante rencontre avec la Commissaire européenne pour l'énergie, Mme Loyola De Palacio qui a notamment estimé que notre rassemblement avait été un très grand succès.

Profitant de l'impact de ces actions spectaculaires, le Réseau "Sortir du nucléaire" intensifie sa campagne nationale pour la sortie du nucléaire et contre le renouvellement du parc nucléaire français (projet du réacteur européen EPR).

OBJECTIF 577 : UNE CAMPAGNE NATIONALE PREVUE JUSQU'À LA FIN MARS 2003

Les 577 députés français sont actuellement contactés dans toutes les circonscriptions par des citoyens qui leur remettent les nombreuses signatures de la pétition du Réseau "Sortir du nucléaire", pour l'abandon de tout nouveau programme de centrales nucléaires. Il est essentiel que chacun participe massivement à cette Opération "Objectif 577" jusqu'à la fin mars 2003 en signant et en faisant signer la pétition mais aussi en rencontrant son député pour lui demander de se prononcer contre l'EPR (**). Chaque député doit recevoir de nombreuses signatures pour peser sur le vote qu'il aura à exprimer à l'Assemblée nationale courant 2003.

DEBAT NATIONAL SUR L'ENERGIE

Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à protester contre le trucage du débat national sur l'énergie annoncé par le gouvernement pour le premier semestre 2003. En effet, dans son discours de politique générale, le premier ministre a déclaré que ce débat sera "suivi d'un projet de loi d'orientation qui consacrera [...] une place reconnue pour l'énergie nucléaire ". Le résultat est donc connu avant même que le débat n'ait commencé ! Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", un vrai débat citoyen devrait porter sur la sortie du nucléaire, avec comme préalable :
- un bilan complet et indépendant du nucléaire : impact sur l'homme (travailleurs, riverains ... ), technique (problèmes génériques, menaces terroristes, risques d'inondations ...) et financier.
- l'étude de scénarios de sortie du nucléaire et de mesures d'accompagnement (basculement des crédits de recherche et d'investissement au profit d'alternatives énergétiques au nucléaire, plan de reconversion des emplois etc.) C'est à ces conditions et à ces conditions seulement qu'un débat doit avoir lieu.

Contact presse (Stéphane Lhomme) : 06 64 10 03 33
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(*) Les photos du rassemblement (libres de droit) sont disponibles sur : www.sortirdunucleaire.org
(**) Pour recevoir un dépliant explicatif ainsi que la pétition, laissez votre adresse à : Réseau "Sortir du nucléaire" 9, rue Dumenge 69004 Lyon - Tel. 04 78 28 29 22 - http://www.sortirdunucleaire.org


L'Est Républicain 21/10/02
Main dans la main contre l'atome

10.000 anti-nucléaires forment une chaîne humaine à Strasbourg

STRASBOURG (20/10/02) - Plus de 10.000 personnes -selon les organisateurs, plus de 5.000, selon la police- ont manifesté pour la sortie du nucléaire en Europe en formant une immense chaîne humaine autour du Parlement européen et du Conseil de l'Europe dimanche à Strasbourg avant de succomber au rituel du "die-in", déclenché à 14H30 par les hurlements d'une sirène (Tous les participants se sont couchés au sol pendant quelques minutes, simulant l'hécatombe consécutive à une catastrophe nucléaire.).

Plusieurs délégations d'anti-nucléaires européens, dont un millier de manifestants venus d'Allemagne, mais aussi des centaines d'Autrichiens et de Britanniques, ont participé à initiative organisée par "Sortir du nucléaire" qui regroupe quelque 650 associations en France.

Sortir du nucléaire demande en particulier l'abandon du projet de réacteur nucléaire européen (projet EPR), mis au point par le Français Framatome et l'Allemand Siemens, qui doit assurer le renouvellement du parc nucléaire français au cours de la prochaine décennie.

Les banderoles des participants à cette manifestation, qui se déroule dans une ambiance festive et bon enfant, proclamaient: "Sortir du nucléaire c'est possible", ou encore "plutôt vivre que plutonium", mais aussi "éclairer un jour, irradier toujours"

Une autre banderole tenus par quatre manifestants revêtus d'un bonnet d'âne en carton affirmait avec humour: "Ils s'entêtent dans le nucléaire" pour dénoncer les quatre pays européens (France, Suisse, Grande-Bretagne, Finlande) qui poursuivent leur programme nucléaire.

Avant la formation de la chaîne humaine, les anti-nucléaires avaient édifié sur les bords de l'Ill une pyramide d'une centaine de boîtes de conserve peintes en jaune frappées du sigle du triangle nucléaire visant à symboliser selon les manifestants les déchets radioactifs.

"Nous savons depuis Tchernobyl que les nuages radioactifs ne s'arrêtent pas aux frontières. Si malheureusement un accident grave arrivait en France ou ailleurs, toute l'Europe serait touchée", explique Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, organisateur de ce rassemblement qui a mobilisé des militants de quelque 14 pays européens.

"Le danger, ce sont les déchets et l'hypothèque qu'ils font peser sur nos enfants et sur les autres générations", a dit à Reuters Hildegard Breiner, commerçante à la retraite et représentante d'une association de protection de la nature du Land autrichien du Voralberg.

"L'Autriche est 'atomfree' (sans énergie atomique), mais autour de nous, tous les pays ont des centrales nucléaires", a-t-elle ajouté pour expliquer sa présence.

Pour les manifestants français, l'actualité de cette manifestation résidait plus dans le changement de gouvernement et les craintes d'une relance du projet de réacteur nucléaire européen (EPR) qui doit assurer le renouvellement du parc nucléaire français au cours de la prochaine décennie.

Le réseau a d'ailleurs lancé une opération baptisée "Objectif 577", pour que tous ses militants interpellent leur député et fasse signer une pétition contre "la construction d'un prototype de réacteur nucléaire européen" qui pourrait "engager notre pays dans un second programme nucléaire".

"Si la France poursuit sa politique énergétique, cette production risque de nous retomber dessus à nous tous", souligne Heinz Stockinger, du mouvement autrichien PLAGE.

"Plutôt vivre que plutonium", "éclairer un jour, irradier toujours", "nucléocrates, cessez de mettre en péril l'avenir de nos enfants", clament également les manifestants sur leurs banderoles, pendant que "la Mort" sur des échasses déambule au milieu de l'importante délégation des Verts français.

Parmi les manifestants, on notait une forte présence des Verts français, dont notamment Dominique Voynet, secrétaire nationale, Yves Cochet, député, et Marie-Anne Isler Béguin, députée européenne.


COCHET ET VOYNET S'EXPLIQUENT

"Aujourd'hui, ils veulent remettre de nouveaux réacteurs qui permettent d'installer des centrales plus petites sur des rivières plus petites. On a un peu peur de ça, avec ce gouvernement qui est plutôt favorable au nucléaire", a-t-il dit.

Même position pour le député vert Yves Cochet, présent dans la manifestation aux côtés de Dominique Voynet, à qui il avait succédé comme ministre de l'Environnement au sein du gouvernement Jospin.

"Du temps de la majorité plurielle, on a fait ce qu'on a pu pour résister au lobby nucléaire et on voit bien que Mme Bachelot et sans doute M. Raffarin sont beaucoup plus sensibles maintenant (à ce lobby) que nous l'étions", a-t-il dit, en ajoutant craindre notamment la relance du projet EPR.

La présence des deux anciens ministres Verts n'a toutefois pas été du goût de quelques manifestants, qui les ont apostrophés en les accusant d'avoir notamment permis le démarrage du chantier du centre expérimental de stockage souterrain de déchets nucléaires de Bure, dans la Meuse.

"Il y a quelques militants qui pensent qu'on aurait pu sortir du nucléaire du temps où on était dans la majorité, mais malheureusement, nos partenaires socialistes et communistes n'étaient pas, eux, antinucléaires comme nous l'étions", a répondu Yves Cochet.

"Maintenant, on va essayer de les convaincre que la prochaine fois, comme en Allemagne et en Belgique, on peut sortir du nucléaire", a-t-il ajouté.

Des militants allemands, moins nombreux que lors de précédents manifestations en Alsace, ont, de leur côté, mis en doute, la sortie du nucléaire décidée voici deux ans par l'alliance des socio-démocrates et des Verts au pouvoir à Berlin.

"Ils ont essayé de faire croire que c'était une sortie réelle", a estimé Jacques Schuler, porte-parole d'une association antinucléaire allemande, en s'insurgeant contre les délais octroyés aux centrales nucléaires avant d'engager leur démantèlement.

Une délégation d'anti-nucléaires, qui réclament l'abrogation du traité Euratom, doit être reçue par la commissaire européenne chargée de l'Energie, Loyola de Palacio lundi au Parlement européen siégeant en session mensuelle à Strasbourg.

Les Allemands ont donné rendez-vous aux manifestants pour un nouveau rassemblement européen, le 9 novembre, sur le site du centre de stockage de déchets nucléaire de Gorleben, dans le nord de l'Allemagne. Ce sera à l'occasion du retour d'un convoi de déchets retraités dans l'usine française de la Cogema, à La Hague.

Les photos 1, 2, 3.

Manifestation européenne dimanche à Strasbourg pour "sortir du nucléaire"

PARIS (18 octobre 2002) - "Le nucléaire n'a pas de frontières, la résistance anti-nucléaire non plus!". Le Réseau Sortir du nucléaire appelle à un rassemblement européen dimanche à Strasbourg pour demander l'abandon du nucléaire et d'un "nouveau parc français" de centrales en particulier.

Les délégations de 14 pays européens sont attendues à cette manifestation au cours de laquelle une chaîne humaine doit se déployer du Parlement européen au Conseil de l'Europe, selon Sortir du Nucléaire, qui regroupe plusieurs associations françaises.

Les organisateurs souhaitent réunir au moins 5.000 personnes à Strasbourg, a précisé vendredi Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire. Ils profitent de la publication vendredi d'une étude critique sur la centrale nucléaire du Blayais en Gironde pour "inviter tous les citoyens que cela interpellerait" à se rendre dans la capitale de l'Alsace.

Commandée par le réseau Sortir du nucléaire et la Commission locale d'information (CLI) du Blayais après la tempête de décembre 1999, qui avait entraîné l'inondation partielle de la centrale, cette étude, réalisée par la CRIIRAD (commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité), fait notamment état d'"insuffisances des procédures pour identifier les différents éléments radioactifs présents dans l'air et les liquides".

A cet égard, le Réseau Sortir du nucléaire demande la "fermeture administrative immédiate" de la centrale en attendant que "la lumière soit faite" sur des dangers potentiels et réclame la conduite d'un audit pour les autres centrales.

Dimanche, les manifestants doivent ériger devant le Parlement européen une pyramide de boîtes de conserve marquées du sigle nucléaire symbolisant "l'accumulation des déchets nucléaires et leur nocivité pendant des milliers d'années". Ils formeront ensuite une chaîne humaine du siège de l'assemblée de Strasbourg jusqu'au Conseil de l'Europe avant de défiler jusqu'à la place de Bordeaux où les délégations prendront la parole.

Les manifestants demanderont "l'abandon de tout nouveau programme de centrales nucléaires, un bilan complet et indépendant du nucléaire et l'étude de scénarios de sortie du nucléaire et de mesures d'accompagnement".

Mais le rassemblement est spécifiquement orienté contre le projet de renouvellement du parc nucléaire français "qui paralyserait l'"avenir énergétique et environnemental pour les 50 prochaines années". Le réseau Sortir du nucléaire dénonce "la volonté politique forte du pouvoir français de lancer le programme EPR", (réacteur européen à eau pressurisée), qui constituerait la "tête de pont d'un nouveau parc français de centrales nucléaires. "On va s'adresser directement au président de la République", précise Stéphane Lhomme qui stigmatise "l'hypocrisie" des pouvoirs publics.


POLITIS 17/10/02
Nucléaire, le débat interdit